Dominique, Ernest Aness
Title
Dominique, Ernest Aness
Subject
rassemblement; argent; curé; commerce; langue innue; artiste; peinture
Description
histoire innue
Creator
Dominique, Ernest Aness (interviewé)
St-Onge, Evelyne (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
Juillet 2000
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Innu
Coverage
Entretien à Mashteuiatsh
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 19:29 minutes
Original Format
vidéo | video
Transcription
Évelyne : Quel est ton nom et tu es originaire d’où ?
Ernest : Mon nom est Ernest Dominique, je suis resté ici, mon père était originaire de Betsiamites. On m'a baptisé à Betsiamites. De temps en temps on y va à cet endroit, on a beaucoup de parenté.
Évelyne : As-tu un lien de parenté avec Madeleine ?
Ernest : Oui, c'est la fille de mon oncle.
Évelyne : Tu dis que ta mère est originaire de Ekuanitshit ?
Ernest : Non, elle vient de Pekuakamit, elle porte le nom de Siméon. C'est ton grand-père qui vient de Ekuanitshit ?
Ernest : Oui, notre grand-père vient de Mamit. Il est petit de taille et nous on est grand. Mon père aussi n'était pas grand. Mais ma mère est grande, les Siméon sont grands.
J’avais 10 ans, je me rappelle un peu ce qu'on faisait avant l'arrivée de tshisheuatishiun (bonté, générosité) les Innus restaient ici dans des petites maisons avant qu'ils reçoivent des maisons (grosses).
Évelyne : Comment vois-tu l’avenir des Innus ? Est-ce que la culture innue va exister longtemps ?
Ernest : Ils existeraient longtemps si les Innus se rassemblaient plus souvent pour se connaître, pour monter dans le bois, ça ne se fait plus comme avant depuis que nous vivons avec des blancs. C'est comme si on était gêné de vivre ensemble. Ici, il y a des blancs, on ne les voit presque pas, mais quand il y a des activités payantes là on les voit, les blancs.
Évelyne : Allons-nous exister longtemps ? Est-ce que la langue et la culture innue vont survivre longtemps ? Est-ce que l’Innu va rester dans le bois ?
Ernest : Ce que je pense, c'est comme si l’Innu ne voulait plus chasser parce qu'il y a trop d’argent. Avant l'arrivée de tshisheuatishiun, il n'y avait pas d'argent, tout le monde partait dans le bois pour subvenir à ses besoins. Aujourd'hui, tout le monde a de l'argent même l'étudiant a de l'argent. Et lorsqu'il a terminé ses études, il n'a pas besoin de monter dans le bois, il a beaucoup d'argent. La culture va probablement se perdre. Aussi, la langue innue, ils ne veulent pas le parler. Nous parlons toujours l’innu, c'est notre langue.
Évelyne : Vas-tu voir d'autres Innus comme tu dois avoir d'autres parents à Ekuanitshit, Betsiamites ?
Ernest : On y va toujours à Betsiamites voir notre parenté, car nous en avons beaucoup, les Dominique, les Hervieux. Même ma femme elle en a, mais elle ne les connaîtra pas si elle ne va pas les voir. Un jour, lors des activités, je lui dis d'aller dans une maison et c'est là qu'elle s'est découverte de la parenté, c'était les Picoutlaigan, celle qui s'est marié avec une Germain. Ce nom avait été changé pour Étienne par le curé.
Avec les argents d’Hydro Québec, ils veulent faire un terrain de golf. C'est beaucoup d'argent.
Évelyne : Et la culture Innue, ils ne s'en occupent pas ?
Ernest : Non, ils investissent l'argent ou ça va rapporter des revenus. C'est comme l'artisanat, il n'y en a plus parce que quand il y en a, ils ne payaient que très peu. Moi, je m'en souviens qu'une paire de raquettes, ils nous payaient 30 $ pour la faire et eux la vendait 200 $. On m'a demandé de faire des outils traditionnels pour gratter les peaux d’orignaux et quand je les ai terminés, ils ne nous ont pas invité pour montrer leur utilisation. Il y a juste les blancs qui travaillent. Il y a une grande injustice vis-à-vis des Innus. Avant ça, les Robertson avaient une grande entreprise, ils demandaient toujours quatre à cinq noms pour le travail et aujourd'hui, il y a seulement les blancs qui travaillent là.
Évelyne : Il doit y avoir beaucoup d'injustice puisque tu m'en parles souvent ?
Ernest : C’est une grande chose lorsque tu veux prendre ta place, ils te persécutent, ils te disent qu'ils vont t ‘emprisonner par les agents de sécurité publique qui sont des blancs et même des anglais, les Moar, le chef, on l'appelle ici, le blanc anglais, il vient de l'État de New York.
Évelyne : Si je te comprends bien, vous ne vivez plus comme un Innu vivait avant ?
Ernest : Non, ici pour nous, il n'y a pas grand-chose de ça, les blancs nous bloquent toujours lorsqu'on veut quelque chose. C'est comme la chasse, ils veulent s'approprier le plus possible de terrain. C'est ainsi encore, comme ils font avec les agriculteurs. Anciennement, ce n'était pas de même, les Innus s’accordaient très bien, tu pouvais aller à la chasse ou tu voulais.
Anciennement, on s'écrivait pour s'informer de notre situation et aujourd’hui, avec toutes les facilités qu'on a, on ne se donne plus la peine de le faire.
Évelyne : Je te sens peiné qu’il n'y a plus de ça aujourd’hui ?
Ernest : C 'est très regrettable aussi le fait de ne pas savoir où va l'argent et qu'est-ce qu'il va arriver plus tard ? De savoir qu'on va payer comme le blanc paye, d'ailleurs, nous commençons déjà à payer lorsqu'on achète de l'alcool ou le linge.
Évelyne : Que donnerais-tu comme message aux jeunes ?
Ernest : D’écouter et mettre en pratique ce que leurs parents leur disent. Aujourd'hui, les jeunes n'écoutent plus ce qu'on leur dit. Ils sont autonomes.
Évelyne : Et pour la langue innue, que leur dirais-tu ?
Ernest : On nous a dit qu'ils ne veulent pas engager un Innu d'ici pour enseigner la langue à nos jeunes, mais un nouveau de l'extérieur.
Évelyne : Tous tes enfants parlent l’innu ?
Ernest : Oui, et quelques-uns parle l'anglais.
Évelyne : Ce que tu appelles tshisheuatishiun, c’est l’argent ?
Ernest : L’argent que le gouvernement a donné aux Innus, nous on l'appelait de cette façon tshisheuatishiun
Ernest : Mon nom est Ernest Dominique, je suis resté ici, mon père était originaire de Betsiamites. On m'a baptisé à Betsiamites. De temps en temps on y va à cet endroit, on a beaucoup de parenté.
Évelyne : As-tu un lien de parenté avec Madeleine ?
Ernest : Oui, c'est la fille de mon oncle.
Évelyne : Tu dis que ta mère est originaire de Ekuanitshit ?
Ernest : Non, elle vient de Pekuakamit, elle porte le nom de Siméon. C'est ton grand-père qui vient de Ekuanitshit ?
Ernest : Oui, notre grand-père vient de Mamit. Il est petit de taille et nous on est grand. Mon père aussi n'était pas grand. Mais ma mère est grande, les Siméon sont grands.
J’avais 10 ans, je me rappelle un peu ce qu'on faisait avant l'arrivée de tshisheuatishiun (bonté, générosité) les Innus restaient ici dans des petites maisons avant qu'ils reçoivent des maisons (grosses).
Évelyne : Comment vois-tu l’avenir des Innus ? Est-ce que la culture innue va exister longtemps ?
Ernest : Ils existeraient longtemps si les Innus se rassemblaient plus souvent pour se connaître, pour monter dans le bois, ça ne se fait plus comme avant depuis que nous vivons avec des blancs. C'est comme si on était gêné de vivre ensemble. Ici, il y a des blancs, on ne les voit presque pas, mais quand il y a des activités payantes là on les voit, les blancs.
Évelyne : Allons-nous exister longtemps ? Est-ce que la langue et la culture innue vont survivre longtemps ? Est-ce que l’Innu va rester dans le bois ?
Ernest : Ce que je pense, c'est comme si l’Innu ne voulait plus chasser parce qu'il y a trop d’argent. Avant l'arrivée de tshisheuatishiun, il n'y avait pas d'argent, tout le monde partait dans le bois pour subvenir à ses besoins. Aujourd'hui, tout le monde a de l'argent même l'étudiant a de l'argent. Et lorsqu'il a terminé ses études, il n'a pas besoin de monter dans le bois, il a beaucoup d'argent. La culture va probablement se perdre. Aussi, la langue innue, ils ne veulent pas le parler. Nous parlons toujours l’innu, c'est notre langue.
Évelyne : Vas-tu voir d'autres Innus comme tu dois avoir d'autres parents à Ekuanitshit, Betsiamites ?
Ernest : On y va toujours à Betsiamites voir notre parenté, car nous en avons beaucoup, les Dominique, les Hervieux. Même ma femme elle en a, mais elle ne les connaîtra pas si elle ne va pas les voir. Un jour, lors des activités, je lui dis d'aller dans une maison et c'est là qu'elle s'est découverte de la parenté, c'était les Picoutlaigan, celle qui s'est marié avec une Germain. Ce nom avait été changé pour Étienne par le curé.
Avec les argents d’Hydro Québec, ils veulent faire un terrain de golf. C'est beaucoup d'argent.
Évelyne : Et la culture Innue, ils ne s'en occupent pas ?
Ernest : Non, ils investissent l'argent ou ça va rapporter des revenus. C'est comme l'artisanat, il n'y en a plus parce que quand il y en a, ils ne payaient que très peu. Moi, je m'en souviens qu'une paire de raquettes, ils nous payaient 30 $ pour la faire et eux la vendait 200 $. On m'a demandé de faire des outils traditionnels pour gratter les peaux d’orignaux et quand je les ai terminés, ils ne nous ont pas invité pour montrer leur utilisation. Il y a juste les blancs qui travaillent. Il y a une grande injustice vis-à-vis des Innus. Avant ça, les Robertson avaient une grande entreprise, ils demandaient toujours quatre à cinq noms pour le travail et aujourd'hui, il y a seulement les blancs qui travaillent là.
Évelyne : Il doit y avoir beaucoup d'injustice puisque tu m'en parles souvent ?
Ernest : C’est une grande chose lorsque tu veux prendre ta place, ils te persécutent, ils te disent qu'ils vont t ‘emprisonner par les agents de sécurité publique qui sont des blancs et même des anglais, les Moar, le chef, on l'appelle ici, le blanc anglais, il vient de l'État de New York.
Évelyne : Si je te comprends bien, vous ne vivez plus comme un Innu vivait avant ?
Ernest : Non, ici pour nous, il n'y a pas grand-chose de ça, les blancs nous bloquent toujours lorsqu'on veut quelque chose. C'est comme la chasse, ils veulent s'approprier le plus possible de terrain. C'est ainsi encore, comme ils font avec les agriculteurs. Anciennement, ce n'était pas de même, les Innus s’accordaient très bien, tu pouvais aller à la chasse ou tu voulais.
Anciennement, on s'écrivait pour s'informer de notre situation et aujourd’hui, avec toutes les facilités qu'on a, on ne se donne plus la peine de le faire.
Évelyne : Je te sens peiné qu’il n'y a plus de ça aujourd’hui ?
Ernest : C 'est très regrettable aussi le fait de ne pas savoir où va l'argent et qu'est-ce qu'il va arriver plus tard ? De savoir qu'on va payer comme le blanc paye, d'ailleurs, nous commençons déjà à payer lorsqu'on achète de l'alcool ou le linge.
Évelyne : Que donnerais-tu comme message aux jeunes ?
Ernest : D’écouter et mettre en pratique ce que leurs parents leur disent. Aujourd'hui, les jeunes n'écoutent plus ce qu'on leur dit. Ils sont autonomes.
Évelyne : Et pour la langue innue, que leur dirais-tu ?
Ernest : On nous a dit qu'ils ne veulent pas engager un Innu d'ici pour enseigner la langue à nos jeunes, mais un nouveau de l'extérieur.
Évelyne : Tous tes enfants parlent l’innu ?
Ernest : Oui, et quelques-uns parle l'anglais.
Évelyne : Ce que tu appelles tshisheuatishiun, c’est l’argent ?
Ernest : L’argent que le gouvernement a donné aux Innus, nous on l'appelait de cette façon tshisheuatishiun
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Citation
Dominique, Ernest Aness (interviewé), St-Onge, Evelyne (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Dominique, Ernest Aness,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/337.