Siméon, Thomas
Title
Siméon, Thomas
Subject
sculptures; personnage légendaire; pierre; bois; objets sacrés; canot; raquettes; gravure cuivre; relève;
Description
Récit de vie
Creator
Siméon, Thomas (interviewé)
St-Onge, Evelyne (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2000
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Français
Coverage
Entretien à Mashteuiatsh
Type
récit de vie | oral history
Format
Mp4 21 min. 13 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Evelyne : Parle-moi donc, un peu de la sculpture Ici?
Thomas : Ça ben là, moi je voulais sculpter des légendes montagnaises, je ne voulais pas faire des sculptures pis copier le style inuit. Iroquois ou, faire du show-business avec ça. Je voulais vraiment parler de ma culture, pis être traditionnel, j'ai pensé à ce personnage-là, c’est le premier personnage que j'ai pensé en montagnais katimetieshu pis celui-là je l’avais fait, on avait eu un petit projet de groupe on était 2,3 artistes, on avait chacun des pièces à faire, pis j'avais produit, c’était ma première grosse sculpture en calcaire.
Evelyne : Pis c’est quelle matière que tu utilises?
Thomas : Ça c'est du calcaire, qui vient de St Marc des carrières, le monde, les sculpteurs de carrière, ils parlent plutôt de langstone à cause ils parlent souvent anglais, mais c’est du calcaire, c'est de la pierre qui sert aussi à faire de la chaud, du ciment, du concassé mais elle est de qualité pour la construction, ça fait que c'est ça que j’ai fait, je reproduis
D’autres personnages, comme en avant Mishtenapeu, c’est de même que moi… C’est de même que moi j'ai voulu le faire, qu'il ait l’air un peu magique en jouant du tambour, pis en chantant, c'est de même que je l'ai présenté.
Evelyne : C’est quelle matière?
Thomas : C’est du calcaire aussi.
Evelyne : Mais tu as d’autres sculptures de d’autres matière?
Thomas : Ouai, je sculpte, j’ai sculpté un peu le bois, un peu le panache, mais surtout la pierre, puis à date j’ai sculpté des légendes sur la recherche des étés, j'ai fait la légende de sculpté en souvenir de ceux qui sont décédés, sur le portage, qui sont pas redescendus qui sont pas redescendu le printemps, les enfants qui sont morts durant l’hiver, j'ai fait différentes sculptures de même, mais toujours avec des choses montagnaises, pis toujours en rapport avec le territoire de chasse de ma famille aussi, beaucoup avec des noms, comme ka wawachipétas, on voit comme , on voit comme une madonne, pas une madonne, mais comme une sœur qui donne un poisson à une petite fille, ça fait que, dans le cran de roche, on voit ça comme un dessin, aujourd'hui il commence à disparaître, probablement à cause de l'érosion de l’eau sur la pierre, peut-être des effets et on le voit de moins en moins, mais ça l’air que ça aurait toujours été là. C'est toutes des choses comme ça j'ai écrit aussi deux livres sur le travail d'écorce de bouleau, sur le tannage.
Evelyne : Tu écris aussi?
Thomas : Ouai, pis là. Je prépare un livre sur les raquettes mais je travaille aussi en coopération avec un Américain. On veut répertorier, tous les noms des parties de raquette pour toutes les nations. C’est ce qu’il a comme collection. Il y en a qui viennent d’Alaska, il y en a qui viennent du Québec, il y en a qui viennent des États-Unis ça fait qu'on veut voir dans chaque langue, comment, s’il y a des choses qui se rapprochent.
Evelyne : Ok, c’est Intéressant
Ça c'est un long travail on ne fait pas ça pressé là pis finalement pour en arriver à ça l’année passée on a agrandi le terrain en profitant d'une aide pour les jeunes entreprises, on a agrandi l’atelier, puis on a fait une salle ou il y a des choses qu’on a retirées de la vente qu’on ne veut plus vendre.
Evelyne : Pourquoi?
Ah, parce que mon père aussi ça lui a tenté toute sa vie de dire: on ne vend plus nos choses on les garde pour nous autres.
Evelyne : C’est-tu des objets sacrés?
Thomas : Non, ce sont toute des choses pour nous autres ça va devenir sacré,
parce qu’on a mis beaucoup de temps, c'est toute des choses comme il a fait des sacs avec des jarrets de caribou c’est toute ma mère qui a cousu ça avec du nerf, du nerf qu’i a dans le dos, ça fait que c'est toute des choses, que tu auras pas la chance de reproduire aujourd’hui, parce que le matériel est rare. Quand on a dit non, on vend plus, on
garde ces objets-là pis on va vendre juste les objets qui sont un peu moins importants, qu’on peut répéter assez facilement parce que pour nous autres, je pense que c'était un
objet sacré ushkatimiush qu’on appelle, avec le jarret de caribou. Ben oui, mon père shatiwésen je ne le sais pas si c’est ça que tu veux, le sac j’en ai un. Un sac c'est ça il en a fait, il en a fait quatre je pense, puis c'est ça il a dit, je ne les mettrais jamais en vente, il en a fait un entre autres avec le caribou qu’on a tué sur notre territoire, toute la peau, on l’a utilisé juste pour la famille, on n’a rien vendu de ça, les outils en os qu'il a fait on les a gardé aussi, on a rien vendu.
Evelyne : Travaille-tu avec le couteau croche?
Thomas : Non, dans la pierre c’est impossible, mais en sculpture j'ai appris a travaillé avec le couteau croche pis j’ai commencé à apprendre à sculpter en regardant la façon que mon père utilisait son couteau croche, c’est quand tu dégrossis une paire de raquette, il y a l’extérieur de ton arbre que tu ne touches pas, parce que il est déjà très beau il y a juste l’intérieur, pis tu sculptes avec un angle, un petit angles pis ça te guide pour l'épaisseur de ton bois, quand t’as fini ben après ça tu égalises, je regardais ça, pis si je fais des angles ici pour les bras, pis des angles ici comme au couteau croche quand j'aurai la bonne grosseur pour mon bras pis que je veux arrondir ben je vais être capable de faire un bras, si ça marche avec un couteau croche ça devrait marcher avec un outil pour la pierre, pis c'est de même que j'ai appris à sculpter j'ai jamais été à l'école pour ça.
Evelyne : Tu avais quel âge à peu près?
Thomas : Ah. J’sais pas. J’avais quoi, j’avais peut-être 24 25 ans, mais tout jeune je touchais l'artisanat un peu avec mes parents, mes parents en ont fait toujours depuis.
Evelyne : Ton père était sculpteur?
Thomas : Non, il n’a jamais fait de sculpture, non, lui il faisait de l'artisanat traditionnel avec ma mère, ma grand-mère aussi quand elle était vivante à l'époque, on faisait, on a travaillé beaucoup l'écorce de bouleau, les cuirs, le cuir en général, il tannait encore ses peaux lui-même, c'est ma mère qui faisait les mocassin ma grand-mère en faisait aussi, l'écorce de bouleau ça été en dernier avec les raquettes pis les mocassins, ça été une des grosses demandes pour le tourisme en générai, parce qu'il en trouvait pas ailleurs ben ben, il y avait Manawan, Obedjiwan, mais ici, il n’y avait personne, presque personne. Ça fait qu'il y avait une bonne demande, pis c’était un bon marché pour lui.
Evelyne : Avec l’écorce de bouleau, c’étaient les paniers, les canots?
Thomas : Ouai, il a fait, le dernier canot d'écorce fait sur la réserve c’est mon père, mais personne ne lui a prêté attention, ni le musée, ni personne. Ils ont dit; il ne flottera pas, mais il a flotté, moi je l'ai essayé, je l’ai même utilisé, quand j’ai écrit le livre, je l'ai
utilisé, malheureusement on avait pas l’agrandissement qu’on a là, parce qu’il serait sauvé à vie, ça fait qu'il s’est détruit avec les années ça fait que mon père a suivi les traditions, il l’a laissé se détruire par lui-même, il a gardé quelques parties des varennes après ça il a fait des paniers de toute les couleurs, de toute les grosseurs, des fois il faisait, il prenait des commandes pour du monde qui voulait des formes spéciales ou une forme plus grosse, plus forte, ça dépend aussi de I écorce, des fois on était pas chanceux, on trouvait utemushkui qu'on appelle, il y ajuste petushkui, c’est une petite écorce mince, ça fait qu’on faisait des petits objets de moindre importance, pis là après ça on allait gratté la racine. Nous autres on aimait ça, ce n’était pas mon domaine mais du même coup les enfants apprenaient, moi j’apprenais, ma femme apprenait, ça fait que c'est un peu comme quand tu vas dans le bois chassé avec ton père ou ta mère, tu vas y aller, tu vas apprendre en regardant, à force de voir, pis de voir, un moment donné, tu vas pouvoir le faire.
Evelyne : C’était ça, sa façon d’enseigner à lui ?
Thomas : Oui, franchement dans le temps, j’avais plus la chance d'entendre des vieux mots indiens, Il disait « je peux pas te les dire sur la réserve, il y a rien pour te le montrer, mais là dans le bois, là les choses sont toute en indiens, on peut te dire, là je peux te dire des vieux mots, ma femme prenait note des vieux mots, des fois une plante, des fois un mot ben rare pour une plante, il disait pour que je m'en rappelle, on écrivait le nom de la plante tout de suite, ça fait que c’est toute des choses qui vont nous servir plus tard, pis qu'on va pouvoir utilisé même ici, pour notre salle de montre pour montrer aux gens que les indiens n’ont pas oublié le passé, c'est pas parce que tu travailles la pierre que t'as oublié ton origine, parce que c'est pas vraiment traditionnel au point de vue activité, moi je dis toujours les mots pour les Montagnais c’est plus contemporain, que ce soit en chanson, en sculpture, en peinture, mais c'est ce que tu vas dire avec, sa signification qui va être traditionnelle. C’est ça que je pense, tout ce qu’on a accumulé va nous aider, mais aussi le plaisir de dire que j'ai gardé des choses, imagines si j’aurais encore le canot d'écorce de mon père ça vaudrait une fortune, dans quelques années, il va s’en faire tellement peu que celui qui va avoir 2 casseaux d'écorces, va être riche, au point de vue valeur pas d’argent, mais valeurs matérielles, ce que ça représente.
Evelyne : Ah, oui toute la fierté.
Thomas : Oui, c'est ça, ce n’est pas nécessairement la valeur argent, ça pas d'importance.
Evelyne : Thomas, j’aimerais ça que tu me dises, à peu près combien d’œuvres tu as fait et combien d’expositions aussi ailleurs?
Thomas : Combien d'œuvres, bon on faisait de l’exposition au début avec mes parents, on faisait des contrats d'animation, on allait à des fêtes, on exposait mais, on a pas fait ça tellement longtemps, on s’est fatigué assez vite, mes parents commençaient à vieillir aussi, pis il y avait beaucoup de monde, on aimait pas tellement avoir beaucoup de monde, ça fait que on est revenu ici, des expositions j'en ai fait surtout en groupe, parce que j'avais l'avantage, j’avais l’avantage d’avoir mon propre petit coin d’exposition à moi.
Evelyne : À quelle place?
Thomas : J'avais mon atelier, pis j’avais un petit point de vente, mon père avait son atelier aussi, son kiosque, ça fait qu'on avait pas vraiment envie de faire très commercial, pis de courir d’un bord pis de l'autre, ça nous tentait pas on voulait rester travailler à notre rythme, pour la quantité d'œuvres que j'ai fait, j'ai sûrement dépassé les 500 pièces uniques, malheureusement il y a peut-être 90 % de ma production qui est en Europe, ici, même sur la réserve il y a pas grand monde qui savent ce que j’ai fait, il y a même personne qui pourrait imaginer ce que j'ai fait.
Evelyne : Parce que je viens de penser à ça, ce n’est pas juste de la sculpture que tu as fait, j’ai vu aussi, comme des cartes?
Thomas : Je faisais du gaufrage pis de la sérigraphie, pis ce n’est quand même pas mon activité la plus importante, ça quand même toujours été la sculpture. J’ai fait du gaufrage, pis de la sérigraphie parce qu’il y avait quand même une clientèle qui n’aimait pas la sculpture, ça fait que tu ne peux pas les obliger à acheter ce que tu n’aimes pas, ça fait que j’ai pensé à faire de la sérigraphie pi ça me permettait aussi quelquefois de parler d'une vieille expression indienne que je n’aurais pas pu sculpter. Ça fait que j’ai fait de la sérigraphie, pis du gaufrage. Ben c'était aussi un défi pour moi, pis là aussi ça me permettait d’utiliser des termes montagnais, mais ça pas été la plus grosse activité quand même, ça toujours été la sculpture, là, j’ai un petit peu plus de misère à travailler, je travaille un peu moins rapidement mais, je me remets en forme tranquillement. L’année passée j’ai perdu ma saison parce qu'on était en plein agrandissement. Une année sans sculpter, tu perds un peu ta forme, mais j’ai sûrement dépassé les 500 pièces uniques à part tous ces petits bibelots que j’ai inventés, puis en sérigraphie peut-être une vingtaine d’œuvre de faites, en gaufrage peut-être une dizaine de plaques de gravées, il faut dire que ce sont des plaques qui prennent 1 mois et demi à graver à peu près, parce que c’est graver aux petits ciseaux, pis à la main.
Evelyne : C’est gravé sur le bois?
Thomas : Non, sur cuivre ou bien aluminium, ça fait que c’est pour ça, parce que la plaque de métal va être frappé pratiquement 10 tonnes de pression dans une fraction de seconde, ça fait que le papier va être geler II pourra jamais déformé, ça fait que c’est pour ça que la plaque il faut qu’elle soit au millième près de qualité, ça permet d’éviter les erreurs.
Evelyne : Puis, Ici à Mashteuiatsh est-ce qu’il y a de la relève, tu donnes de la formation?
Thomas : Ah, j’en ai donné au début, mais non, je pense que il n’y a pas de relève comme tel, il y a le fait, sais-tu, il y a une chose qui est bien fatigante pour nous autres pis même moi ça me nuis parce que le monde utilise le terme montagnais pis indien partout, il y a du monde qui sont pas indien, pis qui produisent nos choses, qui vont les vendent, tu vas aller au zoo, à Ste-rose du nord, tu vas partout pis ils ont besoin des indiens pour attirer le tourisme si il y a pas un indien à la télévision, je regardais à Ste-rose du nord tu vois la montagnaise qui est en train d’hurler comme un loup, moi c’est de valeur mais ça m'insulte, ça me tenterais de leur fourrer un procès quelque part, moi, j’ai jamais vu une montagnaise hurler. Ils nous prennent pour des fous ou quoi. Ça nous fait tort, comment veux-tu qu'il soit de la relève, Canawe un gars, qui semble être connu a de la misère a s'en sortir, pis quant à l’artisanat, on a de la misère à vendre sans être obligé d'aller ailleurs, le monde vient pas sur la réserve, il y a des indiens partout en dehors, nous autres, moi pis mon père ils nous demandaient, venez à Val-jalbert vous allez voir du monde en masse, si on va à Val- jalbert, on nuit aux autres artisans qui ont pas les moyens de se déplacés, ils viendront ici voir les indiens, non, ils les ont vu à Val-jalbert.
C’est pas correct, on disait non on veut pas aller chez-vous, on est chez-nous ici, si vous voulez nous voir vous allez venir sur la réserve, on veut rien savoir, on refusait d'aller en France, pas question d’aller en France, les gens veulent nous voir, ils vont venir pis ont va jaser, on va parler, on a du temps à leur accorder, mais on ira pas ailleurs, on fait pas, on copie pas l’art inuit on copie pas l’artisanat des autres nations, ben faudrait que les autres arrêtent de faire la même chose.
Evelyne : Est-ce qu’il y a de la relève tu donnes-tu de la formation?
Thomas : Eh non, je ne donne pas de formation, on m'en demande pas non plus, mais la relève, je pense qu’elle a peur, quand on regarde quelqu’un comme moi qui a réussi quand même à s'en sortir un peu avec ça, je roule pas fortune, c'est pas fortune mon affaire, je pense que la relève se dit; bon je pense que ça commence à tombé pis il y a pas de métier à faire avec ça, d’autant plus qu'il y a la compétition de partout en dehors qui copie toujours, on a toujours besoin de mettre des indiens partout pour attirer le tourisme que ce soit au zoo que ce soit à Ste rose du nord à St Félix d’Otis, à toute les musées, ils ont tout le temps besoin d’indien, ça fait que la relève ça donne rien, nous autres dans ma famille on a jamais voulu se déplacer pour continuer à forcer le monde à venir ici, voir ce qui est indien et non en dehors, ça fait que peut-être les jeunes c'est ce qui les empêchent de, qui leur fait peur, il y a des matériaux, si quelqu’un voudrait travailler l’écorce, avec toute les compagnies de bois qui massacrent tout, laisse-moi te dire que c’est dur de trouver de l’écorce aujourd’hui, si il aurait encore 5 personnes comme mon père pis ma mère qui auraient travaillé l’écorce sur la réserve comme ils ont fait, ben le territoire il était pas assez grand pour trouver de l’écorce pour ses 5 personnes.
Evelyne : Et dans les plus jeunes de la famille chez-vous est-ce qu’il en a qui ont de l’intérêt pour?
Thomas : Ah, ils sont habiles de leurs mains, mais c’est moi qui ne veut quand même pas les encourager plus que ça, parce qu’ils ont quand même du potentiel pour aller peut-être plus loin que moi, aller travaillé en ville pis revenir se reconstruire tout de suite sur la réserve, ils ont peut-être plus de potentiel que moi pour aller loin dans les études, un docteur de plus ça serait ben utile pour les indiens, ii y a ça aussi qu’il faut penser, c’est quand même pas un métier d’avenir ça reste que un jeune qui sort avec un diplôme d’ingénieur, ou d'administrateur, ou de médecine, ou d'avocat ça reste que c'est quand même plus enviable que finir tes jours comme artisans, parce que l'artisanat, les arts c'est quand même, c’est un peu pour, c’est quand arrivé pour ceux qui était un peu mal pris, ils savaient plus trop quoi faire, mais il fallait ben vivre, rien faire ça se peut pas ça fait qu’on a dit, bon ben on va faire ce qu'on savait faire puis on va voir si les gens aiment ça, c’est pour ça tout à l’heure que je t’ai dit, on voulait toujours arrêté de vendre nos choses, parce que ça nous faisait quand même quelque chose de vendre des choses qui sont à toi, pis de les vendre pour de l'argent, quand l'argent est partit il reste plus rien l'œuvre est partit, l'argent est dispersé , c'est fini, plus rien, juste une petite photo des fois, c'est tout, ça fait que c'est peut-être pour ça qu’il n’y a pas de relève, ça serait bon quand même que les jeunes aient une petite base, regardez au moins comment se travaillait les choses, comment se fabriquait les choses, au moins qu'ils se rappellent, Ça
serait bon, au moins au minimum.
Evelyne : C’est quel message tu donnerais aux jeunes toi?
Thomas : Ben, je pense que le message que je donnerais, de s’instruire encore mieux que moi, j’ai réussi, mais sans oublier leur culture, ce n’est pas parce que tu deviens un avocat,
avec une cravate au coup que tu es obligé d’être blanc en dedans, t’es pas comme une pomme, rouge sur le dessus pis blanc en dedans. Le message que je leurs dirais même si tu es bien instruit, essaye de garder un maximum de ta culture pour ne pas changer. Moi j'ai été travailler en ville je n’ai pas été québécois pour autant, je n’ai jamais aimé ça être là, aussitôt que j'ai eu un peu d'argent pour me construire, j'ai lâché la ville parce que ce n’est pas mon style de vie à moi, je n’aime pas leur culture, ce n’est pas ma culture à moi c'est ça que je dirais aux jeunes, ne changez pas parce que tu vas devenir quelqu’un de différent avec un métier non traditionnel comme tel. Ceux qui sont ben mal pris, pis qui veulent vivre dans le traditionnel, ne faut pas avoir peur, de toute façon ça ne peut pas être pire que le bien-être.
Evelyne : Je te remercie Thomas
Thomas : Ça ben là, moi je voulais sculpter des légendes montagnaises, je ne voulais pas faire des sculptures pis copier le style inuit. Iroquois ou, faire du show-business avec ça. Je voulais vraiment parler de ma culture, pis être traditionnel, j'ai pensé à ce personnage-là, c’est le premier personnage que j'ai pensé en montagnais katimetieshu pis celui-là je l’avais fait, on avait eu un petit projet de groupe on était 2,3 artistes, on avait chacun des pièces à faire, pis j'avais produit, c’était ma première grosse sculpture en calcaire.
Evelyne : Pis c’est quelle matière que tu utilises?
Thomas : Ça c'est du calcaire, qui vient de St Marc des carrières, le monde, les sculpteurs de carrière, ils parlent plutôt de langstone à cause ils parlent souvent anglais, mais c’est du calcaire, c'est de la pierre qui sert aussi à faire de la chaud, du ciment, du concassé mais elle est de qualité pour la construction, ça fait que c'est ça que j’ai fait, je reproduis
D’autres personnages, comme en avant Mishtenapeu, c’est de même que moi… C’est de même que moi j'ai voulu le faire, qu'il ait l’air un peu magique en jouant du tambour, pis en chantant, c'est de même que je l'ai présenté.
Evelyne : C’est quelle matière?
Thomas : C’est du calcaire aussi.
Evelyne : Mais tu as d’autres sculptures de d’autres matière?
Thomas : Ouai, je sculpte, j’ai sculpté un peu le bois, un peu le panache, mais surtout la pierre, puis à date j’ai sculpté des légendes sur la recherche des étés, j'ai fait la légende de sculpté en souvenir de ceux qui sont décédés, sur le portage, qui sont pas redescendus qui sont pas redescendu le printemps, les enfants qui sont morts durant l’hiver, j'ai fait différentes sculptures de même, mais toujours avec des choses montagnaises, pis toujours en rapport avec le territoire de chasse de ma famille aussi, beaucoup avec des noms, comme ka wawachipétas, on voit comme , on voit comme une madonne, pas une madonne, mais comme une sœur qui donne un poisson à une petite fille, ça fait que, dans le cran de roche, on voit ça comme un dessin, aujourd'hui il commence à disparaître, probablement à cause de l'érosion de l’eau sur la pierre, peut-être des effets et on le voit de moins en moins, mais ça l’air que ça aurait toujours été là. C'est toutes des choses comme ça j'ai écrit aussi deux livres sur le travail d'écorce de bouleau, sur le tannage.
Evelyne : Tu écris aussi?
Thomas : Ouai, pis là. Je prépare un livre sur les raquettes mais je travaille aussi en coopération avec un Américain. On veut répertorier, tous les noms des parties de raquette pour toutes les nations. C’est ce qu’il a comme collection. Il y en a qui viennent d’Alaska, il y en a qui viennent du Québec, il y en a qui viennent des États-Unis ça fait qu'on veut voir dans chaque langue, comment, s’il y a des choses qui se rapprochent.
Evelyne : Ok, c’est Intéressant
Ça c'est un long travail on ne fait pas ça pressé là pis finalement pour en arriver à ça l’année passée on a agrandi le terrain en profitant d'une aide pour les jeunes entreprises, on a agrandi l’atelier, puis on a fait une salle ou il y a des choses qu’on a retirées de la vente qu’on ne veut plus vendre.
Evelyne : Pourquoi?
Ah, parce que mon père aussi ça lui a tenté toute sa vie de dire: on ne vend plus nos choses on les garde pour nous autres.
Evelyne : C’est-tu des objets sacrés?
Thomas : Non, ce sont toute des choses pour nous autres ça va devenir sacré,
parce qu’on a mis beaucoup de temps, c'est toute des choses comme il a fait des sacs avec des jarrets de caribou c’est toute ma mère qui a cousu ça avec du nerf, du nerf qu’i a dans le dos, ça fait que c'est toute des choses, que tu auras pas la chance de reproduire aujourd’hui, parce que le matériel est rare. Quand on a dit non, on vend plus, on
garde ces objets-là pis on va vendre juste les objets qui sont un peu moins importants, qu’on peut répéter assez facilement parce que pour nous autres, je pense que c'était un
objet sacré ushkatimiush qu’on appelle, avec le jarret de caribou. Ben oui, mon père shatiwésen je ne le sais pas si c’est ça que tu veux, le sac j’en ai un. Un sac c'est ça il en a fait, il en a fait quatre je pense, puis c'est ça il a dit, je ne les mettrais jamais en vente, il en a fait un entre autres avec le caribou qu’on a tué sur notre territoire, toute la peau, on l’a utilisé juste pour la famille, on n’a rien vendu de ça, les outils en os qu'il a fait on les a gardé aussi, on a rien vendu.
Evelyne : Travaille-tu avec le couteau croche?
Thomas : Non, dans la pierre c’est impossible, mais en sculpture j'ai appris a travaillé avec le couteau croche pis j’ai commencé à apprendre à sculpter en regardant la façon que mon père utilisait son couteau croche, c’est quand tu dégrossis une paire de raquette, il y a l’extérieur de ton arbre que tu ne touches pas, parce que il est déjà très beau il y a juste l’intérieur, pis tu sculptes avec un angle, un petit angles pis ça te guide pour l'épaisseur de ton bois, quand t’as fini ben après ça tu égalises, je regardais ça, pis si je fais des angles ici pour les bras, pis des angles ici comme au couteau croche quand j'aurai la bonne grosseur pour mon bras pis que je veux arrondir ben je vais être capable de faire un bras, si ça marche avec un couteau croche ça devrait marcher avec un outil pour la pierre, pis c'est de même que j'ai appris à sculpter j'ai jamais été à l'école pour ça.
Evelyne : Tu avais quel âge à peu près?
Thomas : Ah. J’sais pas. J’avais quoi, j’avais peut-être 24 25 ans, mais tout jeune je touchais l'artisanat un peu avec mes parents, mes parents en ont fait toujours depuis.
Evelyne : Ton père était sculpteur?
Thomas : Non, il n’a jamais fait de sculpture, non, lui il faisait de l'artisanat traditionnel avec ma mère, ma grand-mère aussi quand elle était vivante à l'époque, on faisait, on a travaillé beaucoup l'écorce de bouleau, les cuirs, le cuir en général, il tannait encore ses peaux lui-même, c'est ma mère qui faisait les mocassin ma grand-mère en faisait aussi, l'écorce de bouleau ça été en dernier avec les raquettes pis les mocassins, ça été une des grosses demandes pour le tourisme en générai, parce qu'il en trouvait pas ailleurs ben ben, il y avait Manawan, Obedjiwan, mais ici, il n’y avait personne, presque personne. Ça fait qu'il y avait une bonne demande, pis c’était un bon marché pour lui.
Evelyne : Avec l’écorce de bouleau, c’étaient les paniers, les canots?
Thomas : Ouai, il a fait, le dernier canot d'écorce fait sur la réserve c’est mon père, mais personne ne lui a prêté attention, ni le musée, ni personne. Ils ont dit; il ne flottera pas, mais il a flotté, moi je l'ai essayé, je l’ai même utilisé, quand j’ai écrit le livre, je l'ai
utilisé, malheureusement on avait pas l’agrandissement qu’on a là, parce qu’il serait sauvé à vie, ça fait qu'il s’est détruit avec les années ça fait que mon père a suivi les traditions, il l’a laissé se détruire par lui-même, il a gardé quelques parties des varennes après ça il a fait des paniers de toute les couleurs, de toute les grosseurs, des fois il faisait, il prenait des commandes pour du monde qui voulait des formes spéciales ou une forme plus grosse, plus forte, ça dépend aussi de I écorce, des fois on était pas chanceux, on trouvait utemushkui qu'on appelle, il y ajuste petushkui, c’est une petite écorce mince, ça fait qu’on faisait des petits objets de moindre importance, pis là après ça on allait gratté la racine. Nous autres on aimait ça, ce n’était pas mon domaine mais du même coup les enfants apprenaient, moi j’apprenais, ma femme apprenait, ça fait que c'est un peu comme quand tu vas dans le bois chassé avec ton père ou ta mère, tu vas y aller, tu vas apprendre en regardant, à force de voir, pis de voir, un moment donné, tu vas pouvoir le faire.
Evelyne : C’était ça, sa façon d’enseigner à lui ?
Thomas : Oui, franchement dans le temps, j’avais plus la chance d'entendre des vieux mots indiens, Il disait « je peux pas te les dire sur la réserve, il y a rien pour te le montrer, mais là dans le bois, là les choses sont toute en indiens, on peut te dire, là je peux te dire des vieux mots, ma femme prenait note des vieux mots, des fois une plante, des fois un mot ben rare pour une plante, il disait pour que je m'en rappelle, on écrivait le nom de la plante tout de suite, ça fait que c’est toute des choses qui vont nous servir plus tard, pis qu'on va pouvoir utilisé même ici, pour notre salle de montre pour montrer aux gens que les indiens n’ont pas oublié le passé, c'est pas parce que tu travailles la pierre que t'as oublié ton origine, parce que c'est pas vraiment traditionnel au point de vue activité, moi je dis toujours les mots pour les Montagnais c’est plus contemporain, que ce soit en chanson, en sculpture, en peinture, mais c'est ce que tu vas dire avec, sa signification qui va être traditionnelle. C’est ça que je pense, tout ce qu’on a accumulé va nous aider, mais aussi le plaisir de dire que j'ai gardé des choses, imagines si j’aurais encore le canot d'écorce de mon père ça vaudrait une fortune, dans quelques années, il va s’en faire tellement peu que celui qui va avoir 2 casseaux d'écorces, va être riche, au point de vue valeur pas d’argent, mais valeurs matérielles, ce que ça représente.
Evelyne : Ah, oui toute la fierté.
Thomas : Oui, c'est ça, ce n’est pas nécessairement la valeur argent, ça pas d'importance.
Evelyne : Thomas, j’aimerais ça que tu me dises, à peu près combien d’œuvres tu as fait et combien d’expositions aussi ailleurs?
Thomas : Combien d'œuvres, bon on faisait de l’exposition au début avec mes parents, on faisait des contrats d'animation, on allait à des fêtes, on exposait mais, on a pas fait ça tellement longtemps, on s’est fatigué assez vite, mes parents commençaient à vieillir aussi, pis il y avait beaucoup de monde, on aimait pas tellement avoir beaucoup de monde, ça fait que on est revenu ici, des expositions j'en ai fait surtout en groupe, parce que j'avais l'avantage, j’avais l’avantage d’avoir mon propre petit coin d’exposition à moi.
Evelyne : À quelle place?
Thomas : J'avais mon atelier, pis j’avais un petit point de vente, mon père avait son atelier aussi, son kiosque, ça fait qu'on avait pas vraiment envie de faire très commercial, pis de courir d’un bord pis de l'autre, ça nous tentait pas on voulait rester travailler à notre rythme, pour la quantité d'œuvres que j'ai fait, j'ai sûrement dépassé les 500 pièces uniques, malheureusement il y a peut-être 90 % de ma production qui est en Europe, ici, même sur la réserve il y a pas grand monde qui savent ce que j’ai fait, il y a même personne qui pourrait imaginer ce que j'ai fait.
Evelyne : Parce que je viens de penser à ça, ce n’est pas juste de la sculpture que tu as fait, j’ai vu aussi, comme des cartes?
Thomas : Je faisais du gaufrage pis de la sérigraphie, pis ce n’est quand même pas mon activité la plus importante, ça quand même toujours été la sculpture. J’ai fait du gaufrage, pis de la sérigraphie parce qu’il y avait quand même une clientèle qui n’aimait pas la sculpture, ça fait que tu ne peux pas les obliger à acheter ce que tu n’aimes pas, ça fait que j’ai pensé à faire de la sérigraphie pi ça me permettait aussi quelquefois de parler d'une vieille expression indienne que je n’aurais pas pu sculpter. Ça fait que j’ai fait de la sérigraphie, pis du gaufrage. Ben c'était aussi un défi pour moi, pis là aussi ça me permettait d’utiliser des termes montagnais, mais ça pas été la plus grosse activité quand même, ça toujours été la sculpture, là, j’ai un petit peu plus de misère à travailler, je travaille un peu moins rapidement mais, je me remets en forme tranquillement. L’année passée j’ai perdu ma saison parce qu'on était en plein agrandissement. Une année sans sculpter, tu perds un peu ta forme, mais j’ai sûrement dépassé les 500 pièces uniques à part tous ces petits bibelots que j’ai inventés, puis en sérigraphie peut-être une vingtaine d’œuvre de faites, en gaufrage peut-être une dizaine de plaques de gravées, il faut dire que ce sont des plaques qui prennent 1 mois et demi à graver à peu près, parce que c’est graver aux petits ciseaux, pis à la main.
Evelyne : C’est gravé sur le bois?
Thomas : Non, sur cuivre ou bien aluminium, ça fait que c’est pour ça, parce que la plaque de métal va être frappé pratiquement 10 tonnes de pression dans une fraction de seconde, ça fait que le papier va être geler II pourra jamais déformé, ça fait que c’est pour ça que la plaque il faut qu’elle soit au millième près de qualité, ça permet d’éviter les erreurs.
Evelyne : Puis, Ici à Mashteuiatsh est-ce qu’il y a de la relève, tu donnes de la formation?
Thomas : Ah, j’en ai donné au début, mais non, je pense que il n’y a pas de relève comme tel, il y a le fait, sais-tu, il y a une chose qui est bien fatigante pour nous autres pis même moi ça me nuis parce que le monde utilise le terme montagnais pis indien partout, il y a du monde qui sont pas indien, pis qui produisent nos choses, qui vont les vendent, tu vas aller au zoo, à Ste-rose du nord, tu vas partout pis ils ont besoin des indiens pour attirer le tourisme si il y a pas un indien à la télévision, je regardais à Ste-rose du nord tu vois la montagnaise qui est en train d’hurler comme un loup, moi c’est de valeur mais ça m'insulte, ça me tenterais de leur fourrer un procès quelque part, moi, j’ai jamais vu une montagnaise hurler. Ils nous prennent pour des fous ou quoi. Ça nous fait tort, comment veux-tu qu'il soit de la relève, Canawe un gars, qui semble être connu a de la misère a s'en sortir, pis quant à l’artisanat, on a de la misère à vendre sans être obligé d'aller ailleurs, le monde vient pas sur la réserve, il y a des indiens partout en dehors, nous autres, moi pis mon père ils nous demandaient, venez à Val-jalbert vous allez voir du monde en masse, si on va à Val- jalbert, on nuit aux autres artisans qui ont pas les moyens de se déplacés, ils viendront ici voir les indiens, non, ils les ont vu à Val-jalbert.
C’est pas correct, on disait non on veut pas aller chez-vous, on est chez-nous ici, si vous voulez nous voir vous allez venir sur la réserve, on veut rien savoir, on refusait d'aller en France, pas question d’aller en France, les gens veulent nous voir, ils vont venir pis ont va jaser, on va parler, on a du temps à leur accorder, mais on ira pas ailleurs, on fait pas, on copie pas l’art inuit on copie pas l’artisanat des autres nations, ben faudrait que les autres arrêtent de faire la même chose.
Evelyne : Est-ce qu’il y a de la relève tu donnes-tu de la formation?
Thomas : Eh non, je ne donne pas de formation, on m'en demande pas non plus, mais la relève, je pense qu’elle a peur, quand on regarde quelqu’un comme moi qui a réussi quand même à s'en sortir un peu avec ça, je roule pas fortune, c'est pas fortune mon affaire, je pense que la relève se dit; bon je pense que ça commence à tombé pis il y a pas de métier à faire avec ça, d’autant plus qu'il y a la compétition de partout en dehors qui copie toujours, on a toujours besoin de mettre des indiens partout pour attirer le tourisme que ce soit au zoo que ce soit à Ste rose du nord à St Félix d’Otis, à toute les musées, ils ont tout le temps besoin d’indien, ça fait que la relève ça donne rien, nous autres dans ma famille on a jamais voulu se déplacer pour continuer à forcer le monde à venir ici, voir ce qui est indien et non en dehors, ça fait que peut-être les jeunes c'est ce qui les empêchent de, qui leur fait peur, il y a des matériaux, si quelqu’un voudrait travailler l’écorce, avec toute les compagnies de bois qui massacrent tout, laisse-moi te dire que c’est dur de trouver de l’écorce aujourd’hui, si il aurait encore 5 personnes comme mon père pis ma mère qui auraient travaillé l’écorce sur la réserve comme ils ont fait, ben le territoire il était pas assez grand pour trouver de l’écorce pour ses 5 personnes.
Evelyne : Et dans les plus jeunes de la famille chez-vous est-ce qu’il en a qui ont de l’intérêt pour?
Thomas : Ah, ils sont habiles de leurs mains, mais c’est moi qui ne veut quand même pas les encourager plus que ça, parce qu’ils ont quand même du potentiel pour aller peut-être plus loin que moi, aller travaillé en ville pis revenir se reconstruire tout de suite sur la réserve, ils ont peut-être plus de potentiel que moi pour aller loin dans les études, un docteur de plus ça serait ben utile pour les indiens, ii y a ça aussi qu’il faut penser, c’est quand même pas un métier d’avenir ça reste que un jeune qui sort avec un diplôme d’ingénieur, ou d'administrateur, ou de médecine, ou d'avocat ça reste que c'est quand même plus enviable que finir tes jours comme artisans, parce que l'artisanat, les arts c'est quand même, c’est un peu pour, c’est quand arrivé pour ceux qui était un peu mal pris, ils savaient plus trop quoi faire, mais il fallait ben vivre, rien faire ça se peut pas ça fait qu’on a dit, bon ben on va faire ce qu'on savait faire puis on va voir si les gens aiment ça, c’est pour ça tout à l’heure que je t’ai dit, on voulait toujours arrêté de vendre nos choses, parce que ça nous faisait quand même quelque chose de vendre des choses qui sont à toi, pis de les vendre pour de l'argent, quand l'argent est partit il reste plus rien l'œuvre est partit, l'argent est dispersé , c'est fini, plus rien, juste une petite photo des fois, c'est tout, ça fait que c'est peut-être pour ça qu’il n’y a pas de relève, ça serait bon quand même que les jeunes aient une petite base, regardez au moins comment se travaillait les choses, comment se fabriquait les choses, au moins qu'ils se rappellent, Ça
serait bon, au moins au minimum.
Evelyne : C’est quel message tu donnerais aux jeunes toi?
Thomas : Ben, je pense que le message que je donnerais, de s’instruire encore mieux que moi, j’ai réussi, mais sans oublier leur culture, ce n’est pas parce que tu deviens un avocat,
avec une cravate au coup que tu es obligé d’être blanc en dedans, t’es pas comme une pomme, rouge sur le dessus pis blanc en dedans. Le message que je leurs dirais même si tu es bien instruit, essaye de garder un maximum de ta culture pour ne pas changer. Moi j'ai été travailler en ville je n’ai pas été québécois pour autant, je n’ai jamais aimé ça être là, aussitôt que j'ai eu un peu d'argent pour me construire, j'ai lâché la ville parce que ce n’est pas mon style de vie à moi, je n’aime pas leur culture, ce n’est pas ma culture à moi c'est ça que je dirais aux jeunes, ne changez pas parce que tu vas devenir quelqu’un de différent avec un métier non traditionnel comme tel. Ceux qui sont ben mal pris, pis qui veulent vivre dans le traditionnel, ne faut pas avoir peur, de toute façon ça ne peut pas être pire que le bien-être.
Evelyne : Je te remercie Thomas
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Siméon, Thomas (interviewé), St-Onge, Evelyne (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Siméon, Thomas,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/362.