William Commanda, Ojigkwanong - Rencontre avec un sage algonquin. onf

Title

William Commanda, Ojigkwanong - Rencontre avec un sage algonquin. onf

Subject

Maniwaki; cercle des nations; fabrication canot; loi; GRC; wampun; vision; pardon; assimilation; gouvernement de la nation indienne de l'Amérique du nord; spiritualité: canot

Description

Entrevue avec William Commanda et Lucie Ouimet de l'ONF. Le documentaire s'appelle "Ojigkwanong - Rencontre avec un sage algonquin"

Creator

L'Office National du film
Commanda William, Interviewé
Ouimet Lucie, intervieweur
Ouimet, Lucie (cinéaste)

Source

L'office national du film

Publisher

L'office national du film

Date

2000

Contributor

L'office national du film

Rights

L'office national du film

Language

Français

Type

vidéo | video

Format

Mp4 26 min 03 s

Original Format

vidéo | video

Transcription

Narratrice: William Commanda est né en 1913 dans la réserve de Maniwaki dans l’Ouest de québécois. Son nom Algonquin: Ojigkwanong. Témoin privilégié est engagé dans son époque, il a traversé le 20e siècle. En 1961 à la suite d’une grave maladie il aura la vision d’un cercle de toutes les nations. Depuis, il travaille à la réconciliation des peuples et des être en Amérique et à l’étranger.

William: On travaille aujourd’hui pour effacer le racisme. Faut venir ensemble. Mes ancêtres aussi m’ont enseigné de toujours pardonner. Pardonner est à peu près le mieux qu’on peut faire, malgré tout ce qui est arrivé contre mes ancêtres, on pardonne. Avec le pardon, on vient pour respecter, on vient pour aimer, alors mon travaille aujourd’hui c’est ça.

Roger Scott: William pour nous autres c’est un père spirituel, c’est un grand homme, puis tu regardes cet homme là, tu as pas le choix de croire en lui, de croire les paroles qui va te donner, les enseignements qui va te donner, c’est impensable d’aller chercher ça ailleurs.

“Comment ça s’est passé quand vous étiez jeune?”

William: Quand on était petits nous autres on montait dans le bois, passer l’hiver toute la famille dans le bois. Mais j’ai pas fait l’école moi, à l’âge de 15 ans, je ne savais pas écrire mon nom mais j’ai travaillé avec des forestiers, des ingénieurs forestiers. Ils m’ont montré comment écrire, lire pis j’étais marié déjà j’avais 40 ans. Mon père, il m’a tout enseigné à faire les canots, les traîneaux, les raquettes, puis tout le bois franc, c’est mon école ça, la nature.

Je m’en rappelle, c’est juste a peu pres, je pense que j’avais 10 ans, peut-être alentour de ca, des gardes-chasses sont venus, mon père était arrivé avec de la viande d’original. Il l’avait mise dans la shed pour laisser geler, les gardes-chasses sont arrivés une couple d’heures après puis ils ont fouillé puis ils ont trouvé la viande. Ils sont partis avec toute la viande puis on avait pas d’autre chose a manger, c’est tout qu’est-ce qu’on avait. C’était pas bien, bien chaleureux ces gars la. Mettons, a partir, je m’en rappelle, de 1920, 1930 jusqu’a a peu pres 40, ils couraient après nous autres partout dans le bois parce qu’ils avaient loué des camps aux touristes. La province avait tout loué nos terrains de trappage ou on chassait avant, aux touristes. C’est pas facile, pas facile des fois, trois, quatre jours sans manger. C’était pas réellement on pense ça, là, c’est cruel, hein? Puis quand on allait on pognait le poisson dans le bois, on le faisait cuire dans le bois tout de suite. Fait qu’alors, personne ne nous voyait c’est de même qu’on a passé à travers. C’est toujours une vie en cachette des affaires, c’est grave puis c’est pas grave. Au moins, ils nous laissaient vivre, c’est le principal.

Narratrice: William Commanda a été le chef suprême du premier gouvernement de la nation indienne de l’amérique du nord fondée en 1945 par le huron jules sioui. L’organisation visait notamment la réhabilitation des droits ancestraux de chasse et de pêche des peuples autochtones. Ce mouvement autonomiste sera progressivement étouffé par le gouvernement fédéral de l’époque.

William: La loi, des fois, c’est mal fait. Je croyais mon beau-père il me disait, les mauvaises lois, c’est pas un mal de se révolter contre ça, mais il dit c’est toujours nécessaire de suivre la loi qui est bonne puis d’être honnête avec ça. Moi je crois à ça, c’est ça, je crois. Puis aujourd’hui on dépend pas de chasse maintenant comme on faisait dans ce temps-là parce qu’il y a beaucoup de choses qu’on peut faire, il y a l’ouvrage partout.

Anthony Paul: William nous apporte le plus important, l’amour inconditionnel. Quand il entre quelque part, les visages s’illuminent. C’est dur à expliquer, faut le voir pour le croire. Il a beaucoup d’influence sur les jeunes parce qu’ il a pris des chemins qu’on aimerait emprunter. On peut toujours dire qu’on essaie de le faire mais quand on voit un aîné comme lui qui a traversé des épreuves, on se dit qu’on pourrait y arriver un jour.

William: J’ai bu beaucoup dans mon temps, avant tu sais, tout le monde était un ivrogne, moi, peut-être le plus gros ivrogne qu’il y avait ici dans la réserve. Mais j’ai jamais fait pogner par les polices parce que j’étais comme un renard puis quand j’achetais une bouteille de whiskey, je prenais le bois puis j’allais me saouler dans le bois puis je restais la fait que personne m’a vu!


William Commanda, chef 1955

William est avec sa femme Mary

Narratrice: William Commanda a été chef de la réserve de Maniwaki de 1951 à 1970. Jusqu’à la fin des années 60, des agents fédéraux étaient installés dans les réserves et possédaient un droit de veto sur toutes les décisions du conseil de bande.

William: Il y avait un agent ici qui contrôlait toute la réserve. Il contrôlait l’argent. Les chefs indiens ici n’avaient pas un mot à dire. On prenait des résolutions avec le Conseil pis si l’agent les approuvait, elles passaient. S’il ne les approuvait pas, bien souvent, elles n’étaient pas honorées. Les agents nous disaient: vous n’aurez jamais vos propres écoles, vous n’aurez jamais de police indienne, ces genre de choses la. Parce qu’ils disaient “vous êtes pas, vous êtes pas civilisés.” Civilisation, pour moi, c’est quand tu te mêles de tes affaires, c’est civilisé. Quand tu envahis quelqu’un sans droit, tu prends avec la force, s’ils appellent ca civilisation, c’est pas la manière que je comprends. Quand Trudeau est venu au lac, je lui ai souhaité la bienvenue. Ils m’ont donné un papier à la Chambre de Commerce, ils m’ont écrit quoi lui dire. J’ai dit non je ne dirai pas ça. Ils m’ont dit “tu ne l’insulteras pas au moins.” Non, je vais dire la vérité. Ils m’ont donné le micro, j’ai dit, Monsieur Trudeau, je vous souhaite la bienvenue dans mon territoire indien et aussi dans mon pays. Puis ils ont dit “que c’est qu’il fait, le sauvage la?” Ils m’appellent tous sauvage. Il dit ça au premier ministre, il n’est pas gêné lui.

Narratrice: En 1987, lors de la dernière conférence des premiers ministres touchant les questions autochtones, William Commanda, gardien des ceintures sacrées, intervient. Pour la première fois dans l’histoire de ces conférences un wampum sacré est présenté comme preuve de nos droits.

William: Le wampum témoigne des événements passés mais il peut aussi prédire l’avenir. Comme vous le voyez, nous avons de ce côté, terre-neuve où vivaient les béothuks à une certaine époque. Il n’y a plus de tribus béothuks, ni de mohicans. Le wampum nous l’avait prédit aujourd’hui, regardez autour de vous. Vous voyez des animaux malades, de l’eau malade, de la pollution, tout ça. Et nous comptons sur les efforts de votre peuple pour y remédier avant que nous soyons anéantis. Des fois, des mots sont dits, des fois, on blesse un peu quelqu’un mais la vérité, il faut qu’elle soit dite. Il faut que ça soit compris.


William avec un wampum original
Roy Lisk: Il a surmonté de grosses difficultés. Je suis convaincu que le Créateur lui a donné le don de la sagesse et qu’il essaie de le transmettre aux plus jeunes. Je crois que je fais partie de la génération qu’il essaie de sauver parce que je me suis égaré.

William: Mais quand j’ai été malade j’ai changé beaucoup moi. Avant 61, j’étais chef de la bande ici. Dans ce temps-là je haïssais les blancs pour qu’est-ce qu’ils ont fait contre mes ancêtres puis je blasphemais toujours après eux autres. Puis j’aurais pu faire quelque chose de mal si j’étais capable. Mais quand j’étais bien malade, j’ai eu des visions et il y a quelque chose qui m’a changé la vie. Quand je suis revenu, j’étais plus la même personne. Meme ma femme elle me disait, “tu blasphemais tout le temps, elle dit, on n’entend plus rien.” Elle dit, “t’es plus la même personne, mais je sais pas qu’est-ce qui arrive.”

J’étais couché dans le Chesterfield puis de bonne heure, de bonne heure le matin, il faisait brun encore. J’ai entendu un oiseau chanter dans la fenêtre dehors puis il m’a fait pleurer. J’avais pas l’expérience de pleurer avant. Il m’a fait quelque chose qui m’a touché au cœur. Bien emotionnel. Puis j’ai demandé au créateur de me sauver. S’il y avait rien que je peux faire dans la vie, j’ai demande pour m’amener tout de suite. Je voulais m’en aller. Je voulais pas vivre une autre journée parce que ça faisait mal. J’avais tout…le cancer était tout repandu. Ils m’avaient donné deux semaines, aux autres, à Ottawa. J’ai arreter de blasphemer, j’ai arreter de boire, j’ai arrêté tout le mal que je faisais avant. Puis les gens que j’haissais surtout quand je les voyais, j’avais de la peine pour eux autres. Puis je disais les pauvres personnes elles savent pas ce qu’elles font. Des gens qui ne comprennent pas. S’ils m’avaient demandé de l’aide pour n’importe quoi j’aurais pu le faire, n’importe quoi pour aider, mais avant ça, non, j’aurais jamais aidé personne. Ca change, hein? C’est de même que j’ai changé de vie. La, j’ai vu des visions puis tous les ennemis on pensait qu’on avait des ennemis avant essayez toujours de les amener ensemble. Puis c’est de même que j’ai commencé à avoir des rencontres ici.

En 69, on a organisé ici, il ya 1500 indiens qui sont venus ici partout partout de l’amérique du nord quatre jours ici. On a mangé trois orignaux, 250 poissons, puis il y avait tout un camion plein de mais, des blés d’inde. Après quatre jours, il restait plus rien à manger parce qu’une gang comme ça, il y avait beaucoup d’enfants. Et puis on s’est dit ça c’était tout plein partout toutes des tentes, des tentes de toile. 1500 personnes, il y en avait beaucoup. Fait que c’est pour faire des réconciliations entre les Iroquois avec les Algonquins. Pour la première fois, on était ensemble ici avec toutes d’autres races d’indiens qui viennent des Etats-Unis. Après ça, c’est avec d’autres races pour les mettre ensemble. Ca, j’ai tout vu ça dans ma vision. Puis pour parler avec l’amour, sans parler d’ôter nos coats la, puis montrer des poings la, ca c’est pas la manière non plus. Mais souvent ça devient pas mal chauffé mais à force de parler, ça tranquillise puis on vient amis. C’est mon but. C’est ça qui est ma vie. Je suis pas gros, je suis un petit bonhomme qui essaie de faire des grosses affaires. Quand je vois des petits enfants, la, je dis eux autres ils sont sacrés.

Narratrice: Est-ce que ça dérange certaines personnes Que vous partagez vos enseignements traditionnels avec les blancs, avec d’autres cultures?

William: Il y a encore bien des gens qui pense que je fais une erreur. Mais j’ai toujours l’espérance, je pense toujours que ca va venir un jour. Je me décourage pas parce qu’il faut sauver les enfants, non seulement les enfants indiens, les enfants de nos frères blancs, nos frères noir et jaune tous ensemble.

Lucassie Ainalik: Quand il m’a parlé de pardon j’ai vu qu’il ne fallait pas seulement que je pardonne aux autres mais aussi à moi-même. C’était un très bon message parce que j’avais de la difficulté à me pardonner. Quand j’ai compris qu’il fallait que je le fasse, j’ai aussi commencé à pardonner aux autres.


William: C’est un homme qui a le cœur tout chaleureux, plein d’amour. (Dalaï-Lama) Comme il dit, la seule manière c’est de pardonner. Nelson Mandela c’est un homme que j’ai vu avoir été prisonnier pour 27 ans puis en sortant de la prison il a commencé à parler du pardon a tout le monde.

Je suis bien fier d’être venu ici se rencontrer puis parler de nos misères parce que moi aussi j’ai de la misère des fois. Peut-être de différentes manières, mais il y a toujours des obstacles, des choses qu’il faut passer à travers. Malgré les langue des fois c’est toute différence mais quand on pense il y a seulement qu’un seul créateur pour nous tous. Un seul Dieu pour tous. Puis je remercie lui, toujours. Premièrement on dit toujours J’ai toujours blâmé tout le monde pour mes problèmes. Je disais que c’est la faute d’un autre et de l’autre, pas la mienne. J’ignorais qu’il fallait d’abord que que je me regarde moi-meme. Je me suis attiré la haine des autres, jusqu’à ce que j’abandonne tout à mon créateur puis ça m’a apaisé. C’est vraiment important de se rappeler que c’est important que vos enfants ne vous voient pas saoul. C’est ce petit message que je vous livre aujourd’hui. Je suis sûr que vous pourrez l’utiliser comme je l’ai fait moi-même.


William Commanda avec Pierre Elliot Trudeau
Il y a des gens qui pensent que j’accepte d’être assimilé sur le bord du gouvernement mais l’assimilation j’en veux pas. C’est pas la manière, je parle. C’est de la manière que le Créateur veut qu’on pardonne. Des affaires pour être assimilé, pour être avec un gouvernement, pour être devenu citoyen, non, j’ai jamais pensé à ça. Je veux rester comme je suis, Indien, le 1er occupant du pays ici. Puis être connu pour ça. Je voudrais pas être assimilé d’un autre nation, comme le Canadien, je ne suis pas canadien, je suis nord-américain. Même je ne suis pas indien parce que je ne viens pas des Indes. Alors, l’Amérique, Nord Amérique, oui, c’est moi.

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Citation

L'Office National du film et al., “William Commanda, Ojigkwanong - Rencontre avec un sage algonquin. onf,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/399.

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