Bellefleur Jeannine

Title

Bellefleur Jeannine

Subject

santé; services sociaux; suicide; avenir; culture; tente à suer; message

Description

Entretiens Jeannine et Evelyne sur la santé

Creator

Jeannine Bellefleur (interviewé)
Evelyne St-Onge (intervieweur)
Eddy Malenfant (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2000

Rights

Production Manitu inc.

Relation

Language

Innu

Type

vidéo | video

Format

mp4 10 min. 01 s.

Original Format

vidéo | video

Transcription

Entrevue avec Jeannine Bellefleur

Traduction de l’innu au français


Je supervise les services sociaux de Mamit Innuat, regroupant trois communautés : Pakuashipit, Unamen Shipit et Ekuanitshit. 00 :58.

Tous les programmes qui touchent les services sociaux sont gérés par cet organisme. Il y a des intervenants qui travaillent ici à Mingan pour les services sociaux. 1 :14. Ils traitent des dossiers entourant la protection de la jeunesse. 1 :20.

Il y a aussi le programme du Québec, la DPJ, pour les enfants agressés et ceux qui font du mal. Il y a des enfants négligés par leurs parents. 1 :36

Il y a tout ça, en plus d’un programme pour les aînés pour le maintien à domicile. 1 :41

Il y a l’agression des femmes et le suicide. Nous travaillons sur tous ces problèmes sociaux. 1 :58.

Evelyne : Aujourd’hui, y a-t-il beaucoup de suicide dans le coin? 2 :06

Depuis trois ans, le taux de suicide augmente. 2 :16.

L’été dernier, on a perdu un enfant, il s’est suicidé. 2 :24.

Evelyne : Quelle est la raison du dernier suicide? Était-il sous l’effet de la drogue?

Il était sûrement sous l’effet de quelque chose. 2 :47.

Quelqu’un ne se suicide pas pour rien. C’est lorsque tu as de la peine ou le cœur gros. 2 :51.

Quelqu’un qui a de la difficulté à s’exprimer. 2 :58.

Lorsque quelqu’un souhaite se suicider, la pensée ne lui vient pas tout d’un coup, il y a toujours une raison derrière. 3 :07.

C’est de cette façon que le processus s’installe. 3 :14.

Evelyne : De quelle manière peut-on aider quelqu’un qui souhaite se suicider?

Il y a des intervenants qu’on peut rencontrer chez nous. 3 :22.

Il y a des professionnels, des psychologues, des docteurs de la pensée, c’est de cette manière qu’on les aide. 3 :34.

Il faut que tu demandes ces services. 3 :38. Il y a plusieurs services, mais il faut venir les chercher. 3 :41.

Depuis 1992, les programmes sont installés pour venir en aide aux jeunes suicidaires. 3 :49.

Il y a aussi des centres de thérapie pour ceux qui ont des difficultés avec la drogue et l’alcool. 3 :55. On peut les envoyer à Sept-Îles ou à Québec. Par contre, c’est encore la même démarche, les gens doivent venir chercher le programme. 4 :00.

Il y a beaucoup d’Innus qui ont de la difficulté, mais ils ne viennent pas chercher de l’aide et nous, nous ne pouvons pas aller les chercher. 4 :06.

Il y a de plus en plus de gens qui viennent chercher de l’aide, ceux qui veulent s’aider. 4 :14.

Evelyne : Trouves-tu que l’Innu a de plus en plus de difficultés, comparativement à autrefois? 4 :18.

Les problèmes ont toujours été là, mais aujourd’hui, ils sont de plus en plus lourds. 4 :27.

Plus on travaille, plus on sent la lourdeur des problèmes. 4 :37.

En plus, en ajoutant le problème d’alcool ou de cannabis, les difficultés s’alourdissent. 4 :39.

Le problème vient de loin et l’Innu cherchera la source de son problème. 4 :50.

Ils ne savent pas où aller chercher le problème. Provient-il des Innus ou des Blancs? 4 :55.

J’ai l’impression que leur vie n’est pas très équilibrée. Je vois qu’ils ont des vies lourdes. 5 :10.

Ça fait huit ans que je travaille. Déjà, les problèmes étaient lourds. Des gens venaient et racontaient leurs problèmes. Aujourd’hui, on en parle de plus en plus, tout en se respectant. Avant, on cachait beaucoup de choses, mais aujourd’hui, on ose dévoiler les problèmes un peu plus. 5 :37.

Il y aurait la solution de faire un retour dans le bois ou d’aller à la mer, mais je crois que ceux qui ne peuvent pas s’en sortir sont perdus dans leurs problèmes. Pourtant, il y a des gens qui s’en sortent. Aujourd’hui, les problèmes sont différents d’autre fois, ceux de la nouvelle génération. 6 :02.

Les aînés devaient tout faire eux-mêmes, aller à la chasse, subvenir à leur alimentation, chercher de l’eau, bref, plusieurs tâches, alors que tout est facile aujourd’hui. Si tu fais ton lavage aujourd’hui, tu n’iras pas faire ton bois de chauffage préalablement 6 :14.

Aujourd’hui, tout marche à l’électricité. Ça amène un autre problème, le manque d’argent. 6 :17.

On joue beaucoup à l’argent. Il y a le bingo. Il y aussi les sorties, ça amène des dépenses. C’est comme ça, c’est ainsi. 6 :30.

Evelyne : Crois-tu que l’avenir soit plus beau?

Oui, j’y crois. Je crois qu’on peut arriver à une solution, mais il faudra travailler très fort ensemble. 6 :51.

Aussi, il faut susciter l’entraide. Aujourd’hui, il y a beaucoup de tensions. Les Innus se disputent entre eux. 6 :59.

Le Blanc doit comprendre que l’Innu a besoin de se gérer lui-même lorsqu’on parle d’autonomie. 7 :03.

Nous devons nous gérer, malgré nos chicanes internes. Un jour, les chicanes cesseront. 7 :10.

Beaucoup d’Innus voient que la prise en charge est déjà démarrée et qu’ils doivent se forcer pour aider leurs enfants. 7 :28.

L’Innu sait qu’il doit se forcer pour ne pas perdre ses enfants. 7 :33.

Evelyne : Lorsque vous êtes en relation d’aide, utilisez-vous la culture dans vos approches? 7 :42.

Les Innus utilisent la tente à suer. 7 :59.

D’autres font des ressourcements à l’intérieur des terres, pour se retrouver. 8 :05.

Nous prenons toutes les approches qui nous sont présentées par les psychologues. 8 :12.

La prière passe aussi. 8 :16.

Tout ce qui est bon, on le prend pour aider les autres. On prend même des gens, comme ceux de Sept-Îles, qui dirigent des tentes à suer 8 :29.

La tente de guérison est également utilisée. 8 :35.

On n’a pas le temps d’aider chacune des personnes, donc on crée des groupes d’aide. 8 :42.

On ne ferme rien, tout ce qui peut aider, on le prend. 8 :51.

C’est comme un magasin, on ne peut magasiner à un seul endroit, c’est la même chose en relation d’aide. C’est ma façon de voir les choses, je ne refuse aucune approche. 9 :11.

Evelyne : Utilisez-vous tous les services infirmiers? 9 :16.

Il y a quelqu’un du système de la santé qui travaille à notre programme. 9 :22.

Nos services sont gérés par les Innus. 9 :31.

Evelyne : Si tu pouvais lancer un message aux jeunes, quel serait-il? 9 :38.

Je leur dirais de croire en eux, de ne pas se décourager. Je crois en mon travail, je crois en des jours meilleurs, que les Innus se prendront en mains. Ce jour viendra. Ce qui me motive, c’est que nous venons de très loin, c’est mon père qui me le rappelle sans arrêt. 10 :10.

Aujourd’hui, le Blanc nous brise beaucoup. 10 :15.

Je crois en moi, malgré le travail très dur que je fais. 10 :21.

Malgré tout ce qui rentre dans les communautés, comme la drogue, le cannabis, le suicide, ils pourront arriver à vaincre s’ils se comprennent. 10 :32.

Je crois à cet idéal. 10 :35.

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Citation

Jeannine Bellefleur (interviewé), Evelyne St-Onge (intervieweur), and Eddy Malenfant (cinéaste), “Bellefleur Jeannine,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/426.

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