Dominique Joseph

Title

Dominique Joseph

Subject

mishta-shipu; nomadisme; portage; territoire; Iron ore; famille

Description

Entretiens Joseph Dominique et Bernard St-Onge, histoire de vie

Creator

Joseph Dominique (interviewé)
Evelyne St-Onge (intervieweur)
Eddy Malenfant (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2006

Rights

Production Manitu inc.

Relation

Language

Innu

Type

vidéo | video

Format

mp4 29 min. 37 s.

Transcription

Jo. Dominique

Bernard St. Onge. Shushep tu as dû voir cette rivière ou tu as dû y aller il y a longtemps ?
Joseph Dominique. Oui je l’ai vu, je l’ai vu trois fois quand on montait dans le bois. Parfois certains montaient dans le bois jusqu’à 400 ou 500 milles là-bas, je parle des Innus en utilisant ces rivières. On embarquait par ici à Adam, du moins ce que moi j’ai vu. Les Innus de ueshkat d’autrefois ils embarquaient par la Mishta-shipu, je parle des Innus anciens, quand Mishta-shipu était habité. Je n’ai pas connu ce temps, je n’ai pas eu le temps de le vivre. Cependant j’ai vécu le temps quand on descendait au pont Adam en face de la rive de l’autre bord. Il y a là un portage qui s’appelle Uinipeku-Paushtiku qui faisait 7 milles de long, l’innu l’utilisait pour son portage.
1;00 Ils devaient être une cinquantaine de famille et même plus. Quand ils arrivaient à la sortie du bois, c’est alors qu’ils choisissaient un capitaine, celui qui les guideraient pour monter dans le bois. On appelait capitaine celui qui allait les guider. C’est lui qui serait le guide, on fera c’est exactement ce qu’il décidera, la façon dont il nous guiderait. On fera exactement ce qu’il fera afin qu’il ne nous arrive rien de fâcheux, se blesser ou avoir des accidents. S’il fait un feu, nous aussi on fait un feu, s’il décide qu’on érige un campement à tel endroit, on le fera. Tous ces endroits avaient un toponyme, tous les endroits où on s’arrêtait, tous ces endroits avaient un toponyme, les endroits où on s’arrêtait par exemple il y a Kanakaut, Eshkutshishipan, Pakameshtan, c’est ainsi que ça s’appelait, arrivé à Kakatshat c’est alors emprunté les hauteurs, puis on montera dans le bois pendant 10 mois de temps, l’innu était extraordinaire. Les seules choses que l’innu avait vraiment, c’étaient ses allumettes, son filet, ses hameçons, ses fils à pêche pour pêcher le saumon, son poêle, tous les objets qu’il aura de besoin pour sa survie pour le temps qu’il passera là-bas dans l’intérieur des terres. Il y a plusieurs façons de raconter le mode de vie dans le nutshimit. Pour arriver jusqu’à Mineiku, c’est une distance de 287 milles, le capitaine qui avait été nommé était capitaine jusqu’à cet endroit. Tous les Innus alors partaient chacun de leur côté, un groupe partait par là (geste) d’autres par là (geste), il y en a qui partait vers Mushuau-shipu et plus loin que Schefferville à Uapishkat aussi. Ils étaient
3;07 tous séparés, il y en avait aussi à Ashuanipi, c’est là que les gens s’arrêtaient parfois pour y rester et chasser. C’est sa façon de vivre à l’Innu quand il était dans le nutshimit. Ce n’est qu’en juin qu’ils descendaient à la côte. Je vais raconter autre chose sinon ce serait trop long raconter toute une année la vie dans le nutshimit.Il faudrait que je raconte les animaux, toutes les espèces d’animaux comment ils subvenaient à leurs besoins et comment l’innu travaillait fort pour subvenir aux besoins de sa famille. Quand ils arrivaient à destination, ils n’avaient rien à manger, il faudra qu’il chasse pour nourrir sa famille. J’ai raconté qu’un petit peu quand on montait dans le bois.
4;09 Je vais raconter où nous sommes maintenant, nous sommes sur les hauteurs. Cela me rend heureux de voir notre rencontre et comment tout cela se passe de se connaître, qu’on se rapproche pour se parler, parler aux jeunes, peut-être qu’ils vont en faire bonne usage. C’est pour ça que je raconte à propos de cette rivière et à quel point l’Innu vivait la misère ou la souffrance. Aujourd’hui quand je regarde tout ça, il y a des voitures partout, il y a de tout, tout est motorisé, il y a des moulins à scie, des scies mécaniques, autrefois tout était fait manuellement quand on vivait dans le bois, on devait tout faire nous-mêmes, maintenant tu n’as qu’à regarder, la nourriture est étalée partout, nous sommes comme des gens riches, aujourd’hui l’Innu est comme un riche (on est au rassemblement innuaitun près de la Mishta shipu)
5;09 tous autant que nous sommes. C’est très agréable de voir ça et d’être témoin de l’amour qu’on partage. Parfois je rencontre un Innu que je ne connais pas et aussitôt il me serre la main et moi aussi je lui serre la main. Il y a au moins 6 langues, des façons de parler, on ne comprend pas certains d’entre eux. J’aime vraiment ça, on très bon avec nous, nous qui sommes de Matimekush. On fait tout, on donne tous les services aux Aîné.es. On est parti en avion de Matimekush et on nous a amené jusqu’à Québec, on était une trentaine d’Aîné.es, on nous a amené jusqu’ici. Moi, j’ai pris ma voiture pour me rendre à l’endroit de la grande prière. Puis on nous a attribué des roulottes comme demeure, on nous apporte de la nourriture, on nous a même amené à l’Oratoire Saint-Joseph à
6;11 Montréal, on nous promène pendant une journée puis on nous a amené à l’Église de la Vierge, ça s’appelle Cap de la Madeleine. Je suis vraiment content de la façon qu’on nous traite. De plus, depuis que nous sommes ici je suis vraiment heureux la façon dont on est si bien traité, parfois on raconte des récits. Ce rassemblement qui raconte le temps passé, c’est vraiment plaisant, on fait de tout vraiment. Qu’aimerais-tu savoir d’autres?
Bernard. Les jeunes quand ils retourneront chez eux, est-ce qu’ils vont avoir retenu quelque chose, selon toi? Ou on a beaucoup perdu de notre culture, selon toi?
Joseph. Oui on a beaucoup perdu de notre savoir, on a beaucoup perdu de notre mode de vie, mode de vie de l’innu, on a vraiment beaucoup perdu de cette vie.
7;41 C’est à cause du Kakussesht que nous avons beaucoup perdu de notre mode de vie C’est pour cette raison que j’insiste à raconter parfois notre mode de vie dans le temps, c’est pour ne pas perdre notre culture, notre façon de vivre, il y en a beaucoup qui ont perdu leur culture, leur langue c’est pour ça que j’accepte de partager ma vision, que j’en parle quand je suis invité à le faire. On m’invite souvent dans ma communauté à donner mon opinion, ma façon de voir, on m’invite à parler à la radio, parler de la température, du temps qu’il fera, comment se nomme les directions du vent, il y a Tshiuetinm Tshishe-tshiuetinm Mamit,Tshiuetinussit, Natamit, c’est ce genre de questions qu’on me pose quand il y a le brouillard, parfois il y a comme beaucoup de brouillard quand c’est l’automne, en octobre vers le 15, il y a beaucoup de brouillard, on raconte que c’est alors qu’arrive Tshiuetinuss, c’est ainsi qu’on l’appelle, c’est à ce moment qu’il arrive dit-on, il fait un froid glacial, il fait très froid, on dit que c’est parce qu’il est arrivé et c’est alors que le froid va arriver dit-on, voilà ce à quoi les aîné.es portaient attention quand ils étaient dans le nutshimit. Puis quand arrive le printemps au mois de mai c’est alors qu’encore il y a beaucoup de brouillard. Les aîné.es disaient c’est alors que Tshiuetinuss s’en retournait, le froid allait cesser et ce sera l’été qui commencera
9;48 Nous, là-bas où nous sommes, quand c’est 25 juin, il n’y plus de glace, c’est l’été. C’est ça que les Âîné.es d’autrefois surveillaient tout. Il y a aussi les enfants qui sont vraiment à l’écoute, ils retiennent tout ce qu’on leur dit quand on leur raconte comment on vivait quand on était dans l’intérieur des terres. Il y a beaucoup d’enfants qui viennent me voir dans notre communauté pour savoir comment c’était et moi je leur raconte tout ce que je sais, la façon qu’il faut se comporter, comment traiter un animal et comment le chasser et la même pour le poisson, Je leur explique tout ça tout en leur racontant. Aujourd’hui il y en a encore qui n’en font pas bon usage. Je mets ça
10;56 sur la faute de l’argent qu’ils reçoivent du gouvernement, je veux parler de l’aide sociale, c’est pour ça qu’ils ne font pas bon usage de ces choses qu’on leur raconte. Quand on leur en parle, ils laissent partir tout ça au vent. Si on ne se décourage pas d’en parler toujours, il viendra un temps où ils verront que c’est important et ils écouteront. Mais il faudra bien leur en parler. Je ne suis pas encore très en demande pour en parler, parler de mes connaissances avec les jeunes. Par exemple, maintenant il y a la télévision, nous avons des télévisions, on voit ces joueurs de hockey, j’en parle souvent à mes petits-enfants, eux ils sont devenus riches en jouant, seulement en jouant, tous ceux-là, ils ont écouté, ils ont été obéissants à leurs parents depuis leur tendre enfance, ils étaient de bons enfants
12;12 aujourd’hui ils font bon usage d’avoir été de bons enfants, même ceux qui jouent au baseball, tous les sports, tous ces sportifs ont été de bons enfants, ils écoutaient leurs parents, il y a l’autre côté aussi, il y a des enfants qui n’écoutent pas leurs parents, ils font ce qu’ils veulent. Aujourd’hui on est témoin de ça, ils ont des problèmes, ils ont des difficultés, on est témoin de ça, il y en a quelques-uns qui sont en prison. On est aussi témoin de jeunes qui se suicident. Tout ça vient du manque d’écoute des enseignements des parents. La raison pour laquelle je parle de ça ici, c’est pour que les jeunes comprennent ce que je suis en train de dire. Je parle de la même chose dans les cassettes
13;17 que j’enregistre, ce n’est pas pour les vendre, j’enregistre ces cassettes pour que les jeunes écoutent ce que j’ai à leur raconter, je raconte tout ce que j’ai, ce que j’ai vécu et tout ce que je connais dans le nutshimit, tout ce que j’ai vu comme faire un feu, se déplacer en traîneau, de tout. Cependant je n’ai jamais connu la famine. Mais c’est déjà arrivé que des Innus soient morts de faim, les enfants aussi. C’était vraiment triste à quel point c’était difficile il y a de ça longtemps. Aujourd’hui il se peut que cela arrive à nouveau ou peut-être pas. Il n’y a qu’un seul qui le sait comment ce sera dans le futur, c’est celui qui est en haut (geste).
Qu’aimerais-tu savoir d’autres? 14;14
Bernard. Tu as travaillé à l’Iron Ore, n’est-ce pas, je ne sais pas combien de temps tu y as travaillé, 30, 40 ans, je ne sais pas. Selon toi, toutes ces années que tu as travaillé à l’Iron Ore as-tu perdu ton savoir du bois, de nutshimit, crois-tu avoir perdu ton savoir où tu l’as repris?
Joseph. J’ai travaillé pour l’Iron Ore, j’ai commencé en 52, parfois j’arrêtais de travailler et parfois je travaillais. Quand j’étais jeune je n’ai pas de souvenirs de mon père et je n’ai pas de souvenir de ma mère. Il n’y avait personne pour me donner des conseils après la mort de celui qui a pris soin de moi, je me suis occupé de moi-même. J’ai fait des erreurs sur certaines choses que je me suis enseigné, dans mes expériences, je n’avais personne pour me donner des conseils. Je chassais quand je
15;41 voulais chasser, je chassais, quand je voulais travailler, je travaillais. La dernière fois que j’ai travaillé c’est quand j’élevais mes enfants, j’ai travaillé 16 ans sans arrêter, c’était comme ça. Après la fermeture de l’Iron Ore, là où nous sommes maintenant à Schefferville, ici votre terre est différente, il y a la mer tandis que nous là-bas on est dans le nutshimit, n’importe qui là-bas peut chasser. Je pourrais dire qu’il n’y a pas vraiment de différence maintenant sur la façon dont les gens vivaient autrefois. La seule différence c’est qu’on ne pagaie plus, on ne tire plus le traîneau sur la neige, maintenant là où nous sommes tout est motorisé, comme les moteurs à bateau, les ski-doos, on ne porte plus nos raquettes pour pouvoir marcher
16;41 et même quand je chasse la perdrix, je n’ai qu’à l’attraper en passant, c’est comme ça maintenant, c’est comme si toutes ces choses motorisées avaient fait de nous des paresseux.
Bernard : tout est facile.
Joseph. Oui, j’ai l’expérience maintenant il y a de tout, autrefois il fallait tout casser à la main, maintenant il y a des scies mécaniques. Avant on marchait avec des raquettes, les enfants aussi. Il ne reste rien de tout ça maintenant. Depuis la fermeture de l’Iron Ore c’est comme si on était toujours dans l’intérieur des terres (nutshimit). Je n’ai pas à aller très loin, d’ici par exemple jusqu’à l’autre côté, je peux déjà tuer une perdrix. Je n’ai pas à aller loin pour trouver de la glace pour installer mes lignes pour le poisson. C’est comme si on était vraiment dans l’intérieur des terres, nous ceux qui sont à Schefferville. C’est comme ça depuis la fermeture du travail de l’Iron Ore. C’était comme ça aussi du temps qu’il y avait le travail de l’Iron Ore.
21;43 Ce bateau était grand, celui qui faisait le tour du lac, ce lac s’appelle Fort McKenzie, Katshishekakamau, c’est ainsi que ça s’appelle, c’est un Innu de Uashat qui était marchand, il s’appelait Pashtien McKenzie, ce magasin se trouvait dans le nutshimit, on amenait la marchandise de Fort Chimo, Kuujjuak, les Innus partaient de là pour amener les provisions au magasin, ça a une distance de 100 mille, ces Innus avaient
22;24 de gros canots apparemment. Ils les attachaient les uns aux autres quand il y avait des rapides.
Bernard : À quel endroit tuait-on le caribou en premier, est-ce que c’est à Kakatshat?
Joseph. Parfois on tuait le caribou à un lac qu’on appelle Tshinashaupishtauan(?) c’est à partir de cet endroit qu’on commençait à tuer du caribou. Il n’y en avait pas beaucoup de caribou ici autrefois, il y en avait qu’un petit groupe par ci par là. La terre du caribou se trouve à Mushuau-shipu Ici il y en avait que de petits groupes, ici et là. Du moins ce dont je me souviens. L’orignal, il n’y en avait pas, aujourd’hui il y en a beaucoup sur notre territoire.
Bernard : D’où viennent-ils?
Joseph. Il a traversé la péninsule complètement jusque là-bas.
23;21 c’est l’orignal de Fort Chimo, Après la construction du chemin de fer c’est alors qu’on a pu sentir sa présence. Autrefois il y avait beaucoup de porc-épic sur notre territoire maintenant il n’y en a plus, il y en a surtout à la côte. Il n’y a plus de castors non plus sur notre territoire. Tous les animaux qu’il y avait sur notre territoire, ils sont devenus rares même pissitissisht(?), il ne passe plus (genre de canard) depuis qu’il y a des lumières. Même l’oie blanche ne passe plus, il y en a très peu qui passent, elles passent surtout là où il n’y a pas d’éclairage du côté de Kaniapishkau.
Bernard : Te souviens-tu de Jim Watt, Maloney, ils descendaient des fourrures à la côte.
25;27 Joseph.» Non je ne me souviens pas d’eux. Il y a seulement Paul Dash(?), Utshimass…Pashtien McKenzie lui travaillait pour la Hudson’s Bay, Utshimass était son propre patron et il y avait Von ou Pau dash(?), ils étaient trois, ceux dont je me souviens bien et il y avait Manianiss, elle était à Uanaman-shipu, elle aussi achetait des fourrures.
Bernard : Quand tu montais dans le bois à partir d’ici, tu allais jusqu’où dans l’intérieur des terres. Jusqu’au territoire d’Antuan?
Joseph. Quand c’est là que je montais dans le bois, il n’y a pas longtemps. La dernière fois que je suis monté dans le bois à partir d’ici c’était en 52, il y avait déjà le chemin de fois 26;28 la dernière fois que je suis monté dans le bois.
Bernard : Tu n’as pas pris la rivière?
Joseph. Non, on l’a pris un peu puis on est allé jusqu’à Takuatuepanit, nous avons rejoint la rive, c’était une ville, il y avait moi, Sylvestre Vachon, Mathieu Vachon et Shushep Kaueiat(?). On était deux canots, on faisait comme on faisait dans le temps donc nous avons rejoint la rive de Takuatuepanit, c’était une grande ville, il y avait beaucoup d’hommes, ce que je raconte c’était en 66 que le train se rendait là. C’était en 52, alors notre patron a débarqué, Mathieu c’est qui allait être notre guide pour monter dans le bois, c’était le capitaine. Il a débarqué puis il est allé parler au Kakussesht
27;33 nous, on est resté dans le canot pendant qu’il parlait au Kakussesht. Il lui a pointé quelque chose là-bas, ce kakussesht avait des cheveux roux. Il semblait lui dire oui, quand il s’est en venu par ici, il marchait à pas rapides. On nous a dit qu’on embarquait dans le train. Puis le patron a appelé ses hommes qui se sont dépêchés à embarquer nos affaires. C’est cette fois-là que j’ai pris le train pour la première fois. C’est en 56 exactement à Kakatshat qu’on nous a descendu C’est à partir de là qu’on a pris nos canots jusqu’à Mineiku, là où il y a un barrage, on s’est rendu jusque-là. Puis une voiture nous a pris jusqu’à Schefferville.
30;31 La hauteur de ces arbres, je les entends comme de là-haut. Pourtant ils étaient à l’intérieur de la tente à sudation. Ils étaient extraordinaires. Puis ils ont fini leur sudation. Deux jours plus tard ça ressemblait à ça. (geste) c’était à cette distance, l’endroit était sablonneux, il n’y avait pas d’arbres soudain le caribou est apparu, ils étaient nombreux, ils sont passés juste à côté de notre campement, on ne pouvait pas boire l’eau, ils l’avaient salie à cause du nombre qu’ils étaient. Il y en avait tellement. C’est l’aîné qui avait fait ça, qui les avait fait entrer dans la tente à sudation, qui les avait fait venir. On venait tout juste de se promener dans les hauteurs
31;17 mon fils chassait avec moi, il y avait Henri, le frère aîné, on leur enseignait le pouvoir, il n’y avait rien autour, il n’y avait personne. On avait vu deux caribous seulement, ces deux caribous étaient des éclaireurs. Ils ont fait leur tente à sudation c’était comme s’ils avaient appelé les caribous pour qu’ils s’approchent. Cela fait deux fois que je suis témoin de ce rituel. Penitenami disait qu’il chantait avec son tambour, c’est son beau-père, Penitenami celui qui est en haut de la côte. Il a dit qu’après deux nuits il est parti en ski-doo. Il y avait tellement de caribous, a-t-il dit. Aussitôt
32;21 j’ai pensé que c’est grâce à mon beau-père qui a changé avec son tambour que les caribous sont venus. Les aînés autrefois avaient de grands savoirs quand ils voulaient faire des choses étonnantes. Ils étaient même capables de faire des tempêtes.
Bernard : Même la température?
Joseph. Atuan Tuminik le fils de mon parrain après le décès de celui qui prenait soin de moi, l’aîné, celui-ci s’appelait Uapishtan-Pien¸il était très fort, il n’était pas un Kakushapatak. Donc on est allé le rejoindre dit-il, il a plu pendant 3 jours dit-il. On lui a dit; on va rentrer mon oncle, mon père pourrait
33;22 s’inquiéter, lui ai-je dit. Puis il est sorti après qu’on eut fini de placer nos affaires dans notre traîneau. Il est sorti et il m’a dit; mon neveu, vois-tu l’île là-bas, m’a-t-il dit, de l’autre côté de cette île il y a beaucoup de souches, dit-il, c’est là que vous ferez un feu pour vous sécher, dit-il, Puis on est arrivé à cet endroit, il y avait vraiment beaucoup de souches alors on a fait un feu et on s’est séché. On était presque au sec lorsque du côté où il y avait du mouvement soudain tout s’est assombri puis le vent du nord a tourné, dit-il. Quand on est parti il faisait très froid, là on marchait sur du solide (Pas vaseux). Tu vois à quel point les aînés étaient forts quand ils
34;19 quand ils accomplissaient des choses étranges. Ce vieux que je raconte, il ne faisait pas de Kushapatshikan, C’est grâce à sa chasse, tous les animaux qu’il avait chassé et tué qu’il pouvait avoir cette force (manitushiun). On raconte qu’il pouvait tuer jusqu’à 6 renards noirs. Cette peau valait $1,000.00, lui il en tuait jusqu’à 6 par année. Je parle de Uapishtan-Pien. Puis il les vendait à Adam(?), c’était un Américain. Il lui payait $6,000.00. Ils avaient beaucoup de valeur autrefois. Chez-lui, il dressait la table pour nourrir les Innus dit-on de lui. Ils devaient croire qu’on les traitait bien sans se rendre compte qu’ils étaient en train de perdre leur rivière. C’était comme ça.

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Citation

Joseph Dominique (interviewé), Evelyne St-Onge (intervieweur), and Eddy Malenfant (cinéaste), “Dominique Joseph,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 21, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/432.

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