Chronique de Minganie (histoire du Canada d'un point de vue innu)

Title

Chronique de Minganie (histoire du Canada d'un point de vue innu)

Subject

Histoire; Brest (basse côte nord); Français; Britaniques; missionnaires; l'acte des sauvages; loi sur les indiens; politique; colonisation; occupation; canaïens

Description

Chronique de Minganie ou l’histoire du Canada du point de vue innu. « La naissance des canaïens ou des Québécois » L’histoire se passe dans l’archipel de Mingan et couvre une période de dix milles ans. Diffusion sur APTN et UNESCO, Paris.

Creator

Eddy Malenfant (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2003

Rights

Production Manitu inc.

Relation


Tipatshimun ute mamit (Chronique de Minganie, v. innue)

Chronique de Minganie, v. anglaise

Chronique de Minganie, v. française

Language

Innu

Type

vidéo | video

Format

mp4 47 min 51 s.

Original Format

vidéo | video

Transcription

english version follow

- Notre histoire commence en Amérique du Nord, il y a environ 7 000 ans, le nord se réchauffe après une longue glaciation. Venus du sud, les Innus s’installent un peu partout sur ce qui s’appelle aujourd’hui la Côte-Nord du Québec, notamment en Minganie. Pendant 7 000 ans, ils y vécurent dans l’harmonie, heureux d’être les gardiens d’un si beau territoire. Les premiers visiteurs qui se pointèrent furent les Inuits venus du Grand Nord qu’un phénomène de refroidissement avait poussés vers le sud en quête de baleines et de loups marins. D’abord sur les côtes du Labrador, puis de plus en plus vers le sud, jusqu’à Tadoussac, les nouveaux visiteurs Innuits ne restent sur le territoire que quelques centaines d’années. Le partage des us et coutumes entre Innus et Inuits ne se fait pas très bien et on assiste à une guerre mémorable sur l’île aux Esquimaux en Basse-Côte-Nord en 1640. Puis, des visiteurs européens viennent de plus en plus sur le continent. Les Vikings vers l’an 1000, le Norvégien Paul Knutsson en 1360, l’Écossais Henry Sinclair en 1398. Des pêcheurs, des baleiniers et des morutiers basques, portugais, français ou espagnols franchissent le détroit de Belle-Isle et commercent avec les Béothuks en 1420. Après, c'est le tour des explorateurs, venus de France, d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre et de Hollande. Ceux-ci cherchaient une voie d’accès à l’Asie et à ses richesses, un accès qui ne devait pas être si loin! Et la nation qui le contrôle va devenir très riche. Le navigateur Giovanni Caboto déclare que ces terres appartiennent aux Britanniques. L’Italien Verrazzano prend officiellement possession de Terre-Neuve et du Labrador, au nom du roi de France. Au nom de celui-ci, au nom de celui-là, on prend possession. Ils sont décidément très étranges ces visiteurs. Ils ont la manie de prendre possession de chaque morceau de terrain qu’ils voient. Faut savoir que de l’autre côté de l’océan, en Europe, à cette époque la situation n’était pas reluisante et les nouveaux arrivants sont pour la plupart des malheureux qui fuient la peste, les brigands, l’intolérance et les guerres. Les premiers établissements permanents apparaissent dès 1500. D’abord à Terre-Neuve et ensuite plus près de nous en Minganie, le village de Brest, qui avec ses 200 maisons et sa population variant entre 1 000 et 3 000 personnes, est probablement le centre commercial le plus important au nord de Mexico. Ses résidants sont Bretons, Basques, Normands, Anglais, Portugais, Innus, Micmacs et Béothuks. Outre le métissage certain, car aucune Européenne ne fait partie des voyages, on assiste alors en Minganie aux premiers échanges entre Européens et Indiens, produits locaux contre des objets de métal. Pas surprenant que Jacques Cartier rencontra à Natashquan un Européen du nom de Thiennôt qui, depuis belle lurette, vit avec les Innus. Pour les Innus, il est normal de voir défiler, à chaque belle saison, ces bateaux de bois venus de si loin. Ils savent que les êtres malades et crasseux « mais avec de beaux vêtements quand même » voudront leur échanger de la nourriture, des médicaments ou des fourrures contre des haches, couteaux, tissus.
Fiction - Mais que cherche Jacques Cartier… Les Indes?
Agathe Pietacho - Regarde là-bas. Des visiteurs blancs.
Philippe Pietacho - Les femmes, allez vous cacher. Vite!
Jacques Cartier - On a l’air ridicule, allez! Nom d’une pipe! À l’heure du protocole, se comporter comme un amateur. Doucement Gontran!
Au nom de François premier, roi de France et de notre sainte mère l’Église catholique, nous prenons possession de toutes ces terres.
Ushtikuanashik et Utshepetui - Des amis royalement métissés - Il a l’air comique! Fais attention à lui.
Il n'a pas l'air très malin.
Evelyne St-Onge - On les a accueillis chez nous, on les a accueillis dans ce nouveau territoire, on les a introduits, on les a soignés. Et finalement, on ne s'est même pas rendu compte qu'ils prenaient possession de tout ce que l'on avait.
Agathe Pietacho - C'est qui?
Philippe Pietacho - Je ne connais pas ces gens-là.
Evelyne St-Onge - Les innus étaient un peuple nomade et ils pouvaient se déplacer à travers le territoire. Il n'y avait aucune frontière. Les repères étaient la montagne, tel lac. Les innus se déplaçaient en indiquant les lieux et ils se déplaçaient librement dans ce territoire. Et aussi, il fallait qu'ils survivent et pour survivre il faut que tu te déplaces. Il faut que tu ailles chercher ton caribou, le lièvre, la nourriture, le poisson. C'était un peuple nomade qui suivait l'animal, le caribou, le castor, le porc-épic. Le printemps et au début de l'été, ils venaient vers la mer pour les canards. On suivait vraiment le cycle des animaux. Et encore, on le fait. C'est encore très présent le fait de suivre le cycle des animaux.
Narration - Tout ce va-et-vient amène beaucoup d’hommes et pas de femme, ce qui provoque un débalancement dans les populations. Il n’est donc pas surprenant d’entendre parler de vol de femmes entre Innus, Inuits et Micmacs.
Philippe Pietacho - J'ai entendu cette histoire au Havre-Saint-Pierre. J'étais jeune. C'était l'époque où les Micmacs et les Inuits venaient voler des femmes innues. Une nuit, les Innus ont retrouvé les voleurs de femmes, les ont tués, leur ont tranché le pénis qu'ils ont collé sur un rocher. Ils ne sont jamais revenus...
Les Français avaient séparé le territoire en deux avec, comme démarcation, la rivière Moisie. À l’ouest, c’était le Domaine du Roy, un monopole gouvernemental de traite des fourrures, la métropole étant Tadoussac. À l’est, le territoire est divisé en seigneuries dont celles d’Anticosti et de Mingan octroyées à perpétuité à l’explorateur Louis Joliet. Dès lors, l’activité s’était mise à tourner autour du loup-marin, de la morue et de la traite des fourrures.
Fiction - Louis Joliet
Voilà, votre peau de loup, vos peaux de castor. Malheureusement, il y a encore 2 peaux de castors roulées. Je préfère que vous les laissiez à plat, si c’est possible.
Voilà, mais c'est magnifique, alors pour la peau de loup, vous avez la casserole et les deux tasses émaillées. Et pour le reste, vous avez tout ça : le fusil, les sacs et la couverture rouge. C'est nouveau. C'est une couverture de survie vous savez.
Ah bon, ah bon, les balles bien sûr. Écoutez, j'ai fait les comptes et pour avoir les balles, il faudrait que vous m'échangiez cette veste. Elle me siérait admirablement je crois. D'accord, on fait l'échange? Allez-y, voyons mon brave.
Zacharie Bellefleur - Je ne sais pas si Pierre va être content que j'échange son manteau?
Louis Joliet - Voilà, cette veste est absolument magnifique. Je ferai un malheur.
Alors, Iame mon brame.
Narration - Ce qui a modelé les relations entre Français et Indiens en Amérique, c’est avant tout le commerce, la traite des fourrures. Cette activité exige la collaboration et le bon voisinage entre les trappeurs indiens et les commerçants Français, collaborations d’autant plus étroites que les Français doivent affronter un milieu naturel inconnu. Donc sur les terres nouvellement découvertes par les Européens, les Autochtones exerçaient de fait une souveraineté. Et pour alimenter l’industrie de la fourrure, il faut que ceux-ci puissent rester libres d’utiliser leurs propres territoires. Dans les 100 dernières années du régime français, on évalue plus ou moins à 25 millions le nombre de peaux de castors expédiées en France. À cela s’ajoutent des centaines de milliers de peaux de loutres, de martres, de renards, de rats musqués, de visons, de carcajous, de loups, d’ours, d’orignaux, de cerfs, de caribous, de loups-marins, etc. Les Français n’ont d’autres choix que de tirer leur force d’une alliance avec les nations autochtones. C'est la seule façon de maintenir une entreprise coloniale française en Amérique malgré un désavantage numérique énorme vis-à-vis la colonisation britannique. En 1667, sous Louis XIV, on encourage les mariages entre Français et Indiennes afin qu’ils ne fassent qu’un même peuple et un même sang : le Canaïen, du métissage royalement encouragé.
Evelyne St-Onge - Pour la première fois, les Anglais prennent possession et commencent à écrire des lois, une constitution sur comment on allait vivre ici dorénavant. Mais on était ici nous autres...
La Proclamation royale de 1763, la première constitution du pays. Le roi Georges confirme que les Indiens ont un droit incontestable sur les terres. La Couronne britannique affirme sa responsabilité de protection à l’égard des nations ou tribus sauvages. Plus tard, les autorités coloniales s’en serviront comme outil de dépossession et ces mêmes territoires deviendront ouverts à la colonisation. Si tu n'es pas de la même civilisation que le nouvel arrivant alors t'es pas civilisé… C'est comme ça que les Anglais pensaient.
Narration - En Minganie, aux Louis Joliet et compagnie succèdent les Peter Dunn et consorts. Les fourrures se traitent à longueur d’année et l’eau de feu coule à flot.
Fiction
Quelle belle peau de loup
Qu'est-ce que je peux vous offrir ?
Oh cette grosse casserole.
Je n'ai pas grand chose...
Attendez une minute...pour la madame, un joli foulard ?
Qu'est-ce que vous montrez là?
Ma jupe!
Oh je ne peux pas échanger ma jupe à carreaux....
Ce fusil peut-être ?
Ok, Donnez-moi cette peau...et vous donne ma jupe.
Tournez-vous...
Tournez-vous aussi...
Oh mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait là...
Voilà l'origine de la jupe à carreaux.
Narration - En 1802, le territoire est cédé à la compagnie du Nord-Ouest qui se fusionne à la compagnie de la Baie d'Hudson en 1821 à qui l’on confère le droit exclusif sur la traite des fourrures et sur l'exploitation des rivières à saumon. À cette époque, seulement trois postes de traite sont présents : Sept-Îles, Mingan et Natashquan. Le marché, lui, n’est plus ce qu’il était au siècle précédent ; les modes ont évolué et les fourrures ne sont plus si recherchées.
Fiction
Bonjour ma petite demoiselle.
Qu’est-ce que le monsieur de la Baie d’Hudson peut faire pour toi aujourd’hui?
Je vois que tu as de l’argent poilu.
C’est pas grave, la Baie d’Hudson prend toutes les sortes d’argent.
Montre-moi ta peau.
Pour cette peau, je peux te donner le petit ruban jaune.
Non, qu’est-ce que tu veux?
Le foulard, c’est deux peaux.
Je sais ce qu’on va faire. Si tu peux préparer la peau de ton petit chien, tu auras le petit foulard.
Narration - Malgré cela c'est pour les Innus une période où les échanges avec les Blancs se font dans la bonne entente.
Narration - 1814 marque l’époque la plus sombre de l’histoire indienne sur ce continent. C’est la fin des hostilités entre Américains et Anglais, donc plus besoin d’alliés et en plus le marché des fourrures a pratiquement disparu. On n'a plus besoin d’Indiens… Par contre on aime bien leur territoire. De cette constatation émane L’Acte des Sauvages et les fondements de la politique d’assimilation. Ces fondements sont : 1. Ce sont des peuples inférieurs. 2. Ils sont incapables de se gouverner et les autorités coloniales sont les mieux placées pour savoir comment protéger leurs intérêts et leur bien-être. 3. La relation spéciale fondée sur le respect et le partage que consacraient les traités était une anomalie historique qui n’avait plus sa raison d’être. 4. Les idées européennes de progrès et développement étaient de toute évidence correctes et pouvaient être imposées aux Autochtones sans tenir compte des autres valeurs, opinions ou droits qui pouvaient être les leurs.
Evelyne St-Onge - La Loi sur les Indiens a été créée pour que les Indiens disparaissent.
Narration - À partir de cette époque, on cède de plus en plus les droits de pêche sur les meilleures rivières à saumons du territoire. En Minganie, la rivière Mingan est louée à l’industriel montréalais George Alexander Drummond pour son usage exclusif. Ses gardiens tireront même sur des Innus qui tentent de la remonter vers leurs territoires traditionnels.
Evelyne St-Onge - Les missionnaires arrivent chez nous, entreprennent de nous baptiser, et veulent nous donner de nouveaux noms. Des noms français ou bretons, tels que St-Onge, Vollant, Jourdain… ou encore des traductions de nos noms dans leurs langues.
Narration - Mon fils, tu es bien ici dans le bois. Ton pays est beau et grand, je ne veux pas te déranger. Je viens pour t’enseigner la religion et je vais te fabriquer un nom. Je te donnerai un nom comme le nôtre. C’est celui-là que tu porteras de génération en génération. Pour commencer, tu vas le premier m’apprendre ta langue pour que je t’apprenne les prières et le missel dans ta propre langue. Mais cela ne te servira que peu de temps. Plus tard, c’est dans notre langue à nous que je te les apprendrai.
Evelyne St-Onge - Tous nos rites et nos cérémonies ont été abolis par les curés, qui y voyaient de la sorcellerie… les Innus ont donc délaissé leurs cérémonies et écouté les curés. Nous avons renié nos propres valeurs pour adopter celles des chrétiens. Se renier c’est vraiment négatif.
Narration - En 1854, d’autres sortes de visiteurs commencent à affluer sur le territoire innu : des pêcheurs. Cinq familles acadiennes, en provenance des îles de la Madeleine s’installent à la Pointe-aux-Esquimaux (devenu par la suite Havre-Saint-Pierre). Elles avaient d’abord débarqué à Mingan avec leurs bestiaux, mais l’agent de la Hudson Bay les avait refoulées à la mer. Les Innus leur portèrent secours. En 20 ans, les Acadiens affluent jusqu’à constituer plus de 80% de la population régionale. En 1867, c’est l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, le grand rêve canadien basé sur la colonisation.
Evelyne St-Onge - En 1935, d’après leurs calculs, il n’y avait plus d’Indien. On éliminait par le mariage et seul l’homme gardait le statut d’Indien. Puis, l’industrie arrive, la colonisation, les coupes à bois, les barrages… Nous, on est dans le bois pendant ce temps-là et on dérange. On nous considérait comme une race inférieure. On ne pouvait pas être des citoyens ordinaires à moins de renier notre race.
Narration - En 1876, le gouvernement d’Ottawa va simplement appliquer chez les Autochtones l'Acte des Sauvages, qui deviendra la Loi sur les Indiens. L'Autochtone qui accepte de vivre à la manière des Blancs, comme le font tous les autres immigrants, est récompensé en se voyant conférer tous les privilèges de la citoyenneté blanche. C’est le gouvernement blanc qui décide qui est Indien et qui ne l’est pas. Celui qui préfère vivre dans la nature comme son père le lui a appris en est spolié et est parqué dans une réserve, sans droits civiques. La volonté d’assimilation n’était pas un acte caché. Duncan Campbell Scott s’exprimait ainsi : « Notre objectif est de poursuivre le travail jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui n’ait pas été absorbé dans le corps politique et jusqu’à ce qu’il n'ait plus de question indienne ni de département des Affaires des Sauvages ». Si aux États-Unis on a inventé le dicton « le seul bon Indien est un Indien mort » au Canada on dira « le seul bon Indien est un non Indien ». En complément, l’État entreprend d’éduquer les enfants à la manière des Blancs, un système efficace qui devrait accélérer leur assimilation et leur acculturation définitive, ce qui devrait être bénéfique tant aux Blancs qu’aux Autochtones.
Narration - Voici un enfant que nous avons trouvé dans le bois. Je l’amène ici pour que vous le gardiez. Il faut éviter qu’il nous dérange.
Puis il lui explique longuement comment traiter l’enfant confié à ses soins. Pour quelque temps, vous allez le choyer pour qu’il nous aime et qu’il apprécie que vous le gardiez entre quatre murs et pour qu’il ne songe jamais à retourner là où il vivait. Au début seulement, vous lui donnerez tout gratuitement. Vous le nourrirez comme pour qu’il oublie sa propre nourriture. Vous l’habillerez comme nous pour lui faire oublier sa propre façon de s’habiller. Vous lui donnerez la même éducation que nous. Mais il vous faudra à tout prix veiller à ce qu’il ne réussisse pas trop bien dans ses études car nous ne connaissons pas cet enfant.
Fiction
C’est magnifique de vous voir réunis ici. Je sais que c'est un grand jour pour vous. Huit d’entre vous vont m’accompagner au pensionnat, vous allez apprendre le français, à lire, à écrire et plus tard devenir de bons religieux et revenir dans votre communauté.
Je sais que c'est difficile aujourd'hui de quitter vos parents. Vous allez partir pour 10 mois.
Laissez-moi vous bénir.
Vous devez respecter et écouter les enseignements. Faites ce qu'ils vous diront de faire... Vous reviendrez le printemps prochain.
Je penserais pas que le vent va lever plus que maintenant. Tout est prêt, capitaine.
Regardez comment ils ont l’air heureux, avec le sourire, ils sont fiers de me suivre.
Quand j’ai choisi la vocation de missionnaire, c’est en rêvant à des moments comme ceux-là. Sauver des âmes, les amener à la foi catholique.
Ils sont pognés sur des îles de roches, pauvres eux autres. Ça m'émeu. croyez moi.
Ainsi soit-il.
Narration - Quoiqu’inexistants sur la côte nord du St-Laurent et en Minganie, il y a eu de toutes les époques des regroupements d’Indiens qui essayaient par la voix politique de se faire entendre, mais sans grands succès : la Fédération des sept feux de la vallée du St-Laurent, de 1660 à 1860; le gouvernement de la nation indienne de l’Amérique du Nord en 1945. Le résultat : de 1949 à 1965, les Indiens relèvent du ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. En 1969, le livre blanc de Jean Chrétien : pour survivre, l’Indien doit devenir un bon petit Blanc au teint foncé. En 1970, la Fraternité nationale des Indiens du Canada voit le jour. Elle deviendra en 1980 l’Assemblée des Premières nations. En 1982, suite aux discussions sur le rapatriement de la constitution canadienne, le parlement canadien adoptait des dispositions constitutionnelles visant à mieux protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones. En Minganie, la vie traditionnelle modifiée continua jusqu’à la création de la réserve d’Ekuanitshit en 1963 et l’arrivée des pensionnats. En plus de séparer les enfants des familles, on plaça un surintendant dans chaque réserve. Celui-ci exerçait un pouvoir quasi absolu à l’intérieur de ces communautés. Il allait jusqu’à émettre des laissez-passer autorisant les Indiens à quitter la réserve, même de façon temporaire. Ce système comprenait un couvre-feu et un contrôle sur les invités. C’est dans ce contexte qu’au début des années 1980, les Innus d’Ekuanitshit contestent la gestion de la rivière par les Américains.
Narration - Le dernier visiteur ou exploitant en liste est Parcs Canada. Bien que leurs préoccupations de conservation soient nobles, il n’en demeure pas moins que, encore une fois, l’Innu est brimé dans ses déplacements et son mode vie.
Fiction - Mais quand vont-ils nous laisser tranquille ?
Evelyne St-Onge - L’Association du droit des Blancs regroupe des gens qui se sentent menacés. C’est un groupe qui ne nous connaît pas, qui ne connaît pas notre façon de vivre. Ils ne sont pas chanceux, ils n’ont pas connu la vie traditionnelle, notre façon de vivre. Et maintenant, nous sommes appelés à vivre ensemble.
Narration - Lorsque Champlain scelle une toute première alliance avec les Innus à Tadoussac en 1603, il obtient l’autorisation de s’établir sur les terres autochtones en échange d’un appui militaire.


Narrator - Our story begins in North America, warming up after a long ice period, some 7 thousand years ago, Coming from the south, the Innus settle all over what it now called the North Shore in Québec, and in Minganie. For 7 thousand years, they live there in harmony, happy to be the keepers of such beautiful land. The first visitors are Inuits, coming from the Great North, where it’s getting too cold, and they come for the whales and the seals. First, on the shores of Labrador and then further south, up to Tadoussac. But the Inuit visitors will stay but a few hundred years. The sharing of ways and customs does not go very well between Innus and Inuits and there is even a famous war at l’Ile aux Esquimaux on the North Shore, in 1640. European visitors are coming more and more often. The Vikings around year one thousand, Paul Knuttson form Norway in 1360, from Scotland, Henry Sinclair in 1398. And fishermen, whalers and "codders" who are Portuguese, Basque, French, or Spanish sail through the Belle-Isle straight around 1420 and have commerce with the Beothuks. Then, it’s the explorers’ turn. Coming from France, Spain, Portugal, England and Holland. They are looking for the passage to Asia, to all its treasures. And the passage should not be too far! And the country controlling the passage should become immensely rich. The Italian sailor Giovanni Cabotto became John Cabot in declaring, in the name of the king, that this land belonged to the British. And another Italian, Verazzano, declared in his name that Newfoundland and Labrador was now a property of the King of France. In the name of so and so and that other, possession is announced! These visitors are indeed very strange. They have this mania, taking possession of every bit of land they happen to see. But keep in mind that across the ocean, in Europe, things are not that wonderful and the newcomers are mostly people unhappy with the plague, and the robbers, and intolerance and war. Permanent settlements begin as soon as the sixteenth century. First in Newfoundland and closer to us in Minganie. Brest was a 200 hundred houses village with a population that varied from a thousand to 3 thousand people; for a moment it is the most important commercial center north of Mexico. It’s people are Bretons, Basques, Normans, English, Portuguese, Innus, Micmacs and Beothuks. After "cross-breeding" which is certain, no European women coming with the men, all manners of exchange are done between the visitors and the Innus, local products for metal implements. So, it is not surprising that Jacques Cartier met in Natashquan a Frenchman by the name of Thiennôt, who had been living for a long while with the Innus. It became ordinary for the Innus to see, when summer came, the boats coming from so far away. And they knew that those dirty and sick people but wearing beautiful clothes, would trade food and furs and healing things for axes and knives, and cloth, all sorts of new marvels.
Fiction - What is Jacques Cartier looking for? The Indies…
Agathe Pietacho - Look over there white visitors.
Philippe Pietacho -Women go and hide hurry!
Jacques Cartier - We look foolish, don’t we? Gee with! In times of protocol, we behave amateurishly.
Be careful Gontran!
In the name of Francis I, king of France and, of the Holy church, we take possession of these lands.
Ushtikuanashik and Utshepetui - Magnificently half-caste friends - Look, two White men just fell into water.
He looks funny! Beware of him.
He doesn't look very bright.
Evelyne St-Onge - They were greeted by our people, accepted, nursed... However, we soon realized they were here to take possession of our wealth.
Agathe Pietacho - Who are they?
Philippe Pietacho - I don't know these people.
Evelyne St-Onge - Innus were nomads. There were no borders: mountains and lakes were their landmarks. Innus had to move about to survive. Innu travelled everywhere...
We needed hare, caribou, and fish…We would abide by the animal cycles, which we still do. In springtime, Innu came back to the sea for ducks hunting.
Narrator - A great many men are coming and no women, it does create an imbalance, it’s no surprise that there is a great problem of women stealing between the Innus, the Inuits and the Micmacs.
Philippe Pietacho - I heard this story at Havre-Saint-Pierre, I was young. It was at time when Micmacs and Inuits would come and steal Innu women. One night, Innu found the women's thieves; killed them; sliced their penis which they pasted on a rock.
Narrator - The french separated the land in two parts, choosing the Moisie River as a border. To the west it’s le Domaine du Roy, the King’s Domain, his monopoly on the fur trade, whose metropolis is Tadoussac. To the east, the land is divided in seigneuries as the Anticosti seigneurie or that of Mingan given for all times to the explorer Louis Joliet. And everywhere fishing for cod and hunting seals and fur trading is the work.
Fiction - Louis Joliet
There are your wolfskin and beaverskins. Unfortunately, there are two more beaverskins rolled up. If possible, I'd prefer if they were laid flat. It's wonderful. so for the wolfskin, you have the "casserole" and those two cups. And for the rest, you have the gun, bags and the red blanket, it's new, it's survey blanket.
Zacharie Bellefleur - I need some bullets.
Louis Joliet - I'll trade de bullets for your coat. This coat is exactly made for me. Come on my friend.
Zacharie Bellefleur - I don't know whether Peter will be pleased with me swapping his coat?
Louis Joliet - This coat is absolutely beautiful. Iame, my friend!
Narrator - The meeting of French and Indians is based on commerce, on the fur trade, and it means collaboration and good faith between indian trappers and french tradesmen, collaboration to has be true as the french are in unknown territory. In fact on these lands newly discovered by the europeans the indians are sovereigns. And to make the fur trade possible, indians must operate freely on their land. This logical conclusion is acceptable to all. During the last century of the french regime around 25 million beaver skins were sent to France. Add to that hundreds of thousands of otter. marten, fox, muskuat, mink, badger, wolf, bear, moose, elk, caribou, seal skins. If one is to understand the importance of the fur trade, think about oil, now. The french have not much choice, their strength is in the alliance with the indian nations. It is the only way to go on with their colonial business in North America where the british are so very superior in number. In 1667, Louis the Fourteenth officially wishes for intermarriages, that the french and the indians become one nation, one blood. Métissage royally encouraged.
Evelyne St-Onge -The English took over our lands and wrote laws instructing us on how to live. But we were here first!
Then English government composed a royal decree where King Goerge claimed it was his duty to protect the Indians.
Because we were not of the same race, we were considered uncivilized people.
Narrator - In Minganie, after Louis Joliet and his kind come Peter Dunn and his kind. The fur trade is year long and the firewater flows freely.
Fiction
What a skin, wolf skin! That's great!
What may I offer you?
I don't have very much.
This big casserole?
Wait a minute, lady... I have something for you.
What are you showing?
My kilt, Oh no, my kilt, I cannot.
That gun may be!
Ok! Give me that skin.
Turn around.
Turn around you too.
Oh my God... What did I do...
That is the origin of the check skirt
Narrator - In 1802, the territory goes to the North-West Company who merges with Hudson Bay in 1821. It is given exclusive rights on the fur trade and the exploitation of salmon rivers. At that moment, there are three trade posts, Sept-Iles, Mingan and Natashquan. The fur market is not at all what it was in the previous century, fashions have changed.
Fiction
Good day young lady.
What could a man of the Hudson Bay company do for you today?
I see you have furry money.
It doesn’t matter;the Hudson Bay accepts all kind of money.
Show me this skin.
For this one, I’ll give you this yellow ribbon
No, what do you want then?
For the scarf it will be two furs.
I know what we’ll do. If you want to dress your little dog’s fur, you’ll get the scarf.
Narrator - Still for the innu's exchange with white people go smoothly…
Narrator - 1814 is one of the darker years for indians’ history on this continent. It is the end of hostilities between the Americans and the British, so no more allies are needed and the fur market is all but gone. Indians are not needed anymore…but their land is well liked. From these facts comes L’Acte des Sauvages and the basis for an assimilation policy. A basis which is :
It is an inferior people unable to govern themselves, while colonial authorities understand better what is at hand to preserve their interest and well being.
This singular relation build upon respect and sharing established by the treaties is an historical aberration which should be eradicated.
European views on progress and growth are definitely accurate and should be forced upon native without any consideration of their ethics, nor their opinion not even their rights.
Evelyne St-Onge - The Indian act was written to get rid of Indians.
Narrator - From this moment on, all the rights to the salmon rivers will be taken away from the Innus. The Mingan river will be rented by the Montréal industrialist George Alexander Drummond for his exclusive usage. His groundkeepers shoot at Innus who are traveling up the river to reach their traditional territories.
Evelyne St-Onge - Missionaries arrived, the idea in mind to baptize our people; they gave us new names: French names, Breton's names, like St-Onge, Vollant, Jourdain, or even translated our names into there language.
Narrator - My son, you are very well here in the bush. Your territory is beautiful and big, I don't want to disturb you. I come to teach you religion and I will make you a name. A name like ours. That is the one you will use from generation to generation. For begin, you will teach to us your language and we teach you our prayer. Later it's in our language that we will teach them to you.
Evelyne St-Onge - Priests abolished our rites and rituals; that they considered to be witchcraft. Innus gave up their beliefs and listened to these priests. We renounced our own ethics and took on Christian’s. To deny one self is destructive.
Narrator - In 1854, the Innu lands get a different kind of visitors. The fishermen. Five acadian families, arrive from the Magdalen Islands and settle at La Pointe aux Esquimaux. They had stopped first at Mingan with their chattel but the Hudson Bay’s agent had sent them back to sea. So Innus offered help. Over 20 years, Acadians came and grew and became more than 80% of the regional population. 1867 is the British North America Act year, the great colonial canadian dream.
Evelyne St-Onge - In 1935, according to some figures, they believed that Indians had vanished. When Indian women would marry white men, they would lose their Indian status, whereas Indian men would preserve their Indian status. Then, it’s the beginning of industrial times, colonization, deforestation, barrages… We were minding our own business in the woods, but we were still in their way. We were considered as an inferior race. They would not leave us in peace, unless we denied our own race.
Narrator - In 1876, Ottawa is content with applying the existing laws on Indian Affairs. One who accepts living the white way as do all immigrants is rewarded by all the the rights of white citizenship. The white government deciding who is indian and who is not. If one prefers the natural life of his fathers, one has no civic rights but that of living on a reservation. The will to assimilate is no hidden fact. The poet and civil servant of the Department of Indian Affairs, Duncan Campbell Scott, wrote: Our objective is to work until not one indian in Canada is not included in the political body and there is no Indian Question and no Department of Indian Affairs. In United States the saying was "A good Indian is a dead Indian". In Canada, it was something like "A good Indian is a non-Indian". So, the state decides to educate children in the white ways, in order to speed up assimilation and acculturation that will benefit everyone, white and indian.
Narrator - Here is a child that we found in the bush. I bring him here, so you can keep him. You must make sure he doesn't disturb us.
Then, he gives him lengthy explanations on how the treat the child left in his cares. For a little while, you will treat him good, so he loves us and he appreciates that we keep him inside and so he never think about going back where he uses to live. At the beginning only, you will give him everything for free. You will feed him like us, so he forgets his own food. You will dress him like us, so he forgets his own ways of dressing. You will give him the same education as us. However, you must make sure that he doesn't perform very well in school, because we do not know this child.
Fiction
It is wonderful to find all of you here. Eight of you will come with me to a boarding school. There, you’ll learn French; you’ll learn how to write and read. After what, you’ll become good priests and, come back to your community.
You’ll be absent for ten months.
Let me bless you.
You have to listen and respect the teachings.
Do what you are being told…
You'll be back next spring.
Everything is ready, Captain!
Look how happy they all seem, with that smile on their face. They are proud to follow me.
When I chose to become a missionary, I had dreamt of moments like these, of saving souls and bringing people to the Catholic faith. They are stuck on an island of rocks, poor them!
Amen.
Narrator - Except for the North Shore and Minganie, everywhere appear Indian groups who try to have a political voice and are not very successful: The Fédération des sept feux de la Vallée du Saint-Laurent from 1660 to 1860. The Indian Nation of North America Government in 1945. But still, from 1949 to 1965 the indians are governed by the Ministry of Citizenship and Immigration. In 1969, Jean Chrétien’s white book. To survive indians have to become good and nice white people with a tan. In 1970, a National Fraternity of the Indians of Canada is founded; it becomes the Assembly of First Nations in 1980. In 1982, following the Constitutional debates, Canada passes laws protecting fundamental rights of the indigenous people. In Minganie, traditional ways though modified, went on until the creation of the Ekuanitshit reservation in 1963 and the construction of boarding-schools. Children were separated from their families and a superintendent was placed in each reservation, who had almost absolute power inside the communities. He could emit permits to leave the reservation even temporarily. And there was a curfew and control over guests. It’s in this context that the Innus of Ekuanitshit contest the management of the river by americans.
Narrator - The latest visitor or exploiter is Park Canada. The government’s concerns with conservation are noble but still, the Innus are not free to move or live as they choose.
Fiction - When will they leave us alone?
Evelyne St-Onge - The White Rights Association is an organization that claims the rights of white people are threatened. They do not know us, and they do not understand our culture. It is their loss; they didn’t get to know the traditional life, our way of life. And now, we are bound to live together.
Narrator - When Champlain sealed an alliance with the Innus in Tadoussac in 1603, it permitted him to establish people on indian territory in exchange for military support.

Files

Chronique de Minganie.png

Citation

Eddy Malenfant (cinéaste), “Chronique de Minganie (histoire du Canada d'un point de vue innu),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed September 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/488.