Quoquochi, Dominique
Title
Quoquochi, Dominique
Subject
récit de vie; wemotaci; kokak; noyade; barrage rapide-blanc; innondation; généalogie; trappage; drave; barrage windigo; la joli; anglophones; fusil; adoption; famille; club mctavish; accouchement; le train; pensionnat;
Description
Entrevue réalisée à Kokac en 2021, un des endroits historiques de Dominique et de quelques histoires que ses parents lui ont raconté au sujet de l'ancienne réserve. Le peuple Atikamekw, l'ancienne réserve est inondée en 1932 à cause de la construction du barrage hydroélectrique Rapide-Blanc. L'entrevue est semi-dirigée par Jon-Evan Quoquochi et c'est l'arrière-petit-fils de Dominique Quoquochi. L'entrevue est réalisée grâce à la Chaire de recherche du Canada traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples et aussi grâce au Conseil de la Nation Atikamekw.
Creator
Quoquochi, Dominique (interviewé)
Quoquochi, Jon-Evan (intervieweur)
Date
2021-07-03
Contributor
CRC Uetshit takuaimatishun - CRC traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples - Conseil de la Nation Atikamekw
Rights
[CRC en traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples], et sous son autre nom [CRC UETSHIT TAKUAIMATISHUN] utilisent le contenu et le contenant de l'entrevue tournée le 3 juillet 2021 à Kokac. Le contenu de l’entrevue fait appel au récit de vie et le contenant fait allusion à l’image captée par une caméra.
[CRC UETSHIT TAKUAIMATISHUN] se réserve le droit d'auteur quant à la reproduction des images, des propos et tout contenu diffusé.
Droit à l’image à [CRC UETSHIT TAKUAIMATISHUN].
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Relation
Language
Atikamekw
Coverage
Kokac
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 35 min 40 s
Original Format
vidéo | video
Transcription
J- Jon-Evan Quoquochi, l'intervieweur, on est à Kokac en ce moment, à l'ancienne réserve. Je suis en train de parler avec mon grand-père, mon arrière-grand-père.
Le 3 juillet aujourd’hui. C’est à ton tour de te présenter.
D- Dominique est mon nom. Dominique Quoquochi. Le trois juillet [...]
J- C’était quoi le nom de ta mère?
D- Élizabeth Boivin, c’est la fille de Joe Boivin
J- Et le nom de ton père était quoi?
D- Joseph Quoquochi était son nom. Il n’a pas vécu longtemps, il est décédé à l’âge de 53 ans par un problème cardiaque. Il avait mal au cœur. Pendant qu’on était dans le bois, un allochtone qui se nommait Claude Hervieux est venue nous chercher en motoneige là-bas où il y a la chute La Joli pour nous annoncer le décès de mon père. L’allochtone restait au Duplessis, là où nous avons dormi la nuit passée. L’enterrement a eu lieu à La Tuque est non à Wemotaci, Wemotaci était difficilement accessible en hiver. De plus, on a attendu l’arrivée de dégel pour pouvoir enterrer notre père.
D- C’est dans ces terres que j’étais durant mon enfance, mes souvenirs sont flous quand on restait ici (Kokac). Ce n’est que durant l’hiver qu’on restait par ici, durant l’été on était à Wemotaci. On devait fréquenter l’école, cela ne durerait pas. Aussitôt l’automne arrivé, l’école était terminée. Vers le mois de septembre ou d’octobre, on revenait vivre sur ces terres. Les plus vieux se préparaient pour la saison de trappe.
D- C’était dur dans le temps, pendant que mon père trappait dans le secteur du Lac Flamand vers la rivière Vermillon, mes deux frères se sont noyés. Mes frères ont voulu traverser la rivière en passant sur une glace lors de leur retour à la maison. Ils revenaient de leur trappe. D’autres personnes ont été annoncés la nouvelle à mon père, elles ont été le chercher là-bas. Mon père était revenu.
J- Et puis, l’histoire que ta mère t’a raconté au sujet des conséquences de la construction du barrage Rapide-Blanc.
D- Cela ne fait pas très longtemps que le barrage Rapide-Blanc a été construit. On ne pouvait pas marcher par là non auparavant, il y avait une rapide de 7 miles de long, c’est la raison qu’ils ont appelé ce barrage Rapide-Blanc. Notre route fluviale était là où nous avons dormi la nuit passée. On devait faire des portages pour se rendre jusqu’à la rivière Vermillon.
D- Ma mère raconte que les habitants de la région Kokac se sont fait avertir que le barrage allait maintenant être fermé et que cela inonderait beaucoup de terres. Les habitants n’ont pas eu assez de temps pour déménager leur maison. C’est comme si les Allochtones ne se souciaient pas de la présence des Autochtones au bord de la rivière Saint-Maurice. Les habitants avaient tous des maisons en bois rond. Les maisons flottaient, plusieurs maisons. On a été forcé de se construire plus loin sur les terres à cause de l’inondation.
J- C’est qui les familles qui sont restées par ici? C’est par ici que ton grand-père est resté?
D- Daniel Laloche qui s’appelait celui qui restait par-là. Plus par là c’est Basile Bellemare qui s’appelait, Narcisses était aussi son nom. Par-là c’était mon grand-père. Par ici c’est Denis Chilton. Packire Jos Chilton un peu plus loin par là-bas. À côté c’était Louison Petiquay, le grand-père de ton arrière-père Émile. Après c’était nous autre.
J- Quand vous avez déménagé à Wemotaci, cela veut dire qu’il n’y avait plus personne ici à Kokac?
D- Il n’y avait plus personne ici, tout le monde a déménagé à Wemotaci. Avant presque personne ne travaillait dans l’industrie forestière, une grande partie de la population autochtone trappait. Auparavant, le monde ne se regroupait à Wemotaci qu’uniquement durant l’été. L’un des premiers emplois était la drave. Ça été l’un des premiers moments où les Allochtones ont vu comment les Autochtones travaillaient bien. C’est à partir de ce moment que les Autochtones ont travaillé. Mon père commençait à travailler dès le printemps.
10 min.
D- Du coup, j’ai commencé à travailler moi-aussi, en partant de Wemotaci, je me suis rendu trois fois à La Tuque en faisant de la drave. [Rires]
J- Est-ce que vous pouviez utiliser tout de même les canots pour traverser les rivières?
D- Oui.
J- Vous pouviez toujours ramer même s’il y avait des pitounes?
D- Oui.
J- Il ne vous arrivait rien même s’il y avait des billots de bois sur les rivières?
D- Pas vraiment, mais de temps en temps il arrivait quelque chose. Les billots de bois étaient retenus grâce au petit barrage au Windigo. De temps en temps ils ouvraient le barrage, c’est là qu’il y avait beaucoup de bois sur l’eau et dans l’eau. Un moment donné, les gros bateaux sont arrivés. Ces bateaux fonctionnaient 24h/24. Ils partaient de Windigo et allaient jusqu’au barrage Rapide-Blanc, ce voyage leur prennait 24 heures.
D- De nos jours, le moyen de transport des billots de bois est totalement différent.
J- Est-ce que vous avez vécu vers le lac Joli?
D- La Joli.
J- Proche du Lac Joli ou bien vers la rivière Joli.
D- Oui, on y allait par là aussi.
J- Est-ce que vous y restiez par là aussi?
D- Oui, mon grand-père maternel qui se nommait Joe Boivin trappait dans ce coin et ce jusqu’au 22 miles. Mon père s’était plus par ici, il partait d’ici jusqu’à l’autre bout du Lac Flamand. C’est par là qu’il trappait. Mon arrière-grand-père William Quoquochi qui s’appelait, sa fille avait marier Richard Chilton. Suite au mariage de la fille de William Quoquochi, celui-ci donnait le territoire de La Joli afin que les enfants de sa fille et de son gendre puissent vivres.
D- Cela ne fait très longtemps que les Chilton et les Dubé soient arrivés. La personne qui s’appelait Porke arrivait de la Baie d’Hudson. C’est de même que s’appelle la Baie?
J- Oui.
D- C’est par-là qu’ils arrivaient. Aussitôt qu’lls ont arrivé ici, ils se sont mariés. Ils ne sont plus jamais rentrés d’où ils arrivaient. Je ne sais d’où ils viennent exactement.
J- Ils parlaient en anglais ?
D Oui, c’est comme Henry Skene, ce sont des anglophones qui ont mariés des Autochtones. Ils étaient 5 au total. Porke était un Dubé, Richard était un Chilton. Les autres je ne me souviens plus, ils se sont mariés dans la communauté d’Opitciwan. Je ne me souviens vraiment plus comment ils s’appelaient.
J- Dans les recherches que j’ai faites, j’ai trouvé qu’une Ainée déclarait que les Quoquochi sont presque disparues du radar. Je ne comprenais pas trop la raison de cette déclaration. Je ne connais pas l’Ainée qui a déclarait cela parce que je ne l’ai jamais entendu sa voix dans la vie et c’était dans un enregistrement audio que j’écoutais sa déclaration. Est-ce que tu as une idée de la raison de pourquoi les Quoquochi sont presque disparue?
D- Mon arrière-grand-père William est décédé avant la naissance de son fils. Mon arrière-grand-mère a décidé d’appeler leur fils William. Un coup que mon grand-père William s’est marié, il est lui-aussi décédé avant la naissance de son premier enfant. Son enfant est mon père. C’est Jos Nekwato qui a élevé mon père jusqu’à ce qu’il se marie à son tour. Ka Matcotc était le surnom de Jos Nekwato.
D- Avant la naissance de mon père, pendant que sa mère était enceinte, elle avait acheté un fusil de chasse calibre 12. Elle avait prêté le fusil à Ka Matcotc afin que celui-ci donne le fusil à mon père le jour de son mariage. Par la suite, il m’a donné le fusil. Cela fait 50 ans que je garde le fusil. Je vais te le montrer un jour. Il est encore tellement beau et propre.
D- Une personne de Manawan voulait tellement acheter le fusil qu’à chaque fois qu’on se voyait, il ne me parlait que de cela. [Rires]. Mais je ne veux pas le vendre, on me l’a donné afin que je garde. Dernièrement j’ai été à Manawan et on m’a encore parlé de ce fusil, d’après-moi le fusil vaut très cher! [Rires]
J- D’après-moi c’est ça [Rires]. Le jour où ton père est né, qui a pris l’initiative de te faire garder par Jos Nekwato? Est-ce que c’est sa mère ?
D- C’est sa mère qui a demandé à Jos de garder mon père jusqu’à ce qu’il se marie. Une demande qu’il a accepté. Jos restait dans le coin Windigo, il surveillait un tour garde feu. L’as-tu déjà vue ce genre de tour?
J- On ne me l’a que dessiné.
21 min
D- Un jour, cette tour de garde de feu a été fermé. Il y en avait un autre pas loin d’ici. Ceux qui surveillaient ces tours restaient à aux environs pendant tout le long de l’été.
D- Dans le temps quand on demeurait à McTavish, durant nos sessions de trappe, on utilisait ces cabanes afin de dormir. De plus, on l’utilisait aussi quand on allait à la chasse à l’orignal.
J- Vous étiez combien dans votre famille, tu as combien de frères et sœurs?
D- Où?
J- Vous étiez combien dans la famille?
D- On était 11 je crois, mais il y en a qui sont décédés.
J- Deux de tes frères.
D- On était 9. Vu que 1 est décédé, auparavant on était 10. Ma sœur qui a marié Michel Basile s’appelait Catherine. Quand nous restions au McTavish, c’était elle l’ainée de la famille et moi je suis le second.
J- Donc, tous ceux qui ont leur campement au McTavish sont tous des petites sœurs et petits frères?
?
D- Oui, Maxime, Arthur, Janine.
J- Rachel? C’est ta petite-sœur elle?
D- Ma nièce.
J- Ahh c’est ta nièce?
D- Oui.
J- Celui qui s’appelle Michel, c’est qui son père? C’est bien Arthur?
D- Oui. Arthur a aussi une fille. Une personne est venue m’annoncée récemment que sa fille allait revenir par ici. Elle reste dans le coin de Roberval, Mashteuiatsh.
J- Et puis toi, tu as combien d’enfants?
D- 9 Moi aussi j’en ai 9, un qui est décédé quand il était encore jeune.
J- Un coup que tes enfants sont tous nés, est-ce que vous restiez déjà à Wemotaci?
25 min.
D- On restait à McTavish, c’est là que la majorité de mes enfants ont grandi.
J- Est-ce que c’est là que les enfants naissaient?
D- Non. Les femmes accouchaient à La Tuque. Selon mes souvenirs, il y a eu 2 qui sont nées à McTavish là où Arthur est son campement. On avait notre propre maison en bois rond. J’étais guide pendant un bout de temps. Un homme restait à la même place lui-aussi. Il était membre du Club McTavish. Il a été guide pendant 15 ans. Un jour, on est tous partis dans la réserve quand elle a été ouverte en 1972. Il n’y avait plus d’Autochtone au McTavish. On nous avait donné une maison là-bas. J’ai commencé à travailler tout de suite, j’ai travaillé pendant 29 ans pour le Conseil. J’avais des contrats de vidange, et par la suite j’ai été conseiller au Conseil. C’est de ces années de service que je tire aujourd’hui la pension de vieillesse! [Rires]
J- C’est bien vrai [Rires]. Les maux de société qu’il y a à Wemotaci, toutes les actions qui prouvent que les gens ont du mal à vivre.
D- Oui.
J- De nos jours, les maux de société sont bien présents. Est-ce que tu penses que dans le passé, les maux étaient autant présents auprès des personnes qui vivaient à Kokac ou au McTavish?
D- Oui, on vivait toujours. Ce n’est plus le même mode de vie. Dans le temps on n’allait à Wemotaci qu’au printemps et on partait de Wemotaci dès l’automne. On n’allait là-bas que pour fréquenter l’école. Dès l’automne, c’était la saison de trappage qui commençait. De nos jours, il n’y a plus personne qui fait cela! [Rires]. Il n’y a plus de chemin de la croix, ça s’est arrêté. C’est à partir de là que les maux de société et les maladies mentales sont arrivés. Il y avait plusieurs immenses églises avant, maintenant ces églises sont détruites. C’est lui qui vient parler. André Ambroise va apparaitre du bois! [Rires].
J- Il est à Opitciwan en ce-moment.
D- Ah oui c’est vrai. Il doit surement être en train de pêcher, l’eau doit être calme hein?
J- Oui
D- C’était dur dans le temps, il n’y avait pas de chemin. Il n’y avait que le train. Là où nous avons dormi la nuit passée, il y a une pointe et c’est là qu’on débutait notre portage afin d’embarquer sur le train dès le printemps. C’était notre moyen de transport quand nous allions à Wemotaci pour commencer l’école. On pouvait amener plusieurs choses dont les canots et les chiens. On utilisait beaucoup les chiens dans le temps, chacune famille avait entre 2 et 3 chiens.
J- Est-ce que vous payez pour prendre le train et combien cela vous coutait?
D- Oui, mais ce n’était pas cher.
J- Pas cher?
D- On embarquait ici pour aller à Wemotaci, cela nous coutait 50 cents. Aujourd’hui c’est 30$ ou 40$! [Rires].
J- Tes enfants, est-ce qu’ils ont fréquentés les pensionnats?
D- Les pensionnats… Un certain nombre de jeunes de Wemotaci ont fréquenté les pensionnats à Roberval. Dans certaines familles, 4 de leurs enfants sont partis en même temps. Des fois, les parents étaient les seuls à la maison. Pour les parents, ça leur tracassait de voir les enfants partir pendant 10 mois de temps, souvent les parents s’isolaient 1 semaine complète dans leur maison parce que la situation leur tourmentait. Durant le congé des fêtes, les enfants ne revenaient même pas.
J- Il vient très proche le suisse [un animal].
D- Il vient parler lui-aussi.
J- Oui.
D- [... 35:00...] Il vient raconter des histoires.
J- On va finir ainsi pour aujourd’hui, je vais revenir te voir pour continuer la discussion.
D- Tu n’as qu’à revenir. Tu n’as qu’à m’avertir de quel sujet tu veux qu’on parler afin que je me prépare d’avance. Au lieu d’un coup sec comme ça.
J- Oui, c’est ce que j’avais l’intention de faire.
Le 3 juillet aujourd’hui. C’est à ton tour de te présenter.
D- Dominique est mon nom. Dominique Quoquochi. Le trois juillet [...]
J- C’était quoi le nom de ta mère?
D- Élizabeth Boivin, c’est la fille de Joe Boivin
J- Et le nom de ton père était quoi?
D- Joseph Quoquochi était son nom. Il n’a pas vécu longtemps, il est décédé à l’âge de 53 ans par un problème cardiaque. Il avait mal au cœur. Pendant qu’on était dans le bois, un allochtone qui se nommait Claude Hervieux est venue nous chercher en motoneige là-bas où il y a la chute La Joli pour nous annoncer le décès de mon père. L’allochtone restait au Duplessis, là où nous avons dormi la nuit passée. L’enterrement a eu lieu à La Tuque est non à Wemotaci, Wemotaci était difficilement accessible en hiver. De plus, on a attendu l’arrivée de dégel pour pouvoir enterrer notre père.
D- C’est dans ces terres que j’étais durant mon enfance, mes souvenirs sont flous quand on restait ici (Kokac). Ce n’est que durant l’hiver qu’on restait par ici, durant l’été on était à Wemotaci. On devait fréquenter l’école, cela ne durerait pas. Aussitôt l’automne arrivé, l’école était terminée. Vers le mois de septembre ou d’octobre, on revenait vivre sur ces terres. Les plus vieux se préparaient pour la saison de trappe.
D- C’était dur dans le temps, pendant que mon père trappait dans le secteur du Lac Flamand vers la rivière Vermillon, mes deux frères se sont noyés. Mes frères ont voulu traverser la rivière en passant sur une glace lors de leur retour à la maison. Ils revenaient de leur trappe. D’autres personnes ont été annoncés la nouvelle à mon père, elles ont été le chercher là-bas. Mon père était revenu.
J- Et puis, l’histoire que ta mère t’a raconté au sujet des conséquences de la construction du barrage Rapide-Blanc.
D- Cela ne fait pas très longtemps que le barrage Rapide-Blanc a été construit. On ne pouvait pas marcher par là non auparavant, il y avait une rapide de 7 miles de long, c’est la raison qu’ils ont appelé ce barrage Rapide-Blanc. Notre route fluviale était là où nous avons dormi la nuit passée. On devait faire des portages pour se rendre jusqu’à la rivière Vermillon.
D- Ma mère raconte que les habitants de la région Kokac se sont fait avertir que le barrage allait maintenant être fermé et que cela inonderait beaucoup de terres. Les habitants n’ont pas eu assez de temps pour déménager leur maison. C’est comme si les Allochtones ne se souciaient pas de la présence des Autochtones au bord de la rivière Saint-Maurice. Les habitants avaient tous des maisons en bois rond. Les maisons flottaient, plusieurs maisons. On a été forcé de se construire plus loin sur les terres à cause de l’inondation.
J- C’est qui les familles qui sont restées par ici? C’est par ici que ton grand-père est resté?
D- Daniel Laloche qui s’appelait celui qui restait par-là. Plus par là c’est Basile Bellemare qui s’appelait, Narcisses était aussi son nom. Par-là c’était mon grand-père. Par ici c’est Denis Chilton. Packire Jos Chilton un peu plus loin par là-bas. À côté c’était Louison Petiquay, le grand-père de ton arrière-père Émile. Après c’était nous autre.
J- Quand vous avez déménagé à Wemotaci, cela veut dire qu’il n’y avait plus personne ici à Kokac?
D- Il n’y avait plus personne ici, tout le monde a déménagé à Wemotaci. Avant presque personne ne travaillait dans l’industrie forestière, une grande partie de la population autochtone trappait. Auparavant, le monde ne se regroupait à Wemotaci qu’uniquement durant l’été. L’un des premiers emplois était la drave. Ça été l’un des premiers moments où les Allochtones ont vu comment les Autochtones travaillaient bien. C’est à partir de ce moment que les Autochtones ont travaillé. Mon père commençait à travailler dès le printemps.
10 min.
D- Du coup, j’ai commencé à travailler moi-aussi, en partant de Wemotaci, je me suis rendu trois fois à La Tuque en faisant de la drave. [Rires]
J- Est-ce que vous pouviez utiliser tout de même les canots pour traverser les rivières?
D- Oui.
J- Vous pouviez toujours ramer même s’il y avait des pitounes?
D- Oui.
J- Il ne vous arrivait rien même s’il y avait des billots de bois sur les rivières?
D- Pas vraiment, mais de temps en temps il arrivait quelque chose. Les billots de bois étaient retenus grâce au petit barrage au Windigo. De temps en temps ils ouvraient le barrage, c’est là qu’il y avait beaucoup de bois sur l’eau et dans l’eau. Un moment donné, les gros bateaux sont arrivés. Ces bateaux fonctionnaient 24h/24. Ils partaient de Windigo et allaient jusqu’au barrage Rapide-Blanc, ce voyage leur prennait 24 heures.
D- De nos jours, le moyen de transport des billots de bois est totalement différent.
J- Est-ce que vous avez vécu vers le lac Joli?
D- La Joli.
J- Proche du Lac Joli ou bien vers la rivière Joli.
D- Oui, on y allait par là aussi.
J- Est-ce que vous y restiez par là aussi?
D- Oui, mon grand-père maternel qui se nommait Joe Boivin trappait dans ce coin et ce jusqu’au 22 miles. Mon père s’était plus par ici, il partait d’ici jusqu’à l’autre bout du Lac Flamand. C’est par là qu’il trappait. Mon arrière-grand-père William Quoquochi qui s’appelait, sa fille avait marier Richard Chilton. Suite au mariage de la fille de William Quoquochi, celui-ci donnait le territoire de La Joli afin que les enfants de sa fille et de son gendre puissent vivres.
D- Cela ne fait très longtemps que les Chilton et les Dubé soient arrivés. La personne qui s’appelait Porke arrivait de la Baie d’Hudson. C’est de même que s’appelle la Baie?
J- Oui.
D- C’est par-là qu’ils arrivaient. Aussitôt qu’lls ont arrivé ici, ils se sont mariés. Ils ne sont plus jamais rentrés d’où ils arrivaient. Je ne sais d’où ils viennent exactement.
J- Ils parlaient en anglais ?
D Oui, c’est comme Henry Skene, ce sont des anglophones qui ont mariés des Autochtones. Ils étaient 5 au total. Porke était un Dubé, Richard était un Chilton. Les autres je ne me souviens plus, ils se sont mariés dans la communauté d’Opitciwan. Je ne me souviens vraiment plus comment ils s’appelaient.
J- Dans les recherches que j’ai faites, j’ai trouvé qu’une Ainée déclarait que les Quoquochi sont presque disparues du radar. Je ne comprenais pas trop la raison de cette déclaration. Je ne connais pas l’Ainée qui a déclarait cela parce que je ne l’ai jamais entendu sa voix dans la vie et c’était dans un enregistrement audio que j’écoutais sa déclaration. Est-ce que tu as une idée de la raison de pourquoi les Quoquochi sont presque disparue?
D- Mon arrière-grand-père William est décédé avant la naissance de son fils. Mon arrière-grand-mère a décidé d’appeler leur fils William. Un coup que mon grand-père William s’est marié, il est lui-aussi décédé avant la naissance de son premier enfant. Son enfant est mon père. C’est Jos Nekwato qui a élevé mon père jusqu’à ce qu’il se marie à son tour. Ka Matcotc était le surnom de Jos Nekwato.
D- Avant la naissance de mon père, pendant que sa mère était enceinte, elle avait acheté un fusil de chasse calibre 12. Elle avait prêté le fusil à Ka Matcotc afin que celui-ci donne le fusil à mon père le jour de son mariage. Par la suite, il m’a donné le fusil. Cela fait 50 ans que je garde le fusil. Je vais te le montrer un jour. Il est encore tellement beau et propre.
D- Une personne de Manawan voulait tellement acheter le fusil qu’à chaque fois qu’on se voyait, il ne me parlait que de cela. [Rires]. Mais je ne veux pas le vendre, on me l’a donné afin que je garde. Dernièrement j’ai été à Manawan et on m’a encore parlé de ce fusil, d’après-moi le fusil vaut très cher! [Rires]
J- D’après-moi c’est ça [Rires]. Le jour où ton père est né, qui a pris l’initiative de te faire garder par Jos Nekwato? Est-ce que c’est sa mère ?
D- C’est sa mère qui a demandé à Jos de garder mon père jusqu’à ce qu’il se marie. Une demande qu’il a accepté. Jos restait dans le coin Windigo, il surveillait un tour garde feu. L’as-tu déjà vue ce genre de tour?
J- On ne me l’a que dessiné.
21 min
D- Un jour, cette tour de garde de feu a été fermé. Il y en avait un autre pas loin d’ici. Ceux qui surveillaient ces tours restaient à aux environs pendant tout le long de l’été.
D- Dans le temps quand on demeurait à McTavish, durant nos sessions de trappe, on utilisait ces cabanes afin de dormir. De plus, on l’utilisait aussi quand on allait à la chasse à l’orignal.
J- Vous étiez combien dans votre famille, tu as combien de frères et sœurs?
D- Où?
J- Vous étiez combien dans la famille?
D- On était 11 je crois, mais il y en a qui sont décédés.
J- Deux de tes frères.
D- On était 9. Vu que 1 est décédé, auparavant on était 10. Ma sœur qui a marié Michel Basile s’appelait Catherine. Quand nous restions au McTavish, c’était elle l’ainée de la famille et moi je suis le second.
J- Donc, tous ceux qui ont leur campement au McTavish sont tous des petites sœurs et petits frères?
?
D- Oui, Maxime, Arthur, Janine.
J- Rachel? C’est ta petite-sœur elle?
D- Ma nièce.
J- Ahh c’est ta nièce?
D- Oui.
J- Celui qui s’appelle Michel, c’est qui son père? C’est bien Arthur?
D- Oui. Arthur a aussi une fille. Une personne est venue m’annoncée récemment que sa fille allait revenir par ici. Elle reste dans le coin de Roberval, Mashteuiatsh.
J- Et puis toi, tu as combien d’enfants?
D- 9 Moi aussi j’en ai 9, un qui est décédé quand il était encore jeune.
J- Un coup que tes enfants sont tous nés, est-ce que vous restiez déjà à Wemotaci?
25 min.
D- On restait à McTavish, c’est là que la majorité de mes enfants ont grandi.
J- Est-ce que c’est là que les enfants naissaient?
D- Non. Les femmes accouchaient à La Tuque. Selon mes souvenirs, il y a eu 2 qui sont nées à McTavish là où Arthur est son campement. On avait notre propre maison en bois rond. J’étais guide pendant un bout de temps. Un homme restait à la même place lui-aussi. Il était membre du Club McTavish. Il a été guide pendant 15 ans. Un jour, on est tous partis dans la réserve quand elle a été ouverte en 1972. Il n’y avait plus d’Autochtone au McTavish. On nous avait donné une maison là-bas. J’ai commencé à travailler tout de suite, j’ai travaillé pendant 29 ans pour le Conseil. J’avais des contrats de vidange, et par la suite j’ai été conseiller au Conseil. C’est de ces années de service que je tire aujourd’hui la pension de vieillesse! [Rires]
J- C’est bien vrai [Rires]. Les maux de société qu’il y a à Wemotaci, toutes les actions qui prouvent que les gens ont du mal à vivre.
D- Oui.
J- De nos jours, les maux de société sont bien présents. Est-ce que tu penses que dans le passé, les maux étaient autant présents auprès des personnes qui vivaient à Kokac ou au McTavish?
D- Oui, on vivait toujours. Ce n’est plus le même mode de vie. Dans le temps on n’allait à Wemotaci qu’au printemps et on partait de Wemotaci dès l’automne. On n’allait là-bas que pour fréquenter l’école. Dès l’automne, c’était la saison de trappage qui commençait. De nos jours, il n’y a plus personne qui fait cela! [Rires]. Il n’y a plus de chemin de la croix, ça s’est arrêté. C’est à partir de là que les maux de société et les maladies mentales sont arrivés. Il y avait plusieurs immenses églises avant, maintenant ces églises sont détruites. C’est lui qui vient parler. André Ambroise va apparaitre du bois! [Rires].
J- Il est à Opitciwan en ce-moment.
D- Ah oui c’est vrai. Il doit surement être en train de pêcher, l’eau doit être calme hein?
J- Oui
D- C’était dur dans le temps, il n’y avait pas de chemin. Il n’y avait que le train. Là où nous avons dormi la nuit passée, il y a une pointe et c’est là qu’on débutait notre portage afin d’embarquer sur le train dès le printemps. C’était notre moyen de transport quand nous allions à Wemotaci pour commencer l’école. On pouvait amener plusieurs choses dont les canots et les chiens. On utilisait beaucoup les chiens dans le temps, chacune famille avait entre 2 et 3 chiens.
J- Est-ce que vous payez pour prendre le train et combien cela vous coutait?
D- Oui, mais ce n’était pas cher.
J- Pas cher?
D- On embarquait ici pour aller à Wemotaci, cela nous coutait 50 cents. Aujourd’hui c’est 30$ ou 40$! [Rires].
J- Tes enfants, est-ce qu’ils ont fréquentés les pensionnats?
D- Les pensionnats… Un certain nombre de jeunes de Wemotaci ont fréquenté les pensionnats à Roberval. Dans certaines familles, 4 de leurs enfants sont partis en même temps. Des fois, les parents étaient les seuls à la maison. Pour les parents, ça leur tracassait de voir les enfants partir pendant 10 mois de temps, souvent les parents s’isolaient 1 semaine complète dans leur maison parce que la situation leur tourmentait. Durant le congé des fêtes, les enfants ne revenaient même pas.
J- Il vient très proche le suisse [un animal].
D- Il vient parler lui-aussi.
J- Oui.
D- [... 35:00...] Il vient raconter des histoires.
J- On va finir ainsi pour aujourd’hui, je vais revenir te voir pour continuer la discussion.
D- Tu n’as qu’à revenir. Tu n’as qu’à m’avertir de quel sujet tu veux qu’on parler afin que je me prépare d’avance. Au lieu d’un coup sec comme ça.
J- Oui, c’est ce que j’avais l’intention de faire.
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Citation
Quoquochi, Dominique (interviewé) and Quoquochi, Jon-Evan (intervieweur), “Quoquochi, Dominique,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 21, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/67.