Explication du site sacré dans le contexte innu
Title
Explication du site sacré dans le contexte innu
Subject
site sacré; mushau-shipit; spiritualité
Description
Anne-Marie explique le fonctionnement du site sacré Mushau nipi.
Creator
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2015
Rights
Production Manitu
Relation
Coverage
Mushau nipi
Format
MP4, 12 min 58 s
Original Format
vidéo | video
Transcription
0 :00 J’ai tenu à faire la réunion d’une façon comme les Innus, selon la pensée innue : en cercle. Parce qu’en se tenant, en cercle ou en s’assoyant en cercle, on va discuter en cercle. Parce que, mon ami ici, je ne serai pas plus haut que lui. On va être tous égales selon la discussion qu’on va apporter.
0 :27 C’est de cette manière que les Innus discutaient quand ils avaient de grandes questions à discuter ou à solutionner. Et puis, ils disaient, quand les vieux disaient tshikauashkapinanu « on va s’asseoir en cercle » ça veut dire qu’il y avait des grandes discussions à dire. Et c’est de la façon aujourd’hui de se… de s’asseoir en cercle et de se considérer égale. Quel que soit la provenance d’ici aujourd’hui. Et je tenais aussi à parler au chef parce qu’on fait partie de… mes amis qui sont ici font partis.. on est invité nous autres aussi ici dans le camp d’Elizabeth. On est les invités, mais peut-être qu’on va payer notre facture un jour. Et puis on est invité. On tenait à commencer notre travail « Gardien des sites sacrés » ici sur le territoire sacré parce que c’est ici que les anciens étaient.
1 :45 C’est ici que les grandes chasses se faisaient, de toutes les communautés. Parce qu’ici c’était la partie que vous voyez géographiquement le plus rétréci de la rivière et c’était le passage des caribous aussi. Et tout le site faisait en sorte qu’on pouvait voir le caribou, contrôler sa chasse. Et puis aussi, une fois que.. c’est les méthodes de chasse que moi, j’ai pas cette solution-là. Je n’ai pas le renseignement des méthodes de chasse, mais je sais la vision de l’Innu et aussi la méthode : comment il faisait pour pouvoir garder la perpétuité du caribou. Parce qu’il avait un grand respect du caribou.
2 :45 C’est pour ça qu’ils venaient de très très loin aussi parce que dans le temps, il y avait les toiles en peau de caribou, les vêtements en peau de caribou, le manger du caribou. Tous les os étaient utilisés, ce sont juste les cornes qui n’étaient pas… qui étaient utilisés d’une manière pour faire des outils. Mais en même temps, ce qui restait, on le mettait sur les arbres, on les accrochait sur les arbres parce que le prochain troupeau qui va venir, il va juste les prendre et continuer la perpétuité du caribou.
3 :30 Et il y a eu une coupure aussi à ce moment-là dans le … caribou parce qu’on n’a pas su respecter un jour le caribou. Il y a eu trop de chasse, on n’a pas eu assez de prendre ou respecter : tous les caribous : les pattes traînaient à terre, les peaux de caribous traînaient à terre, y’avait. Tout le monde venait chasser pis tuer le caribou sans prendre conscience que c’était la base de notre culture. Et aujourd’hui on est conscient qu’il n’y a pas de caribou.
4 :14 Et ce qui veut dire, c’est que l’esprit du caribou, Papakassiku, ou Nipinikassipeu (?) tsha? a répondu lui aussi. Il dit « si vous gaspillez le caribou, je ne vous envoie pas du caribou parce que je vous regardé d’en haut ». Et c’est ce qui nous arrive maintenant et c’est ce qui est arrivé aussi : y’a eu des gaspilles à la Baie James lors de la chasse cet hiver.
4 :53 Et puis aussi, il y a eu des gaspilles parce que ce sont des jeunes qui sont allés à la chasse et on n’a pas transmis les méthodes de chasse. Ils ne sont pas allés en territoire, on ne leur a pas dit que nous, que les Innus, pouvaient contrôler le caribou. La méthode du contrôle du caribou, on ne leur a pas enseigné et c’est pour ça qu’eux autres venaient avec leur fusil et ils tiraient comme une razzia.
5 :26 Et puis, c’est en même temps notre faute s’il y a eu des gaspilles. Mais maintenant, aujourd’hui, puisqu’on est tous assis ici aux alentours, on est assis pour décider des choses, on est assis pour se parler et se dire « oui, on va faire de cette manière. On va écouter mon voisin, l’autre voisin. Faire la transmission de toutes ces méthodes de conservation, de méthode de chasse à nos futurs chasseurs et à notre génération future ».
6 :04 C’est la même chose ici. Ici nous allons voir les anciens, les très anciens sites que les chasseurs avaient parce que toutes les communautés venaient ici pour chasser ; pour leur nourriture, leurs vêtements.. et aussi pour faire le makusham une fois qu’ils étaient rendus dans leur communauté.
6 :33 Et c’était la joie de voir les chasseurs revenir parce que les femmes travaillaient pour les chasseurs aussi. Elles faisaient de beaux vêtements avec les peaux de caribou. Et c’était honorifique d’avoir une femme qui s’occupait beaucoup de l’artisanat, avoir de belles broderies. Parce que tu savais que cet homme-là, ce chasseurs-là, si tu voyais des broderies ici, c’était un très bon chasseur qui avait une très très bonne femme. Et c’est tout cette union de transmission de savoir, il faut qu’on l’ait aujourd’hui. Ce n’est pas juste sur le territoire. Et aussi, il faut le transporter dans nos communautés. Parce quand il y a des votes et quand il y a des élections, y’a des choses ; « ah les enfants, les enfants ». On pense aux enfants, mais dans l’année on ne fait jamais rien.
7 :41 On fait juste comme on veut ou on transfère les pouvoirs. Il faut prendre une décision tout de suite, unilatéral là. Comme maintenant, aujourd’hui prendre des décisions, de très bonnes décisions et dire voilà qu’est-ce qu’on a à vous donner. Parce qu’aussi, lors de nos voyages, le premier voyage qu’on a fait, on l’a fait juste comme voyage en Finlande… touriste. En faisant ce voyage-là, on a eu une invitation pour être présent lors des conférences des sites sacrés.
8 :25 Et on s’est impliqué à cette conférence-là. Mais une fois, rendu dans notre communauté, on s’est dit « qu’est-ce qu’on fait ». On s’est ramassé avec douze personnes et on s’est dit qu’est-ce qu’on peut faire, quelles sont nos compétences, qui faut aller voir? On va aller voir à l’extérieur avant parce qu’on sait que nos conseils de bande n’ont pas d’argent, on va aller voir ailleurs. Cela étant, ce qui nous manque, on ira voir nos conseils de bande. C’est ce qu’on a fait, les gens doivent savoir.
9 :03 Et puis aussi, on a commencé à travailler ici. À relever les sites sacrés ici. Pis finalement, tout le territoire est sacré. Tu as de la misère à … tu as peur de piler sur des choses qui sont sacrées, qui ont appartenus à nos ancêtres.
9 :33 Et puis on a fait l’exercice de vous recevoir, hier, comment on va les recevoir? On va les recevoir en disant qu’est-ce qu’on pense, qu’est-ce que ça nous a fait de sentir, de piler sur le terrain de nos ancêtres. Y’a eu beaucoup beaucoup d’émotions, y’a eu des pleurs, y’a eu des ajustements à faire en tant que personne. Y’a eu beaucoup de bouleversement.
10 :06 On a rentré dans une maison carrée, on a dormi dans un lit carré, fait son devoir dans un pupitre carré et c’est ça qui nous a tout mélangé. Et on ne s’est pas retrouvé notre façon individuelle de faire, dans une communauté, dans une maison carrée. Il fallait qu’on retourne ici pour retrouver. Parce que vous allez voir toutes les huttes d’une façon très très circulaire et aussi vous allez voir les foyers. Les foyers, un shaputuan, a quatre foyers, a deux foyers, a plusieurs.. et il faudrait faire très attention pour pas piler dessus. Je vous remercie.
0 :27 C’est de cette manière que les Innus discutaient quand ils avaient de grandes questions à discuter ou à solutionner. Et puis, ils disaient, quand les vieux disaient tshikauashkapinanu « on va s’asseoir en cercle » ça veut dire qu’il y avait des grandes discussions à dire. Et c’est de la façon aujourd’hui de se… de s’asseoir en cercle et de se considérer égale. Quel que soit la provenance d’ici aujourd’hui. Et je tenais aussi à parler au chef parce qu’on fait partie de… mes amis qui sont ici font partis.. on est invité nous autres aussi ici dans le camp d’Elizabeth. On est les invités, mais peut-être qu’on va payer notre facture un jour. Et puis on est invité. On tenait à commencer notre travail « Gardien des sites sacrés » ici sur le territoire sacré parce que c’est ici que les anciens étaient.
1 :45 C’est ici que les grandes chasses se faisaient, de toutes les communautés. Parce qu’ici c’était la partie que vous voyez géographiquement le plus rétréci de la rivière et c’était le passage des caribous aussi. Et tout le site faisait en sorte qu’on pouvait voir le caribou, contrôler sa chasse. Et puis aussi, une fois que.. c’est les méthodes de chasse que moi, j’ai pas cette solution-là. Je n’ai pas le renseignement des méthodes de chasse, mais je sais la vision de l’Innu et aussi la méthode : comment il faisait pour pouvoir garder la perpétuité du caribou. Parce qu’il avait un grand respect du caribou.
2 :45 C’est pour ça qu’ils venaient de très très loin aussi parce que dans le temps, il y avait les toiles en peau de caribou, les vêtements en peau de caribou, le manger du caribou. Tous les os étaient utilisés, ce sont juste les cornes qui n’étaient pas… qui étaient utilisés d’une manière pour faire des outils. Mais en même temps, ce qui restait, on le mettait sur les arbres, on les accrochait sur les arbres parce que le prochain troupeau qui va venir, il va juste les prendre et continuer la perpétuité du caribou.
3 :30 Et il y a eu une coupure aussi à ce moment-là dans le … caribou parce qu’on n’a pas su respecter un jour le caribou. Il y a eu trop de chasse, on n’a pas eu assez de prendre ou respecter : tous les caribous : les pattes traînaient à terre, les peaux de caribous traînaient à terre, y’avait. Tout le monde venait chasser pis tuer le caribou sans prendre conscience que c’était la base de notre culture. Et aujourd’hui on est conscient qu’il n’y a pas de caribou.
4 :14 Et ce qui veut dire, c’est que l’esprit du caribou, Papakassiku, ou Nipinikassipeu (?) tsha? a répondu lui aussi. Il dit « si vous gaspillez le caribou, je ne vous envoie pas du caribou parce que je vous regardé d’en haut ». Et c’est ce qui nous arrive maintenant et c’est ce qui est arrivé aussi : y’a eu des gaspilles à la Baie James lors de la chasse cet hiver.
4 :53 Et puis aussi, il y a eu des gaspilles parce que ce sont des jeunes qui sont allés à la chasse et on n’a pas transmis les méthodes de chasse. Ils ne sont pas allés en territoire, on ne leur a pas dit que nous, que les Innus, pouvaient contrôler le caribou. La méthode du contrôle du caribou, on ne leur a pas enseigné et c’est pour ça qu’eux autres venaient avec leur fusil et ils tiraient comme une razzia.
5 :26 Et puis, c’est en même temps notre faute s’il y a eu des gaspilles. Mais maintenant, aujourd’hui, puisqu’on est tous assis ici aux alentours, on est assis pour décider des choses, on est assis pour se parler et se dire « oui, on va faire de cette manière. On va écouter mon voisin, l’autre voisin. Faire la transmission de toutes ces méthodes de conservation, de méthode de chasse à nos futurs chasseurs et à notre génération future ».
6 :04 C’est la même chose ici. Ici nous allons voir les anciens, les très anciens sites que les chasseurs avaient parce que toutes les communautés venaient ici pour chasser ; pour leur nourriture, leurs vêtements.. et aussi pour faire le makusham une fois qu’ils étaient rendus dans leur communauté.
6 :33 Et c’était la joie de voir les chasseurs revenir parce que les femmes travaillaient pour les chasseurs aussi. Elles faisaient de beaux vêtements avec les peaux de caribou. Et c’était honorifique d’avoir une femme qui s’occupait beaucoup de l’artisanat, avoir de belles broderies. Parce que tu savais que cet homme-là, ce chasseurs-là, si tu voyais des broderies ici, c’était un très bon chasseur qui avait une très très bonne femme. Et c’est tout cette union de transmission de savoir, il faut qu’on l’ait aujourd’hui. Ce n’est pas juste sur le territoire. Et aussi, il faut le transporter dans nos communautés. Parce quand il y a des votes et quand il y a des élections, y’a des choses ; « ah les enfants, les enfants ». On pense aux enfants, mais dans l’année on ne fait jamais rien.
7 :41 On fait juste comme on veut ou on transfère les pouvoirs. Il faut prendre une décision tout de suite, unilatéral là. Comme maintenant, aujourd’hui prendre des décisions, de très bonnes décisions et dire voilà qu’est-ce qu’on a à vous donner. Parce qu’aussi, lors de nos voyages, le premier voyage qu’on a fait, on l’a fait juste comme voyage en Finlande… touriste. En faisant ce voyage-là, on a eu une invitation pour être présent lors des conférences des sites sacrés.
8 :25 Et on s’est impliqué à cette conférence-là. Mais une fois, rendu dans notre communauté, on s’est dit « qu’est-ce qu’on fait ». On s’est ramassé avec douze personnes et on s’est dit qu’est-ce qu’on peut faire, quelles sont nos compétences, qui faut aller voir? On va aller voir à l’extérieur avant parce qu’on sait que nos conseils de bande n’ont pas d’argent, on va aller voir ailleurs. Cela étant, ce qui nous manque, on ira voir nos conseils de bande. C’est ce qu’on a fait, les gens doivent savoir.
9 :03 Et puis aussi, on a commencé à travailler ici. À relever les sites sacrés ici. Pis finalement, tout le territoire est sacré. Tu as de la misère à … tu as peur de piler sur des choses qui sont sacrées, qui ont appartenus à nos ancêtres.
9 :33 Et puis on a fait l’exercice de vous recevoir, hier, comment on va les recevoir? On va les recevoir en disant qu’est-ce qu’on pense, qu’est-ce que ça nous a fait de sentir, de piler sur le terrain de nos ancêtres. Y’a eu beaucoup beaucoup d’émotions, y’a eu des pleurs, y’a eu des ajustements à faire en tant que personne. Y’a eu beaucoup de bouleversement.
10 :06 On a rentré dans une maison carrée, on a dormi dans un lit carré, fait son devoir dans un pupitre carré et c’est ça qui nous a tout mélangé. Et on ne s’est pas retrouvé notre façon individuelle de faire, dans une communauté, dans une maison carrée. Il fallait qu’on retourne ici pour retrouver. Parce que vous allez voir toutes les huttes d’une façon très très circulaire et aussi vous allez voir les foyers. Les foyers, un shaputuan, a quatre foyers, a deux foyers, a plusieurs.. et il faudrait faire très attention pour pas piler dessus. Je vous remercie.
Files
Citation
Malenfant, Eddy (cinéaste), “Explication du site sacré dans le contexte innu,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed December 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/241.
Item Relations
Item: Bienvenue à Mushau nipi | est relié à / is related to | This Item |