Mckenzie, Philippe

Title

Mckenzie, Philippe

Subject

Beatles; Morley Loon; territoire; l'homme / chanteur; pionnier; chanteur

Description

entretiens musique innue

Creator

Mckenzie, Philippe (interviewé)
St-Onge, Evelyne (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2000

Rights

Production Manitu inc.

Language

Innu

Coverage

Entretien à Mani Utenam

Type

vidéo | video

Format

Mp4 16 min. 27 s.

Original Format

vidéo | video

Transcription

Évelyne : Bonjour Philippe. D'où viens-tu, où es-tu né ?
Philippe : Je suis de Malio.
Évelyne : Et tu es allé à l'école ici ?
Philippe : Oui, j'ai toujours demeuré ici.
Évelyne : Tu es un musicien, est-ce que ça fait longtemps que tu joues de la musique ?
Philippe : J’ai commencé jeune. On m'a invité à jouer de la musique dans des partys. Il n’y avait pas grand nombre d'artistes et on m'invitait toujours moi. À force de jouer, je devenais de plus en plus bon, et c'est venu que je chante aussi.
Évelyne : Où as-tu pris ta première guitare ?
Philippe : Dans le premier temps, je jouais la musique des Beatles. J'écoutais toujours leur musique, je l'aimais bien. J'ai rencontré un autochtone de Mistassini, il s'appelait Marley Loon, il est décédé. Je l'ai rencontré à Montréal, il jouait de la musique et chantait dans sa langue crie et moi déjà, je jouais de la musique, mais je n'avais jamais pensé composer et chanter. Je comprenais un peu ces chansons et au retour chez moi, je commençais à composer mes chansons et à les chanter. C'est là que j'ai produit un long jeu à Radio-Canada. Anciennement, il n'y avait pas de radio communautaire et les autres autochtones avait de la difficulté à se procurer mes chansons. À la suite de l'apparition des radios, la renommée vient plus vite.
Évelyne : Dans tes chansons, de quoi parles-tu le plus ?
Philippe : Je parle du solitaire, la terre Nitassinan, de l’espérance, l’espoir.
Évelyne : Tes chansons, depuis combien d'années que tu chantes ?
Philippe : Au moins 20 ans, mais pas régulièrement. De temps en temps, je joue pour moi et actuellement, je suis en train de faire un CD, je l'achève et les Innus ont hâte de l'écouter.
Évelyne : J’entends souvent des Innus dire que tes chansons correspondent à ce qu'ils ressentent.
Philippe : C’est grâce aux Innus qu’il y ait des chanteurs en innu qui peuvent transmettre ce qu'ils ressentent comme Innu, pouvoir chanter nos coutumes, notre mode de vie, transmettre nos pensées, notre vision en tant qu'Innu. Si les Innus n'existaient pas, il n'y aurait personne pour chanter tout ça.
Évelyne : On m'a même dit que dans tes chansons, il y avait toujours une suite ?
Philippe : L’artiste ne ressent pas toujours que ses chansons peuvent influencer les autres.
Évelyne : Comme tu le dis, quand on parle du Nitassinan, tout de suite, on entend tes chansons.
Philippe : Oui, il y a deux personnes, l'homme et le chanteur. Il faut que les deux personnages se complètent et se comprennent sinon, il ne sortira pas de son produit.
Évelyne : C’est ça que je te dis, lorsqu'il se produit quelque chose dans la communauté, comme quand on parle de la terre, quand il y a la fête des Mère, on fait toujours entendre à la radio, tes chansons.
Philippe : Quand tu chantes, tu commences toujours par ton entourage proche, vient l'entourage de la communauté, du territoire. C'est toujours comme ça, l'espace augmente avec la chanson. Ta vision augmente.
Évelyne : En te servant seulement de la langue innue, tu n'atteins pas le blanc, qu'est-ce que tu penses de ça ? Ou bien tu veux seulement atteindre les Innus ?
Philippe : Je suis dans les deux groupes, quelquefois, je chante en français et des fois en Innu. Quand je chante en Innu, j'essaie d'atteindre les Innus. La bonne humeur, l'amour, c'est la même chose pour tout le monde quelle que soit la couleur, la race.
Évelyne : As-tu déjà commencé à composer et chanter en français ?
Philippe : J'en fais de temps en temps, je compose mes chansons en français et elle se trouvent dans les tiroirs. Mais je commence à les sortir, il va y en avoir un tas. Aujourd'hui, je ne veux rien précipiter comme je le faisais avant. Quand tu fais trop vite, tu accroches tes pieds dans quelque chose et tu tombes.
Évelyne : Quand tu veux chanter en français, qu'est-ce que tu veux envoyer comme message ?
Philippe : C'est pour amener plus de personnes à m'écouter chanter.
Évelyne : Quel message veux-tu envoyer ?
Philippe : Rien de plus que ce que je ressens quand je suis joyeux, peiné.
Évelyne : Depuis l'existence de Innu Nikamu, tu es le pionnier du festival et de la chanson innue, tu as produit un long jeu, tu es populaire auprès de bien des personnes et surtout des jeunes qui suivent tes traces, qu'est-ce que tu penses de ça ?
Philippe : Je ne suis pas le premier artiste, car auparavant il y a nos grands-pères qui chantaient avec le tam-tam. Moi, je n'ai fait que maintenir et renforcer la chanson innue.
Évelyne : Tu parles des aînés, est-ce que tu t'en sers du tambour dans tes chansons ?
Philippe : Il m'arrive de temps à autres, mais je ne chante pas que je l'utilise, je ne suis pas rendu à cette étape ni l'âge pour chanter tout en tapant sur le tambour. Peut-être qu'un jour, j'aurai l'honneur de le faire, mais je suis encore dans les instruments.
Évelyne : Et tu t’en sers, quels sont les instruments dont tu te sers ?
Philippe : Les instruments électriques et la batterie, le clavier, le piano.
Évelyne : Y a-t-il des Innus qui jouent avec toi ?
Philippe : Il y a beaucoup d’Innus et de non-innus et moi, je suis dans le milieu, j'utilise des Innus et des non-innus.
Évelyne : Et toi, qu'est-ce que tu aimerais ? Comment le vois-tu ?
Philippe : Moi, peu importe sa race, en autant qu'il sache jouer un instrument et qu'il s'accorde avec moi. Il n'y a pas de différence pour moi.
Évelyne : Ton CD approche, comment tu vas t'organiser pour sa sortie ? Vas-tu faire le tour des communautés ? Comment vas-tu procéder ?
Philippe : L'année prochaine, je vais aller dans les communautés pour vendre le produit et faire des spectacles, chanter dans chaque communauté.
Évelyne : Aujourd'hui y a-t-il beaucoup de personnes qui jouent de la musique ?
Philippe : Il y en a beaucoup, surtout des jeunes. Il faut qu'ils y croient à un talent, car au début, c'est un jeu, un plaisir de jouer avec un instrument. Plus tard, ça devient plus sérieux parce qu'il faut que tu gagnes ta vie avec cela.
Évelyne : Moi, je pensais que jouer de la musique c’était vouloir transmettre un message ? Est-ce que c'est ça ?
Philippe : Oui, c'est un peu ça. Tu veux transmettre un message et celui d'un autre. Ce que l'autre peut ressentir. Moi, c'est ma façon de procéder.
Évelyne : Est-ce que le festival Innu Nikamu vous aide ?
Philippe : Pour ma part, ça m'aide beaucoup. Je n'ai pas besoin de grand monde, mais avec les visiteurs qui viennent, je suis heureux de leur présence. J'aime jouer de la musique.
Évelyne : Tu m'avais compté la raison pour laquelle tu veux faire un CD. Quelle est cette raison ?
Philippe : Pour me satisfaire. La satisfaction du travail accompli et bien fait.
Évelyne : Moi, je vais dans les disquaires et je vais voir les CD des Beatles et celui de Philippe Mckenzie ?
Philippe : Dans la même section que les Rolling Stones et les Beatles.
Le premier long jeu, c'était juste pour le faire mais avec celui-ci, je suis fier et je commence aussi à prendre de l’âge !
Évelyne : Quel message tu laisserais aux jeunes artistes et ceux qui veulent l’être ?
Philippe : Ils vont rencontrer des difficultés et c'est une bonne chose, car il ne faut pas se décourager, il faut passer à travers celles-ci. Toujours travailler afin de s'améliorer.

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Philippe Mckenzie.png

Citation

Mckenzie, Philippe (interviewé), St-Onge, Evelyne (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Mckenzie, Philippe,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed September 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/346.

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