Moreau, Mani (1)
Title
Moreau, Mani (1)
Subject
caribous; Matimekush; baie james caribous; Havre St-pierre attentat; carte indien; Nutashkuan; pensionnat livre; tuberculose; rougeole
Creator
Moreau, Mani (interviewé)
Malenfant, Eddy (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2021
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Mani Moreau 1 from CRC Uetshit Takuaimatishun on Vimeo.
Language
Innu
Coverage
Entretien à Matamek
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 19 min 54 s
Original Format
vidéo | video
Transcription
Transcription
J’étais (à la maison), toute seule et je regardais (par la fenêtre). Il y avait plein de caribous dans le lac. Quand nous demeurions à Matimekush, ils se rendaient à l’ancienne réserve.
Tu les voyais aller plus loin et s’arrêter sur la piste de l’aéroport à Matimekush, Ils se tenaient là. C’était de gros caribous. Au bout du lac, il y en avait aussi beaucoup de caribous.
Ce qui s’est passé en 1914 à la Baie James, nous avions vu qu’on avait laissé les caribous échoués dans les rapides. Tu les voyais étendus, il y en avait qui étaient gonflés. Beaucoup, beaucoup de caribous. Tu les voyais emportés par le courant.
Comment je me suis sentie pensez-vous ? C’est à nous que le Créateur a donné. Il nous a donné le caribou. Même chose pour les autres animaux, c’est à nous qu’on nous avait donné. Ce sont nos animaux, nos semblables.
Au prochain visionnement, c’était le ramassage [de ces caribous]. On les tassait dans un grand foin. Un hélicoptère les a emportés à un autre endroit. Allez savoir où ! Il faisait plusieurs allers-retours.
Pas longtemps après, pu de rapide à la Baie James. Aujourd’hui c’est sec après ce massacre des caribous. Pourquoi ne pas monter en forêt dans le Nitassinan ? Nous devrions nous forcer à préserver notre territoire.
Deux de nos jeunes après leur chasse, je vais mentionner ici la région de Mingan. Ce qu’on n’a jamais raconté, qu’on n’en parle pas. Ce que je vais vous raconter, ça n’a jamais été mentionné.
Il y avait un Blanc de Hâvre St-Pierre qui tirait sur ces deux jeunes chasseurs. On n’en parle jamais. L’un des deux est le garçon d’une de mes nièces (il est à Ekuanitshiu). On lui a tiré dessus, au haut de la hanche droite traversant vers la gauche (geste). L’autre a eu la chance, il n’a pas reçu de balle.
Je me demande comment ils se sont occupés (du jeune) Peut-être qu’on lui a installé une sorte de poche. Je crois qu’il est encore là. On ne parle jamais de ce genre de situation. Le Blanc aussi commet des crimes. Pourquoi on n’en parle pas.
Pourquoi le gouvernement n’avoue pas son crime. Pourquoi il ne parle pas qu’il a fait déménager les gens à St-Augustin. Nous aussi les gens de Nutashquan, on aurait pu se faire déménager, on serait rendu à Mingan. Les Innus n’ont pas voulu.
Les autres les gens de St-Augustin ont été emmené à La Romaine. Mon père a été témoin, il les vus les faire monter dans un bateau et les descendre dans une sorte de cachot et ce, jusqu’à La Romaine.
Il n’y avait qu’un aîné dénommé Mishta-Napeu. Il n’est pas retourné dans son territoire. Il est resté là-bas. Il disait : « Pourquoi je quitterai mon territoire » ? C’est à cet endroit que je suis né et c’est là qu’est ma nourriture dans le bois.
Avec mon mari, plusieurs fois nous en parlons. Quand les gens viennent nous voir, nous leur parlons ce que nous vivions dans le bois. (547) Quand on en parle, nous ne recevons jamais de réponse.
Nous avons vu un jeune à Uashat, un journaliste. Non, aucune nouvelle. Pas de nouvelle à nous communiquer. Il ne m’apprécie pas, il ne me donne pas de nouvelle.
À l’âge que j’ai… dans ma jeunesse, j’assistais toujours aux rencontres politiques. Les femmes ne sont pas bien reçues à ce genre de rencontre. On la prend pour une moins que rien, elle reçoit que des insultes. Plus la rencontre avançait, plus des disputes augmentaient. C’était comme ça.
Une fois mon père a participé à l’une de ces rencontres, c’était plutôt la fois où on distribuait les cartes innues. Il dit au fonctionnaire : « Le Québec et le Fédéral se disputent ». Les Blancs n’étaient pas très enchantés de ces cartes. On nous disait souvent que nous ne payions pas de taxe. Ne saviez-vous pas que c’est seulement aux Galeries (Montagnaises) qu’on ne paie pas de taxe ?
Dans les grandes villes comme Montréal, nous payons la taxe, ils ne prennent pas les cartes (innues). Mon mari et moi sommes allés à un magasin à Montréal, je ne me souviens pas de quoi nous avions acheté, et mon mari a montré sa carte pour exemption de taxe. On lui répond : « Non, non, tu n’es pas d’ici ». Sa carte n’a pas été acceptée. On ne l’accepte nulle part. La carte innue est d’une grande importance.
Mon mari a été convoqué à la Cour de Sheshatshit. C’est Élisabeth Penashue et sa sœur Nush qui l’avaient invité. Un gars de Schefferville a été arrêté, je vais le nommer, c’est Adrien Pinette et son équipement a été saisi, son fusil et le reste… Il s’est rendu à Uapush et je lui ai dit d’y aller. Le voilà parti !
Il a passé en Cour et l’avocat lui avait dit de garder silence. Il a alors montré sa carte (innue) à l’avocat. Au bas de la carte c’était écrit petit. L’avocat a donc répondu : « Avec cette carte, on n’a pas le droit de saisir votre équipement ». Il a par la suite donné ordre qu’on lui remette son équipement à celui qui a été arrêté, Adrien Pinette. C’est Nush qui a demandé (à mon mari) de leur venir en aide. Par deux fois, ils ont eu gain de cause.
Mon mari n’est pas bien accepté (parce qu’il n’a pas la langue dans sa poche). Mais celui qui ne parle pas, qui ne se défend pas, lui alors il est bien accepté. C’est de l’argent qui passe. On lui offre de l’argent et c’est pour ça qu’il ne parle pas. Celui qui s’exprime bien, celui-là n’est pas apprécié. C’est comme ça que ça passe à Schefferville. Je demeure là.
Je viens de Nutashquan. Je me suis mariée à Schefferville et c’est là que nous habitions. Mes enfants, mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants y sont nés.
Quand il y a une rencontre (politique) j’y vais et je veux parler de ça. Tout de suite on me dit que je n’ai pas le droit de parler. Pourtant mes enfants sont là, mes arrière-petits-enfants, mes petits-enfants. Pourquoi je n’aurai pas le droit de parler. Mes enfants auront besoin eux aussi de prendre la parole, mes petits-enfants, mes arrière-petits-enfants. Il y a aussi mes garçons et j’ai une fille. Ils pourront s’en servir.
J’ai écrit aussi un livre parlant du pensionnat. Mes enfants pourront s’y référer pour leur cheminement dans la vie. Mes petits-enfants et les autres enfants pourront s’en servir. J’ai 70 ans. Je viens de loin et j’ai vu beaucoup de choses, de choses qui me blessent. Et je me la ferme.
J’aurais pu vous montrer la carte innue, elle est d’une grande utilité dans nos vies.
J’ai été hospitalisée aussi au Sanatorium de Mont-Joli. Plusieurs innus sont décédés là-bas. Il y a un beau terrain dans le boisé, c’est là qu’ils sont enterrés. Il y a une femme de Nutashquan enterrée à cet endroit. Nous étions à cet endroit pendant 9 mois et dans le mois de janvier, on m’a transféré à Québec. J’y étais hospitalisée.
Q : pour la tuberculose.
Alphonse : Non, un accident, elle était tombée.
MR Je n’avais pas la tuberculose, j’ai eu un accident. J’ai eu des douleurs au dos (geste). Rendue à Québec, le docteur me dit (il y avait une interprète de Schefferville) : « Pourquoi es-tu allée à Mont-Joli ? » Je lui ai répondu que c’était un médecin qui m’avait envoyée là-bas. Et il me dit : « Tu n’avais pas à aller là-bas, car tu n’as pas de tuberculose. C’est seulement les gens qui ont la tuberculose qui vont à cet endroit. » Et de continuer : « Tu vas bientôt guérir. Je vais te guérir. » On m’avait mis un genre de plâtre dans mon dos et j’étais étendue pendant un mois sur le dos. À mon côté, on m’a trouée pour m’injecter du liquide. Comme de fait, j’ai été guérie. Je retourne chez-moi au mois de juin en 1970-71. Un coucher à Mani-utenam.
Je suis allée voir le pensionnat, il n’était pas encore détruit. J’ai tout visité où j’étais, où j’ai dormi, où j’ai joué, où j’ai mangé, à l’extérieur où nous étions. Il y avait encore des religieuse, Père Laurin aussi. Je suis allée les voir et ils m’ont demandé si je voulais visiter. Je leur ai dit oui et j’ai tout vu où nous étions, où les garçons se tenaient. Cela m’a fait quelque chose en visitant ces endroits. Après avoir visité et sortie, j’ai pris un grand souffle. Il y avait une statue de la Vierge Marie en plein milieu du terrain en avant, c’est là que je me suis mise à penser. Et après le retour à Mani-utenam, seule. Je suis retournée à la maison où j’étais hébergée, passer la nuit là et le lendemain retourner à Nutashquan. Arrivée dans ma communauté, J’étais déjà guérie.
Je me souviens aussi de la pandémie de la rougeole. On avait planté une grande tente et c’est là qu’on installait les malades sur le bord de la tente. Au milieu, il y avait des médecins qui venaient. Dans ce temps-là il n’y avait pas de maisons. Seulement des tentes. Il y en avait qui en étaient morts de la rougeole et d’autres en étaient guéris. Et la rougeole a disparue.
Il y avait une infirmière dénommée Pauline Laurin. C’était l’infirmière de la communauté. Elle rencontrait les aînés comme mon père par exemple, Michel Grégoire, Thomas Grégoire. Ils ont examiné les terrains en forêt et ont informé à Pauline Laurin. Kamatshi-atussesht qu’on les appelait.
Les aîné.es racontent ce qu’ils ont vécu dans le bois., leurs activités. Ils ont été enregistrés. Il y avait Sylvie Vincent, c’est elle qui enregistrait les aînés. Il y avait Michel Grégoire, mon père, Thomas Grégoire, Jérôme Grégoire. Même les aînées ont été enregistrées. Où sont passés les enregistrements ? Est-ce qu’elle les a gardées ou a-t-elle fait de l’argent avec (ces enregistrements) ? Je ne sais ce qu’elle en a fait. Caroline Malec était l’interprète.
Alphonse Grégoire : C’est de cette carte qu’elle parlait tantôt.
Manie Moreau : Tu vois en petits caractères en bas ?
Eddy : Oui. Viens vers la caméra, je vais filmer.
J’étais (à la maison), toute seule et je regardais (par la fenêtre). Il y avait plein de caribous dans le lac. Quand nous demeurions à Matimekush, ils se rendaient à l’ancienne réserve.
Tu les voyais aller plus loin et s’arrêter sur la piste de l’aéroport à Matimekush, Ils se tenaient là. C’était de gros caribous. Au bout du lac, il y en avait aussi beaucoup de caribous.
Ce qui s’est passé en 1914 à la Baie James, nous avions vu qu’on avait laissé les caribous échoués dans les rapides. Tu les voyais étendus, il y en avait qui étaient gonflés. Beaucoup, beaucoup de caribous. Tu les voyais emportés par le courant.
Comment je me suis sentie pensez-vous ? C’est à nous que le Créateur a donné. Il nous a donné le caribou. Même chose pour les autres animaux, c’est à nous qu’on nous avait donné. Ce sont nos animaux, nos semblables.
Au prochain visionnement, c’était le ramassage [de ces caribous]. On les tassait dans un grand foin. Un hélicoptère les a emportés à un autre endroit. Allez savoir où ! Il faisait plusieurs allers-retours.
Pas longtemps après, pu de rapide à la Baie James. Aujourd’hui c’est sec après ce massacre des caribous. Pourquoi ne pas monter en forêt dans le Nitassinan ? Nous devrions nous forcer à préserver notre territoire.
Deux de nos jeunes après leur chasse, je vais mentionner ici la région de Mingan. Ce qu’on n’a jamais raconté, qu’on n’en parle pas. Ce que je vais vous raconter, ça n’a jamais été mentionné.
Il y avait un Blanc de Hâvre St-Pierre qui tirait sur ces deux jeunes chasseurs. On n’en parle jamais. L’un des deux est le garçon d’une de mes nièces (il est à Ekuanitshiu). On lui a tiré dessus, au haut de la hanche droite traversant vers la gauche (geste). L’autre a eu la chance, il n’a pas reçu de balle.
Je me demande comment ils se sont occupés (du jeune) Peut-être qu’on lui a installé une sorte de poche. Je crois qu’il est encore là. On ne parle jamais de ce genre de situation. Le Blanc aussi commet des crimes. Pourquoi on n’en parle pas.
Pourquoi le gouvernement n’avoue pas son crime. Pourquoi il ne parle pas qu’il a fait déménager les gens à St-Augustin. Nous aussi les gens de Nutashquan, on aurait pu se faire déménager, on serait rendu à Mingan. Les Innus n’ont pas voulu.
Les autres les gens de St-Augustin ont été emmené à La Romaine. Mon père a été témoin, il les vus les faire monter dans un bateau et les descendre dans une sorte de cachot et ce, jusqu’à La Romaine.
Il n’y avait qu’un aîné dénommé Mishta-Napeu. Il n’est pas retourné dans son territoire. Il est resté là-bas. Il disait : « Pourquoi je quitterai mon territoire » ? C’est à cet endroit que je suis né et c’est là qu’est ma nourriture dans le bois.
Avec mon mari, plusieurs fois nous en parlons. Quand les gens viennent nous voir, nous leur parlons ce que nous vivions dans le bois. (547) Quand on en parle, nous ne recevons jamais de réponse.
Nous avons vu un jeune à Uashat, un journaliste. Non, aucune nouvelle. Pas de nouvelle à nous communiquer. Il ne m’apprécie pas, il ne me donne pas de nouvelle.
À l’âge que j’ai… dans ma jeunesse, j’assistais toujours aux rencontres politiques. Les femmes ne sont pas bien reçues à ce genre de rencontre. On la prend pour une moins que rien, elle reçoit que des insultes. Plus la rencontre avançait, plus des disputes augmentaient. C’était comme ça.
Une fois mon père a participé à l’une de ces rencontres, c’était plutôt la fois où on distribuait les cartes innues. Il dit au fonctionnaire : « Le Québec et le Fédéral se disputent ». Les Blancs n’étaient pas très enchantés de ces cartes. On nous disait souvent que nous ne payions pas de taxe. Ne saviez-vous pas que c’est seulement aux Galeries (Montagnaises) qu’on ne paie pas de taxe ?
Dans les grandes villes comme Montréal, nous payons la taxe, ils ne prennent pas les cartes (innues). Mon mari et moi sommes allés à un magasin à Montréal, je ne me souviens pas de quoi nous avions acheté, et mon mari a montré sa carte pour exemption de taxe. On lui répond : « Non, non, tu n’es pas d’ici ». Sa carte n’a pas été acceptée. On ne l’accepte nulle part. La carte innue est d’une grande importance.
Mon mari a été convoqué à la Cour de Sheshatshit. C’est Élisabeth Penashue et sa sœur Nush qui l’avaient invité. Un gars de Schefferville a été arrêté, je vais le nommer, c’est Adrien Pinette et son équipement a été saisi, son fusil et le reste… Il s’est rendu à Uapush et je lui ai dit d’y aller. Le voilà parti !
Il a passé en Cour et l’avocat lui avait dit de garder silence. Il a alors montré sa carte (innue) à l’avocat. Au bas de la carte c’était écrit petit. L’avocat a donc répondu : « Avec cette carte, on n’a pas le droit de saisir votre équipement ». Il a par la suite donné ordre qu’on lui remette son équipement à celui qui a été arrêté, Adrien Pinette. C’est Nush qui a demandé (à mon mari) de leur venir en aide. Par deux fois, ils ont eu gain de cause.
Mon mari n’est pas bien accepté (parce qu’il n’a pas la langue dans sa poche). Mais celui qui ne parle pas, qui ne se défend pas, lui alors il est bien accepté. C’est de l’argent qui passe. On lui offre de l’argent et c’est pour ça qu’il ne parle pas. Celui qui s’exprime bien, celui-là n’est pas apprécié. C’est comme ça que ça passe à Schefferville. Je demeure là.
Je viens de Nutashquan. Je me suis mariée à Schefferville et c’est là que nous habitions. Mes enfants, mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants y sont nés.
Quand il y a une rencontre (politique) j’y vais et je veux parler de ça. Tout de suite on me dit que je n’ai pas le droit de parler. Pourtant mes enfants sont là, mes arrière-petits-enfants, mes petits-enfants. Pourquoi je n’aurai pas le droit de parler. Mes enfants auront besoin eux aussi de prendre la parole, mes petits-enfants, mes arrière-petits-enfants. Il y a aussi mes garçons et j’ai une fille. Ils pourront s’en servir.
J’ai écrit aussi un livre parlant du pensionnat. Mes enfants pourront s’y référer pour leur cheminement dans la vie. Mes petits-enfants et les autres enfants pourront s’en servir. J’ai 70 ans. Je viens de loin et j’ai vu beaucoup de choses, de choses qui me blessent. Et je me la ferme.
J’aurais pu vous montrer la carte innue, elle est d’une grande utilité dans nos vies.
J’ai été hospitalisée aussi au Sanatorium de Mont-Joli. Plusieurs innus sont décédés là-bas. Il y a un beau terrain dans le boisé, c’est là qu’ils sont enterrés. Il y a une femme de Nutashquan enterrée à cet endroit. Nous étions à cet endroit pendant 9 mois et dans le mois de janvier, on m’a transféré à Québec. J’y étais hospitalisée.
Q : pour la tuberculose.
Alphonse : Non, un accident, elle était tombée.
MR Je n’avais pas la tuberculose, j’ai eu un accident. J’ai eu des douleurs au dos (geste). Rendue à Québec, le docteur me dit (il y avait une interprète de Schefferville) : « Pourquoi es-tu allée à Mont-Joli ? » Je lui ai répondu que c’était un médecin qui m’avait envoyée là-bas. Et il me dit : « Tu n’avais pas à aller là-bas, car tu n’as pas de tuberculose. C’est seulement les gens qui ont la tuberculose qui vont à cet endroit. » Et de continuer : « Tu vas bientôt guérir. Je vais te guérir. » On m’avait mis un genre de plâtre dans mon dos et j’étais étendue pendant un mois sur le dos. À mon côté, on m’a trouée pour m’injecter du liquide. Comme de fait, j’ai été guérie. Je retourne chez-moi au mois de juin en 1970-71. Un coucher à Mani-utenam.
Je suis allée voir le pensionnat, il n’était pas encore détruit. J’ai tout visité où j’étais, où j’ai dormi, où j’ai joué, où j’ai mangé, à l’extérieur où nous étions. Il y avait encore des religieuse, Père Laurin aussi. Je suis allée les voir et ils m’ont demandé si je voulais visiter. Je leur ai dit oui et j’ai tout vu où nous étions, où les garçons se tenaient. Cela m’a fait quelque chose en visitant ces endroits. Après avoir visité et sortie, j’ai pris un grand souffle. Il y avait une statue de la Vierge Marie en plein milieu du terrain en avant, c’est là que je me suis mise à penser. Et après le retour à Mani-utenam, seule. Je suis retournée à la maison où j’étais hébergée, passer la nuit là et le lendemain retourner à Nutashquan. Arrivée dans ma communauté, J’étais déjà guérie.
Je me souviens aussi de la pandémie de la rougeole. On avait planté une grande tente et c’est là qu’on installait les malades sur le bord de la tente. Au milieu, il y avait des médecins qui venaient. Dans ce temps-là il n’y avait pas de maisons. Seulement des tentes. Il y en avait qui en étaient morts de la rougeole et d’autres en étaient guéris. Et la rougeole a disparue.
Il y avait une infirmière dénommée Pauline Laurin. C’était l’infirmière de la communauté. Elle rencontrait les aînés comme mon père par exemple, Michel Grégoire, Thomas Grégoire. Ils ont examiné les terrains en forêt et ont informé à Pauline Laurin. Kamatshi-atussesht qu’on les appelait.
Les aîné.es racontent ce qu’ils ont vécu dans le bois., leurs activités. Ils ont été enregistrés. Il y avait Sylvie Vincent, c’est elle qui enregistrait les aînés. Il y avait Michel Grégoire, mon père, Thomas Grégoire, Jérôme Grégoire. Même les aînées ont été enregistrées. Où sont passés les enregistrements ? Est-ce qu’elle les a gardées ou a-t-elle fait de l’argent avec (ces enregistrements) ? Je ne sais ce qu’elle en a fait. Caroline Malec était l’interprète.
Alphonse Grégoire : C’est de cette carte qu’elle parlait tantôt.
Manie Moreau : Tu vois en petits caractères en bas ?
Eddy : Oui. Viens vers la caméra, je vais filmer.
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Citation
Moreau, Mani (interviewé), Malenfant, Eddy (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Moreau, Mani (1),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/352.
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