Moreau, Mani (2)
Title
Moreau, Mani (2)
Subject
histoire innue; béothuk; habit traditionnel; danse; culture autrefois
Description
Récit de vie
Creator
Moreau, Mani (interviewé)
Malenfant, Eddy (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Mani Moreau 2 from CRC Uetshit Takuaimatishun on Vimeo.
Language
Innu
Coverage
Entretien à Matamek
Type
récit de vie | oral history
Format
vidéo
Original Format
vidéo | video
Transcription
Manie : Vois l’enfant, les enfants qui ont été tués, c’est le gouvernement qui les a tués. Cet enfant-là, c’est notre avenir, il sera un leader. Vois cet enfant vient de naître, ça ne fait pas longtemps (qu’il est au monde). C’est un Blanc, il n’est pas Innu. C’est un enfant et je le prends pour exemple. Je ne manque pas (en l’embrassant sur le front) de respect pour lui. Il ira toujours de l’avant.
Je ne me la fermerai pas, je vais toujours parler (des enfants tuées) et la fois qu’on a tiré sur les jeunes dans les rencontres politiques. Même chose pour les Innus qui ont été tués à Terre-Neuve, je vais toujours en parler. Une femme innue qui a poussé son enfant dans l’eau et on l’a tiré dessus et il s’est noyé à Terre-Neuve.
(Elle remercie l’enfant en l’embrassant et le remettre au parent)
Oui, ils iront toujours vers l’avant.
À mon âge, ça m’arrive d’oublier parfois et par la suite la mémoire me revient.
Alphonse : Elle se demande aussi pourquoi il n’y a pas de recherche où vivaient les Béothuks, il n’y a plus de Béothuk, ils ont été exterminés. Nos chefs devraient s’informer de ça à Terre-Neuve.
Eddy : Hermitage a fait des recherches à l’Université de Terre-Neuve. Mais on peut trouver des informations sur l’extermination des Béothuks.
Alphonse : Il y a un professeur à Kawawatshikamak qu’elle dit que c’était vrai et que son grand-père lui racontait, quand quelqu’un rapportait une oreille de l’indien, il recevait 100$.
Alphonse et Eddy discutent ici des Béothuks.
Manie : Mon père allait souvent à Sheshatshit. On lui demandait d’y aller par bateau avec de grosse cheminées, un gérant lui a demandé d’aller avec lui. Michel Grégoire a été demandé aussi mais lui ne voulait pas. Mon père est allé et a fait tout le bord de la rive pour se rendre jusqu’à Sheshatshit. Il dit qu’il y avait un magasin à Pepitshitat. Il dit que c’est un grand lac le Sheshatshiu. Ils l’ont traversé pour se rendre l’autre bord du lac où il y avait un magasin. Le nom de ce gérant était Uapush. J’ai vu moi ce monsieur à La Romaine, c’est un pilote d’avion. Il vient de Sheshatshit. Ils allaient souvent à Sheshatshit, quand ils montaient dans le bois, ils se rendaient à Sheshatshit. Mes grands-parents, mes arrière-grands-parents aussi.
Il y avait aussi beaucoup d’histoires, de légendes. Mon grand-père disait que la culture innue d’autrefois c’est la plus importante, c’est une force. Si vous l’utilisez, ça vous aidera énormément. Il faut montrer toute la culture innue, l’habillement, les connaissances à conserver, ce sera votre force. Il (son père) disait aussi si tous les chefs de toutes les communautés se réunissaient, ils seront très forts pour affronter le gouvernement. Quand on leur demande de se réunir, ils ont peur. Quand ils veulent rédiger une lettre, un document, oh ! on dit qu’il n’y a pas d’argent au Conseil de bande. Et c’est alors qu’il y a un découragement. Ça ne leur dit plus de continuer.
À mon âge 77 ans, quand est-ce que ça ira bien. Ça fait très longtemps que j’attend que tout aille bien. Et le Blanc, pourquoi il a de la haine envers nous ? L’Innu ne détruit rien, le territoire. C’est seulement quand il a besoin du bois pour planter sa tente, pour le sapinage. Et le Blanc c’est tout un déboisement qui fait. Il détruit partout, partout. Et où il se dit propriétaire d’un terrain, il vend ce qui s’y trouve. Pourquoi il vend le terrain, est-ce qu’il en est le maître, car il a installé une pancarte écrite en rouge et se permettant d’annoncer une vente de terrain, du bois ? Est-ce que c’est le gouvernement qui lui a donné pour en vendre ?
Marie : Il doit avoir des Blancs qui sont gentils, il y en avait un qui disait : « Pourquoi ne pas vous défendre ? » Quand nous nous défendons, alors les Blancs ça les irrite. À Kanesatake à Montréal, quand il y avait une manifestation, mon garçon était hospitalisé à l’hôpital Ste-Justine dans le mois de juillet, les Blancs nous harcelaient sans cesse. Pourquoi ils ne s’informent pas, ils devraient prendre connaissance de ce qui se passait. Moi ma proposition j’aimerais qu’il y ait de l’écoute pour comprendre ce qui se passe. Qu’il n’y ait pas de discorde, mais plutôt une entente entre Blancs et Innus.
J’aurais pu vous montrer des photos, les photos de mon papa ainsi que mon livre. Mon père n’est jamais allé à l’école. Il comprend l’anglais. Aussi, le monsieur ???, il n’est jamais allé à l’école et il comprend le français. Moi je ne parle pas beaucoup le français, juste un petit peu. Je suis allée au pensionnat et avec une autre fille, on était attaché comme ça (geste, mains en arrière du dos). Mon père a entendu parler de ça et il n’a pas voulu que j’y retourne. En n’allant plus à l’école, j’ai perdu (un peu de l’instruction que j’avais acquérir). Je recevais 10$ pour travailler et pour mon voyage de Natashquan.
Marie : Non, il y avait une patinoire tout près du pensionnat.
Faisons des recherches où ton père était à Sheshatshit. » Où il était, où il est allé, lui ai-je dit. Je regrette beaucoup de l’habillement traditionnel d’autrefois, nos mamans, nos grand-mamans (montrant ses vêtements traditionnels). Aujourd’hui, on porte des pantalons, on nous disait de nous habiller avec des vêtements traditionnels. On se mettait à terre pour manger (geste). On mettait un morceau de toile comme nappe. Il y a une table à côté, non, j’aimerais mieux manger par terre. Maintenant je ne peux plus m’asseoir comme ça, vu mon âge. Je commence à oublier ce que nos aîné.es nous avait dit. Vous allez voir ce que c’est que la vieillesse, nous a-t-on dit. (Aujourd’hui) nous voyons tout ce que nos grands-parents nous ont dit. Voyez, je ne peux m’asseoir comme ça, car j’ai mal aux jambes. Alphonse lui dit : « Danse maintenant hahaha. Alphonse lui chante un chant de tambour et elle se met à danser).
Marie de continuer : Tous les soirs on dansait. Nos aîné.es qui n’y sont plus maintenant. Il y avait une grande maison, on est allé à pied avec nos (sorte de lampe de poche), on allait danser. Ma mère y allait aussi. C’était vraiment agréable ! Il y avait des enfants et ils n’étaient pas tannants. Les aînés avaient des activités comme le base-ball. Les femmes aussi. Il n’y avait jamais de chicane. Quand une équipe perdait, pas de déception. Tous les soirs, il y avait une danse. Il y avait comme un jeu dans une danse, (je ne sais comment dire) : une personne prenait la place d’une autre pour continuer de danser avec la femme. La danse se terminait de bonne heure, vers minuit environ. Je regrette (de ce temps-là). Quand je regarde (par la fenêtre, je pense (à tout ça).
Je vois un oiseau mort. Peut-être qu’ils sont tous morts. Peut-être qu’il n’y en a plus. Le poisson aussi. Le gouvernement qui dit : « Le saumon est malade. Le caribou est malade » Je ne crois pas à ça moi. Ils le piquent. Vois le bœuf y est vacciné, c’est pourquoi on peut le manger. Ils font la même chose pour le caribou et ils l’examinent. Il y a aussi le poulet, la pizza, la poutine, c’est de tout ça que l’on mange. C’est de tout ça que nos enfants mangent, la poutine, la pizza, mais ne mangent pas de la nourriture de bois comme le castor…
Il y avait une femme très forte, vois l’épaule du castor, elle peut le casser. Mon père m’avait demandé une fois de le casser, non je n’avais pas réussi. J’ai raconté cela à un jeune homme qu’autrefois, il y avait une femme qui pouvait casser le bras (ou l’épaule) du castor. Et le jeune de me dire : « Elle est là (nous étions à Schefferville pour le matutishan), je ne la connais pas.
Notre culture d’autrefois est d’une grande importante, il aurait fallu la conserver, une culture qui nous aurait aidés dans notre cheminement. Et nous, je veux dire, nos enfants ne s’en soucient guère. Y aurait fallu qu’on la pratique tout le temps.
Je ne me la fermerai pas, je vais toujours parler (des enfants tuées) et la fois qu’on a tiré sur les jeunes dans les rencontres politiques. Même chose pour les Innus qui ont été tués à Terre-Neuve, je vais toujours en parler. Une femme innue qui a poussé son enfant dans l’eau et on l’a tiré dessus et il s’est noyé à Terre-Neuve.
(Elle remercie l’enfant en l’embrassant et le remettre au parent)
Oui, ils iront toujours vers l’avant.
À mon âge, ça m’arrive d’oublier parfois et par la suite la mémoire me revient.
Alphonse : Elle se demande aussi pourquoi il n’y a pas de recherche où vivaient les Béothuks, il n’y a plus de Béothuk, ils ont été exterminés. Nos chefs devraient s’informer de ça à Terre-Neuve.
Eddy : Hermitage a fait des recherches à l’Université de Terre-Neuve. Mais on peut trouver des informations sur l’extermination des Béothuks.
Alphonse : Il y a un professeur à Kawawatshikamak qu’elle dit que c’était vrai et que son grand-père lui racontait, quand quelqu’un rapportait une oreille de l’indien, il recevait 100$.
Alphonse et Eddy discutent ici des Béothuks.
Manie : Mon père allait souvent à Sheshatshit. On lui demandait d’y aller par bateau avec de grosse cheminées, un gérant lui a demandé d’aller avec lui. Michel Grégoire a été demandé aussi mais lui ne voulait pas. Mon père est allé et a fait tout le bord de la rive pour se rendre jusqu’à Sheshatshit. Il dit qu’il y avait un magasin à Pepitshitat. Il dit que c’est un grand lac le Sheshatshiu. Ils l’ont traversé pour se rendre l’autre bord du lac où il y avait un magasin. Le nom de ce gérant était Uapush. J’ai vu moi ce monsieur à La Romaine, c’est un pilote d’avion. Il vient de Sheshatshit. Ils allaient souvent à Sheshatshit, quand ils montaient dans le bois, ils se rendaient à Sheshatshit. Mes grands-parents, mes arrière-grands-parents aussi.
Il y avait aussi beaucoup d’histoires, de légendes. Mon grand-père disait que la culture innue d’autrefois c’est la plus importante, c’est une force. Si vous l’utilisez, ça vous aidera énormément. Il faut montrer toute la culture innue, l’habillement, les connaissances à conserver, ce sera votre force. Il (son père) disait aussi si tous les chefs de toutes les communautés se réunissaient, ils seront très forts pour affronter le gouvernement. Quand on leur demande de se réunir, ils ont peur. Quand ils veulent rédiger une lettre, un document, oh ! on dit qu’il n’y a pas d’argent au Conseil de bande. Et c’est alors qu’il y a un découragement. Ça ne leur dit plus de continuer.
À mon âge 77 ans, quand est-ce que ça ira bien. Ça fait très longtemps que j’attend que tout aille bien. Et le Blanc, pourquoi il a de la haine envers nous ? L’Innu ne détruit rien, le territoire. C’est seulement quand il a besoin du bois pour planter sa tente, pour le sapinage. Et le Blanc c’est tout un déboisement qui fait. Il détruit partout, partout. Et où il se dit propriétaire d’un terrain, il vend ce qui s’y trouve. Pourquoi il vend le terrain, est-ce qu’il en est le maître, car il a installé une pancarte écrite en rouge et se permettant d’annoncer une vente de terrain, du bois ? Est-ce que c’est le gouvernement qui lui a donné pour en vendre ?
Marie : Il doit avoir des Blancs qui sont gentils, il y en avait un qui disait : « Pourquoi ne pas vous défendre ? » Quand nous nous défendons, alors les Blancs ça les irrite. À Kanesatake à Montréal, quand il y avait une manifestation, mon garçon était hospitalisé à l’hôpital Ste-Justine dans le mois de juillet, les Blancs nous harcelaient sans cesse. Pourquoi ils ne s’informent pas, ils devraient prendre connaissance de ce qui se passait. Moi ma proposition j’aimerais qu’il y ait de l’écoute pour comprendre ce qui se passe. Qu’il n’y ait pas de discorde, mais plutôt une entente entre Blancs et Innus.
J’aurais pu vous montrer des photos, les photos de mon papa ainsi que mon livre. Mon père n’est jamais allé à l’école. Il comprend l’anglais. Aussi, le monsieur ???, il n’est jamais allé à l’école et il comprend le français. Moi je ne parle pas beaucoup le français, juste un petit peu. Je suis allée au pensionnat et avec une autre fille, on était attaché comme ça (geste, mains en arrière du dos). Mon père a entendu parler de ça et il n’a pas voulu que j’y retourne. En n’allant plus à l’école, j’ai perdu (un peu de l’instruction que j’avais acquérir). Je recevais 10$ pour travailler et pour mon voyage de Natashquan.
Marie : Non, il y avait une patinoire tout près du pensionnat.
Faisons des recherches où ton père était à Sheshatshit. » Où il était, où il est allé, lui ai-je dit. Je regrette beaucoup de l’habillement traditionnel d’autrefois, nos mamans, nos grand-mamans (montrant ses vêtements traditionnels). Aujourd’hui, on porte des pantalons, on nous disait de nous habiller avec des vêtements traditionnels. On se mettait à terre pour manger (geste). On mettait un morceau de toile comme nappe. Il y a une table à côté, non, j’aimerais mieux manger par terre. Maintenant je ne peux plus m’asseoir comme ça, vu mon âge. Je commence à oublier ce que nos aîné.es nous avait dit. Vous allez voir ce que c’est que la vieillesse, nous a-t-on dit. (Aujourd’hui) nous voyons tout ce que nos grands-parents nous ont dit. Voyez, je ne peux m’asseoir comme ça, car j’ai mal aux jambes. Alphonse lui dit : « Danse maintenant hahaha. Alphonse lui chante un chant de tambour et elle se met à danser).
Marie de continuer : Tous les soirs on dansait. Nos aîné.es qui n’y sont plus maintenant. Il y avait une grande maison, on est allé à pied avec nos (sorte de lampe de poche), on allait danser. Ma mère y allait aussi. C’était vraiment agréable ! Il y avait des enfants et ils n’étaient pas tannants. Les aînés avaient des activités comme le base-ball. Les femmes aussi. Il n’y avait jamais de chicane. Quand une équipe perdait, pas de déception. Tous les soirs, il y avait une danse. Il y avait comme un jeu dans une danse, (je ne sais comment dire) : une personne prenait la place d’une autre pour continuer de danser avec la femme. La danse se terminait de bonne heure, vers minuit environ. Je regrette (de ce temps-là). Quand je regarde (par la fenêtre, je pense (à tout ça).
Je vois un oiseau mort. Peut-être qu’ils sont tous morts. Peut-être qu’il n’y en a plus. Le poisson aussi. Le gouvernement qui dit : « Le saumon est malade. Le caribou est malade » Je ne crois pas à ça moi. Ils le piquent. Vois le bœuf y est vacciné, c’est pourquoi on peut le manger. Ils font la même chose pour le caribou et ils l’examinent. Il y a aussi le poulet, la pizza, la poutine, c’est de tout ça que l’on mange. C’est de tout ça que nos enfants mangent, la poutine, la pizza, mais ne mangent pas de la nourriture de bois comme le castor…
Il y avait une femme très forte, vois l’épaule du castor, elle peut le casser. Mon père m’avait demandé une fois de le casser, non je n’avais pas réussi. J’ai raconté cela à un jeune homme qu’autrefois, il y avait une femme qui pouvait casser le bras (ou l’épaule) du castor. Et le jeune de me dire : « Elle est là (nous étions à Schefferville pour le matutishan), je ne la connais pas.
Notre culture d’autrefois est d’une grande importante, il aurait fallu la conserver, une culture qui nous aurait aidés dans notre cheminement. Et nous, je veux dire, nos enfants ne s’en soucient guère. Y aurait fallu qu’on la pratique tout le temps.
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Citation
Moreau, Mani (interviewé), Malenfant, Eddy (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Moreau, Mani (2),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/353.
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