Roani chez les Innus

Title

Roani chez les Innus

Subject

Raoni; Mani utenam: innu nikamu; kayapos; Uanamen-shipu; Pakut-shipu; Ekuanitshit; Amazonie

Description

Présentation du légendaire chef Raoni, en visite chez les Innus de la Côte-Nord du Québec en août 2001. Ce petit groupe visite les communautés de Mani-utenam, de Unaman-shipu, de Pakut-shipu et d’Ekuanitshit. Raoni en profite pour poser un regard critique sur les rapports avec les gouvernements aussi bien du Brésil que du Canada.

Creator

Production Manitu inc.

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2002

Rights

Production Manitu inc.

Relation


Raoni version française

Raoni version anglaise

Language

Français

Type

vidéo | video

Format

mp4 23min.42 sec.

Original Format

vidéo | video

Transcription

english version follow

Narration - C’est pour voir cette forêt et ces rivières que les chefs de Unaman-shipu, Pakut-shipi et Ekuanitshit ont invité, à l’été 2001, une personnalité mondiale. Ils ont invité Raoni, le célèbre chef de la nation kayapos, une nation de 8 000 âmes, qui a fait sa renommée en luttant pour protéger l’environnement et les droits de son peuple.
Jean-Charles Pietacho - Vous avez devant vous une légende. Raoni, c’est une légende pour le combat qu’il a mené auprès du gouvernement du Brésil pour que sa nation soit reconnue. Et je pense qu’il a réalisé beaucoup de choses. Vous vivez une journée mémorable. N’oubliez jamais cette journée en présence du chef Raoni.
Narration - Raoni a forcé le gouvernement brésilien à délimiter 180 000 km2 de territoire indien. C’est presque l’étendue des revendications territoriales des Innus. Dans ce territoire, les Kayapos ne veulent pas de barrage hydroélectrique, ni d’exploitation minière ou forestière et personne ne peut entrer dans ces terres sans la permission des Kayapos. Dans sa campagne pour protéger l’environnement, Raoni a trouvé des alliés de taille comme le président français, Jacques Chirac, le rocker britannique Sting, avec qui il a fait une tournée mondiale. Un film, narré par l’acteur Marlon Brando, montre la longue et difficile lutte des Kayapos.
En un mot, Raoni est un héro reconnu sur les 5 continents. Pas si mal… pour quelqu'un qui selon la légende n'aurait connu l'existence du monde extérieur à la forêt amazonienne que dans les années 1960. L'idée, c'est que Raoni constate l'état du territoire et qu'il fasse profiter les chefs innu de son expérience. Ce qui ne pourra que les aider dans les négociations avec les gouvernements canadien et québécois. En même temps, le passage du vieux guerrier kayapos permettra de sensibiliser les blancs sur les dangers d'un développement accéléré compte tenu des méga projets hydroélectriques, forestiers et miniers en perspective.
Narration - Pour Raoni, Patni, Takrakudja et Tedje, la danse et les chants sont très importants, comme l’incontournable festival Innu Nikamu l’est pour les Innus. Quoi de mieux pour montrer aux Innus comment on se maquille en Amazonie quand on veut manifester sa joie de rencontrer d’autres Indiens. Si pour le corps on a besoin d’aide, on s’acquitte soi-même de la tâche pour le visage, comme le veut la tradition.
Le botoque, ce petit plateau en bois de balsa que Raoni porte à l’intérieur de sa lèvre inférieure. Cette caractéristique des Kayapos, symbole d’une preuve de courage, est destinée à effrayer les ennemis.
Narration - Les Kayapos sont étonnés par le nombre de lacs et de rivières sur le Nitassinan. Les Innus, tout comme les Kayapos, utilisent les avions de brousse pour se déplacer aujourd’hui dans leur vaste territoire, encore non délimité. Les Innus ont laissé des traces, des camps et enterré leurs ancêtres dans ce territoire qu’ils connaissent bien. Presque chaque coin de Nitassinan a son nom en innu écrit au long de 10 000 ans. Reste qu’à le regarder de si haut, comme s’ils étaient des aigles, nos visiteurs finissent par trouver que cet ensemble de lacs, de marécages, de forêts et de rivières leur fait penser un peu à leur propre territoire de chasse. Mais au lieu du caribou, des ours, des castors ou des truites, ils ont des jaguars, des tapirs et des piranhas.
Unaman-shipu, connu aussi comme La Romaine, cette communauté qui dans les années cinquante vivait dans des tentes et en forêt, trouve beaucoup d’affinités avec les Kayapos. Dans ces années-là, les Innus comme les Kayapos n’avaient pas d’école, ni médecin. Ils dépendaient entièrement de leur connaissance du territoire; sa faune, sa flore et ses esprits. Pour les trois chefs Kayapos, le fait que les discussions se fassent devant les ainés est de bonne augure. On explique à Raoni que c'est ici que naissent les Innus, qu'ils pêchent, qu'ils chassent et qu'ils y sont enterrés. Cette terre est maintenant la propriété des Blancs. Voilà une prétention que les Kayapos connaissent bien au Brésil.
Narrateur - Je suis inquiet, déclare Raoni. Au Brésil, c’est ce qu’ils ont essayé de faire : nous donner des petits bouts de terre et diviser nos territoires et je n'ai pas accepté ça. On a répété aux politiciens qu’on avait besoin de nos terres, qu’on avait besoin d’aller loin pour chasser nos animaux, que c’était de ça que dépendait notre survie. Avec le temps, ils ont compris. Les Blancs ont une vision différente de la nôtre et nous devons défendre le territoire pour nos enfants. Les armes et les paroles servent aux Kayapos pour protéger leur territoire actuellement. Quand des clandestins entrent en territoire kayapos pour couper des arbres, faire la pêche ou chercher de l’or, Raoni envoie des guerriers pour arrêter les fautifs, saisir leurs équipements et les expulser. Cette pleine juridiction de fait, les Kayapos l’exercent et le gouvernement n’a pas de choix que de l’accepter.
Narration - En 1977, le gouvernement décidait de reloger les Innus de l’autre côté de la rivière Saint-Augustin. Il a bâti des maisons, sans toutefois construire d’école sur place. Il a plutôt rénové celle de l’ancien village, ce qui obligeait les écoliers à traverser en motoneige l’hiver et en canot l’été. Ce qui était très dangereux. Il fallut bien des réclamations pour que finalement une nouvelle école soit construite du bon bord. Ici comme ailleurs, les Innus racontent aux Kayapos l’avidité d’Hydro-Québec qui a construit le barrage sur le Lac Robertson. Les terres inondées et les arbres morts qui flottent constituent une vue qui rend tristes et en colère les Kayapos.
Chef Guy Bellefleur - Les Innus se sont battus, ils ont dénoncé à travers les médias. Moi je suis allé devant les tribunaux pour essayer d’arrêter ce projet-là, sur la base des règlements du Québec. Hydro-Québec n’a pas respecté ces règlements. Les gens ont manifesté et Hydro-Québec a demandé une injonction pour tasser les Innus. Les Innus se sont tassés, il n’y a pas eu de confrontation physique de la part des Innus et ils n’ont rien retiré en retombées économiques dans ce projet.
Narration - Après des milliers de kilomètres de voyages, les Innus font une visite remarquable tant par le site que par les hôtes, au lac Brûlé, le territoire traditionnel de l’aîné Philippe Pietacho, ancien chef d’Ekuanitshit.
Raoni est impressionné par la beauté des lieux. Guérisseur et leader spirituel, Raoni s’intéresse à la médecine traditionnelle innue et il se fait expliquer comment soigner les maux de gorge.
Les Kayapos quittent le territoire des Pietacho, inquiets d’apprendre que ce territoire pourrait bientôt être inondé par les aménagements hydroélectriques. Ils sont contents de savoir la détermination des Pietacho pour se battre pour ce territoire et ils offrent de revenir pour se battre avec eux s’il le faut.
Puis ils se mettre en route pour Ekuanitshit… Raoni et les autres chefs sont venus au Canada pour rencontrer les Innus et chercher de l’aide pour l’Institut Raoni, un vaste complexe socioculturel et environnemental incluant la médecine traditionnelle qui devrait s’ouvrir en 2005. A Ekuanitshit comme ailleurs, les droits ancestraux sont contestés. Les Blancs accusent les Innus de gaspiller la ressource de la rivière Romaine et le gouvernement s’en lave les mains. Il faut faire valoir ses droits disent les visiteurs kayapos. Prenez l'institut Raoni. À son âge (autour de 80 ans) Raoni travaille depuis 1993 pour le mettre en place. Aujourd’hui, le gouvernement brésilien en est partenaire, malgré ses politiques de déforestation.
Le dispensaire d’Ekuanitshit fait rêver Raoni, qui aimerait l’avoir chez lui. L’utilisation des plantes médicinales et de la médecine occidentale fait partie du projet pour l’Institut Raoni. Pour avoir le contrôle sur la santé, l’éducation et les ressources naturelles, il faut comprendre la façon des Blancs, écrire des documents et les faire connaître. Raoni demande de rencontrer le chef des Blancs, le Premier ministre, et d’exiger le respect des Innus. Il se dit prêt d’aider dans la lutte contre les vols à basse altitude sur le Nitassinan.
Félix Atencio Gonzales - Moi je lutte depuis très longtemps. Les Blancs se fâchent contre les Indiens. Moi, je veux vivre comme Indien. Alors les Blancs n’aiment pas et se fâchent. Moi aussi, je me fâche et moi je parle fort, c’est pour cela que les Blancs ont peur de moi.
Je suis vraiment content d’être venu ici, de vous connaître et de vous rendre visite.
Narration - Puis, comme le veut la coutume, les Innus présentent quelques témoignages bien sentis de leur appréciation avec des cadeaux aussi utilitaires que symboliques.
Au terme de ces rencontres, les chefs innus et kayapos se sont entendus sur une déclaration commune : « Les chefs kayapos donnent leur appui aux efforts des Innus pour la préservation du Nitassinan ainsi que de ses ressources. Les barrages hydroélectriques, les opérations minières, les vols à basse altitude, le désenclavement de nos territoires par la création de routes, la déforestation en cours et les intentions avouées par les gouvernements pour la mise en chantier de projets similaires, voire même la commercialisation de l'eau, nous inquiètent. Ces projets ont des effets sur l'écosystème, la faune et les activités traditionnelles. »


Narrator - In August 2001, a world known celebrity was invited by the chiefs of Unaman-shipu, Pakut-shipi, and Ekuanitshit to come and visit Nitassinan’s forest and rivers. It was Raoni, Chief of the 8,000 Kayapos Indians, who made international headlines fighting for environment issues in the rain forest, while struggling for aboriginal rights, as well.
Jean-Charles Pietacho - What we’ve got here, is a legend, Raoni is a legend for the fight he held against Brazil government and for the fact he was successful in many ways. Make sure you’ll always remember the day with Chief Raoni!
Narrator - Raoni’s greatest victory was having Brazil concede the Kayapo Nation ownership of over 180,000 square kilometers of rain forest land, which was more he could expect, since then the Kayapos have ruled out dams, mines, timber activities, and no trespassers are allowed on this territory, about as large as the Innus traditional land claim. Raoni, whose face can be seen on books, websites, T-shirts, and posters, met with statesmens like President Jacques Chirac of France, campaigned around the world with rock star Sting, and inspired a movie whose narrator was Marlon Brando.
In one word, Raoni is a living hero, recognized on all five continents, not so bad for someone who, as the story goes, only met the world outside the rain forest in the ‘60’s.
The idea is to have Raoni know the state of the territory, and give some advice to the Innu chiefs, which, of course, could be helpful in the ongoing negotiation with the governments of Canada and Quebec.
Raoni’s visit would also help everyone, white people included, to review the absolute necessity of hydroelectric, forest, mining and other huge natural resource projects.
Narrator - Raoni, Patni, Takrakudja, and Tedje believe in traditional dancing and singing, and they’re more than happy to participate in Innu Nikamu. Why not take advantage of this popular musical festival to show the Innus how the Kayapos would paint their bodies as a sign of joy upon meeting other Indians.
There’s an aspect of Raoni which amazes everyone, an aspect which helped forging his international celebrity, it’s of course his botoque, a balsamic-like platter that the Kayapo leader wears inside his lower lip. In the Amazon a botoque is a proof of courage, targeted to scare off the enemies.
Narrator - Kayapos visitors are impressed indeed by the quantity of lakes and rivers in Nitassinan, just like the Innus, they use bush airplanes to roam around their territory, but it hasn’t always been so. For more than 10,000 years the Innus have walked this land which is now being challenged by the governments. They left traces all over, and they used it as a burial ground, as a result, each little part of Nitassinan has been granted an Innu name. But to gaze at it from so high, as if they’d be eagles, the Kayapo visitors come to believe these lakes, swamps, forest, and rivers are somehow similar to their own hunting grounds, except for a few details, instead of caribous, bears, beavers, and trouts, they have jaguars, tapers, turtles, and piranhas.
Unaman-shipu, known also as La Romaine, this community, which in the ‘50’s lived outdoor in tents, think quite much of the Kayapos. In those years both Nations had no school, no priest, no doctor, they relied basically on their knowledge of the land, the animals, the vegetation, and the spirits.
Looking at those gone, witnesses of yesteryears, silent seniors whose images hang on the walls of Uanamen Shipu’s Tribal Council, the Kayapos are convinced their meeting with the Innus will benefit from helpful inspiration.
Raoni’s presented with Nitassinan, the land where all the Innus are born, where they fish, where they hunt, where they’re buried, but the governments are convinced Nitassinan belongs to the total population of Canada, which includes the Innus. Such an assertion rings a bell to the Kayapo Chief, who dealt with it in the old days.
Chief Guy Bellefleur - In each big river in this area, there’s a hydroelectric dam project. And this energy will be sell to United States. We are looking for equity and respect for everybody. Our challenge is to live in harmony with both ways of life. It’s how we can guarantee a future to our kids. Remember, these kids will always be Innus and they’ll need the land to live.
Narrator - “I’m worried,” says Raoni, “in Brazil, that’s what they tried to do, giving the Indians small chunks of land, and dividing their hunting territories. I didn’t share this point of view, we kept telling the politics, our land enabled us to reach far out to hunt our animals, a right which was fundamental in the pursuit of our way of life. They finally understood. White people do not see things as we do, it’s our job to make sure they understand our land is essential to us for survival with our children.”
Raoni seems to be thinking that such a tool could have been useful during his negotiations with the Brazilian bureaucrats.
When perpetrators enter the Kayapo territory to get some timber, to fish, or to dig for gold, Raoni sends a squad of warriors after them. They are arrested, their equipment is seized, and they are expelled. The Kayapo legally run their land the way they want, and there’s nothing the Brazilian government can do about it.
Pakua-shipu.
Narrator - In 1977, the bureaucrats decided to relocate Pakua-shipu Innus on the other side of St. Augustine River, they built houses but failed to build a school, instead they renovated the old one on the other bank, as a result school children had to cross in a motorized sleigh during winter or in a canoe during summer, which was somehow dangerous. After a long string of claims, a new school was finally built on the right bank of the river. But as we know, the school location was only one of the problems, the worst being Lake Robinson’s hydroelectric dam.
Chief Guy Bellefleur - The Innus have fought: they have blasted the issue in the medias. Personally, I went to Court trying to stop this project. Calling upon official by-laws the Government wouldn’t even respect. Since the Innus were demonstrating, Hydro-Québec called for an injunction to muzzle them and it worked. The Innus remained quiet and refrained from any “physical affirmation”. As a result, the project left them totally empty-handed.
Narrator - Traveling so far north, the Kayapos would be ill-advised not to stop and really enjoy Lac Brulet’s hunting and fishing facilities, where they can meet with former chief of Ekuanitshit Pinip Pietacho.
A respected shamanistic healer, Raoni shows lots of interest for the Innus traditional medicine, and Pinip Pietacho shows him how to heal a sore throat.
The Kayapos are concerned with what they’ve learned, this unique territory could soon be drawn by some huge hydroelectric project, they immediately offer their help and support to the Innus, or we’ll have to fight until everything is stopped. And then they board for their last stage in Nitassinan: Ekuanitshit. It’s not the last stage of their overall saga, though, they have yet to see many friends before getting back to their rain forest. One of the reasons for such a long trip, a voyage across many continents, and over a few months is to gather funds for the Raoni Institute, a huge multi-function complex, including traditional medicine facilities, scheduled to start its operation in 2005.
Here, in Ekuanitshit ancestral rights are challenged, for instance, white people are accusing the local Innus to waste La Romaine’s River resources, of course the government refuses to get involved.
“Reaffirm your rights,” answer the Amazonian visitors. “Look at the Raoni Institute. For the past eight years the Kayapos have done their best fighting for it. Today, the Brazilian government is a partner, in spite of many Kayapos issues with the local industrial sector, and with many lumberjack threats.”
Raoni is quite impressed with Ekuanitshit’s pharmacy. The use of medicinal plants, in conjunction with occidental medicine is part of his institute project.
“In order to control health, education, and natural resources, we need to understand how the white people do their things, we need to prepare documents and publicize them. Let me meet with the white chief, the Prime Minister,” says Raoni, “I’ll demand that the Innus be respected, and I’ll discuss the low altitude flying issue.”
Félix Atencio Gonzales - In Brazil, I know the White people. They’ll want to mislead you. They’re liars! I’ve been fighting quite awhile. If the White people resent it, they particularly dislike the fact I want to live as an Indian. So they try to show some temper. But it start yelling a them. It’s how they get scared away.
I’m very excited to be here to get acquainted to you to visit your people.
Narrator - And, as written in the Antique Book of Innu traditions, gifts straight from the heart are given to Raoni and the Kayapo visitors.
Before adjourning, the chiefs agreed on the following statement: "The Kayapo chiefs have given the Innu Nation full support in their preservation efforts of Nitassinan and its resources. They have expressed their concern with hydroelectric dams, mining operations, low altitude NATO flying, traditional territory slashing by the constructions of roads, ongoing deforestation projects and known governmental agendas on similar projects, including commercialization of water. There projects have influence on the ecosystem, the animals and the traditional activities."

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roanichezlesinnus2.jpg

Citation

Production Manitu inc., “Roani chez les Innus,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed September 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/94.

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