Mckenzie, Tapi (3)
Title
Mckenzie, Tapi (3)
Subject
territoire familial; pensionnat avant; pensionnat; pensionnat après; pardon; tambour; souvenirs
Description
Histoire innue, récit de vie
Creator
Mckenzie, Tapi (interviewé)
St-Onge, Evelyne (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2015
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Innu
Coverage
Entretien au site Mushau nipi
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 21 min 44 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Je me nomme Tabi, mon père est Napesh, Tabi Napesh, on m’a raconté déjà ou j’ai entendu des histoires de rencontres ici, des retrouvailles, j’aimais écouter les différentes histoires.
Et maintenant, je suis heureux de voir cet endroit, ces emplacements de tentes, ces vestiges des anciens innus, nos ancêtres. Eux aussi y étaient…
Mon grand père Bastien, mon père, mes oncles, lorsqu’ils racontaient ces histoires, je ne portais pas attention, car je consommais. Dans le temps ou moi je buvais, je ne montais pas à l’intérieur des terres.
Et je suis présent là maintenant et j’en suis fier.
Mais je me souviens quand on était jeunes avec mon grand-père Willie, dans notre territoire que l’on nommait « Etetautshikamat ». Mon grand-père Bastien lui avait un magasin de fourrure là ou est actuellement construit mon camp. C’est mon père qui m’a dit de le construire à cet endroit.
J’y vais mais pas assez souvent parce que je garde ma mère, elle est âgée maintenant.
Quand j’ai commencé à aller à mon campement j’ai beaucoup aimé.
Je ne peux pas dire que je suis un grand chasseur. Tout ce que mon père ma appris est de poser des pièges, enlever la peau de la martre et la faire sécher sur les moules.
Il parlait (aux animaux) et les remerciaient de lui avoir donné leurs vies, il remerciait également les poissons pris. J’avais peut être 4 ans, j’étais l’enfant qui voulait suivre son père. Quand je voulais le suivre, mon père me disait non. Non parce que ces pièges étaient posés loin à la pointe du lac ou il y avait notre campement. Ma mère me disait ‘’ j’entend ton père s’en venir à cause du bruit de ses raquettes sur la neiges ‘’ Moi j’avais déjà mes raquettes, mon grand-père les avait fabriqué. J’en étais très fier, je pouvais enfin aller à la chasse avec mon père. À la pointe du lac, il y avait un loup prit au piège, Il m’a dit de me mettre à coté mais pas trop prêt. Il m’a dit de l’écouter et il remercia le loup, je te remercie mon frère dit-il, de me donner ta vie, le loup ne bougeais pas car il était pris par une de ses pattes avant, moi je pensais que c’était un petit chien. J’étais jeune mais je me souviens, il tira un coup de feu dans la tête, mon père parlait à l’animal tout en le remerciant, je suis très fier de me souvenir de ce moment. Quand les chasseurs partaient à la chasse, mon grand-père et mes oncles étaient là avec eux. Le soir en revenant de la chasse, ils avaient tué un caribou. Je peux dire que l’on n’a jamais manqué de nourriture. On mangeait toujours de la nourriture de bois, mes cousins et ma famille. Lorsque que j’ai eu 6 ans, ma sœur est entrée la première au pensionnat et je me demandais pourquoi elle ne venait plus dans le bois, j’avais un frère plus jeune, Réal. La première qui est entré au pensionnat, c’est ma sœur en 1959. Elle n’était plus là quand nous montions dans le bois. Je m’ennuyais de ma sœur. Moi, je suis entré au pensionnat en 1960. Durant tout l’été, on essaya de m’avertir que j’allais entré au pensionnat. Dans mon cœur, j’avais peur. Comme à toute les fin du mois d’aout, il y avait une kermesse et tout de suite après en septembre c’était le pensionnat. C’est là qu’on a essayé de m’avertir mais ils n’étaient pas capables de me le dire. Ils avaient de la peine de m’annoncer ça. Je faisais semblant de rien entendre, de rien comprendre et je leur demandais ‘’ on vas-tu dans le bois ? ‘’. J’agissais comme un enfant et puis ils m’ont dit que j’allais être gardé au pensionnat. Je leur ai demandé pourquoi. Evidemment je pleurais, tu va aimé, ça va être agréable on va prendre soin de toi là-bas qu’il me dissent, il y a beaucoup de prêtres, de frères, des religieuses qui vont bien prendre soin de toi. Tu vas manger trois fois par jour, on va t’habiller. Je pensais déjà qu’on mangeait bien dans le bois. Quand un père parle à ses enfants, on ne pouvait pas répliquer. Je hochais la tête mais mon cœur disait non. A l’âge de 4 ans un enfant a déjà de l’intuition, il le sent et ne le perd pas. L’enfant qui a grandit avec les chasseurs, pense avec intuition. C’est de cette façon que je comprenais. C’est comme si il y avait personne d’autre que nous, on était tous seul. Les filles aussi pensaient de cette manière.
Les grand parents on due être très heureux de poser leur tente ici car il y avait beaucoup d’anciens emplacements de tentes, de foyers. Regarde comment les enfants jouent, le caribou qui venait à côté, j’aime beaucoup entendre leurs histoires, c’est à l’âge de 6 ans que je me suis perdu, parce qu’on m’avait dit qu’on allait bien me traiter. Je ne veux pas faire mon misérable mais je pense à l’enfant qui a été maltraité. Quand les parents venaient nous rendre visite, ils étaient aimables avec nous, parents et enfants. Ils m’empoignaient le cou quand on me rendait visite, quand il serrait un peu, c'était pour me faire comprendre de ne pas parler, de ne rien leur dire, on voulait m’avertir de ne pas les dénoncer. Je ne comprenais pas moi. L’enfant intérieur se fâche et n’écoute plus les parents car on le maltraite. Mes parents me disaient que ça devait être de ma faute. A un moment donné, mes frères étaient eux aussi présent au pensionnat. Ma sœur est du coté des filles et je ne peux plus lui parler, on ne pouvait plus être ensemble comme dans une vraie famille. Moi, j’étais chez les grands, mes petits frères chez les moyens et ma sœur chez les filles. Il n’y a jamais eu de communication entre les groupes, c’était comme si on ne se connaissait pas. Durant l’été, j’allais encore dans le bois avec mon grand-père au 137 et adolescent 14 15 ans, je buvais déjà, j’étais déjà en colère. Je ne comprenais pas ce que le frère m’avais fait subir pendant plusieurs années, jusqu'à l’âge de 39 ans où je me suis pris en main. Dans la communauté de Wemontachi, on a fait une tente à suer avec mon frère Réal et Marie-jeanne. C’est là que je l’ai sentit Le Créateur, Cris au Créateur m’on t’il-dit, la drogue me dérangeais, l’alcool me dérangeais. J’ai intégré lentement ces croyances dans ma vie. Il n’y a rien que je peux dire contre la prière, ça appartient à chaque personne.
Le temps que j’ai rester au pensionnat, je l’ai donner au Créateur parce que j’étais plus capable de le porter. A plusieurs reprises, la peine, la colère sont revenu. J’ai manqué tué mes parents, c’était quoi, je ne comprenais pas. Quand j’arrêtais de boire j’avais de la peine et en même temps je buvais pour oublier.
En 1994, à la rencontre des ainés, mon père était là. Le vendredi, ils descendent de Shefferville et toutes mes pensées se mettent à bouillonner, il faut je demande le pardon à mon père. A son arrivée, je l’accompagne en ville pendant 4 jours en me demandant intérieurement qu’est-ce que je peux faire, mon cœur bat vite. Finalement, je suis aller le voir, je lui ai dit ‘’mon père je te demande pardon et te demande d’enlever, d’effacer tout ce que je t’ai fait. ‘’ Il dit oui mon garçon, je me mets à genoux et fait un signe de croix. Je venais tout juste de faire la tente à suer et en me levant je me suis senti très léger. Mon père me répond la journée ou ça c’est passé, en te retournant je t’avais déjà pardonner. Et moi ça faisait 22 ans que je transportais ce fardeau sans savoir qu’est-ce que c’étais. La ‘’prière’’ je la connait pas même si je fait beaucoup de signe de croix, même la confession. Il fallait que je racontes ma vie d’avant. Tout ce que j’ai fait en arrière et tout ce qu’on m’a fait, ce que j’ai fait aux autres. C’est pas difficile pour les mauvaises choses qu’on ma fait, c’est plus difficile pour les choses que j’ai faite. Aujourd’hui, on fait des choses ensembles, on se rencontre, on voyage. Je remercie le Créateur des belles choses qu’il a mit dans ma vie. La beauté de la place où on est, les actions que l’on fait, ‘’ regarde la personne qui fait du pain ‘’ je pense a tout ça, c'est beau. Aujourd’hui il y a peu de chose qui me mette en colère. Toutes les choses qu’on ma faite au pensionnat c’est ça qui me mettait en colère, d’haïr mes semblables et des gens de d’autres races, du racisme. C'est choses là n’ont plus de place dans ma vie. Je me soigne tout le temps intérieurement. Je ne suis pas plus haut que d’autres là où je suis. Présentement, je pense à mon père et à Joseph André (Napessiss). Napessiss joue du tambour, je l’ai vue dans un film. Maintenant je revois encore la fois où il jouait du tambour, c’est la paix et je suis très content d’être venue ici. Si un jour, je peux amener mes petits enfants ici et ma fille, je ne peux pas leur enseigner la vie dans le bois ou la chasse car je ne possède pas le vocabulaire spécifique de bois. On me tapait sur la bouche quand je parlais la langue innue au pensionnat. ‘’ Ferme ta boîte, fermes-la, ne pleure pas ‘’ et depuis que je parles de ces choses là, on m’invite à donner des conférences sur la culture. Ça c’est ma vie. En partageant, le mauvais intérieur sort et après je me sens bien. Nos enfants et nos petits enfants en ressentent les conséquences parce qu’on transmet le mal, la violence. Quand tu étais malade au pensionnat, c’était l’absence des parents qui était dur. L’enfant ne pouvait être prit dans ses bras, être câliné, on nous donnait seulement des pilules en disant de se taire, de ne pas pleurer. Quand un enfant est malade il a besoin de sa mère, de ses parents pour le réconforter. A cause de ce manque, je n’ai pas pu le transmettre à mes enfants. Moi je ne savais pas en tant que père comment l’approcher car on me l’avait pas transmis. Mêmes dans la famille, avec mes frères et sœur on étaient pas connecté. On se chicanait parce qu’on se voyait rarement. Si tu vois ton petit-frère se faire pogner par le frère, c’est à ce moment là que la colère entrait en moi, je me mettais à penser si seulement je pouvais être grand. Si j’avais pu être grand je n’aurais pas donné à personne le droit de me faire du mal. Je n’ai jamais revue cette personne qui ma fait du mal. Je remercie le Créateur qui a fait que je ne le revoie pas. J’en ai rencontré quelques uns et j’ai vue le malaise de leur geste envers les enfants. J’aurais bien voulu qu’ils admettent leur tords. Moi j'ai admis et eux l’on pas fait. J’ai admis tout le mal que j’ai fait dans le passé et je me suis sentit bien. Je ne dis pas que je suis un saint mais aujourd'hui je me suis pris en main. Tout ce que les gens peuvent dire à propos de moi me laisse indifférent.
La jeune génération d’aujourd'hui peut se relever par la tente à suer. Je ne pensais jamais aider de cette manière, je suis content. J’aime aider à la pêche, faire du bois. Je suis très content de voir ce site.
¨ Evelyne¨ Qu’est-ce que tu penses de tout ces signes que les Innu ont laissés,tout ces vestiges?
¨Tabi¨ Je suis très content d’être là, d’être connecter avec tout ce que je vois ici, les vestiges de shaputuan, de foyers. La manière dont il y a de la joie ici, d’être ensemble, le partage du caribou et du saumon. La vie était simple ici.
La vie en ville c’est juste de la peur. Il y a beaucoup de joie ici car il y a des saumons, de la truite grise, kukumess.
On voit tout le travail des innus sur ce terrain, on voit les compétences, on voit partout l’ouvrage des innus. Pas de pensionnat, j’aurais été capable de tout faire ça et je le regrette beaucoup. Je ne peux pas être en colère, la vie à fait en sorte que je vienne voir cet endroit.
Je respecte beaucoup les chasseurs, mon grand-père n’était jamais stressé. On sens beaucoup de choses ici. On le sent.
(Autre personne) Pourquoi allez-vous au 280 miles
‘’Mon grand-père a dit à mon père, ‘’ tu vas rester à cette place à Uapushkkuss ‘’ parce qu’il faut aider les beaux parents. Quand on était jeune, on n’y allait pas souvent. Maintenant je garde ma mère et je n’y vais pas plus souvent. C’est mon frère Pousset qui garde en ce moment. Mon père m’a dit que mon grand-père Sébastien était responsable du poste de traite. Sébastien avait dit à mon père d’accompagner son beau-père au lac Eric. C’est pour ça qu’on allait plus au lac Eric qu’à Esker là où mon père et mon grand-père ont grandit. Ils sont également allés à Shefferville, maintenant ce Shefferville fait parti du territoire à Ben Mckenzie. Mon père parlait de son père qui partait tout les matins pour aller voir ses pièges et il revenait le soir, se déplaçant sans raquette. Je sais qu’il mettait ses pièges jusqu’à Sawbill, moi je ne suis pas assez vaillant pour le faire. Je me demande comment il faisait tout ça sans raquette. Il était assez vaillant et rapide pour faire ces distances sans raquette. Pour eux c’était de courte distance. J’avais 14 ans et ce sont mes souvenirs. On sent des présences ici et c’est léger. J’aime ça…Merci.
Et maintenant, je suis heureux de voir cet endroit, ces emplacements de tentes, ces vestiges des anciens innus, nos ancêtres. Eux aussi y étaient…
Mon grand père Bastien, mon père, mes oncles, lorsqu’ils racontaient ces histoires, je ne portais pas attention, car je consommais. Dans le temps ou moi je buvais, je ne montais pas à l’intérieur des terres.
Et je suis présent là maintenant et j’en suis fier.
Mais je me souviens quand on était jeunes avec mon grand-père Willie, dans notre territoire que l’on nommait « Etetautshikamat ». Mon grand-père Bastien lui avait un magasin de fourrure là ou est actuellement construit mon camp. C’est mon père qui m’a dit de le construire à cet endroit.
J’y vais mais pas assez souvent parce que je garde ma mère, elle est âgée maintenant.
Quand j’ai commencé à aller à mon campement j’ai beaucoup aimé.
Je ne peux pas dire que je suis un grand chasseur. Tout ce que mon père ma appris est de poser des pièges, enlever la peau de la martre et la faire sécher sur les moules.
Il parlait (aux animaux) et les remerciaient de lui avoir donné leurs vies, il remerciait également les poissons pris. J’avais peut être 4 ans, j’étais l’enfant qui voulait suivre son père. Quand je voulais le suivre, mon père me disait non. Non parce que ces pièges étaient posés loin à la pointe du lac ou il y avait notre campement. Ma mère me disait ‘’ j’entend ton père s’en venir à cause du bruit de ses raquettes sur la neiges ‘’ Moi j’avais déjà mes raquettes, mon grand-père les avait fabriqué. J’en étais très fier, je pouvais enfin aller à la chasse avec mon père. À la pointe du lac, il y avait un loup prit au piège, Il m’a dit de me mettre à coté mais pas trop prêt. Il m’a dit de l’écouter et il remercia le loup, je te remercie mon frère dit-il, de me donner ta vie, le loup ne bougeais pas car il était pris par une de ses pattes avant, moi je pensais que c’était un petit chien. J’étais jeune mais je me souviens, il tira un coup de feu dans la tête, mon père parlait à l’animal tout en le remerciant, je suis très fier de me souvenir de ce moment. Quand les chasseurs partaient à la chasse, mon grand-père et mes oncles étaient là avec eux. Le soir en revenant de la chasse, ils avaient tué un caribou. Je peux dire que l’on n’a jamais manqué de nourriture. On mangeait toujours de la nourriture de bois, mes cousins et ma famille. Lorsque que j’ai eu 6 ans, ma sœur est entrée la première au pensionnat et je me demandais pourquoi elle ne venait plus dans le bois, j’avais un frère plus jeune, Réal. La première qui est entré au pensionnat, c’est ma sœur en 1959. Elle n’était plus là quand nous montions dans le bois. Je m’ennuyais de ma sœur. Moi, je suis entré au pensionnat en 1960. Durant tout l’été, on essaya de m’avertir que j’allais entré au pensionnat. Dans mon cœur, j’avais peur. Comme à toute les fin du mois d’aout, il y avait une kermesse et tout de suite après en septembre c’était le pensionnat. C’est là qu’on a essayé de m’avertir mais ils n’étaient pas capables de me le dire. Ils avaient de la peine de m’annoncer ça. Je faisais semblant de rien entendre, de rien comprendre et je leur demandais ‘’ on vas-tu dans le bois ? ‘’. J’agissais comme un enfant et puis ils m’ont dit que j’allais être gardé au pensionnat. Je leur ai demandé pourquoi. Evidemment je pleurais, tu va aimé, ça va être agréable on va prendre soin de toi là-bas qu’il me dissent, il y a beaucoup de prêtres, de frères, des religieuses qui vont bien prendre soin de toi. Tu vas manger trois fois par jour, on va t’habiller. Je pensais déjà qu’on mangeait bien dans le bois. Quand un père parle à ses enfants, on ne pouvait pas répliquer. Je hochais la tête mais mon cœur disait non. A l’âge de 4 ans un enfant a déjà de l’intuition, il le sent et ne le perd pas. L’enfant qui a grandit avec les chasseurs, pense avec intuition. C’est de cette façon que je comprenais. C’est comme si il y avait personne d’autre que nous, on était tous seul. Les filles aussi pensaient de cette manière.
Les grand parents on due être très heureux de poser leur tente ici car il y avait beaucoup d’anciens emplacements de tentes, de foyers. Regarde comment les enfants jouent, le caribou qui venait à côté, j’aime beaucoup entendre leurs histoires, c’est à l’âge de 6 ans que je me suis perdu, parce qu’on m’avait dit qu’on allait bien me traiter. Je ne veux pas faire mon misérable mais je pense à l’enfant qui a été maltraité. Quand les parents venaient nous rendre visite, ils étaient aimables avec nous, parents et enfants. Ils m’empoignaient le cou quand on me rendait visite, quand il serrait un peu, c'était pour me faire comprendre de ne pas parler, de ne rien leur dire, on voulait m’avertir de ne pas les dénoncer. Je ne comprenais pas moi. L’enfant intérieur se fâche et n’écoute plus les parents car on le maltraite. Mes parents me disaient que ça devait être de ma faute. A un moment donné, mes frères étaient eux aussi présent au pensionnat. Ma sœur est du coté des filles et je ne peux plus lui parler, on ne pouvait plus être ensemble comme dans une vraie famille. Moi, j’étais chez les grands, mes petits frères chez les moyens et ma sœur chez les filles. Il n’y a jamais eu de communication entre les groupes, c’était comme si on ne se connaissait pas. Durant l’été, j’allais encore dans le bois avec mon grand-père au 137 et adolescent 14 15 ans, je buvais déjà, j’étais déjà en colère. Je ne comprenais pas ce que le frère m’avais fait subir pendant plusieurs années, jusqu'à l’âge de 39 ans où je me suis pris en main. Dans la communauté de Wemontachi, on a fait une tente à suer avec mon frère Réal et Marie-jeanne. C’est là que je l’ai sentit Le Créateur, Cris au Créateur m’on t’il-dit, la drogue me dérangeais, l’alcool me dérangeais. J’ai intégré lentement ces croyances dans ma vie. Il n’y a rien que je peux dire contre la prière, ça appartient à chaque personne.
Le temps que j’ai rester au pensionnat, je l’ai donner au Créateur parce que j’étais plus capable de le porter. A plusieurs reprises, la peine, la colère sont revenu. J’ai manqué tué mes parents, c’était quoi, je ne comprenais pas. Quand j’arrêtais de boire j’avais de la peine et en même temps je buvais pour oublier.
En 1994, à la rencontre des ainés, mon père était là. Le vendredi, ils descendent de Shefferville et toutes mes pensées se mettent à bouillonner, il faut je demande le pardon à mon père. A son arrivée, je l’accompagne en ville pendant 4 jours en me demandant intérieurement qu’est-ce que je peux faire, mon cœur bat vite. Finalement, je suis aller le voir, je lui ai dit ‘’mon père je te demande pardon et te demande d’enlever, d’effacer tout ce que je t’ai fait. ‘’ Il dit oui mon garçon, je me mets à genoux et fait un signe de croix. Je venais tout juste de faire la tente à suer et en me levant je me suis senti très léger. Mon père me répond la journée ou ça c’est passé, en te retournant je t’avais déjà pardonner. Et moi ça faisait 22 ans que je transportais ce fardeau sans savoir qu’est-ce que c’étais. La ‘’prière’’ je la connait pas même si je fait beaucoup de signe de croix, même la confession. Il fallait que je racontes ma vie d’avant. Tout ce que j’ai fait en arrière et tout ce qu’on m’a fait, ce que j’ai fait aux autres. C’est pas difficile pour les mauvaises choses qu’on ma fait, c’est plus difficile pour les choses que j’ai faite. Aujourd’hui, on fait des choses ensembles, on se rencontre, on voyage. Je remercie le Créateur des belles choses qu’il a mit dans ma vie. La beauté de la place où on est, les actions que l’on fait, ‘’ regarde la personne qui fait du pain ‘’ je pense a tout ça, c'est beau. Aujourd’hui il y a peu de chose qui me mette en colère. Toutes les choses qu’on ma faite au pensionnat c’est ça qui me mettait en colère, d’haïr mes semblables et des gens de d’autres races, du racisme. C'est choses là n’ont plus de place dans ma vie. Je me soigne tout le temps intérieurement. Je ne suis pas plus haut que d’autres là où je suis. Présentement, je pense à mon père et à Joseph André (Napessiss). Napessiss joue du tambour, je l’ai vue dans un film. Maintenant je revois encore la fois où il jouait du tambour, c’est la paix et je suis très content d’être venue ici. Si un jour, je peux amener mes petits enfants ici et ma fille, je ne peux pas leur enseigner la vie dans le bois ou la chasse car je ne possède pas le vocabulaire spécifique de bois. On me tapait sur la bouche quand je parlais la langue innue au pensionnat. ‘’ Ferme ta boîte, fermes-la, ne pleure pas ‘’ et depuis que je parles de ces choses là, on m’invite à donner des conférences sur la culture. Ça c’est ma vie. En partageant, le mauvais intérieur sort et après je me sens bien. Nos enfants et nos petits enfants en ressentent les conséquences parce qu’on transmet le mal, la violence. Quand tu étais malade au pensionnat, c’était l’absence des parents qui était dur. L’enfant ne pouvait être prit dans ses bras, être câliné, on nous donnait seulement des pilules en disant de se taire, de ne pas pleurer. Quand un enfant est malade il a besoin de sa mère, de ses parents pour le réconforter. A cause de ce manque, je n’ai pas pu le transmettre à mes enfants. Moi je ne savais pas en tant que père comment l’approcher car on me l’avait pas transmis. Mêmes dans la famille, avec mes frères et sœur on étaient pas connecté. On se chicanait parce qu’on se voyait rarement. Si tu vois ton petit-frère se faire pogner par le frère, c’est à ce moment là que la colère entrait en moi, je me mettais à penser si seulement je pouvais être grand. Si j’avais pu être grand je n’aurais pas donné à personne le droit de me faire du mal. Je n’ai jamais revue cette personne qui ma fait du mal. Je remercie le Créateur qui a fait que je ne le revoie pas. J’en ai rencontré quelques uns et j’ai vue le malaise de leur geste envers les enfants. J’aurais bien voulu qu’ils admettent leur tords. Moi j'ai admis et eux l’on pas fait. J’ai admis tout le mal que j’ai fait dans le passé et je me suis sentit bien. Je ne dis pas que je suis un saint mais aujourd'hui je me suis pris en main. Tout ce que les gens peuvent dire à propos de moi me laisse indifférent.
La jeune génération d’aujourd'hui peut se relever par la tente à suer. Je ne pensais jamais aider de cette manière, je suis content. J’aime aider à la pêche, faire du bois. Je suis très content de voir ce site.
¨ Evelyne¨ Qu’est-ce que tu penses de tout ces signes que les Innu ont laissés,tout ces vestiges?
¨Tabi¨ Je suis très content d’être là, d’être connecter avec tout ce que je vois ici, les vestiges de shaputuan, de foyers. La manière dont il y a de la joie ici, d’être ensemble, le partage du caribou et du saumon. La vie était simple ici.
La vie en ville c’est juste de la peur. Il y a beaucoup de joie ici car il y a des saumons, de la truite grise, kukumess.
On voit tout le travail des innus sur ce terrain, on voit les compétences, on voit partout l’ouvrage des innus. Pas de pensionnat, j’aurais été capable de tout faire ça et je le regrette beaucoup. Je ne peux pas être en colère, la vie à fait en sorte que je vienne voir cet endroit.
Je respecte beaucoup les chasseurs, mon grand-père n’était jamais stressé. On sens beaucoup de choses ici. On le sent.
(Autre personne) Pourquoi allez-vous au 280 miles
‘’Mon grand-père a dit à mon père, ‘’ tu vas rester à cette place à Uapushkkuss ‘’ parce qu’il faut aider les beaux parents. Quand on était jeune, on n’y allait pas souvent. Maintenant je garde ma mère et je n’y vais pas plus souvent. C’est mon frère Pousset qui garde en ce moment. Mon père m’a dit que mon grand-père Sébastien était responsable du poste de traite. Sébastien avait dit à mon père d’accompagner son beau-père au lac Eric. C’est pour ça qu’on allait plus au lac Eric qu’à Esker là où mon père et mon grand-père ont grandit. Ils sont également allés à Shefferville, maintenant ce Shefferville fait parti du territoire à Ben Mckenzie. Mon père parlait de son père qui partait tout les matins pour aller voir ses pièges et il revenait le soir, se déplaçant sans raquette. Je sais qu’il mettait ses pièges jusqu’à Sawbill, moi je ne suis pas assez vaillant pour le faire. Je me demande comment il faisait tout ça sans raquette. Il était assez vaillant et rapide pour faire ces distances sans raquette. Pour eux c’était de courte distance. J’avais 14 ans et ce sont mes souvenirs. On sent des présences ici et c’est léger. J’aime ça…Merci.
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Mckenzie, Tapi (interviewé), St-Onge, Evelyne (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Mckenzie, Tapi (3),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/276.
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