Mckenzie, Réal
Title
Mckenzie, Réal
Subject
Rivière George; tobaggan; remontrance; pensionnat punition; alcool; drogues; piège; outils ancestraux
Description
récit de vie
Creator
Mckenzie, Réal (interviewé)
André, Anne-Marie (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2017
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Innu
Coverage
Entretien à Mushuau nipi (Parallèle 55, Rivière Georges, Québec, Canada)
Type
récit de vie | oral history
Format
Mp4 20 min 21 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Bonjour.
Je suis très content d’être ici à la rivière sans arbre. Ici, quand on m’a dit qu’on irait à la rivière sans arbre à l’endroit où étaient les anciens et les ancêtres qui passaient ici comme mes parents. Quand j’ai survolé de loin en voyant la rivière Georges au loin, quand l’avion a fait un tour pour amerrir. J’ai senti à l’intérieure de moi le bonheur j’ai voulu pleurer de voir ce que j’ai entendu parler depuis très longtemps.
J’ai senti beaucoup d’émotion de la place où on est allé hier. Moi aussi je vais reculer dans le passé un peu. Dans le temps où l’on m’a emmailloté dans notre traineaux pour passer la nuit en plein air. J’avais quatre ou cinq ans dans ce temps là. KANIUTSHIKAMASH un lieu géographique d’où on partait en trainant nos toboggans. On allait passer une nuit à l’extérieur KA UASSEAPISHKUEPAN (lieu géographique). Et mon frère Taby était petit, mon défunt père, ma mère et le défunt Tshibébé et Poucet étaient petits eux aussi. Du coté de la défunte Marianne. La maison de mon grand-père était située en face de Marianne Nepan. On allait là pour passer une nuit à l’extérieur avec mon père et ma mère et avec Philippe Jourdain sa femme, Raymond et Nicole qui est infirmière aujourd’hui.
C’est de cela que je me souviens encore aujourd’hui. On me tire sur un toboggan j’étais emmailloté, mon grand-père Willie me tire sur son toboggan. On avait un gros chien. Le chien aussi me tire moi je le surveille de coté. Il y avait aussi ma soeur Marcelle, on allait ensemble avec elle toujours avec mon grand-père et ma grand-mère Lola. J ‘ai bien aimé ce temps là.
Je me souviens quand on me promenait en me tirant avec un toboggan sur le lac.
Il y avait une petite côte, c’est là qu’on va installer la tente c’est là que je me suis blesser à l’oeil et ma grand-mère m’a soigné. On a fini le campement très tôt et on aimait cette ambiance. Je me lève très tôt à chaque matin. Et je me mets à crier où est ma grand-mère où est ma grand-mère Lola. Et on me dit : va voir ta grand-mère qui pêche là-bas. Elle est assise sur ses pieds entrain de pêcher. Je me souviens très bien.
Moi aussi j’avais un traineaux qu’on m’avait fabriqué. Il était petit comme la chaise ici: vas, amène ton toboggan rejoindre ta grand-mère et je partais. Mon grand-père m’avait chaussé de mes bas et de mes mocassins, je marchais sur le lac. J’étais très fier en allant voir ma grand-mère. Il y avait une grande truite grise qu’elle avait prise.
‹‹ Elle me dit de retourner à la tente et dire à mon grand-père que c’était moi qui avait pêché cette truite » J’étais très fier.
En retournant, il y avait une petite côte et j’ai eu de la misère à la monter. Et finalement j’ai réussi à amener la truite à la tente. J’avais une très grande fierté en annonçant que c’était moi qui l’avais pêché. Il savait déjà.
Eh ! Tu a pris un gros poisson mon petit fils. Tu es un grand chasseur. Je suis content de ces souvenirs.
Dans mon enfance, je ne me souviens pas qu’on m’ait fait des remontrances. Mon grand-père et ma grand-mère faisaient très attention à moi.
Je me souviens du pensionnat comme un lieu où l’on gardait les enfants. Moi, je ne me souviens pas de ce temps là. C’est longtemps après que je me suis souvenu car je ne parlais pas français. Je me rappelle seulement ce que mon frère m’a raconté de cet incident.
A l’automne 1963, au mois de septembre quand notre grand-père est arrivé à l’intérieur des terres, c’est à ce moment là qu’il m’a accompagné pour rentrer au pensionnat. Je ne me souviens pas quand on m’a rentré au pensionnat. Même si j’essaye de me souvenir, je ne me souviens pas.
Je suis resté neuf ans au pensionnat chez les petits. Je ne comprenais pas encore le français qu’on m’enseignait. Je ne comprenais absolument rien. J’avais peur.
Il y avait des soeurs et on a commencé à la zéro année, moi j’étais classé à ce numéro zéro, puis je monte en première année, deux, trois, quatre, cinquième année… c’est cette année là que la religieuse a voulu me faire souffrir. Je ne comprenais pas le français qu’on m’enseignait à l’école. Les mathématiques, j’aimais beaucoup entendre les chiffres en français. J’avais une passion pour les chiffres. Pour le français je ne comprenais rien parce que j’essayais tout le temps de parler la langue innue, on me défendait de parler la langue innue à l’école avec mes amis. Pourquoi nous défendre de parler notre langue innue ?
Avec mes cheveux, quand j’écrivais de la main gauche, mes cheveux tombaient sur ma figure du coté gauche et on me dit : Tu vas aller voir le frère et j’avais très peur. J’ai dit : non, mon père et ma mère ne veulent pas que je coupe mes cheveux…
On m’a amené chez le frère et on m’a coupé les cheveux. Il y avait beaucoup de petits indiens qui me regardaient tout autour.
Et j’avais très peur qu’on me rase mes cheveux jusqu’au cuir chevelu, qu’on me rase les cheveux jusqu’à la racine, qu’on me brûle le cuir chevelu… ça sent comme un porc-
épic. Je ris maintenant de la senteur, je ne veux pas manqué de respect. Je me souviens d’un garçon à qui on coupait les cheveux et moi j’avais peur. On avait tous la même coupe on avait tous des têtes rasées.
Je n’aimais pas manger leur nourriture, on nous forçait à manger tout ce qui avait dans notre assiette. Ils nous démontraient un genre de tendresse. Ils étaient debout à côté, la main près du cou, comme si ils étaient tendres. Mange tout ton manger on nous disait et on ne l’entendait pas, il nous parlait en cachette tout en nous serrant fort le cou. Personne ne les entendait, Il nous parlait tout bas. On nous avait dit: vous serez bien traiter, tu écouteras bien. C’est à ce moment là que j’ai vu. Est-ce que c’est ça bien traiter quand on nous maltraite en grandissant. Je ne comprends pas: il m’on dit que je serai bien traité quand je serai là.
Quand arrive le dimanche on allait à la messe, soit à Malio et des fois à la petite chapelle au pensionnat. Une fois, je ne me rappelle pas pourquoi j’étais puni. « Tu ne mangeras pas au souper », c’étais un samedi et la collation était servi aux environs de quatre heures ; on nous servaient des pommes, oranges, bananes. Rendu au souper de six heure ‹‹tu vas aller te coucher dans le dortoir et on me dit d’aller me coucher et je ne sais toujours pas pourquoi on ma dit ça.
Le lendemain pour aller à la messe du dimanche, on nous habillait avec un complet du dimanche. Mes souliers étaient trop petits. On me força à les porter mes petits souliers. C’est moi qui le sais que mes souliers ne me font pas, mais il veut absolument que je porte les souliers, même si mes souliers font mal à mes orteils, même aujourd’hui j’ai des cicatrices sur mes orteils. Aussi quand on prenait un bain le frère nous regardait. Même la soeur me battait. Je me souviens de mon ami Cyrille Fontaine celui qui nous a quitté. Quand je suis aller le voir à l’hôpital, il m’a dit: Te rappelles-tu Réal, je lui ai demander de quoi: la soeur nous regardait jouer dehors, on faisaient semblant de se chamailler et sans faire exprès tu m’as frapper et j’ai pleuré et la soeur est venu nous voir. Dans l’entrée du dispensaire c’est là que j’allais à l’école. C’est là qu’elle t’a fait entrer en te poignant par les épaules, et on t’as pris brusquement par le bras en te frappant sur le mur à plusieurs reprises. Moi, je ne me rappelle pas. Même aujourd’hui j’essaye de me rappeler quand j’ai passé aux audiences des pensionnats.
Je ne me souviens pas de cet incident même si je me force à me rappeler. Je remercie Cyrille Fontaine de m’avoir raconter cette histoire avant son décès. Lui se souviens du traitement que j’au eu. Voici le souvenir que j’ai eu des pensionnats. C’est juste un peu concernant des pensionnats.
Moi aussi j’ai beaucoup consommé alcool et drogues. A mes parents j’ai manqué de respect. Mon vécu à l’intérieur des terres avec mes grands-parents. À l’âge de treize ans je ne voulais plus retourner avec mes grands-parents dans le bois. J’allais toujours avec mon grand-père Willie, ça ne me tentait plus à cause du vécu de mon enfance. A quatorze ans, je me promène à Mingan, Pessamit, Québec. J’ai tout laissé mes amis.
Kanataukupassish, s’appelle l’endroit où mon père est décédé. Ce n’est pas loin d’ici, c’est un peu plus loin que squaw-lake et le territoire d’Elizabeth on le nomme Nataukupass l’endroit où Alexandre Ashini chassait l’outarde.
Et nous Nataukupau, c’était le territoire de Raphael m’a dit mon défunt père, dans le coin du lac vacher. Il y a sept pointes sur le petit ruisseau, disait mon père. Tu compteras toujours les pointes du ruisseau et mon père me demandait souvent combien il y en a de pointes ?
Parce que moi j’avais déjà fumer du pot. Il me traina en arrière sur un toboggan. J’aimais beaucoup regarder le paysage. J ‘étais parti sous l’effets du pot. A notre arrivée au campement, il me demanda: mon garçon, combien de pointes de ruisseaux on a passé?
Je n’ai pas pensé du tout, j’étais ailleurs. Il me répondit, je t’avais dit qu’il y avait sept pointes. Il continua en me disant que en retournant, « tu passeras par le même chemin qu’on a pris pour venir ici ». C’est ce qu’il m’a enseigné.
Aussi quand on mettait des pièges. Je suis allé avec lui quand j’habitais Schefferville. Il m’enseigna à poser des pièges à martre. Je me souviens très bien de mon père. « Juste en face de nous », nous irons à cet endroit. Il écorcha les petits arbres pour faire un beau sapinage, il a étendu le sapinage, « c’est là qu’on va faire le feu ». Il alluma le feu pour faire le thé. « Tu vois là-bas où il y'a une baie ». Là-bas me dit-il. J’ai répondu oui. C’est à ce lieu, que j’ai vu la dernière fois ma mère. J’avais neuf ans environ, on l’a descendue par avion. Elle venait de Ushkuass. Elle était à cet endroit, elle a atterri à Schefferville et c’est à cet endroit que sa mère était morte.
C’était Tamenishapet a ?
Non, c’était une femme de Kujjuak. C’est à cet endroit que sa mère était morte. J’ai pensé à cette anecdote quand mon père s’est noyé à cet endroit. Quand je pense à tout ce qu’il m’a raconté, il m’a dit: je ne suis pas très bon dans bois. Je ne connais pas beaucoup l’intérieur des terres. Mais ce qu’on m’a enseigné, tu peux te sauver la vie avec les enseignements que je t’ai donné. De là, en observant la manière dont tu agis, tu peux subvenir à tes besoins essentiels. Me dit mon défunt père.
Aussi j’apprends comment les autres chasseurs agissent. De la manière que les femmes travaillent. Je vous observe. C’est de cette manière que les enseignements se transmettent par observation. Il faut que tu regardes ce que fait l’innu. C’est de cette manière que moi je fais.
Depuis que je suis ici, à Mushau-shipit et en voyant ce qu’on voit ici, on a discutés Lucien, mon frère Taby et moi. Ce sont des choses très très anciennes, les traces que les innus, les ancêtres ont laissé sur la terre. Les sites en bas, de l’autre côté, là-bas ont tous les traces. De ce que j’ai entendu de l’endroit où l’on est, c’est à cet endroit, ici, qu’ils venaient chasser le caribou. Cela arrivait une fois par année. Tous les innus se rassemblaient ici avec les outils des innus qu’on a découvert ici sur place. Ce que Anne-Marie a raconté…
Nous avons touché les outils que nos ancêtres ont fabriqués. Ce qui fait ma fierté. C’est ça qu’on m’a expliqué quand on est parti ce matin.
Je suis très content d’être ici à la rivière sans arbre. Ici, quand on m’a dit qu’on irait à la rivière sans arbre à l’endroit où étaient les anciens et les ancêtres qui passaient ici comme mes parents. Quand j’ai survolé de loin en voyant la rivière Georges au loin, quand l’avion a fait un tour pour amerrir. J’ai senti à l’intérieure de moi le bonheur j’ai voulu pleurer de voir ce que j’ai entendu parler depuis très longtemps.
J’ai senti beaucoup d’émotion de la place où on est allé hier. Moi aussi je vais reculer dans le passé un peu. Dans le temps où l’on m’a emmailloté dans notre traineaux pour passer la nuit en plein air. J’avais quatre ou cinq ans dans ce temps là. KANIUTSHIKAMASH un lieu géographique d’où on partait en trainant nos toboggans. On allait passer une nuit à l’extérieur KA UASSEAPISHKUEPAN (lieu géographique). Et mon frère Taby était petit, mon défunt père, ma mère et le défunt Tshibébé et Poucet étaient petits eux aussi. Du coté de la défunte Marianne. La maison de mon grand-père était située en face de Marianne Nepan. On allait là pour passer une nuit à l’extérieur avec mon père et ma mère et avec Philippe Jourdain sa femme, Raymond et Nicole qui est infirmière aujourd’hui.
C’est de cela que je me souviens encore aujourd’hui. On me tire sur un toboggan j’étais emmailloté, mon grand-père Willie me tire sur son toboggan. On avait un gros chien. Le chien aussi me tire moi je le surveille de coté. Il y avait aussi ma soeur Marcelle, on allait ensemble avec elle toujours avec mon grand-père et ma grand-mère Lola. J ‘ai bien aimé ce temps là.
Je me souviens quand on me promenait en me tirant avec un toboggan sur le lac.
Il y avait une petite côte, c’est là qu’on va installer la tente c’est là que je me suis blesser à l’oeil et ma grand-mère m’a soigné. On a fini le campement très tôt et on aimait cette ambiance. Je me lève très tôt à chaque matin. Et je me mets à crier où est ma grand-mère où est ma grand-mère Lola. Et on me dit : va voir ta grand-mère qui pêche là-bas. Elle est assise sur ses pieds entrain de pêcher. Je me souviens très bien.
Moi aussi j’avais un traineaux qu’on m’avait fabriqué. Il était petit comme la chaise ici: vas, amène ton toboggan rejoindre ta grand-mère et je partais. Mon grand-père m’avait chaussé de mes bas et de mes mocassins, je marchais sur le lac. J’étais très fier en allant voir ma grand-mère. Il y avait une grande truite grise qu’elle avait prise.
‹‹ Elle me dit de retourner à la tente et dire à mon grand-père que c’était moi qui avait pêché cette truite » J’étais très fier.
En retournant, il y avait une petite côte et j’ai eu de la misère à la monter. Et finalement j’ai réussi à amener la truite à la tente. J’avais une très grande fierté en annonçant que c’était moi qui l’avais pêché. Il savait déjà.
Eh ! Tu a pris un gros poisson mon petit fils. Tu es un grand chasseur. Je suis content de ces souvenirs.
Dans mon enfance, je ne me souviens pas qu’on m’ait fait des remontrances. Mon grand-père et ma grand-mère faisaient très attention à moi.
Je me souviens du pensionnat comme un lieu où l’on gardait les enfants. Moi, je ne me souviens pas de ce temps là. C’est longtemps après que je me suis souvenu car je ne parlais pas français. Je me rappelle seulement ce que mon frère m’a raconté de cet incident.
A l’automne 1963, au mois de septembre quand notre grand-père est arrivé à l’intérieur des terres, c’est à ce moment là qu’il m’a accompagné pour rentrer au pensionnat. Je ne me souviens pas quand on m’a rentré au pensionnat. Même si j’essaye de me souvenir, je ne me souviens pas.
Je suis resté neuf ans au pensionnat chez les petits. Je ne comprenais pas encore le français qu’on m’enseignait. Je ne comprenais absolument rien. J’avais peur.
Il y avait des soeurs et on a commencé à la zéro année, moi j’étais classé à ce numéro zéro, puis je monte en première année, deux, trois, quatre, cinquième année… c’est cette année là que la religieuse a voulu me faire souffrir. Je ne comprenais pas le français qu’on m’enseignait à l’école. Les mathématiques, j’aimais beaucoup entendre les chiffres en français. J’avais une passion pour les chiffres. Pour le français je ne comprenais rien parce que j’essayais tout le temps de parler la langue innue, on me défendait de parler la langue innue à l’école avec mes amis. Pourquoi nous défendre de parler notre langue innue ?
Avec mes cheveux, quand j’écrivais de la main gauche, mes cheveux tombaient sur ma figure du coté gauche et on me dit : Tu vas aller voir le frère et j’avais très peur. J’ai dit : non, mon père et ma mère ne veulent pas que je coupe mes cheveux…
On m’a amené chez le frère et on m’a coupé les cheveux. Il y avait beaucoup de petits indiens qui me regardaient tout autour.
Et j’avais très peur qu’on me rase mes cheveux jusqu’au cuir chevelu, qu’on me rase les cheveux jusqu’à la racine, qu’on me brûle le cuir chevelu… ça sent comme un porc-
épic. Je ris maintenant de la senteur, je ne veux pas manqué de respect. Je me souviens d’un garçon à qui on coupait les cheveux et moi j’avais peur. On avait tous la même coupe on avait tous des têtes rasées.
Je n’aimais pas manger leur nourriture, on nous forçait à manger tout ce qui avait dans notre assiette. Ils nous démontraient un genre de tendresse. Ils étaient debout à côté, la main près du cou, comme si ils étaient tendres. Mange tout ton manger on nous disait et on ne l’entendait pas, il nous parlait en cachette tout en nous serrant fort le cou. Personne ne les entendait, Il nous parlait tout bas. On nous avait dit: vous serez bien traiter, tu écouteras bien. C’est à ce moment là que j’ai vu. Est-ce que c’est ça bien traiter quand on nous maltraite en grandissant. Je ne comprends pas: il m’on dit que je serai bien traité quand je serai là.
Quand arrive le dimanche on allait à la messe, soit à Malio et des fois à la petite chapelle au pensionnat. Une fois, je ne me rappelle pas pourquoi j’étais puni. « Tu ne mangeras pas au souper », c’étais un samedi et la collation était servi aux environs de quatre heures ; on nous servaient des pommes, oranges, bananes. Rendu au souper de six heure ‹‹tu vas aller te coucher dans le dortoir et on me dit d’aller me coucher et je ne sais toujours pas pourquoi on ma dit ça.
Le lendemain pour aller à la messe du dimanche, on nous habillait avec un complet du dimanche. Mes souliers étaient trop petits. On me força à les porter mes petits souliers. C’est moi qui le sais que mes souliers ne me font pas, mais il veut absolument que je porte les souliers, même si mes souliers font mal à mes orteils, même aujourd’hui j’ai des cicatrices sur mes orteils. Aussi quand on prenait un bain le frère nous regardait. Même la soeur me battait. Je me souviens de mon ami Cyrille Fontaine celui qui nous a quitté. Quand je suis aller le voir à l’hôpital, il m’a dit: Te rappelles-tu Réal, je lui ai demander de quoi: la soeur nous regardait jouer dehors, on faisaient semblant de se chamailler et sans faire exprès tu m’as frapper et j’ai pleuré et la soeur est venu nous voir. Dans l’entrée du dispensaire c’est là que j’allais à l’école. C’est là qu’elle t’a fait entrer en te poignant par les épaules, et on t’as pris brusquement par le bras en te frappant sur le mur à plusieurs reprises. Moi, je ne me rappelle pas. Même aujourd’hui j’essaye de me rappeler quand j’ai passé aux audiences des pensionnats.
Je ne me souviens pas de cet incident même si je me force à me rappeler. Je remercie Cyrille Fontaine de m’avoir raconter cette histoire avant son décès. Lui se souviens du traitement que j’au eu. Voici le souvenir que j’ai eu des pensionnats. C’est juste un peu concernant des pensionnats.
Moi aussi j’ai beaucoup consommé alcool et drogues. A mes parents j’ai manqué de respect. Mon vécu à l’intérieur des terres avec mes grands-parents. À l’âge de treize ans je ne voulais plus retourner avec mes grands-parents dans le bois. J’allais toujours avec mon grand-père Willie, ça ne me tentait plus à cause du vécu de mon enfance. A quatorze ans, je me promène à Mingan, Pessamit, Québec. J’ai tout laissé mes amis.
Kanataukupassish, s’appelle l’endroit où mon père est décédé. Ce n’est pas loin d’ici, c’est un peu plus loin que squaw-lake et le territoire d’Elizabeth on le nomme Nataukupass l’endroit où Alexandre Ashini chassait l’outarde.
Et nous Nataukupau, c’était le territoire de Raphael m’a dit mon défunt père, dans le coin du lac vacher. Il y a sept pointes sur le petit ruisseau, disait mon père. Tu compteras toujours les pointes du ruisseau et mon père me demandait souvent combien il y en a de pointes ?
Parce que moi j’avais déjà fumer du pot. Il me traina en arrière sur un toboggan. J’aimais beaucoup regarder le paysage. J ‘étais parti sous l’effets du pot. A notre arrivée au campement, il me demanda: mon garçon, combien de pointes de ruisseaux on a passé?
Je n’ai pas pensé du tout, j’étais ailleurs. Il me répondit, je t’avais dit qu’il y avait sept pointes. Il continua en me disant que en retournant, « tu passeras par le même chemin qu’on a pris pour venir ici ». C’est ce qu’il m’a enseigné.
Aussi quand on mettait des pièges. Je suis allé avec lui quand j’habitais Schefferville. Il m’enseigna à poser des pièges à martre. Je me souviens très bien de mon père. « Juste en face de nous », nous irons à cet endroit. Il écorcha les petits arbres pour faire un beau sapinage, il a étendu le sapinage, « c’est là qu’on va faire le feu ». Il alluma le feu pour faire le thé. « Tu vois là-bas où il y'a une baie ». Là-bas me dit-il. J’ai répondu oui. C’est à ce lieu, que j’ai vu la dernière fois ma mère. J’avais neuf ans environ, on l’a descendue par avion. Elle venait de Ushkuass. Elle était à cet endroit, elle a atterri à Schefferville et c’est à cet endroit que sa mère était morte.
C’était Tamenishapet a ?
Non, c’était une femme de Kujjuak. C’est à cet endroit que sa mère était morte. J’ai pensé à cette anecdote quand mon père s’est noyé à cet endroit. Quand je pense à tout ce qu’il m’a raconté, il m’a dit: je ne suis pas très bon dans bois. Je ne connais pas beaucoup l’intérieur des terres. Mais ce qu’on m’a enseigné, tu peux te sauver la vie avec les enseignements que je t’ai donné. De là, en observant la manière dont tu agis, tu peux subvenir à tes besoins essentiels. Me dit mon défunt père.
Aussi j’apprends comment les autres chasseurs agissent. De la manière que les femmes travaillent. Je vous observe. C’est de cette manière que les enseignements se transmettent par observation. Il faut que tu regardes ce que fait l’innu. C’est de cette manière que moi je fais.
Depuis que je suis ici, à Mushau-shipit et en voyant ce qu’on voit ici, on a discutés Lucien, mon frère Taby et moi. Ce sont des choses très très anciennes, les traces que les innus, les ancêtres ont laissé sur la terre. Les sites en bas, de l’autre côté, là-bas ont tous les traces. De ce que j’ai entendu de l’endroit où l’on est, c’est à cet endroit, ici, qu’ils venaient chasser le caribou. Cela arrivait une fois par année. Tous les innus se rassemblaient ici avec les outils des innus qu’on a découvert ici sur place. Ce que Anne-Marie a raconté…
Nous avons touché les outils que nos ancêtres ont fabriqués. Ce qui fait ma fierté. C’est ça qu’on m’a expliqué quand on est parti ce matin.
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Mckenzie, Réal (interviewé), André, Anne-Marie (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Mckenzie, Réal,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 25, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/347.