St-Onge, Evelyne 4

Title

St-Onge, Evelyne 4

Subject

pensionnat; infirmière; message aux Québecois; voyage Samis

Description

suite du récit de vie à Evelyne St-Onge

Creator

St-Onge Evelyne (interviewé)
Malenfant Eddy (intervieweur)
Malenfant Eddy (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Publisher

Production Manitu inc.

Date

2015

Rights

Production Manitu inc.

Relation

Language

Français

Type

récit de vie | oral history

Format

Mp4 17 min. 5 s.

Original Format

parole (audio) | spoken (audio)

Transcription

Quand j’ai eu l’humiliation,j’avais arrêté de parler et j’étais timide, je voulais dire des choses, j’aurais aimé ça chanter, danser…mais la gêne l’emportait, j’avais peur qu’on me reprenne encore en public. Pis j’ai trainé ça longtemps, ça ne fait pas longtemps que je parle là, j’étais gêné fermer, ça n’avait pas d’allure et la boisson l’inverse, fallait que je me soigne. Il y a aussi le fait que j’étais gêné, j’ai bu et j’ai arrêté de boire et c’est à ce moment que j’ai commencé à me soigner, c’était vraiment une obsession ma recherche d’identité et j’étais aussi gênée de revenir dans le village. J’étais une Innue et je ne connaissais pas ma culture tandis que Danielle Dessent, une blanche, connaissait toute. Ça comme déclencher une envie vis à vis elle. Pis pauvre fille, je l’ai engueulé assez raide quand j’étais saoule. Aujourd’hui, je réalise que c’était de la jalousie. Y a fallu que j’aille chercher ma culture pour me calmer et enlever la gêne. Ça disparu complètement. Le fait d’aller dans le bois m’a aidé beaucoup. Quand je suis arrivé ici, j’avais 33 ans. Je rencontre Philippe pis lui aussi était du même genre. Pis là on est allé dans le bois, des longues périodes. Ça a duré 10 ans. On y allait tout seul ou encore avec des ainés ou des groupes toujours pour connaître encore plus notre culture. Je ne m’en suis même pas aperçu et la gêne a disparue. Avant, je me disais, il n’y a pas un psychologue qui peut m’aider. Quand j’ai commencé à penser aux garçons, c’est sûr que j’ai sorti un peu mais le premier, c’est lui qui m’a marqué. J’étais en train de garder et il a voulu sauter sur moi et je me suis débattue…finalement il est parti. Finalement, je passe dans la rue et les gars riaient en disant Ah la femme forte au lit. Le maudit il avait tout conté à ses amis. Cette histoire plus l’histoire de la religieuse sont revenues. Les Innus, je ne les aimais pas. Il m’a comme fermé toutes les relations avec les hommes. Cependant les amourettes, j’en faisais par exemple avec Mark Sandie. Un été, moi et Véronique ont se tenaient beaucoup avec les Naskapis, surtout les soirs. On se promenait et on pognait les Naskapis, sur le bord du lac, un peu partout. On se promenait beaucoup moi et Véronique en forêt. Toute la région, le radar, Squaw lake, au nord du lac John, on la fait en long et en large. Et on se promène encore dans ce coin-là. Mon choix de carrière, ça aurait été la recherche, dans les laboratoires, mais je trouvais ça trop compliqué. L’hôpital était plus proche et moins forçant. Aujourd’hui, je m’en sers beaucoup avec les plantes et je suis moins peureuse au niveau de la médecine et je connais un peu les plantes mais je ne m’en sers pas beaucoup aujourd’hui. Si j’ai mal au foie ou encore dans le dos, alors, je me pose plus la question qu’est-ce qui ne va pas dans ma vie. Je n’étais pas consciente que tous les autochtones aient une relation particulière avec la terre, la lune, les étoiles…Moi je ne l’avais pas du tout. Ça m’a pris un événement de ce genre là pour me réveiller, c’était là mais je ne le voyais même pas. C’est après que j’ai vu toute la dimension spirituelle avec ce qui m’entourait. D’après moi je faisais beaucoup d’efforts pour changer mes relations et être bien.
Je voulais faire connaître aux Québecois et aux autres que l’on était au Québec et présent. J’ai essayé avec des barrages, des contestations et ça n’a pas marché, mais avec le programme de sous le shaputuan dans les écoles secondaires du Québec, rencontrer les jeunes et dire qu’on existe, parler de nos différences, parler de la langue, parler que l’on vit à côté d’eux et qu’ils ne nous connaissent pas, pour moi ça, c’est plus valorisant qu’une barricade. Dans ce programme, j’ai vu à peu près 200,000 jeunes Québecois et pour moi, le message est passé. Les jeunes savent qu’on existe. Je pense qu’on ne peut plus nous ignorer aujourd’hui et on le sent à travers les médias…et je continue, maintenant, je suis au niveau international. Avec le projet des sites sacrés, les gardiens des sites sacrés. On est un groupe de jeunes vieux autochtones à la retraite. Dans le groupe, nous avons des connaissances assez variées. Le groupe se compose de 12 personnes et on est allé en Finlande. Le premier voyage, on voulait voir des caribous. Rendus là-bas, on était attendu, on a visité des écoles. Ils nous ont démontré comment un peuple vivait avec le caribou au niveau des vêtements, au niveau de l’histoire, au niveau de l’économie. Eux aussi, tout est basé sur le caribou. La même chose que nous sauf l’élevage. Eux font l’élevage du caribou. Cependant, je trouvais qu’il n’avait pas la dimension spirituelle avec le caribou mais plutôt une dimension économique.
Souvent je me suis demandé qui j’aurais été si je n’avais pas été humiliée ou gênée. Ma réponse c’est Katune, Michèle ma fille. C’est comme ça que j’aurais aimé être là. Moi j’ai un espoir qu’on a à vivre ensemble, selon nos valeurs réciproques. Chacun sa façon de vivre et si on élargit, moi je veux juste la paix à travers le monde. L’héritage, bien on a une langue, une façon de vivre et on doit les garder. C’est comme ça que je vois le monde. Ce que je trouve bon, c’est qu’on a vécu longtemps, on a survécu, beau temps mauvais temps et avec rien et on n’a rien changé. On a vécu avec je qu’on avait autour, toujours en harmonie. Quand je vais dans les écoles, je rencontre également les parents le soir et ils nous disent que le pays, c’est à nous autres, vous êtes les premières nations, on vous doit quelque chose…Je réponds que moi aussi je change et qu’on a à vivre ensemble maintenant. Par où on va commencer…Moi, je veux la liberté dans le territoire, parler ma langue et l’enseigner pour le reste, je suis capable de vivre comme vous autres. Mais je vais rester Innu. J’ai un modèle, c’est Alanis Obomsawin, j’avais une amie Abénakise Sylvia Uatsu. Alanis vient de Odanak et on allait souvent chez elle. J’aimais beaucoup son énergie, toujours souriante et j’aimais aussi son audace. Pour moi, elle n’avait peur de rien. Je la regardais aller, elle travaillait souvent avec ses mains, elle faisait des poupées pour les enfants de sa communauté. Je ne l’ai jamais vu en spectacles à Montréal J’ai toujours trouvé qu’elle était très originale. Elle filmait des choses qu’on ne voyait pas souvent. Je l’ai vu la dernière fois, c’était la journée autochtone qui se passait à Montréal. Elle allumait le feu avec Ghislain Picard et nous on transportait le feu à Québec pour le feu de la St-Jean. Elle me dit, on est rendu vieille et on est encore là nous autres.

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Evelyne St-Onge.png

Citation

St-Onge Evelyne (interviewé), Malenfant Eddy (intervieweur), and Malenfant Eddy (cinéaste), “St-Onge, Evelyne 4,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed September 23, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/412.

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