Bellefleur Charlotte
Title
Bellefleur Charlotte
Subject
médecine; accouchement; naissance; tente à suer; épinette noire; mélèze; cataplasme; obésité; médicaments
Description
entretiens Charlotte et Evelyne en train de faire la bannik
Creator
Charlotte Bellefleur (interviewé)
Evelyne St-Onge (intervieweur)
Eddy Malenfant (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2000
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Original Format
vidéo | video
Transcription
Entrevue avec Charlotte Bellefleur
Traduction de l’innu au français
Evelyne : En attendant la cuisson de la banique, je vais te poser des questions sur la médecine. Utilisez-vous des remèdes traditionnels? 6 :10.
Autrefois, nous utilisions beaucoup les plantes médicinales 6 :13.
Aujourd’hui, celui qui se sert des plantes médicinales ne sent pas l’effet désiré depuis qu’il utilise les remèdes des Blancs. 6 :24.
Il ne sent pas les effets de guérison des plantes médicinales. 6 :30
Evelyne : Croit-il aux plantes médicinales? 6 :36
Oui. Il se dit que s’il était chez lui, peut-être qu’il guérirait plus. C’est ce qu’il dit, c’est ce qu’il pense. 6 :48
L’Innu croyait à ses remèdes médicinaux. Autrefois, on ne savait pas qu’on avait mal au foie. On se faisait soigner comme si on avait mal à l’estomac. 7 :34.
Il a d’autres plantes médicinales, dont celle qui est haute, le « kakuminanakashi » (?? Vérifier avec Evelyne St-Onge). On la déterre, ramassant les racines pour les cas de constipation. 8 :02.
Evelyne : As-tu déjà aidé quelqu’un à accoucher? 8 :22.
Oui, j’en ai fait deux, dont un qui a perdu son enfant, un mort-né. 8 :40.
J’étais dans le bois. C’était la première fois que je voyais une mère ayant beaucoup de difficulté à accoucher. 8 :54.
C’était très difficile. 8 :56.
Evelyne : As-tu vu naître?
Oui, j’ai vu deux naissances. 9 :05
Lorsqu’on est allé dans le bois, on en a vu aussi. Une femme est venue nous aider. 9 :10.
Je n’avais jamais vu comment on accouchait. 9 :18.
Celle que j’aidais m’a ensuite aidé à assister l’accouchement d’une femme. 9 :32.
J’avais déjà des enfants. Par contre, je n’avais pas d’enfants lorsque j’ai vu celui d’autrefois. 9 :37.
La première fois que j’ai vu une femme accoucher, je suis allée aider la sage-femme. 9 :48
Ce qui est dur, c’est de voir un accouchement où l’on perd l’enfant. Le plus difficile à voir, c’est lorsque le placenta est collé et qu’on voit le cordon ombilical qui est de la grandeur d’un cheveu. 10 :05.
Je dois laisser aller ce que j’ai vu. 10 :10.
Evelyne : Avez-vous soigné la femme qui a fait une fausse couche?
Non. 10 :20.
Nous avons transféré la femme par avion à l’hôpital. Ce service existait déjà à l’époque pour les gens en difficulté. 10 :31
La sage-femme guérissait uniquement les nouvelles mères qui avaient pris froid à l’aide de l’épinette noire. 10 :45.
On faisait une tente à suer pour enlever le froid en elle. 10 :57.
J’ai vu faire de cette manière. 11 :04.
Evelyne : Fait-on toujours la tente à suer?
Je n’ai vraiment aucune idée. 11 :12.
Mercredi, je pense qu’il y a eu une tente à suer de ce côté. 11 :19.
Evelyne : Quel est l’effet d’être dans une tente à suer? 11 :31.
Tu es bien, tu te sens bien. Ça soigne. 11 :34.
Les hommes faisaient beaucoup de tentes à suer autrefois, après avoir ramé et après avoir fait des portages. 11 :43.
Après la tente à suer, les gens regagnaient la forme. 11 :47.
La tente n’était pas juste pour les hommes, c’était aussi pour les femmes lorsqu’elles avaient froid. On prenait la petite épinette noire. 12 :05.
On fait chauffer l’eau et on ajoute une roche préchauffée. 12 :21. On ajoute la branche d’épinette pour la faire bouillir. 12 :29. Tu te couvres d’une toile pour inhaler la vapeur. Ainsi, tu auras chaud.
Evelyne : Arrêt dû au bruit d’avion. Ça va le son? Comment fait-on le remède d’épinette noire?
L’eau bouille, on plonge la branche d’épinette et on ajoute la roche préchauffée. 13 :16. L’eau bouille et la vapeur sent très bonne. 13 :20.
La femme qui a pris froid respire la vapeur, ce qui l’aide à se réchauffer. 13 :29. Son froid sort d’elle. 13 :33. On faisait le traitement lorsque la femme avait froid ou pour les aînés. Les aînés le faisaient lorsqu’ils se sentaient mal, lorsqu’ils étaient grippés ou lorsqu’ils sentaient des douleurs musculaires. 13 :59.
(La voix est trop basse à 14 :13, impossible de traduire).
Si le traitement ne fonctionne pas, on fait ensuite un cataplasme de mélèze. 14 :20.
On utilise la pulpe de bois entre l’écorce et le cœur du mélèze. On frappe cette pulpe jusqu’à temps qu’elle se transforme en onguent. 14 :29.
Les petits mélèzes sont aussi très bons lorsque quelqu’un se brûle. 14 :35. La pulpe du mélèze est bonne, ce qu’on retrouve entre le l’arbre et l’écorce. 14 :42.
Les Innus ne prennent aucun médicament du dispensaire. Ils prennent de la graisse blanche, la dépose sur la plaie et ajoutent un remède traditionnel. 14 :53. La graisse sert à ce que le cataplasme ne colle pas sur la plaie et pour ne pas que des choses rentrent dans la plaie. 14 :59.
Evelyne : Quelle était la maladie la plus courante des Innus à l’époque? 15 :08.
La maladie la plus courante était de tousser. Les Innus prenaient la gomme de sapin qu’ils faisaient bouillir. Ils mâchaient ensuite la gomme bouillie. 15 :26.
Evelyne : Utilises-tu les remèdes innus?
Oui, j’en utilise. 15 :44. Je fais des cataplasmes pour mon genou. 15 :49.
(?) Elle parle de deux remèdes qu’Anne-Marie ne connaît pas.
J’écrase les épines des pousses d’épinettes. 16 :05. Je les fais chauffer, j’ajoute la graisse et un remède. 16 :10.
Je le mets sur mon genou et je le fais aussi pour les entorses. C’est très très bon. 16 :19.
On doit faire le cataplasme tous les soirs. On doit le faire trois fois après avoir commencé le traitement. 16 :33.
Si ça ne fonctionne pas avec le cataplasme, tu cesses le traitement. Tu essaies ensuite un autre remède. 16 :38.
Evelyne : Tu devrais m’enseigner ça parce que mon mari a mal au genou. 16 :44. Avec tes enseignements, je pourrais soigner mon mari. 16 :48.
Il faut prendre l’épinette noire un peu plus loin ici. Il a toujours de nouvelles pousses. 17 :03.
On prend toutes les aiguilles et on les écrase. 17 :10.
On utilise beaucoup l’épinette noire. Les gens en ressentent les bienfaits. C’est très bon. 17 :29.
Tu peux aussi frictionner un enfant avec ça. Tu peux également le bouillir et le faire en cataplasme. 17 :41.
Il y avait une mère dont l’enfant ne pouvait pas marcher, la mère a fait le traitement à son garçon et il s’est mis à marcher. 17 :51.
La mère devait toujours l’amener sur son dos, mais il a finalement marché donc elle a pu le prendre par la main. 17 :58.
Elle a pu guérir son enfant. 18 :02.
Tu prends l’écorce de l’épinette, tu la fait bouillir et tu la mets sur ton bras directement, c’est très bon. 18 :19.
Beaucoup de gens se soignent et se guérissent à l’aide de l’épinette noire.
Evelyne : Je ne connaissais pas les bienfaits de cet arbre, je connais ceux du mélèze. 18 :40.
Les aiguilles des épinettes sont plus longues et sentent bons, c’est ce qu’on utilise. 18 :47.
Cet arbre pousse près de la grève, c’est un arbre très bon. 19 :00.
Vois-tu, mon pain est déjà tout rond!
J’avais mal aux genoux, ils ont voulu me piquer à la cortisone, mais j’ai refusé. Je me suis soignée moi-même. J’ai pensé qu’on me ferait encore plus mal en me donnant des piqûres. 20 :23.
Evelyne : Les jeunes te demandent-ils d’utiliser les remèdes traditionnels? 20 :31
Aujourd’hui, les jeunes adolescents ne veulent pas être soignés par les plantes médicinales. 20 :40.
Ils n’aiment pas recevoir des cataplasmes de mélèze. 20 :50.
Les gens de 20 ans et moins n’aiment pas les cataplasmes de gomme de sapin parce qu’ils trouvent que ça sent mauvais. Mais les autres l’utilisent. 21 :00.
Ils ont plus confiance aux remèdes du dispensaire. 21 :11.
Evelyne : Ramasses-tu beaucoup de plantes médicinales?
Pas maintenant. Je vais en chercher au besoin. Il fait chaud et les feuilles pourrissent. 21 :23.
Je vais les chercher au moment où j’en ai besoin. 21 :31.
Je ramassais beaucoup de thé des bois. C’est une plante très bonne pour ceux qui ont des maladies cardiaques. 21 :40.
Tu ajoutes le « miutan » (??? Demander à Evelyne St-Onge) au thé des bois. 21 :45.
Evelyne : Je ne connais pas.
Il y en a beaucoup à Sept-Îles. 21 :48.
Après avoir bu ce mélange, tu as une bonne respiration. 21 :55.
Les Innus faisaient aussi des tisanes avec le thé des bois et du sel béni pour guérir ceux qui avaient des maladies cardiaques. 22 :24.
Evelyne : Y a-t-il une tisane pour ceux qui ont le diabète? 22 :44
Oui, on utilise le plant de bleuet avec les racines. Je ne l’ai jamais fait, mais quelqu’un me l’a enseigné. On m’a dit de le faire bouillir. 22 : 57
Cette tisane est excellente, elle aide beaucoup, dit-on. 23 :02.
Evelyne : Prend-on le plant ou la racine?
On prend la racine. On les sèche. Une fois séchées, tu les fais bouillir. Avec cette tisane, ton taux de sucre descend énormément 23 :24.
On me l’a fait et je l’ai bu. Ça m’a aidé un peu. Il paraît que c’est très bien. Ça pourrait même guérir la maladie si tu en prends quotidiennement, trois fois par jour. 23 :44.
Evelyne : Doit-on faire attention à quelque chose en particulier lorsqu’on se sert des tisanes innues? 23 :54.
Oui. On doit faire attention aux feuilles du thé du Labrador, c’est très dangereux. On ne doit pas prendre froid lorsqu’on l’utilise. 24 :02.
On doit faire attention aux feuilles étroites. Par contre, si tu as de la difficulté à uriner, les feuilles étroites sont bonnes en tisane. 24 :15.
Parfois, on faisait bouillir les feuilles et on faisait un cataplasme autour de la taille et ça pénétrait dans l’organisme. Ça produit une sensation de bien-être. 24 :30.
Evelyne : Dans le bois, que fais-tu lorsque tu as mal aux dents? 24 :40.
L’aîné chauffait un objet pointu, il mettait l’objet sur la dent. De cette façon, la dent se brisait à la chaleur. Ça nous permettait de stopper la douleur 25 :00.
Ma mère avait toujours mal aux dents et les aînés brûlaient sa dent. 2 :06.
Lorsque tu avais un abcès, on le crevait à l’aide d’une aiguille. Le mal cessait. 25 :22.
Aujourd’hui, lorsque tu as mal aux dents, un avion arrive et on t’amène à l’hôpital pour arracher la dent. 25 :26.
Aujourd’hui, tu ne peux pas garder tes dents et on ne peut pas se soigner comme à l’époque, ça n’aide plus. 25 :33.
Lorsque les aînés n’arrivaient pas à guérir la dent, on mettait un remède sur cette dent. 25 :43.
Après toutes ces démarches, si on avait encore mal aux dents, on prenait un poinçon, on le chauffait et on brûlait la dent. La douleur cessait ainsi pour toujours 26 :15.
Je ne l’ai jamais vu, mais les aînés m’en ont parlé. 26 :19.
Evelyne : Il n’y avait pas de maladies à l’époque, uniquement des blessures. 26 :25.
À l’époque, il n’y avait pas de grosses maladies comme aujourd’hui. 26 :35.
Le diabète n’existait pas. Il y en a aujourd’hui parce l’Innu n’est plus actif alors qu’auparavant, en montant dans le bois, on faisait notre bois de chauffage, on se déplaçait en canot, on faisait nos campements, bref, tu bougeais beaucoup. 27 :03.
À l’époque, ton sang bougeait à l’intérieur de ton corps. Aujourd’hui, on ne bouge plus donc notre sang ne bouge plus. L’Indien ne bouge plus. 27 :14.
Evelyne : Que penses-tu des enfants souffrant d’obésité? 27 :35.
Quand on parle aux enfants, ils ne veulent pas comprendre, ils ne veulent pas manger de bonnes choses. Ils ne veulent pas manger la nourriture de nos grand-pères. 27 :48.
Ils veulent manger uniquement la nourriture des Blancs, pour la plupart. Je suis déçue des enfants qui refusent de manger la nourriture de bois, contrairement à nous, élevés dans le bois 28 :09.
Dans le bois, on mangeait la même nourriture que les adultes. 28 :15.
Les enfants sont aujourd’hui obèses. Ils mangent beaucoup de sucrés et ils boivent du lait, contrairement à nous, qui n’en buvions pas. 28 :33.
À l’époque, il n’y avait que l’allaitement. 28 :37.
Traduction de l’innu au français
Evelyne : En attendant la cuisson de la banique, je vais te poser des questions sur la médecine. Utilisez-vous des remèdes traditionnels? 6 :10.
Autrefois, nous utilisions beaucoup les plantes médicinales 6 :13.
Aujourd’hui, celui qui se sert des plantes médicinales ne sent pas l’effet désiré depuis qu’il utilise les remèdes des Blancs. 6 :24.
Il ne sent pas les effets de guérison des plantes médicinales. 6 :30
Evelyne : Croit-il aux plantes médicinales? 6 :36
Oui. Il se dit que s’il était chez lui, peut-être qu’il guérirait plus. C’est ce qu’il dit, c’est ce qu’il pense. 6 :48
L’Innu croyait à ses remèdes médicinaux. Autrefois, on ne savait pas qu’on avait mal au foie. On se faisait soigner comme si on avait mal à l’estomac. 7 :34.
Il a d’autres plantes médicinales, dont celle qui est haute, le « kakuminanakashi » (?? Vérifier avec Evelyne St-Onge). On la déterre, ramassant les racines pour les cas de constipation. 8 :02.
Evelyne : As-tu déjà aidé quelqu’un à accoucher? 8 :22.
Oui, j’en ai fait deux, dont un qui a perdu son enfant, un mort-né. 8 :40.
J’étais dans le bois. C’était la première fois que je voyais une mère ayant beaucoup de difficulté à accoucher. 8 :54.
C’était très difficile. 8 :56.
Evelyne : As-tu vu naître?
Oui, j’ai vu deux naissances. 9 :05
Lorsqu’on est allé dans le bois, on en a vu aussi. Une femme est venue nous aider. 9 :10.
Je n’avais jamais vu comment on accouchait. 9 :18.
Celle que j’aidais m’a ensuite aidé à assister l’accouchement d’une femme. 9 :32.
J’avais déjà des enfants. Par contre, je n’avais pas d’enfants lorsque j’ai vu celui d’autrefois. 9 :37.
La première fois que j’ai vu une femme accoucher, je suis allée aider la sage-femme. 9 :48
Ce qui est dur, c’est de voir un accouchement où l’on perd l’enfant. Le plus difficile à voir, c’est lorsque le placenta est collé et qu’on voit le cordon ombilical qui est de la grandeur d’un cheveu. 10 :05.
Je dois laisser aller ce que j’ai vu. 10 :10.
Evelyne : Avez-vous soigné la femme qui a fait une fausse couche?
Non. 10 :20.
Nous avons transféré la femme par avion à l’hôpital. Ce service existait déjà à l’époque pour les gens en difficulté. 10 :31
La sage-femme guérissait uniquement les nouvelles mères qui avaient pris froid à l’aide de l’épinette noire. 10 :45.
On faisait une tente à suer pour enlever le froid en elle. 10 :57.
J’ai vu faire de cette manière. 11 :04.
Evelyne : Fait-on toujours la tente à suer?
Je n’ai vraiment aucune idée. 11 :12.
Mercredi, je pense qu’il y a eu une tente à suer de ce côté. 11 :19.
Evelyne : Quel est l’effet d’être dans une tente à suer? 11 :31.
Tu es bien, tu te sens bien. Ça soigne. 11 :34.
Les hommes faisaient beaucoup de tentes à suer autrefois, après avoir ramé et après avoir fait des portages. 11 :43.
Après la tente à suer, les gens regagnaient la forme. 11 :47.
La tente n’était pas juste pour les hommes, c’était aussi pour les femmes lorsqu’elles avaient froid. On prenait la petite épinette noire. 12 :05.
On fait chauffer l’eau et on ajoute une roche préchauffée. 12 :21. On ajoute la branche d’épinette pour la faire bouillir. 12 :29. Tu te couvres d’une toile pour inhaler la vapeur. Ainsi, tu auras chaud.
Evelyne : Arrêt dû au bruit d’avion. Ça va le son? Comment fait-on le remède d’épinette noire?
L’eau bouille, on plonge la branche d’épinette et on ajoute la roche préchauffée. 13 :16. L’eau bouille et la vapeur sent très bonne. 13 :20.
La femme qui a pris froid respire la vapeur, ce qui l’aide à se réchauffer. 13 :29. Son froid sort d’elle. 13 :33. On faisait le traitement lorsque la femme avait froid ou pour les aînés. Les aînés le faisaient lorsqu’ils se sentaient mal, lorsqu’ils étaient grippés ou lorsqu’ils sentaient des douleurs musculaires. 13 :59.
(La voix est trop basse à 14 :13, impossible de traduire).
Si le traitement ne fonctionne pas, on fait ensuite un cataplasme de mélèze. 14 :20.
On utilise la pulpe de bois entre l’écorce et le cœur du mélèze. On frappe cette pulpe jusqu’à temps qu’elle se transforme en onguent. 14 :29.
Les petits mélèzes sont aussi très bons lorsque quelqu’un se brûle. 14 :35. La pulpe du mélèze est bonne, ce qu’on retrouve entre le l’arbre et l’écorce. 14 :42.
Les Innus ne prennent aucun médicament du dispensaire. Ils prennent de la graisse blanche, la dépose sur la plaie et ajoutent un remède traditionnel. 14 :53. La graisse sert à ce que le cataplasme ne colle pas sur la plaie et pour ne pas que des choses rentrent dans la plaie. 14 :59.
Evelyne : Quelle était la maladie la plus courante des Innus à l’époque? 15 :08.
La maladie la plus courante était de tousser. Les Innus prenaient la gomme de sapin qu’ils faisaient bouillir. Ils mâchaient ensuite la gomme bouillie. 15 :26.
Evelyne : Utilises-tu les remèdes innus?
Oui, j’en utilise. 15 :44. Je fais des cataplasmes pour mon genou. 15 :49.
(?) Elle parle de deux remèdes qu’Anne-Marie ne connaît pas.
J’écrase les épines des pousses d’épinettes. 16 :05. Je les fais chauffer, j’ajoute la graisse et un remède. 16 :10.
Je le mets sur mon genou et je le fais aussi pour les entorses. C’est très très bon. 16 :19.
On doit faire le cataplasme tous les soirs. On doit le faire trois fois après avoir commencé le traitement. 16 :33.
Si ça ne fonctionne pas avec le cataplasme, tu cesses le traitement. Tu essaies ensuite un autre remède. 16 :38.
Evelyne : Tu devrais m’enseigner ça parce que mon mari a mal au genou. 16 :44. Avec tes enseignements, je pourrais soigner mon mari. 16 :48.
Il faut prendre l’épinette noire un peu plus loin ici. Il a toujours de nouvelles pousses. 17 :03.
On prend toutes les aiguilles et on les écrase. 17 :10.
On utilise beaucoup l’épinette noire. Les gens en ressentent les bienfaits. C’est très bon. 17 :29.
Tu peux aussi frictionner un enfant avec ça. Tu peux également le bouillir et le faire en cataplasme. 17 :41.
Il y avait une mère dont l’enfant ne pouvait pas marcher, la mère a fait le traitement à son garçon et il s’est mis à marcher. 17 :51.
La mère devait toujours l’amener sur son dos, mais il a finalement marché donc elle a pu le prendre par la main. 17 :58.
Elle a pu guérir son enfant. 18 :02.
Tu prends l’écorce de l’épinette, tu la fait bouillir et tu la mets sur ton bras directement, c’est très bon. 18 :19.
Beaucoup de gens se soignent et se guérissent à l’aide de l’épinette noire.
Evelyne : Je ne connaissais pas les bienfaits de cet arbre, je connais ceux du mélèze. 18 :40.
Les aiguilles des épinettes sont plus longues et sentent bons, c’est ce qu’on utilise. 18 :47.
Cet arbre pousse près de la grève, c’est un arbre très bon. 19 :00.
Vois-tu, mon pain est déjà tout rond!
J’avais mal aux genoux, ils ont voulu me piquer à la cortisone, mais j’ai refusé. Je me suis soignée moi-même. J’ai pensé qu’on me ferait encore plus mal en me donnant des piqûres. 20 :23.
Evelyne : Les jeunes te demandent-ils d’utiliser les remèdes traditionnels? 20 :31
Aujourd’hui, les jeunes adolescents ne veulent pas être soignés par les plantes médicinales. 20 :40.
Ils n’aiment pas recevoir des cataplasmes de mélèze. 20 :50.
Les gens de 20 ans et moins n’aiment pas les cataplasmes de gomme de sapin parce qu’ils trouvent que ça sent mauvais. Mais les autres l’utilisent. 21 :00.
Ils ont plus confiance aux remèdes du dispensaire. 21 :11.
Evelyne : Ramasses-tu beaucoup de plantes médicinales?
Pas maintenant. Je vais en chercher au besoin. Il fait chaud et les feuilles pourrissent. 21 :23.
Je vais les chercher au moment où j’en ai besoin. 21 :31.
Je ramassais beaucoup de thé des bois. C’est une plante très bonne pour ceux qui ont des maladies cardiaques. 21 :40.
Tu ajoutes le « miutan » (??? Demander à Evelyne St-Onge) au thé des bois. 21 :45.
Evelyne : Je ne connais pas.
Il y en a beaucoup à Sept-Îles. 21 :48.
Après avoir bu ce mélange, tu as une bonne respiration. 21 :55.
Les Innus faisaient aussi des tisanes avec le thé des bois et du sel béni pour guérir ceux qui avaient des maladies cardiaques. 22 :24.
Evelyne : Y a-t-il une tisane pour ceux qui ont le diabète? 22 :44
Oui, on utilise le plant de bleuet avec les racines. Je ne l’ai jamais fait, mais quelqu’un me l’a enseigné. On m’a dit de le faire bouillir. 22 : 57
Cette tisane est excellente, elle aide beaucoup, dit-on. 23 :02.
Evelyne : Prend-on le plant ou la racine?
On prend la racine. On les sèche. Une fois séchées, tu les fais bouillir. Avec cette tisane, ton taux de sucre descend énormément 23 :24.
On me l’a fait et je l’ai bu. Ça m’a aidé un peu. Il paraît que c’est très bien. Ça pourrait même guérir la maladie si tu en prends quotidiennement, trois fois par jour. 23 :44.
Evelyne : Doit-on faire attention à quelque chose en particulier lorsqu’on se sert des tisanes innues? 23 :54.
Oui. On doit faire attention aux feuilles du thé du Labrador, c’est très dangereux. On ne doit pas prendre froid lorsqu’on l’utilise. 24 :02.
On doit faire attention aux feuilles étroites. Par contre, si tu as de la difficulté à uriner, les feuilles étroites sont bonnes en tisane. 24 :15.
Parfois, on faisait bouillir les feuilles et on faisait un cataplasme autour de la taille et ça pénétrait dans l’organisme. Ça produit une sensation de bien-être. 24 :30.
Evelyne : Dans le bois, que fais-tu lorsque tu as mal aux dents? 24 :40.
L’aîné chauffait un objet pointu, il mettait l’objet sur la dent. De cette façon, la dent se brisait à la chaleur. Ça nous permettait de stopper la douleur 25 :00.
Ma mère avait toujours mal aux dents et les aînés brûlaient sa dent. 2 :06.
Lorsque tu avais un abcès, on le crevait à l’aide d’une aiguille. Le mal cessait. 25 :22.
Aujourd’hui, lorsque tu as mal aux dents, un avion arrive et on t’amène à l’hôpital pour arracher la dent. 25 :26.
Aujourd’hui, tu ne peux pas garder tes dents et on ne peut pas se soigner comme à l’époque, ça n’aide plus. 25 :33.
Lorsque les aînés n’arrivaient pas à guérir la dent, on mettait un remède sur cette dent. 25 :43.
Après toutes ces démarches, si on avait encore mal aux dents, on prenait un poinçon, on le chauffait et on brûlait la dent. La douleur cessait ainsi pour toujours 26 :15.
Je ne l’ai jamais vu, mais les aînés m’en ont parlé. 26 :19.
Evelyne : Il n’y avait pas de maladies à l’époque, uniquement des blessures. 26 :25.
À l’époque, il n’y avait pas de grosses maladies comme aujourd’hui. 26 :35.
Le diabète n’existait pas. Il y en a aujourd’hui parce l’Innu n’est plus actif alors qu’auparavant, en montant dans le bois, on faisait notre bois de chauffage, on se déplaçait en canot, on faisait nos campements, bref, tu bougeais beaucoup. 27 :03.
À l’époque, ton sang bougeait à l’intérieur de ton corps. Aujourd’hui, on ne bouge plus donc notre sang ne bouge plus. L’Indien ne bouge plus. 27 :14.
Evelyne : Que penses-tu des enfants souffrant d’obésité? 27 :35.
Quand on parle aux enfants, ils ne veulent pas comprendre, ils ne veulent pas manger de bonnes choses. Ils ne veulent pas manger la nourriture de nos grand-pères. 27 :48.
Ils veulent manger uniquement la nourriture des Blancs, pour la plupart. Je suis déçue des enfants qui refusent de manger la nourriture de bois, contrairement à nous, élevés dans le bois 28 :09.
Dans le bois, on mangeait la même nourriture que les adultes. 28 :15.
Les enfants sont aujourd’hui obèses. Ils mangent beaucoup de sucrés et ils boivent du lait, contrairement à nous, qui n’en buvions pas. 28 :33.
À l’époque, il n’y avait que l’allaitement. 28 :37.
Files
Citation
Charlotte Bellefleur (interviewé), Evelyne St-Onge (intervieweur), and Eddy Malenfant (cinéaste), “Bellefleur Charlotte,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/425.