André-Vollant, Yvonne
Titre
André-Vollant, Yvonne
Sujet
toundra; tobaggan; canot; gibier; outarde; dégel; chute; saumon; fourrure; club Adams; rassemblement; village; emprisonnement
Description
histoire innue, récit de vie
Créateur
André-Vollant, Yvonne (interviewé)
Lerpage, Pierre (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Éditeur
Production Manitu inc.
Date
2017
Droits
Production Manitu inc.
Relation
Langue
Innu
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 27 min. 29 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Yvonne Vollant-André: Je m’appelle Mme Vollant, Mme Bernard Vollant. Le nom de famille de mon père est André. C’est mon nom (de famille) de jeune fille. Je vais raconter là où nous avons grandi, sur le territoire de chasse de mon père, d’où nous descendions, dans la région de Uashau-pakuanipanan (lac Vézina). Je suis née à Mushuat (la toundra), plus loin du territoire de mon père. C’est alors que nous descendions du territoire de chasse de mon père.
Luc André : Je vais traduire. Il (sic) elle dit : « mon nom c’est Yvonne, je suis la femme de Bernard Vollant. Mon père il s’appelle Mathieu André. Je vais parler », elle dit, « notre territoire c’était plus Uashau-pakuanipanan » qui appelle, c’est le lac Vézina dans le Labrador. Mais elle est née proche de la Rivière Georges. (S’adressant à Mme Vollant) Continue.
Yvonne Vollant-André: Alors nous descendions et je vais vous raconter de ce que je me souviens seulement. En descendant, Là où nous avons connu le gel à l’automne, c’est là que se trouvaient les canots, les canots de mon père. Ils étaient installés comme dans un échafaud. Au printemps, on allait les chercher et on les traînaient en descendant.
Luc André : Elle dit que… elle va parler plus de ce qu’elle se rappelle quand elle était plus jeune. Puis elle dit, le lac, où c’était gelé, c’est là qu’ils laissent leurs bateaux, leurs canots, puis ils faisaient comme pour soulever, ils accrochaient en haut des arbres pour le canot. C’est à partir de là au printemps que son père ou les autres allaient chercher les canots pour préparer à descendre.
Yvonne Vollant-André: C’est alors que nous descendions en toboggan…
Luc André : « Là », elle dit, « on commençait à descendre parce que les lacs étaient encore pris, pis on transportait les canots.
Yvonne Vollant-André: Pour descendre, nous allons nous rendre à Minaikut.
Luc André : Pis elle dit « nous autres, on va aller à Minaiku, un des lacs proches de Schefferville.
Yvonne Vollant-André: C’est là que nous allons nous réfugier. Dis-lui qu’un dénommé Bastien Mckenzie, il avait là un magasin, mais il n’y avait pas beaucoup de nourriture. Il vendait de la farine, il en laissera un peu de côté pour les chasseurs qui descendront. C’est à cet endroit pour la première fois que l’on mange le pain.
Luc André : Elle dit : « il y avait un nommé M. Bastien Mckenzie qui avait comme une sorte de magasin proche de Minaiku, pis c’est là qui euh… il gardait pour tout le monde, tous les chasseurs proches qui passaient par là, une partie de la farine. C’est la première fois de l’hiver qui vont manger de la farine, du pain.
Yvonne Vollant-André: C’est l’endroit où l’on attendait les Innus.
Luc André : C’est là que l’on attendait les autres familles pour se rassembler.
Yvonne Vollant-André: Attendre que le lac soit dégelé.
Luc André : « C’est là qu’on attendait », elle dit, « pour que le lac dégèle ».
Yvonne Vollant-André: On chassera que… encore pour la survie, du poisson.
Luc André : La seule manière de se nourrir, c’était le poisson, en attendant les autres familles.
Yvonne Vollant-André: Aujourd’hui il y a tellement de choses (équipements ou nourriture?); dans mon enfance, il n’y avait rien de cela.
Luc André : Elle dit, dans le temps qui allaient à la chasse eux autres, aujourd’hui elle dit, on voit qu’il y a beaucoup de gibiers, beaucoup de poissons, mais dans le temps c’était très rare.
Yvonne Vollant-André: Vois au printemps, le poisson n’est pas bon.
Luc André : Elle dit au printemps le poisson n’y est pas gras.
Yvonne Vollant-André: Il est maigre.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on attendait. Voilà l’arrivée du gibier (le canard). C’est alors qu’on se rend à Uepashkueshkau (rivière McPhaden).
Luc André : Elle dit : « Quand le canard arrive, là on déménage pour Uepashkueshkau, proche du Millage 328 à peu près, ou (au Millage) 310.
Yvonne Vollant-André: C’est là que les Innus se rendent. Ils arrivent les uns après les autres.
Luc André : C’est là que le monde se rassemble. Chaque jour, il y a du monde qui arrive pour se regrouper là, dans ce lac-là (sic, rivière).
Yvonne Vollant-André: C’est là que l’on mange de la bonne nourriture, le poisson. On tue le gibier, tout le monde est à la chasse.
Luc André : « C’est la première fois qu’on commence à avoir de la nourriture », elle dit. « Tout le monde chasse, le canard pis l’outarde arrivent là. »
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on s’installe, car c’est le dégel des lacs. Environ deux semaines qu’on s’y installe. On se fait des provisions aussi pour descendre la nourriture.
Luc André : Elle dit « on restait là pendant deux semaines. Chaque famille ramassait de la nourriture pour, qui auront besoin pour la descente vers le littoral. »
Yvonne Vollant-André: On descend selon notre rythme. Il n’y a jamais de halte. Le voyage continue toujours en canot.
Luc André : Une fois qu’on a commencé, on n’arrête jamais. Ça va être continuel.
Yvonne Vollant-André: Et nous manquions déjà de la nourriture à la descente (à la côte).
Luc André : Y en reste pu déjà la nourriture quand on est proche du littoral.
Yvonne Vollant-André: C’est alors qu’on descend et…
Pierre Lepage : Y a de la neige encore, les lacs sont encore gelés en haut (.)?
Luc André : Y attendent que les lacs soient dégelés pour descendre. Mais quand ils commencent dans leur territoire, les lacs sont gelés encore. Là ils traînent leurs canots.
Yvonne Vollant-André: On attendait vraiment que ça dégèle.
Luc André : …jusqu’à Minaiku parce que c’est une grande rivière (sic lac), c’est le premier qui dégèle.
Yvonne Vollant-André: Il y en a aussi en descendant des grands lacs.
Luc André : Elle dit aussi qu’il y a beaucoup de grands lacs que l’on rencontre.
Quand tu disais (s’adressant à sa mère) que les innus se rencontrent, est-ce qu’ils étaient contents de se retrouver ?
Yvonne Vollant-André: Bien sûr qu’ils sont contents. Il y a un grand festin quand le canard arrive. On mange ensemble, à la descente de l’endroit appelé Uepashkueshkau.
Luc André : Elle dit « quand on se réunissait, là sont arrivés les outardes, on faisait un makusham (festin traditionnel). Tout le monde mangeait ensemble.
Yvonne Vollant-André: On mangeait dehors. Tout le monde se mettait à cuisiner comme ce que l’on fait ici. »
Luc André : Elle dit « c’est comme aujourd’hui ». Tout le monde fait la cuisine. À chaque famille fait la cuisine qui va amener pour le makusham.
Yvonne Vollant-André: Aussi quand une famille avait plusieurs enfants, trop de personnes dans un canot, on s’entraide.
Luc André : Pis elle dit : « Si ceux qui ont beaucoup d’enfant là, la famille qui a beaucoup d’enfants, quelquefois on prend l’enfant pis on le met dans le canot, dans son propre canot. On s’entraidait avec ça », elle dit.
Yvonne Vollant-André: Aussi, prendre l’enfant de l’autre sur son dos.
Luc André : Pis en même temps dans un portage, on transportait même l’enfant des autres pour l’aider à marcher plus vite ou à descendre plus vite.
Yvonne Vollant-André: (à voix basse) On avait tellement de la misère. Nous sommes toujours à la descente. Au premier endroit, c’est vrai, il y avait un autre genre de magasin. Là il y avait un Blanc, il avait un petit magasin. Il y avait aussi feu Napetshiss (Cômiss Sr Pinette). Lui également avait un petit magasin.
Luc André : Elle dit qu’il y avait deux autres magasins, il y avait un Blanc et un Indien Cômiss Pinette, un Indien de Sept-Iles.
Yvonne Vollant-André: Où il y a une grande maison, comment ça s’appelle ? Ashuanipu.
Luc André : Ashuanipu, elle dit qu’il y avait un magasin là.
Yvonne Vollant-André: On mangeait encore un peu de pain à cet endroit. (rires)
Luc André : Une seconde fois qu’on mange du pain.
Yvonne Vollant-André: Il va falloir écourter, on ne pourra pas parler de tout.
Luc André : Ça ne dérange pas.
Yvonne Vollant-André: Ah ! ok
Pierre Lepage : C’est sûr c’est ça que je veux savoir.
Luc André : C’est ça qu’on veut (s’adressant à sa mère).
Yvonne Vollant-André: C’est à cet endroit que l’on s’installe, peut-être deux jours. Il y a des visiteurs, il y a aussi des innus.
Luc André : À Ashuanipi, elle dit, on rencontre d’autres familles. Ils reviennent, ils se rassemblent encore. On attend deux jours, on reste là deux jours pour les retrouvailles.
Yvonne Vollant-André: De là, on continue à descendre.
Luc André : Là on continue à descendre.
Yvonne Vollant-André: Le pourquoi qu’il y a beaucoup de monde à la descente, la mer est très profonde, il y a beaucoup d’eau.
Luc André : Elle dit : « Pourquoi on se rassemble parce que l’eau y monte beaucoup.
Yvonne Vollant-André: On fait attention l’un l’autre.
Luc André : On se protège, entre eux autres à cause de la rapidité des rivières.
Yvonne Vollant-André: On continue la descente pour arriver à un endroit appelé, comment je l’avais appelé, à.. où on (pêche) euh…
Luc André : Bernache
Yvonne Vollant-André: Non, où on harponne quelquefois…
Luc André : Comment ça s’appelle au (Millage) 36, au (Millage) 28 ?
Voix : Au (Millage) 40?
Luc André : Pakameshan a ?
Yvonne Vollant-André: Pakameshan, Pakameshan, oui. C’est là que… Dis-lui qu’à cet endroit, c’était très dangereux à cause d’une grosse chute et il nous fallait débarquer tout près d’un portage.
Luc André : Elle dit qu’il y a une grosse chute au Millage 36, l’eau était rapide pis, il y a une grosse chute, pis juste avant qu’on débarque, donc c’était dangereux pour qu’on puisse, être entraîné dans la chute.
Yvonne Vollant-André: C’est à cet endroit que Mishta-Anikashanit (Alexandre Mckenzie) le père à Mitushapeu (Paul-Arthur Mckenzie), qui a failli tomber dans cette chute.
Luc André : Un vieux a failli tomber dans la chute qui est le père de Paul-Arthur Mckenzie, Alexandre Mckenzie qui s’appelait.
Yvonne Vollant-André: Ça criait
Luc André : Elle dit : « on entendait beaucoup de bruit ». Tout le monde criait.
Yvonne Vollant-André: On a campé à cet endroit, à l’arrivée de ce lieu.
Luc André : Elle dit : « Au bas de la chute, on campait. Luc explique ici : Pakameshan, c’est là que le saumon, euh … (.) une grosse chute là, mais… Ok (voulant dire de continuer)
Yvonne Vollant-André: Alors on descend à la côte…
Luc André : Il n’y avait pas de saumon ?
Yvonne Vollant-André: On ne le pêchait pas, car (le saumon) ne montait pas encore, il était encore ici…
Luc André : Elle dit : « Quand ils arrivaient à la chute, il n’y avait pas de saumon encore, il était au bord, encore à l’embouchure.
Yvonne Vollant-André: On n’avait plus rien à manger.
Luc André : « Là », elle dit : « on n’avait rien à manger, personne n’avait de la nourriture. »
Yvonne Vollant-André: Pour les gens de Uinipekut (gens de la côte), les gens qui restaient à la côte, les gens qui ne montaient pas dans le bois, ils montaient dans le bois (surprise), mais n’avaient rien du tout. Même qu’ils cherchaient de la nourriture, ils ne pouvaient même pas donner de la nourriture à leurs jeunes enfants.
Luc André : Elle dit, les Indiens qui chassaient proche, quand eux autres arrivaient, n’y avaient rien à manger eux autres aussi. « Ils ne pouvaient même pas donner quelque chose aux enfants », elle dit.
Yvonne Vollant-André: Même quand il n’y avait rien à manger, on continuait le voyage.
Luc André : Elle dit : « Quand il n’y a pas de nourriture, on continuait à descendre ».
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on arrive à, ça s’appelle Takuatuepanu, n’est-ce pas ? Oui, où il y a des chalets. En innu, ça s’appelle Takuatuepannit.
Luc André : Elle dit, ils arrivent au (Millage 28), il y a des campements là, Club Adam’s, pas Club Adam’s, mais c’est au (Millage 28), ça appartenait pareil à (…).
Voix : Club privé.
Yvonne Vollant-André: C’est là au moins qu’on pouvait donner à manger aux enfants.
Luc André : « Là au moins », elle dit, « ils donnaient à manger aux enfants ».
Yvonne Vollant-André: Parce qu’ils attendaient ceux qui allaient monter, qui allaient pêcher.
Luc André : « Déjà ils préparaient leur campement », elle dit « pour la pêche au saumon ».
Yvonne Vollant-André: (Sic) À l’endroit appelé Kakatshat, l’autre bord (de la rivière),
Luc André : C’est au (Millage) 57 ça.
Yvonne Vollant-André: Oui, c’est de là que nous arriverons à la rivière, je pense que ça s’appelait Kakatshat le portage, nous débarquions à ras à la descente, c’est là que … On campait au mi-portage. C’était un long (portage).
Luc André : Le portage s’appelait Kakatshat, pis c’était très long, très long, pis c’était au bord de la rivière là, pis il fallait camper au milieu. Ça prenait donc…
(S’adressant à sa mère) : Combien ? Deux jours ?
Yvonne Vollant-André: On campait au milieu.
Luc André : Ça prenait deux jours ?
Yvonne Vollant-André: De quoi ?
Luc André : Pour portager.
Yvonne Vollant-André: Quand on montait, ça prenait deux jours. (Mais quand tu descends) ça va plus vite, car tu n’as pas de bagages. Pas de bagage à la descente. Seulement tes couvertures.
Luc André : Pis elle dit : « Il fallait dormir entre les deux. C’était plus rapide quand tu descendais parce que tu n’avais pas de bagage et tout. C’étaient juste tes draps pis ta tente que tu amenais.
Yvonne Vollant-André: Comme la perdrix, pour voir la perdrix, non. Tu ne voyais jamais de perdrix.
Luc André : Elle dit : « On ne voyait jamais de perdrix en descendant ».
Yvonne Vollant-André: Nous arrivons à, comment ça s’appelle ?
Luc André : Club Adam’s.
Yvonne Vollant-André: Oui c’est là qu’on arrive.
Luc André : Elle dit : « C’est là le dernier, avant d’arriver ici au Club Adam’s. Ce n’est pas loin, c’est juste en face ici.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on s’installait. C’est là qu’on donnait des biscuits durs. (rires)
Luc André : Elle dit quand ils arrivaient là, le Club leur donnait un biscuit chaque.
Yvonne Vollant-André: Et boire du thé, car c’est la première fois qu’ils boivent du thé.
Luc André : Pis on buvait pour la première fois, le thé.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on attendait. C’est là qu’on demandait un pick-up.
Luc André : « Pis là », elle dit, « on commandait un camion, un vrai là, des gros camions là pour….
Yvonne Vollant-André: Là-bas Nakatshun-meshkanat, le chemin de Nakatshun.
Luc André : Il y a un autre chemin là, pas loin, qui avait accès jusqu’à Sept-Iles ou à Moisie.
Pierre Lepage : 1935 qu’elle est née ?
Luc André : En quelle année tu es née ?
Yvonne Vollant-André: Je suis née en ’35.
Pierre Lepage : Pis elle c’est dans les ‘40 qu’elle parle là. Elle avait quel âge à peu près ?
Luc André : Tu avais quel âge de ce que tu nous racontes ?
Yvonne Vollant-André: J’étais assez grande. Je devais avoir 15 ans.
Luc André : 15 ans à peu près.
Pierre Lepage : Ok
Yvonne Vollant-André: Vois Napess (Benoît André, son jeune frère) ne pouvait pas très bien marcher encore. On le portait sur le dos. Je devais être plus jeune, car Napess on le portait sur le dos.
Luc André : Elle (Yvonne) était jeune que 15 ans.
Yvonne Vollant-André: Oui, je ne me souviens pas quel âge j’avais. C’était dans le temps qu’on arrivait à la côte. C’est là qu’on demande un char, un gros. Il n’y avait pas de petits chars.
Luc André : Elle dit il n’y avait pas petites voitures, c’étaient juste les camions. On commande qu’on vienne nous chercher.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on traverse vers l’escalier. Vous devez le voir celui qui a beaucoup de marches.
Luc André : Elle dit : « On a juste à traverser pis l’autre bord il y avait les camions.
Yvonne Vollant-André: On montait l’escalier.
Luc André : « On montait ».
Yvonne Vollant-André: On s’installait là, c’était grand comme ici. C’était déboisé, à l’arrivée sur la rivière, ici à Nakatshun. On fait le feu pour l’attende de l’arrivée du camion.
Luc André : Elle dit que c’est en face, c’était ouvert. C’était déblayé, il y avait des arbres. Ils attendaient que le camion arrive.
Yvonne Vollant-André: On allait puiser l’eau. Tout le monde se lavera dans les bois. (rires) On va se laver le visage se mettre beau en attendant le camion.
Luc André : Elle dit pendant qu’ils attendaient le camion, tout le monde allait chercher l’eau pour prendre son bain. Ils se changeaient avant que le camion arrive.
Yvonne Vollant-André: (Le camion) arrive. Il va faire des aller-retours. Tout le monde embarquait, le plus qu’on pouvait. Ce sera toujours le même camion pour descendre.
Luc André : Il va euh…
Yvonne Vollant-André: Tout d’abord à Uashat, après vers Mishta-shipu (village), qu’on conduira les Mishta-shipiunnuat (ans leur village.
Luc André : Elle dit qu’il y a deux sortes de voyage les gens de Sept-Iles et les gens de Moisie. Le premier voyage c’étaient les gens de Sept-Iles.
Yvonne Vollant-André: Nous voilà à destination. Arrivés à destination, tous les Uashaunnuat étaient là, devaient recevoir un message disant que des gens arrivent des bois. Tout le monde se rend là-bas, près de chez-nous là, c’est là que les Innus y allaient. Il y avait beaucoup de monde.
Luc André : « Quand on arrivait nous autres », elle dit, on avait une maison à Sept-Iles. Tout le monde venait.
Yvonne Vollant-André: Tout le monde y allait.
Luc André : Tous les Indiens venaient voir les gens qui ont monté, y arrivaient de la chasse.
Yvonne Vollant-André: Oui, tellement qu’ils étaient contents de voir les gens arrivés.
Luc André : Parce qu’elle dit, ils étaient contents que les gens arrivent, descendre du bois.
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé.
Pierre Lepage : Ils se nourrissaient de quoi à Sept-Iles ? Parce qu’il n’y avait pas encore le saumon.
Luc André : S’adressant à sa sœur : « C’est quoi que vous mangiez à Uashat ? demande (le monsieur).
Yvonne Vollant-André: On mangeait de la nourriture de la côte, aussi de la morue. C’est de cela que nous vivions.
Luc André : Elle dit…
Yvonne Vollant-André: Il y avait des Blancs qui allaient au large…
Luc André : Il devait avoir des Innus qui avait de l’argent, n’est-ce pas ?
Yvonne Vollant-André: Ce n’était pas cher, ça devait coûter 0,25$ si ça devait coûter très cher. Ou peut-être ce ne coûtait pas beaucoup.
Luc André : Elle dit : « Les Blancs pêchaient la morue eux autres. C’était 0.25$ la morue (S’adressant à sa sœur) Mais ils achetaient n’est-ce pas quand ils descendaient ? Comme notre père quand il descendait… il
Yvonne Vollant-André: Oui, après avoir rencontré leur marchand, le gérant, celui qui faisait crédit se nommait Utshimass (Bob Ross), il y avait aussi Puanitashiss (Bourdage), le gérant, je me demande ce qu’est son nom, euh, celui qui est maigre. Je ne me souviens pas de son nom.
Luc André : Elle dit « Il y avait Bourdage, M. Bourdage qui était traiteur, pis M. Ross, pis un autre, elle ne se souvient pas du nom. Quand tu arrivais, t’allais les voir avant.
Yvonne Vollant-André: C’est eux autres qui achetaient la fourrure.
Luc André : … pour la vente des peaux.
Yvonne Vollant-André: C’est eux qui achetaient les peaux.
Luc André : Après on faisait des achats ?
Yvonne Vollant-André: C’est après ça que les gens faisaient des achats. Ce sont les chevaux qui transportaient les provisions achetées.
Luc André : Après avoir vendu tes peaux, la nourriture que t’as achetée, c’est le cheval qui ramenait chez-vous. C’était le taxi.
Yvonne Vollant-André: C’est-ce qui s’est passé.
Luc André : C’est ce qui un peu s’est passé, elle dit. Ekue utamashkuteutik pineutshiss.
Yvonne Vollant-André: (rires) C’est ce qu’on disait autrefois, aussi (après avoir raconté) une légende.
Pierre Lepage : (.) nous disait que les Blancs étaient contents de voir les Indiens arriver.
Luc André : Les Blancs devaient être contents eux aussi…
Yvonne Vollant-André: La manière que nous nous regardons aujourd’hui (face à face présentement), c’était comme ça aussi autrefois. Il n’y avait pas beaucoup de maisons.
Luc André : Elle dit : « Il n’y avait pas beaucoup de Blancs ». (Inaudible, parlent ensemble)
Yvonne Vollant-André: C’était comme s’ils étaient notre parenté. Ils venaient visiter les Innus.
Luc André : Y allaient rendre visite aux Indiens.
Yvonne Vollant-André: Voit, nous autres, après être rendus ici, les Blanches lavaient nos vêtements. Nos vêtements (que nous utilisions dans le bois), tous nos vêtements, elles nettoieront nos affaires, laveront les murs (de nos maisons). Autrefois, ce sont les Blanches qui faisaient ce genre de travail.
Luc André : Elle : « Quand on arrivait, les Blanches venaient travailler, faire la lessive pour les vêtements qu’on a apportés. Elles nettoyaient la maison, faire le grand ménage.
Yvonne Vollant-André: Elles demandaient de la nourriture.
Luc André : « Nous autres en retour, on payait en nourriture. Luc rajoute ceci : ce que mon père avait acheté au petit magasin, au traiteur. »
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé. Aussi un grand événement quand un missionnaire arrivait. Une autre chose que nous avions appréciée.
Luc André : Elle dit : « Un des évènements importants, c’est la venue du prêtre. Tout le monde…
Yvonne Vollant-André: La première communion des enfants, la confirmation.
Luc André : Première communion, pis la confirmation.
Pierre Lepage : À quel moment qui arrivait ici, vers quelle date à Moisie ou à Sept-Iles?
Luc André : (s’adressant à sa sœur) : Vers quelle date descendiez-vous vous autres ?
Yvonne Vollant-André: Mois de juin, vers la fin du mois que nous descendions.
Luc André : « Nous autres on arrivait vers la fin de juin.
Yvonne Vollant-André: Ce n’était pas comme ça. Très tôt il n’y avait pas de neige, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, c’est toujours plus tard, toujours plus tard.
Luc André : Elle dit que c’est assez rapide pour le dégel.
Yvonne Vollant-André: C’était toujours comme ça.
Pierre Lepage : Pis après ça, c’était le saumon ? Y avais-tu d’autres…
Yvonne Vollant-André: Les Blancs posaient des filets pour le saumon. C’est de cette façon qu’on prenait le saumon. Les Innus n’ont jamais pêché ici. De ce que je me rappelle…
Luc André : Elle dit, qu’ils allaient acheter le saumon parce qu’il y avait des pêcheurs à la mer, les pêcheurs de saumon. Les Indiens y achetaient du saumon là.
Yvonne Vollant-André: Une fois ce dont je me rappelle, le père à Ti-Bert (Albert Vollant, père, Thomas Vollant) qui avait tendu le filet dans la nuit sur la rivière, notre père qui avait dit : « Il a été arrêté ».
Luc André : Elle a eu connaissance qu’il avait tendu ses filets dans la nuit ici sur la rivière, c’était le père de Albert Vollant (Thomas), pis il s’est pogné, pis y est allé en prison.
Yvonne Vollant-André: (rires) Il devait passer en Cour, je ne me souviens pas de sa situation.
Pierre Lepage : Donc les gens en cachette (..), n’y avaient pas le droit de prendre du saumon à la rivière.
Luc André : Non.
Yvonne Vollant-André: Ça ne fait pas longtemps que les Innus pêchent le saumon.
Luc André : Elle dit que ça ne fait pas longtemps que les Indiens…
Yvonne Vollant-André: Il y a quelques années seulement. La fois qu’il y avait beaucoup d’Indiens qui ont été arrêtés, c’est dans ce temps-là qui avaient commencé à pêcher le saumon.
Luc André : Elle dit : « On a commencé peut-être, la première descente qui a eu la Sûreté, y eu beaucoup de…
Yvonne Vollant-André: C’étaient des gardes-chasse.
Luc André : …des Indiens emprisonnés pour ça, la pêche au saumon, c’est là vraiment qui a eu le début de la pêche.
Yvonne Vollant-André: Quand on montait dans le bois et qu’il y avait du saumon, on avait pris qu’un quand on faisait le feu. Nutshimiunnu (homme de bois) ce n’était vraiment pas sa nourriture préférée.
Luc André : « Nous autres », elle dit, « les chasseurs d’intérieur n’étaient pas très fort sur le saumon. » Elle dit : « C’était plus pour manger seulement un repas ou deux maximum ».
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé.
Luc André : C’est la fin de l’histoire. (rires) Ça fait deux fois que je ferme.
Pierre Lepage : Tshinashkumitin, parce que moi, je l’ai mis en relation avec l’environnement, la nourriture.
Luc André : Tu vois, t’as pas voulu croire que les Indiens ce n’était pas important dans la vie d’un Indien le saumon. (rires) Les discours d’un Montréalais.
Yvonne Vollant-André: Il y a la truite grise et le saumon, je serais beaucoup plus fâchée si on ne me donnait pas la truite grise pour manger que le saumon.
Luc André : Elle dit : « Si j’avais le choix aujourd’hui de manger la truite grise ou le (saumon), je serais plus fâchée si on ne me donne la truite grise, que le saumon. »
Luc André : Je vais traduire. Il (sic) elle dit : « mon nom c’est Yvonne, je suis la femme de Bernard Vollant. Mon père il s’appelle Mathieu André. Je vais parler », elle dit, « notre territoire c’était plus Uashau-pakuanipanan » qui appelle, c’est le lac Vézina dans le Labrador. Mais elle est née proche de la Rivière Georges. (S’adressant à Mme Vollant) Continue.
Yvonne Vollant-André: Alors nous descendions et je vais vous raconter de ce que je me souviens seulement. En descendant, Là où nous avons connu le gel à l’automne, c’est là que se trouvaient les canots, les canots de mon père. Ils étaient installés comme dans un échafaud. Au printemps, on allait les chercher et on les traînaient en descendant.
Luc André : Elle dit que… elle va parler plus de ce qu’elle se rappelle quand elle était plus jeune. Puis elle dit, le lac, où c’était gelé, c’est là qu’ils laissent leurs bateaux, leurs canots, puis ils faisaient comme pour soulever, ils accrochaient en haut des arbres pour le canot. C’est à partir de là au printemps que son père ou les autres allaient chercher les canots pour préparer à descendre.
Yvonne Vollant-André: C’est alors que nous descendions en toboggan…
Luc André : « Là », elle dit, « on commençait à descendre parce que les lacs étaient encore pris, pis on transportait les canots.
Yvonne Vollant-André: Pour descendre, nous allons nous rendre à Minaikut.
Luc André : Pis elle dit « nous autres, on va aller à Minaiku, un des lacs proches de Schefferville.
Yvonne Vollant-André: C’est là que nous allons nous réfugier. Dis-lui qu’un dénommé Bastien Mckenzie, il avait là un magasin, mais il n’y avait pas beaucoup de nourriture. Il vendait de la farine, il en laissera un peu de côté pour les chasseurs qui descendront. C’est à cet endroit pour la première fois que l’on mange le pain.
Luc André : Elle dit : « il y avait un nommé M. Bastien Mckenzie qui avait comme une sorte de magasin proche de Minaiku, pis c’est là qui euh… il gardait pour tout le monde, tous les chasseurs proches qui passaient par là, une partie de la farine. C’est la première fois de l’hiver qui vont manger de la farine, du pain.
Yvonne Vollant-André: C’est l’endroit où l’on attendait les Innus.
Luc André : C’est là que l’on attendait les autres familles pour se rassembler.
Yvonne Vollant-André: Attendre que le lac soit dégelé.
Luc André : « C’est là qu’on attendait », elle dit, « pour que le lac dégèle ».
Yvonne Vollant-André: On chassera que… encore pour la survie, du poisson.
Luc André : La seule manière de se nourrir, c’était le poisson, en attendant les autres familles.
Yvonne Vollant-André: Aujourd’hui il y a tellement de choses (équipements ou nourriture?); dans mon enfance, il n’y avait rien de cela.
Luc André : Elle dit, dans le temps qui allaient à la chasse eux autres, aujourd’hui elle dit, on voit qu’il y a beaucoup de gibiers, beaucoup de poissons, mais dans le temps c’était très rare.
Yvonne Vollant-André: Vois au printemps, le poisson n’est pas bon.
Luc André : Elle dit au printemps le poisson n’y est pas gras.
Yvonne Vollant-André: Il est maigre.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on attendait. Voilà l’arrivée du gibier (le canard). C’est alors qu’on se rend à Uepashkueshkau (rivière McPhaden).
Luc André : Elle dit : « Quand le canard arrive, là on déménage pour Uepashkueshkau, proche du Millage 328 à peu près, ou (au Millage) 310.
Yvonne Vollant-André: C’est là que les Innus se rendent. Ils arrivent les uns après les autres.
Luc André : C’est là que le monde se rassemble. Chaque jour, il y a du monde qui arrive pour se regrouper là, dans ce lac-là (sic, rivière).
Yvonne Vollant-André: C’est là que l’on mange de la bonne nourriture, le poisson. On tue le gibier, tout le monde est à la chasse.
Luc André : « C’est la première fois qu’on commence à avoir de la nourriture », elle dit. « Tout le monde chasse, le canard pis l’outarde arrivent là. »
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on s’installe, car c’est le dégel des lacs. Environ deux semaines qu’on s’y installe. On se fait des provisions aussi pour descendre la nourriture.
Luc André : Elle dit « on restait là pendant deux semaines. Chaque famille ramassait de la nourriture pour, qui auront besoin pour la descente vers le littoral. »
Yvonne Vollant-André: On descend selon notre rythme. Il n’y a jamais de halte. Le voyage continue toujours en canot.
Luc André : Une fois qu’on a commencé, on n’arrête jamais. Ça va être continuel.
Yvonne Vollant-André: Et nous manquions déjà de la nourriture à la descente (à la côte).
Luc André : Y en reste pu déjà la nourriture quand on est proche du littoral.
Yvonne Vollant-André: C’est alors qu’on descend et…
Pierre Lepage : Y a de la neige encore, les lacs sont encore gelés en haut (.)?
Luc André : Y attendent que les lacs soient dégelés pour descendre. Mais quand ils commencent dans leur territoire, les lacs sont gelés encore. Là ils traînent leurs canots.
Yvonne Vollant-André: On attendait vraiment que ça dégèle.
Luc André : …jusqu’à Minaiku parce que c’est une grande rivière (sic lac), c’est le premier qui dégèle.
Yvonne Vollant-André: Il y en a aussi en descendant des grands lacs.
Luc André : Elle dit aussi qu’il y a beaucoup de grands lacs que l’on rencontre.
Quand tu disais (s’adressant à sa mère) que les innus se rencontrent, est-ce qu’ils étaient contents de se retrouver ?
Yvonne Vollant-André: Bien sûr qu’ils sont contents. Il y a un grand festin quand le canard arrive. On mange ensemble, à la descente de l’endroit appelé Uepashkueshkau.
Luc André : Elle dit « quand on se réunissait, là sont arrivés les outardes, on faisait un makusham (festin traditionnel). Tout le monde mangeait ensemble.
Yvonne Vollant-André: On mangeait dehors. Tout le monde se mettait à cuisiner comme ce que l’on fait ici. »
Luc André : Elle dit « c’est comme aujourd’hui ». Tout le monde fait la cuisine. À chaque famille fait la cuisine qui va amener pour le makusham.
Yvonne Vollant-André: Aussi quand une famille avait plusieurs enfants, trop de personnes dans un canot, on s’entraide.
Luc André : Pis elle dit : « Si ceux qui ont beaucoup d’enfant là, la famille qui a beaucoup d’enfants, quelquefois on prend l’enfant pis on le met dans le canot, dans son propre canot. On s’entraidait avec ça », elle dit.
Yvonne Vollant-André: Aussi, prendre l’enfant de l’autre sur son dos.
Luc André : Pis en même temps dans un portage, on transportait même l’enfant des autres pour l’aider à marcher plus vite ou à descendre plus vite.
Yvonne Vollant-André: (à voix basse) On avait tellement de la misère. Nous sommes toujours à la descente. Au premier endroit, c’est vrai, il y avait un autre genre de magasin. Là il y avait un Blanc, il avait un petit magasin. Il y avait aussi feu Napetshiss (Cômiss Sr Pinette). Lui également avait un petit magasin.
Luc André : Elle dit qu’il y avait deux autres magasins, il y avait un Blanc et un Indien Cômiss Pinette, un Indien de Sept-Iles.
Yvonne Vollant-André: Où il y a une grande maison, comment ça s’appelle ? Ashuanipu.
Luc André : Ashuanipu, elle dit qu’il y avait un magasin là.
Yvonne Vollant-André: On mangeait encore un peu de pain à cet endroit. (rires)
Luc André : Une seconde fois qu’on mange du pain.
Yvonne Vollant-André: Il va falloir écourter, on ne pourra pas parler de tout.
Luc André : Ça ne dérange pas.
Yvonne Vollant-André: Ah ! ok
Pierre Lepage : C’est sûr c’est ça que je veux savoir.
Luc André : C’est ça qu’on veut (s’adressant à sa mère).
Yvonne Vollant-André: C’est à cet endroit que l’on s’installe, peut-être deux jours. Il y a des visiteurs, il y a aussi des innus.
Luc André : À Ashuanipi, elle dit, on rencontre d’autres familles. Ils reviennent, ils se rassemblent encore. On attend deux jours, on reste là deux jours pour les retrouvailles.
Yvonne Vollant-André: De là, on continue à descendre.
Luc André : Là on continue à descendre.
Yvonne Vollant-André: Le pourquoi qu’il y a beaucoup de monde à la descente, la mer est très profonde, il y a beaucoup d’eau.
Luc André : Elle dit : « Pourquoi on se rassemble parce que l’eau y monte beaucoup.
Yvonne Vollant-André: On fait attention l’un l’autre.
Luc André : On se protège, entre eux autres à cause de la rapidité des rivières.
Yvonne Vollant-André: On continue la descente pour arriver à un endroit appelé, comment je l’avais appelé, à.. où on (pêche) euh…
Luc André : Bernache
Yvonne Vollant-André: Non, où on harponne quelquefois…
Luc André : Comment ça s’appelle au (Millage) 36, au (Millage) 28 ?
Voix : Au (Millage) 40?
Luc André : Pakameshan a ?
Yvonne Vollant-André: Pakameshan, Pakameshan, oui. C’est là que… Dis-lui qu’à cet endroit, c’était très dangereux à cause d’une grosse chute et il nous fallait débarquer tout près d’un portage.
Luc André : Elle dit qu’il y a une grosse chute au Millage 36, l’eau était rapide pis, il y a une grosse chute, pis juste avant qu’on débarque, donc c’était dangereux pour qu’on puisse, être entraîné dans la chute.
Yvonne Vollant-André: C’est à cet endroit que Mishta-Anikashanit (Alexandre Mckenzie) le père à Mitushapeu (Paul-Arthur Mckenzie), qui a failli tomber dans cette chute.
Luc André : Un vieux a failli tomber dans la chute qui est le père de Paul-Arthur Mckenzie, Alexandre Mckenzie qui s’appelait.
Yvonne Vollant-André: Ça criait
Luc André : Elle dit : « on entendait beaucoup de bruit ». Tout le monde criait.
Yvonne Vollant-André: On a campé à cet endroit, à l’arrivée de ce lieu.
Luc André : Elle dit : « Au bas de la chute, on campait. Luc explique ici : Pakameshan, c’est là que le saumon, euh … (.) une grosse chute là, mais… Ok (voulant dire de continuer)
Yvonne Vollant-André: Alors on descend à la côte…
Luc André : Il n’y avait pas de saumon ?
Yvonne Vollant-André: On ne le pêchait pas, car (le saumon) ne montait pas encore, il était encore ici…
Luc André : Elle dit : « Quand ils arrivaient à la chute, il n’y avait pas de saumon encore, il était au bord, encore à l’embouchure.
Yvonne Vollant-André: On n’avait plus rien à manger.
Luc André : « Là », elle dit : « on n’avait rien à manger, personne n’avait de la nourriture. »
Yvonne Vollant-André: Pour les gens de Uinipekut (gens de la côte), les gens qui restaient à la côte, les gens qui ne montaient pas dans le bois, ils montaient dans le bois (surprise), mais n’avaient rien du tout. Même qu’ils cherchaient de la nourriture, ils ne pouvaient même pas donner de la nourriture à leurs jeunes enfants.
Luc André : Elle dit, les Indiens qui chassaient proche, quand eux autres arrivaient, n’y avaient rien à manger eux autres aussi. « Ils ne pouvaient même pas donner quelque chose aux enfants », elle dit.
Yvonne Vollant-André: Même quand il n’y avait rien à manger, on continuait le voyage.
Luc André : Elle dit : « Quand il n’y a pas de nourriture, on continuait à descendre ».
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on arrive à, ça s’appelle Takuatuepanu, n’est-ce pas ? Oui, où il y a des chalets. En innu, ça s’appelle Takuatuepannit.
Luc André : Elle dit, ils arrivent au (Millage 28), il y a des campements là, Club Adam’s, pas Club Adam’s, mais c’est au (Millage 28), ça appartenait pareil à (…).
Voix : Club privé.
Yvonne Vollant-André: C’est là au moins qu’on pouvait donner à manger aux enfants.
Luc André : « Là au moins », elle dit, « ils donnaient à manger aux enfants ».
Yvonne Vollant-André: Parce qu’ils attendaient ceux qui allaient monter, qui allaient pêcher.
Luc André : « Déjà ils préparaient leur campement », elle dit « pour la pêche au saumon ».
Yvonne Vollant-André: (Sic) À l’endroit appelé Kakatshat, l’autre bord (de la rivière),
Luc André : C’est au (Millage) 57 ça.
Yvonne Vollant-André: Oui, c’est de là que nous arriverons à la rivière, je pense que ça s’appelait Kakatshat le portage, nous débarquions à ras à la descente, c’est là que … On campait au mi-portage. C’était un long (portage).
Luc André : Le portage s’appelait Kakatshat, pis c’était très long, très long, pis c’était au bord de la rivière là, pis il fallait camper au milieu. Ça prenait donc…
(S’adressant à sa mère) : Combien ? Deux jours ?
Yvonne Vollant-André: On campait au milieu.
Luc André : Ça prenait deux jours ?
Yvonne Vollant-André: De quoi ?
Luc André : Pour portager.
Yvonne Vollant-André: Quand on montait, ça prenait deux jours. (Mais quand tu descends) ça va plus vite, car tu n’as pas de bagages. Pas de bagage à la descente. Seulement tes couvertures.
Luc André : Pis elle dit : « Il fallait dormir entre les deux. C’était plus rapide quand tu descendais parce que tu n’avais pas de bagage et tout. C’étaient juste tes draps pis ta tente que tu amenais.
Yvonne Vollant-André: Comme la perdrix, pour voir la perdrix, non. Tu ne voyais jamais de perdrix.
Luc André : Elle dit : « On ne voyait jamais de perdrix en descendant ».
Yvonne Vollant-André: Nous arrivons à, comment ça s’appelle ?
Luc André : Club Adam’s.
Yvonne Vollant-André: Oui c’est là qu’on arrive.
Luc André : Elle dit : « C’est là le dernier, avant d’arriver ici au Club Adam’s. Ce n’est pas loin, c’est juste en face ici.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on s’installait. C’est là qu’on donnait des biscuits durs. (rires)
Luc André : Elle dit quand ils arrivaient là, le Club leur donnait un biscuit chaque.
Yvonne Vollant-André: Et boire du thé, car c’est la première fois qu’ils boivent du thé.
Luc André : Pis on buvait pour la première fois, le thé.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on attendait. C’est là qu’on demandait un pick-up.
Luc André : « Pis là », elle dit, « on commandait un camion, un vrai là, des gros camions là pour….
Yvonne Vollant-André: Là-bas Nakatshun-meshkanat, le chemin de Nakatshun.
Luc André : Il y a un autre chemin là, pas loin, qui avait accès jusqu’à Sept-Iles ou à Moisie.
Pierre Lepage : 1935 qu’elle est née ?
Luc André : En quelle année tu es née ?
Yvonne Vollant-André: Je suis née en ’35.
Pierre Lepage : Pis elle c’est dans les ‘40 qu’elle parle là. Elle avait quel âge à peu près ?
Luc André : Tu avais quel âge de ce que tu nous racontes ?
Yvonne Vollant-André: J’étais assez grande. Je devais avoir 15 ans.
Luc André : 15 ans à peu près.
Pierre Lepage : Ok
Yvonne Vollant-André: Vois Napess (Benoît André, son jeune frère) ne pouvait pas très bien marcher encore. On le portait sur le dos. Je devais être plus jeune, car Napess on le portait sur le dos.
Luc André : Elle (Yvonne) était jeune que 15 ans.
Yvonne Vollant-André: Oui, je ne me souviens pas quel âge j’avais. C’était dans le temps qu’on arrivait à la côte. C’est là qu’on demande un char, un gros. Il n’y avait pas de petits chars.
Luc André : Elle dit il n’y avait pas petites voitures, c’étaient juste les camions. On commande qu’on vienne nous chercher.
Yvonne Vollant-André: C’est là qu’on traverse vers l’escalier. Vous devez le voir celui qui a beaucoup de marches.
Luc André : Elle dit : « On a juste à traverser pis l’autre bord il y avait les camions.
Yvonne Vollant-André: On montait l’escalier.
Luc André : « On montait ».
Yvonne Vollant-André: On s’installait là, c’était grand comme ici. C’était déboisé, à l’arrivée sur la rivière, ici à Nakatshun. On fait le feu pour l’attende de l’arrivée du camion.
Luc André : Elle dit que c’est en face, c’était ouvert. C’était déblayé, il y avait des arbres. Ils attendaient que le camion arrive.
Yvonne Vollant-André: On allait puiser l’eau. Tout le monde se lavera dans les bois. (rires) On va se laver le visage se mettre beau en attendant le camion.
Luc André : Elle dit pendant qu’ils attendaient le camion, tout le monde allait chercher l’eau pour prendre son bain. Ils se changeaient avant que le camion arrive.
Yvonne Vollant-André: (Le camion) arrive. Il va faire des aller-retours. Tout le monde embarquait, le plus qu’on pouvait. Ce sera toujours le même camion pour descendre.
Luc André : Il va euh…
Yvonne Vollant-André: Tout d’abord à Uashat, après vers Mishta-shipu (village), qu’on conduira les Mishta-shipiunnuat (ans leur village.
Luc André : Elle dit qu’il y a deux sortes de voyage les gens de Sept-Iles et les gens de Moisie. Le premier voyage c’étaient les gens de Sept-Iles.
Yvonne Vollant-André: Nous voilà à destination. Arrivés à destination, tous les Uashaunnuat étaient là, devaient recevoir un message disant que des gens arrivent des bois. Tout le monde se rend là-bas, près de chez-nous là, c’est là que les Innus y allaient. Il y avait beaucoup de monde.
Luc André : « Quand on arrivait nous autres », elle dit, on avait une maison à Sept-Iles. Tout le monde venait.
Yvonne Vollant-André: Tout le monde y allait.
Luc André : Tous les Indiens venaient voir les gens qui ont monté, y arrivaient de la chasse.
Yvonne Vollant-André: Oui, tellement qu’ils étaient contents de voir les gens arrivés.
Luc André : Parce qu’elle dit, ils étaient contents que les gens arrivent, descendre du bois.
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé.
Pierre Lepage : Ils se nourrissaient de quoi à Sept-Iles ? Parce qu’il n’y avait pas encore le saumon.
Luc André : S’adressant à sa sœur : « C’est quoi que vous mangiez à Uashat ? demande (le monsieur).
Yvonne Vollant-André: On mangeait de la nourriture de la côte, aussi de la morue. C’est de cela que nous vivions.
Luc André : Elle dit…
Yvonne Vollant-André: Il y avait des Blancs qui allaient au large…
Luc André : Il devait avoir des Innus qui avait de l’argent, n’est-ce pas ?
Yvonne Vollant-André: Ce n’était pas cher, ça devait coûter 0,25$ si ça devait coûter très cher. Ou peut-être ce ne coûtait pas beaucoup.
Luc André : Elle dit : « Les Blancs pêchaient la morue eux autres. C’était 0.25$ la morue (S’adressant à sa sœur) Mais ils achetaient n’est-ce pas quand ils descendaient ? Comme notre père quand il descendait… il
Yvonne Vollant-André: Oui, après avoir rencontré leur marchand, le gérant, celui qui faisait crédit se nommait Utshimass (Bob Ross), il y avait aussi Puanitashiss (Bourdage), le gérant, je me demande ce qu’est son nom, euh, celui qui est maigre. Je ne me souviens pas de son nom.
Luc André : Elle dit « Il y avait Bourdage, M. Bourdage qui était traiteur, pis M. Ross, pis un autre, elle ne se souvient pas du nom. Quand tu arrivais, t’allais les voir avant.
Yvonne Vollant-André: C’est eux autres qui achetaient la fourrure.
Luc André : … pour la vente des peaux.
Yvonne Vollant-André: C’est eux qui achetaient les peaux.
Luc André : Après on faisait des achats ?
Yvonne Vollant-André: C’est après ça que les gens faisaient des achats. Ce sont les chevaux qui transportaient les provisions achetées.
Luc André : Après avoir vendu tes peaux, la nourriture que t’as achetée, c’est le cheval qui ramenait chez-vous. C’était le taxi.
Yvonne Vollant-André: C’est-ce qui s’est passé.
Luc André : C’est ce qui un peu s’est passé, elle dit. Ekue utamashkuteutik pineutshiss.
Yvonne Vollant-André: (rires) C’est ce qu’on disait autrefois, aussi (après avoir raconté) une légende.
Pierre Lepage : (.) nous disait que les Blancs étaient contents de voir les Indiens arriver.
Luc André : Les Blancs devaient être contents eux aussi…
Yvonne Vollant-André: La manière que nous nous regardons aujourd’hui (face à face présentement), c’était comme ça aussi autrefois. Il n’y avait pas beaucoup de maisons.
Luc André : Elle dit : « Il n’y avait pas beaucoup de Blancs ». (Inaudible, parlent ensemble)
Yvonne Vollant-André: C’était comme s’ils étaient notre parenté. Ils venaient visiter les Innus.
Luc André : Y allaient rendre visite aux Indiens.
Yvonne Vollant-André: Voit, nous autres, après être rendus ici, les Blanches lavaient nos vêtements. Nos vêtements (que nous utilisions dans le bois), tous nos vêtements, elles nettoieront nos affaires, laveront les murs (de nos maisons). Autrefois, ce sont les Blanches qui faisaient ce genre de travail.
Luc André : Elle : « Quand on arrivait, les Blanches venaient travailler, faire la lessive pour les vêtements qu’on a apportés. Elles nettoyaient la maison, faire le grand ménage.
Yvonne Vollant-André: Elles demandaient de la nourriture.
Luc André : « Nous autres en retour, on payait en nourriture. Luc rajoute ceci : ce que mon père avait acheté au petit magasin, au traiteur. »
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé. Aussi un grand événement quand un missionnaire arrivait. Une autre chose que nous avions appréciée.
Luc André : Elle dit : « Un des évènements importants, c’est la venue du prêtre. Tout le monde…
Yvonne Vollant-André: La première communion des enfants, la confirmation.
Luc André : Première communion, pis la confirmation.
Pierre Lepage : À quel moment qui arrivait ici, vers quelle date à Moisie ou à Sept-Iles?
Luc André : (s’adressant à sa sœur) : Vers quelle date descendiez-vous vous autres ?
Yvonne Vollant-André: Mois de juin, vers la fin du mois que nous descendions.
Luc André : « Nous autres on arrivait vers la fin de juin.
Yvonne Vollant-André: Ce n’était pas comme ça. Très tôt il n’y avait pas de neige, n’est-ce pas ? Aujourd’hui, c’est toujours plus tard, toujours plus tard.
Luc André : Elle dit que c’est assez rapide pour le dégel.
Yvonne Vollant-André: C’était toujours comme ça.
Pierre Lepage : Pis après ça, c’était le saumon ? Y avais-tu d’autres…
Yvonne Vollant-André: Les Blancs posaient des filets pour le saumon. C’est de cette façon qu’on prenait le saumon. Les Innus n’ont jamais pêché ici. De ce que je me rappelle…
Luc André : Elle dit, qu’ils allaient acheter le saumon parce qu’il y avait des pêcheurs à la mer, les pêcheurs de saumon. Les Indiens y achetaient du saumon là.
Yvonne Vollant-André: Une fois ce dont je me rappelle, le père à Ti-Bert (Albert Vollant, père, Thomas Vollant) qui avait tendu le filet dans la nuit sur la rivière, notre père qui avait dit : « Il a été arrêté ».
Luc André : Elle a eu connaissance qu’il avait tendu ses filets dans la nuit ici sur la rivière, c’était le père de Albert Vollant (Thomas), pis il s’est pogné, pis y est allé en prison.
Yvonne Vollant-André: (rires) Il devait passer en Cour, je ne me souviens pas de sa situation.
Pierre Lepage : Donc les gens en cachette (..), n’y avaient pas le droit de prendre du saumon à la rivière.
Luc André : Non.
Yvonne Vollant-André: Ça ne fait pas longtemps que les Innus pêchent le saumon.
Luc André : Elle dit que ça ne fait pas longtemps que les Indiens…
Yvonne Vollant-André: Il y a quelques années seulement. La fois qu’il y avait beaucoup d’Indiens qui ont été arrêtés, c’est dans ce temps-là qui avaient commencé à pêcher le saumon.
Luc André : Elle dit : « On a commencé peut-être, la première descente qui a eu la Sûreté, y eu beaucoup de…
Yvonne Vollant-André: C’étaient des gardes-chasse.
Luc André : …des Indiens emprisonnés pour ça, la pêche au saumon, c’est là vraiment qui a eu le début de la pêche.
Yvonne Vollant-André: Quand on montait dans le bois et qu’il y avait du saumon, on avait pris qu’un quand on faisait le feu. Nutshimiunnu (homme de bois) ce n’était vraiment pas sa nourriture préférée.
Luc André : « Nous autres », elle dit, « les chasseurs d’intérieur n’étaient pas très fort sur le saumon. » Elle dit : « C’était plus pour manger seulement un repas ou deux maximum ».
Yvonne Vollant-André: C’est ce qui s’est passé.
Luc André : C’est la fin de l’histoire. (rires) Ça fait deux fois que je ferme.
Pierre Lepage : Tshinashkumitin, parce que moi, je l’ai mis en relation avec l’environnement, la nourriture.
Luc André : Tu vois, t’as pas voulu croire que les Indiens ce n’était pas important dans la vie d’un Indien le saumon. (rires) Les discours d’un Montréalais.
Yvonne Vollant-André: Il y a la truite grise et le saumon, je serais beaucoup plus fâchée si on ne me donnait pas la truite grise pour manger que le saumon.
Luc André : Elle dit : « Si j’avais le choix aujourd’hui de manger la truite grise ou le (saumon), je serais plus fâchée si on ne me donne la truite grise, que le saumon. »
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André-Vollant, Yvonne (interviewé), Lerpage, Pierre (intervieweur), et Malenfant, Eddy (cinéaste), “André-Vollant, Yvonne,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, consulté le 13 novembre 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/333.