Grégoire, Alphonse (1)
Title
Grégoire, Alphonse (1)
Subject
Uamen-shipu; eskimos; chien; forêt vivre; famine; base militaire; Naskapis arrivée; Kujjuak; pensionnat; Matimekush
Description
histoire innue; récit de vie
Creator
Grégoire, Alphonse (interviewé)
Malenfant, Eddy (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2005
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Alphonse 1 from CRC Uetshit Takuaimatishun on Vimeo.
Language
Innu
Coverage
Entretien à Matamek
Type
récit de vie | oral history
Format
Mp4 33 min 17 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Je suis heureux d’être ici pour pouvoir raconter l’histoire de mes parents et moi lors de nos séjours dans la forêt.
Je suis né dans la forêt, dans la nature. Le nom de l’endroit où je suis né s’appellerait Nushkuau shakaikan (Lac le Fer). Mon père se nommait Napaien Kenikuen (Raphaël Grégoire) alias (Katshishennapeuat), et ma mère se nommait Nishapet (Elisabeth). Ma mère Elisabeth à des liens de parenté avec les autochtones surnommés les crieurs (Cris).
0:41 C’est notre lien de parenté. On nous surnomme, notre vrai nom est les petits-Grégoires (Kenikuenisset). Nous sommes nombreux. Par exemple, mon grand-père Uatshekuetesh, c’est ainsi qu’il se nommait, venait de la région de Caniapiscau. C’est de cet endroit que proviendraient nos liens de parenté. Mon grand-père était également un (Ntshekueniuinnu).
1:20 Lors de son arrivé ici à Uashat, il a marié ma grand-mère. Ma grand-mère s’appelait Pinamen (Philomène). J’ai plusieurs tantes. Le frère à mon Père Meshkueshish, que les prêtres ont nommés Pierre Grégoire. Mes autres oncles ; Penashue, Mesnak Penashue alias François Aster, et mon autre oncle Napessesh surnommé Uteshteu, se nomme (Joseph-Paul Aster), lui était un très grand chasseur. Mon oncle Shimiu l’était aussi. Il était le père des Mesnakusset. Mon grand-père s’appelait Mesnakuss. C’est tous les membres de ma famille.
2:23 Nos vrais liens de parenté viennent de Mamit-Innuat (Base côte-Nord) semble-t-il.
Il y avait un certain Thomas Grégoire de la Romaine, maintenant décédé. Il y avait également Michel Grégoire ainsi que Jérôme Grégoire alias Shelumiss. C’est de mon oncle Meshkushish que j’ai appris sur mes liens de parenté.
Il semble que mon père marchait très loin pour aller dans la forêt. Il partait de Moisie Sept-Îles pour se rendre à Fort-Chimo pour faire les achats, même à Québec et à Davis Inlet.
Il était accompagné de l’aîné Monsieur Tshishenniu-Gabriel. C’est lui qui lui a enseigné à ce qu’il devait faire.
Lorsqu’il est allé à Fort-Chimo, l’aîné lui avait enseigné que lorsqu’il serait rendu à l’endroit où il n’y aurait plus d’arbres, c’est à cet endroit qu’il rencontrerait les Inuits. À leur arrivée c’est avec les chiens qu’ils se rendirent au magasin de Fort-Chimo pour aller faire leurs achats. Le retour se faisait avec les mêmes Inuits qui étaient venu les porter.
4:19 Dans la toundra, il n’y a pas de neige molle. Les Eskimos ne se servent pas de raquettes pour marcher. La neige sur le sol est durcie. Le sol est très dur. Il n’y a pas de chemin ou de pistes à suivre. Les chiens les mènent à l’endroit où ils veulent aller. Les chiens retrouvent toujours leur chemin de retour. Le sol est très dur et il n’existe aucun chemin.
5:05 Le nom de l’endroit s’appelle Champ doré. Lui et l’aîné ont demeuré à cet endroit pendant un an. L’aîné l’a gardé à cet endroit pour lui apprendre tout ce qu’il y avait à faire. Mon père était habile, il n’a jamais eu besoin d’ouvrir un livre ou de se servir d’une boussole. Il y a aussi le GPS qui n’existait pas encore.
5:35 Je pense souvent aux fois que nous allions dans la forêt avec mon père. Il pouvait même marcher le soir sans se servir d’une lampe de poche. S’il devait se rendre à un endroit, il s’y rendait. Un soir, nous voulions nous rendre à notre canot, nous y sommes arrivés directement devant. Il me surprenait beaucoup. Je me demandais comment il a pu s’y rendre en plein noirceur. Comment il faisait pour voir, ou savoir où il allait.
6:08 Il y avait aussi mon oncle Dominique Ashini m’avait appris dur la vie en forêt. Comment apprêter le caribou et comment y trouver mon chemin. Il me racontait que c’était mon père qui lui avait appris. Il m’expliquait que lorsque je devais marcher dans la forêt, je devais me référer aux arbres. Je devrais dépasser le premier arbre situé à ma gauche, pour ensuite dépasser celui à ma droite et ainsi de suite. Il ne fallait pas que je dépasse seulement celui à ma gauche, sinon j’allais revenir à mon point de départ. Il m’expliquait que ce serait un grand détour pour aboutir sur le même chemin. C’est ce que mon oncle m’a enseigné. Ce dont je me rappelle sur les enseignements de ma famille.
7:09 Mon père m’a appris de tout. Comment tendre un filet sous la glace. Parfois, la glace est très épaisse, et il réussit quand même a le percer afin qu’il puisse y tendre son filet. Parfois il préparait sa corde en automne. Il plaçait sa corde tout au long pour pouvoir y attacher son filet en hiver. Il mettait de la neige sur la glace qu’il avait cassé, et mettait une longue branche pour marquer l’endroit. Lorsqu’on retournait, c’est à cet endroit qu’il tendait son filet. C’est de cette manière que c’était dans la nature avec mon père.
8:10 J’ai également était témoin de la famine. Toutefois, la durée de famine pour nous ne durait pas très longtemps car mon père allait rapidement chercher ce dont il avait besoin. Lorsque mon père partait, notre mère s’occupait de nous. Nous étions trois enfants, Shapatesh et Shepashtien, un enfant qui avait été confié à ma mère. Il s’appelait Shepashtien Ashini alias en innu, Uetemikuanishu. Et lorsque je mentionne ma parenté, Shimiu, Penashuen, Napessesh, leur père était un NItshikuaniunnu. Mon grand-père Missinakuss était celui qui tendais souvent des filets et attrapais les poissons.
9:16 Lorsque nous étions à Kanekuanikat, l’endroit où on chaussait le castor s’appelait kanekuanikat, mon père y était. Et lorsque mon père partait pour la nuit à la chasse au castor, nous restions avec notre mère. Parfois, elle chassait la perdrix. Nous mangions de la perdrix, du lièvre, du porc-épic et du poisson. C’est dont ce que nous vivions.
9:52 Il y avait des soldats à Kanekuanikat, l’endroit était à upatshishetunnat, mais maintenant il est en dessous de l’eau, il est inondé. Je me rappelle qu’il y avait des soldats, et la base militaire était en face sur la rive opposée. Nous étions à l’autre bord. Parfois, Il nous arrivait de voir des avions faire tomber des barils dans l’eau car ils ne pouvaient pas atterrir. C’est un DC3 qui venait leur porter du carburant.
10:35 J’étais souvent étonné de voir ce que ma mère pouvait faire lorsque mon père était absent. Elle allait bûcher le bois plus loin, tandis qu’il n’y en avait pas loin autour. Elle allait très même très loin lorsqu’elle allait chercher des branches de sapin, et pourtant il y en avait aux alentours aussi. Nous lui demandions alors pourquoi elle allait très loin pour chercher ses cordes de bois et ses branches de sapin. Elle nous a répondu que si jamais elle tomberait malade, elle n’aurait pas à marcher très loin pour s’en procurer. Qu’elle ne pourrait marcher loin. Même lorsqu’elle chassait, elle allait plus loin pour chasser la perdrix et le lièvre, elle ne restait pas proche, elle allait plus loin. C’est ce que nous mangions lorsque nous étions dans la forêt.
11:43 Lorsque mon père était au Champ doré avec l’aîné, l’aîné lui racontait qu’ils n’avaient jamais rencontré les gens de Fort-Chimo. Tshishenniu-Kapenien non plus ne les auraient jamais vues. Il y aurait eu une seule fois qu’un aîné au nom de Nametshikapu serait venu. Ils sont resté avec lui jusqu’au moment qu’il décide de retourner dans sa communauté. Les autochtones que l’on appelle les Naskapis n’est pas leur nom réel. Auparavant ils s’appelaient des Unashkapiat. Le mot unashkapi n’est pas un mot que l’on veut vraiment utiliser car c’est un mot vulgaire et je préfère ne pas vous dire sa définition car je n’aime pas trop le verbaliser. Ils ont modifié leur nom.
13:06 Les Naskapis sont originaire de Fort Mckenzie. Monsieur Noah Einish, son petit-frère Luke Einish et Sandy Nattawappio sont alors venus ici. C’est un plus haut placé qui leur apprend qu’il y a une communauté par ici. C’est alors qu’ils ont fait la demande au Chef Mishta-napeu de les rapatrier, afin de demeurer à Schefferville, Matimekush, au Lac John plutôt. Il a fallu du temps avant que leur demande soit acceptée.
13:54 Un aîné, notre grand-père Shepashtien Mckenzie avait déjà fait leur connaissance car Il avait déjà travailler à Fort-Chimo. Il avait travaillé pour le magasin de la Baie-d’Hudson. C’est dans ce magasin qu’ils voyaient des gens de Fort-Mckenzie.
14:30 Une dame au nom de Anne m’a raconté qu’ils étaient très pauvre à Fort-Mckenzie. Elle disait que les gens devenaient tous malade et que si leur demande de déménager aurait été refusé, ils auraient tous périls de la maladie. Plusieurs habitants étaient déjà morts de la famine. Un avion de l’armée a été envoyé pour aller les récupérer afin qu’ils puissent déménager, et se sont installés au Lac-John à l’ancienne réserve.
15:17 Un moment donné, je ne suis pas certain des négociations qu’il y eu car j’étais encore jeune. Le gouvernement leur a informé qu’il allait leur construire des maisons tandis que nous, n’avions jamais eu de nouvelles maisons construite du Gouvernement depuis le temps que nous habitions là. Tandis qu’eux, se faisaient construire de nouvelles maisons.
15:39 C’est à ce moment qu’ils ont eu leur propre réserve non loin plus haut du Lac-John.
Leurs maisons en bois construite en rangées, et nous, habitions dans des vielles maisons depuis le tout début. Auparavant, nous habitions proche de la ville. À ce que je me souviens, lorsque nous sommes arrivés, nous étions sur l’ancien aéroport. Il n’y avait personne à cet endroit. Il y avait seulement mon grand-père Tshishenniu-Kapanien, Pinameins, Penashue et l’aîné Joseph Mckenzie alias Tshishtesheniss et Pierre Mckenzie. Ils travaillaient pour le contracteur dont je ne me souviens pas du nom. Mon père y avait travaillé aussi.
16:42 C’est alors que l’agrandissement de la ville a débuté. Mon grand-père était également présent. Il a commencé à travailler pour Richard Ryan sur la construction de maisons pour la création de la ville. Il y avait un médecin qui se nommait Dr. Louis Roy. L’hôpital était situé pas très loin de la réserve. C’était un très gentil médecin. Il avait ses collègues. On l’appelait l’assistant du médecin vu qu’il travaillait avec le médecin. Parfois, il vendait pour aider les innus. Les maisons étaient munies de fournaises à l’huile. Le vendeur d’huile à chauffage faisait sa ronde pour vendre des bidons de 5 gallons pour 2.50$. L’innu achetait son 5 gallons d’huile et le soir il transvidait son bidon dans le réservoir qui était situé à l’arrière de la maison. Il penchait son bidon assez longtemps pour s’assurer qu’il était complètement vide. Tout ça pour garder les enfants au chaud.
18:19 Mon père était malade, il avait été transféré vers Mont-Joli. Il y est resté longtemps. Nous restions avec notre mère. Parfois, nous l’accompagnions le jour, pour aller chercher des cordes de bois au Lac-John. C’est visible dans la forêt. C’est comme s’il avait été déboisé. Plusieurs innus allaient bucher leur bois à cet endroit. Les gens chauffaient avec ce bois lorsqu’ils n’avaient pas d’huile à chauffage. La plupart du temps, la fournaise à l’huile était seulement allumée la nuit afin de garder les enfants au chaud.
19:06 Je vais revenir longtemps en arrière lorsque nous habitions à l’ancien aéroport. Mon grand-père se rendait en ville à pied pour aller faire ses emplettes au magasin. Le magasin général n’existait pas dans le temps. Il n’y avait qu’un dépanneur où on pouvait acheter de tout. Le taxi existait aussi, le chauffeur s’appelait Bonhomme Roy. La viande était vendue au French mines où il y avait une boucherie. Lors des jours de paie, les femmes allaient acheter la viande, et allaient en même temps chercher les provisions au dépanneur. C’est tout ce dont je me rappelle.
20:17 En parlant des Naskapis, ils ont tellement de pouvoirs sur ce territoire. Mais d’où doit venir cette décision. Pourtant mon père n’en a jamais parlé, et Monsieur Tshishenniu-Kapenien ne les aurais jamais vues auparavant. Ils allaient seulement jusqu’à l’endroit où il n’y avait plus d’arbres, c’est à dire au Champ-dôré, à Fort Mckenzie. Ils faisaient des allers-retours a ces endroits-là. Je ne comprends pas comment ils peuvent être propriétaires des territoires dont ils parlent.
21:09 Certains Naskapis m’ont déjà racontés, Monsieur Noah Einish, et Luke Guanish m’ont raconté comment de misère ils ont vécus où ils habitaient auparavant. A manquer de nourriture ou lorsqu’ils étaient malades.
21:40 Il y avait un magasin sur le Nitassinan nommé Petessiupat. Je crois que Shepashtien Mckenzie était également à ce magasin. C’est aussi à ce magasin qu’ils allaient faire leurs achats. Il y avait aussi le magasin à Mishta-Napeu proche d’ici, et celui de Napetshiss. L’approvisionnement du magasin se faisait par avion. L’innu allait chercher ses provisions, telles que la farine, le thé, la poudre à pâte et le sucre. Ils payaient leurs achats avec leurs fourrures. Ils pouvaient faire une épicerie équivalente à la valeur de la fourrure. Ils pouvaient prendre n’importe quoi. Il y avait surement des balles à fusil.
22:57 Mon père, mon oncle Penashue et mon oncle Mashkushish m’ont raconté que lorsqu’ils allaient à Davis Inlet pour faire leurs achats, ce n’est pas tout le monde qui pouvait s’y rendre. Mon oncle Shaush m’a également dit que mon père était le seul qui connaissait le chemin. À ce qu’il parait, Il y aurait beaucoup de montagnes. Personnellement je ne le sais pas car je n’ai jamais vu l’endroit. Il y aurait plusieurs montagnes et il serait très dangereux de faire des chutes. C’est l’histoire que mes oncles m’ont racontée.
23:36 Nous les Grégoires alias Kenikuenissat, mon oncle Mishkushish était marié à deux reprises à Sheshatshiu (North West River). Environs la moitié de la population sont des Grégoires et étaient ses enfants à lui. Il parait qu’il avait 12 enfants. Présentement j’ai beaucoup de parenté à Sheshatshiu et j’en ai également à la Grande rivière de la Baleine car ma mère et mon grand-père Messinakuss venaient de cet endroit. Je ne pourrais me souvenir d’eux ni de les connaître car je n’ai jamais vu l’endroit.
24:32 J’ai vu plusieurs endroits, j’ai même vu Fort-Chimo, à Kuujuuak précisément. J’ai voyagé là pour assister à une rencontre sur le caribou. La rencontre disait que le caribou était en extinction, que l’Innu les auraient tous tués. Comment veux-tu que l’Innu puisse tuer tous les caribous, car l’innu ne tuait pas beaucoup de caribous. Le seul moment où ils tuaient beaucoup de caribous est lorsqu’ils allaient à Rivière-George par avion. L’innu allait chasser pour se ramasser de la viande afin de pouvoir faire sa graisse de caribou, et pour se servir de la peau pour confectionner ses raquettes et bottes. C’est ce que l’innu faisait.
25:44 Ici lorsque les gens allaient en campement à Moisie, à (Pikakumueshan). C’est l’endroit où l’innu s’arrêtait pour pêcher, sécher et emballer le poisson qui allait servir lors de son séjour à pied vers l’endroit où il s’en allait. Nous, c’était toujours en forêt. Il y avait également des innus de Uashat, des gens de la rivière Sainte-Marguerite (tshemanipishtikunnuat) qui s’en allait en campement au Uinepeku-assit, ici pas loin.
26:23 Nous, nous alliions loin. Par exemple à Kuujjuak, Fort-Chimo où mon père allait avec l’aîné Tshishenniu-Kapenien pour chasser et pour la fourrure. Pour revendre leurs fourrures afin de payer leurs comptes.
27:02 Ce qui est le plus surprenant, durant le temps que l’innu chassait dans la forêt, il manquait de nourriture et avait très faim. Mais une fois qu’il avait vendu sa fourrure et que les comptes étaient payés, il prévoyait déjà sa prochaine chasse. Pourtant il venait de vivre l’expérience de la famine. L’innu doit être semblable au saumon, il retourne à l’endroit d’où il est né. Plusieurs innus doivent être nées en forêt.
27:47 Par exemple, tout comme moi, je ne me souviens toutefois pas de la place, mais ma mère me disait que ça s’appelait Nushkau-shakaikan (Lac le Fer). Une vieille dame agissait en tant que sage-femme. Ils montaient une tente à part pour la femme qui allait donner naissance. L’homme devait bûcher pour chauffer les deux campements, soit celui qui était déjà là et celui qu’ils venaient de monter où le nouveau-né allait naître. Des histoires de l’ancien temps.
28:32 Parfois lorsqu’on me raconter des histoires d’où je venais, on me disait que je venais d’une vieille souche. Elle me disait qu’elle m’avait trouvé dans une vieille souche. Je croyais ce qu’on me disait, et lorsqu’on allait dans la forêt, je cherchais la vieille souche pour voir s’il y aurait un enfant. Je disais à mes parents qu’il n’y avait pas d’enfant là, et ils me répondaient que quelqu’un a dû le prendre. Mes parents me racontaient pleins d’histoires.
29:14 Souvent j’allais avec mon oncle, et Joe aussi, lorsqu’il allait se promener dans la forêt, à la chasse. Nous mangions souvent du caribou et du poisson. Nous étions à un endroit qui s’appelle Mishta-Shapateshapan. C’est à cet endroit que nous allions en campement. Lorsque nous habitions au Lac-John, mon père était encore apte à travailler. On nous reconduisait de l’ancienne réserve jusqu’à l’ancien aéroport en canot. Parfois il engageait une personne pour nous reconduire de Katshikaiat vers le Mishta-Shapateshapan à la rame en canot.
30:13 J’étais vraiment jeune, je n’étais pas très grand. Toutefois, j’avais déjà droit de me servir d’un petit fusil pour tuer la perdrix. Je pouvais déjà ramer sur le bord. On me disait ne ne pas aller où l’eau était profonde. Je ramais sur le bord pour aller à la pêche et j’aimais beaucoup ce que l’on faisait.
30:45 Mon frère Shepashtien, un enfant confié à ma mère lorsque son premier enfant est décédé. Trois de ses enfants sont décédés. Une fille au nom de Shushan, une autre fille au nom de Manish et son garçon Napaien, tous les trois sont décédés. C’est alors qu’elle a eu la garde de Shepashtien. Ma grands-mère lui a confié la garde. Elle l’avait gardé pendant un an. Lorsqu’elle est revenue, elle voulait rendre l’enfant. Elle lui a été dit de garder l’enfant. Ma mère disait que Shepastien l’aimait et qu’il ne voulait pas la quitter. Il avait grandi depuis qu’elle l’avait gardé.
31:43 C’était notre histoire. Nous avons demeuré à Schefferville. Avant d’être ici, ils ont retournés au pensionnat de Maliotenam. J’y étais. Mais au début, je fréquentais l’école du pensionnat et je retournais à la maison en passant par le boisé.
Nous sommes allé en forêt en 1954. En 1954, le chemin de fer n’était pas tout à fait terminé. Je me rappelle lors la construction du chemin de fer, je pouvais rester environs une semaine ou 8 jours dans le train. Et lorsque le train s’arrêtait, mon oncle Napessesh s’informait du temps d’arrêt, ce qui lui permettait de débarquer pour aller chasser ou pour aller pêcher. Et lorsqu’il revenait, nous faisions à manger. Sur le train il y avait des poêles à charbon pour garder le train au chaud. Le voyage sur le train était très long.
Lorsque nous sommes arrivés à Schefferville, Il faisait extrêmement froid.
Je suis né dans la forêt, dans la nature. Le nom de l’endroit où je suis né s’appellerait Nushkuau shakaikan (Lac le Fer). Mon père se nommait Napaien Kenikuen (Raphaël Grégoire) alias (Katshishennapeuat), et ma mère se nommait Nishapet (Elisabeth). Ma mère Elisabeth à des liens de parenté avec les autochtones surnommés les crieurs (Cris).
0:41 C’est notre lien de parenté. On nous surnomme, notre vrai nom est les petits-Grégoires (Kenikuenisset). Nous sommes nombreux. Par exemple, mon grand-père Uatshekuetesh, c’est ainsi qu’il se nommait, venait de la région de Caniapiscau. C’est de cet endroit que proviendraient nos liens de parenté. Mon grand-père était également un (Ntshekueniuinnu).
1:20 Lors de son arrivé ici à Uashat, il a marié ma grand-mère. Ma grand-mère s’appelait Pinamen (Philomène). J’ai plusieurs tantes. Le frère à mon Père Meshkueshish, que les prêtres ont nommés Pierre Grégoire. Mes autres oncles ; Penashue, Mesnak Penashue alias François Aster, et mon autre oncle Napessesh surnommé Uteshteu, se nomme (Joseph-Paul Aster), lui était un très grand chasseur. Mon oncle Shimiu l’était aussi. Il était le père des Mesnakusset. Mon grand-père s’appelait Mesnakuss. C’est tous les membres de ma famille.
2:23 Nos vrais liens de parenté viennent de Mamit-Innuat (Base côte-Nord) semble-t-il.
Il y avait un certain Thomas Grégoire de la Romaine, maintenant décédé. Il y avait également Michel Grégoire ainsi que Jérôme Grégoire alias Shelumiss. C’est de mon oncle Meshkushish que j’ai appris sur mes liens de parenté.
Il semble que mon père marchait très loin pour aller dans la forêt. Il partait de Moisie Sept-Îles pour se rendre à Fort-Chimo pour faire les achats, même à Québec et à Davis Inlet.
Il était accompagné de l’aîné Monsieur Tshishenniu-Gabriel. C’est lui qui lui a enseigné à ce qu’il devait faire.
Lorsqu’il est allé à Fort-Chimo, l’aîné lui avait enseigné que lorsqu’il serait rendu à l’endroit où il n’y aurait plus d’arbres, c’est à cet endroit qu’il rencontrerait les Inuits. À leur arrivée c’est avec les chiens qu’ils se rendirent au magasin de Fort-Chimo pour aller faire leurs achats. Le retour se faisait avec les mêmes Inuits qui étaient venu les porter.
4:19 Dans la toundra, il n’y a pas de neige molle. Les Eskimos ne se servent pas de raquettes pour marcher. La neige sur le sol est durcie. Le sol est très dur. Il n’y a pas de chemin ou de pistes à suivre. Les chiens les mènent à l’endroit où ils veulent aller. Les chiens retrouvent toujours leur chemin de retour. Le sol est très dur et il n’existe aucun chemin.
5:05 Le nom de l’endroit s’appelle Champ doré. Lui et l’aîné ont demeuré à cet endroit pendant un an. L’aîné l’a gardé à cet endroit pour lui apprendre tout ce qu’il y avait à faire. Mon père était habile, il n’a jamais eu besoin d’ouvrir un livre ou de se servir d’une boussole. Il y a aussi le GPS qui n’existait pas encore.
5:35 Je pense souvent aux fois que nous allions dans la forêt avec mon père. Il pouvait même marcher le soir sans se servir d’une lampe de poche. S’il devait se rendre à un endroit, il s’y rendait. Un soir, nous voulions nous rendre à notre canot, nous y sommes arrivés directement devant. Il me surprenait beaucoup. Je me demandais comment il a pu s’y rendre en plein noirceur. Comment il faisait pour voir, ou savoir où il allait.
6:08 Il y avait aussi mon oncle Dominique Ashini m’avait appris dur la vie en forêt. Comment apprêter le caribou et comment y trouver mon chemin. Il me racontait que c’était mon père qui lui avait appris. Il m’expliquait que lorsque je devais marcher dans la forêt, je devais me référer aux arbres. Je devrais dépasser le premier arbre situé à ma gauche, pour ensuite dépasser celui à ma droite et ainsi de suite. Il ne fallait pas que je dépasse seulement celui à ma gauche, sinon j’allais revenir à mon point de départ. Il m’expliquait que ce serait un grand détour pour aboutir sur le même chemin. C’est ce que mon oncle m’a enseigné. Ce dont je me rappelle sur les enseignements de ma famille.
7:09 Mon père m’a appris de tout. Comment tendre un filet sous la glace. Parfois, la glace est très épaisse, et il réussit quand même a le percer afin qu’il puisse y tendre son filet. Parfois il préparait sa corde en automne. Il plaçait sa corde tout au long pour pouvoir y attacher son filet en hiver. Il mettait de la neige sur la glace qu’il avait cassé, et mettait une longue branche pour marquer l’endroit. Lorsqu’on retournait, c’est à cet endroit qu’il tendait son filet. C’est de cette manière que c’était dans la nature avec mon père.
8:10 J’ai également était témoin de la famine. Toutefois, la durée de famine pour nous ne durait pas très longtemps car mon père allait rapidement chercher ce dont il avait besoin. Lorsque mon père partait, notre mère s’occupait de nous. Nous étions trois enfants, Shapatesh et Shepashtien, un enfant qui avait été confié à ma mère. Il s’appelait Shepashtien Ashini alias en innu, Uetemikuanishu. Et lorsque je mentionne ma parenté, Shimiu, Penashuen, Napessesh, leur père était un NItshikuaniunnu. Mon grand-père Missinakuss était celui qui tendais souvent des filets et attrapais les poissons.
9:16 Lorsque nous étions à Kanekuanikat, l’endroit où on chaussait le castor s’appelait kanekuanikat, mon père y était. Et lorsque mon père partait pour la nuit à la chasse au castor, nous restions avec notre mère. Parfois, elle chassait la perdrix. Nous mangions de la perdrix, du lièvre, du porc-épic et du poisson. C’est dont ce que nous vivions.
9:52 Il y avait des soldats à Kanekuanikat, l’endroit était à upatshishetunnat, mais maintenant il est en dessous de l’eau, il est inondé. Je me rappelle qu’il y avait des soldats, et la base militaire était en face sur la rive opposée. Nous étions à l’autre bord. Parfois, Il nous arrivait de voir des avions faire tomber des barils dans l’eau car ils ne pouvaient pas atterrir. C’est un DC3 qui venait leur porter du carburant.
10:35 J’étais souvent étonné de voir ce que ma mère pouvait faire lorsque mon père était absent. Elle allait bûcher le bois plus loin, tandis qu’il n’y en avait pas loin autour. Elle allait très même très loin lorsqu’elle allait chercher des branches de sapin, et pourtant il y en avait aux alentours aussi. Nous lui demandions alors pourquoi elle allait très loin pour chercher ses cordes de bois et ses branches de sapin. Elle nous a répondu que si jamais elle tomberait malade, elle n’aurait pas à marcher très loin pour s’en procurer. Qu’elle ne pourrait marcher loin. Même lorsqu’elle chassait, elle allait plus loin pour chasser la perdrix et le lièvre, elle ne restait pas proche, elle allait plus loin. C’est ce que nous mangions lorsque nous étions dans la forêt.
11:43 Lorsque mon père était au Champ doré avec l’aîné, l’aîné lui racontait qu’ils n’avaient jamais rencontré les gens de Fort-Chimo. Tshishenniu-Kapenien non plus ne les auraient jamais vues. Il y aurait eu une seule fois qu’un aîné au nom de Nametshikapu serait venu. Ils sont resté avec lui jusqu’au moment qu’il décide de retourner dans sa communauté. Les autochtones que l’on appelle les Naskapis n’est pas leur nom réel. Auparavant ils s’appelaient des Unashkapiat. Le mot unashkapi n’est pas un mot que l’on veut vraiment utiliser car c’est un mot vulgaire et je préfère ne pas vous dire sa définition car je n’aime pas trop le verbaliser. Ils ont modifié leur nom.
13:06 Les Naskapis sont originaire de Fort Mckenzie. Monsieur Noah Einish, son petit-frère Luke Einish et Sandy Nattawappio sont alors venus ici. C’est un plus haut placé qui leur apprend qu’il y a une communauté par ici. C’est alors qu’ils ont fait la demande au Chef Mishta-napeu de les rapatrier, afin de demeurer à Schefferville, Matimekush, au Lac John plutôt. Il a fallu du temps avant que leur demande soit acceptée.
13:54 Un aîné, notre grand-père Shepashtien Mckenzie avait déjà fait leur connaissance car Il avait déjà travailler à Fort-Chimo. Il avait travaillé pour le magasin de la Baie-d’Hudson. C’est dans ce magasin qu’ils voyaient des gens de Fort-Mckenzie.
14:30 Une dame au nom de Anne m’a raconté qu’ils étaient très pauvre à Fort-Mckenzie. Elle disait que les gens devenaient tous malade et que si leur demande de déménager aurait été refusé, ils auraient tous périls de la maladie. Plusieurs habitants étaient déjà morts de la famine. Un avion de l’armée a été envoyé pour aller les récupérer afin qu’ils puissent déménager, et se sont installés au Lac-John à l’ancienne réserve.
15:17 Un moment donné, je ne suis pas certain des négociations qu’il y eu car j’étais encore jeune. Le gouvernement leur a informé qu’il allait leur construire des maisons tandis que nous, n’avions jamais eu de nouvelles maisons construite du Gouvernement depuis le temps que nous habitions là. Tandis qu’eux, se faisaient construire de nouvelles maisons.
15:39 C’est à ce moment qu’ils ont eu leur propre réserve non loin plus haut du Lac-John.
Leurs maisons en bois construite en rangées, et nous, habitions dans des vielles maisons depuis le tout début. Auparavant, nous habitions proche de la ville. À ce que je me souviens, lorsque nous sommes arrivés, nous étions sur l’ancien aéroport. Il n’y avait personne à cet endroit. Il y avait seulement mon grand-père Tshishenniu-Kapanien, Pinameins, Penashue et l’aîné Joseph Mckenzie alias Tshishtesheniss et Pierre Mckenzie. Ils travaillaient pour le contracteur dont je ne me souviens pas du nom. Mon père y avait travaillé aussi.
16:42 C’est alors que l’agrandissement de la ville a débuté. Mon grand-père était également présent. Il a commencé à travailler pour Richard Ryan sur la construction de maisons pour la création de la ville. Il y avait un médecin qui se nommait Dr. Louis Roy. L’hôpital était situé pas très loin de la réserve. C’était un très gentil médecin. Il avait ses collègues. On l’appelait l’assistant du médecin vu qu’il travaillait avec le médecin. Parfois, il vendait pour aider les innus. Les maisons étaient munies de fournaises à l’huile. Le vendeur d’huile à chauffage faisait sa ronde pour vendre des bidons de 5 gallons pour 2.50$. L’innu achetait son 5 gallons d’huile et le soir il transvidait son bidon dans le réservoir qui était situé à l’arrière de la maison. Il penchait son bidon assez longtemps pour s’assurer qu’il était complètement vide. Tout ça pour garder les enfants au chaud.
18:19 Mon père était malade, il avait été transféré vers Mont-Joli. Il y est resté longtemps. Nous restions avec notre mère. Parfois, nous l’accompagnions le jour, pour aller chercher des cordes de bois au Lac-John. C’est visible dans la forêt. C’est comme s’il avait été déboisé. Plusieurs innus allaient bucher leur bois à cet endroit. Les gens chauffaient avec ce bois lorsqu’ils n’avaient pas d’huile à chauffage. La plupart du temps, la fournaise à l’huile était seulement allumée la nuit afin de garder les enfants au chaud.
19:06 Je vais revenir longtemps en arrière lorsque nous habitions à l’ancien aéroport. Mon grand-père se rendait en ville à pied pour aller faire ses emplettes au magasin. Le magasin général n’existait pas dans le temps. Il n’y avait qu’un dépanneur où on pouvait acheter de tout. Le taxi existait aussi, le chauffeur s’appelait Bonhomme Roy. La viande était vendue au French mines où il y avait une boucherie. Lors des jours de paie, les femmes allaient acheter la viande, et allaient en même temps chercher les provisions au dépanneur. C’est tout ce dont je me rappelle.
20:17 En parlant des Naskapis, ils ont tellement de pouvoirs sur ce territoire. Mais d’où doit venir cette décision. Pourtant mon père n’en a jamais parlé, et Monsieur Tshishenniu-Kapenien ne les aurais jamais vues auparavant. Ils allaient seulement jusqu’à l’endroit où il n’y avait plus d’arbres, c’est à dire au Champ-dôré, à Fort Mckenzie. Ils faisaient des allers-retours a ces endroits-là. Je ne comprends pas comment ils peuvent être propriétaires des territoires dont ils parlent.
21:09 Certains Naskapis m’ont déjà racontés, Monsieur Noah Einish, et Luke Guanish m’ont raconté comment de misère ils ont vécus où ils habitaient auparavant. A manquer de nourriture ou lorsqu’ils étaient malades.
21:40 Il y avait un magasin sur le Nitassinan nommé Petessiupat. Je crois que Shepashtien Mckenzie était également à ce magasin. C’est aussi à ce magasin qu’ils allaient faire leurs achats. Il y avait aussi le magasin à Mishta-Napeu proche d’ici, et celui de Napetshiss. L’approvisionnement du magasin se faisait par avion. L’innu allait chercher ses provisions, telles que la farine, le thé, la poudre à pâte et le sucre. Ils payaient leurs achats avec leurs fourrures. Ils pouvaient faire une épicerie équivalente à la valeur de la fourrure. Ils pouvaient prendre n’importe quoi. Il y avait surement des balles à fusil.
22:57 Mon père, mon oncle Penashue et mon oncle Mashkushish m’ont raconté que lorsqu’ils allaient à Davis Inlet pour faire leurs achats, ce n’est pas tout le monde qui pouvait s’y rendre. Mon oncle Shaush m’a également dit que mon père était le seul qui connaissait le chemin. À ce qu’il parait, Il y aurait beaucoup de montagnes. Personnellement je ne le sais pas car je n’ai jamais vu l’endroit. Il y aurait plusieurs montagnes et il serait très dangereux de faire des chutes. C’est l’histoire que mes oncles m’ont racontée.
23:36 Nous les Grégoires alias Kenikuenissat, mon oncle Mishkushish était marié à deux reprises à Sheshatshiu (North West River). Environs la moitié de la population sont des Grégoires et étaient ses enfants à lui. Il parait qu’il avait 12 enfants. Présentement j’ai beaucoup de parenté à Sheshatshiu et j’en ai également à la Grande rivière de la Baleine car ma mère et mon grand-père Messinakuss venaient de cet endroit. Je ne pourrais me souvenir d’eux ni de les connaître car je n’ai jamais vu l’endroit.
24:32 J’ai vu plusieurs endroits, j’ai même vu Fort-Chimo, à Kuujuuak précisément. J’ai voyagé là pour assister à une rencontre sur le caribou. La rencontre disait que le caribou était en extinction, que l’Innu les auraient tous tués. Comment veux-tu que l’Innu puisse tuer tous les caribous, car l’innu ne tuait pas beaucoup de caribous. Le seul moment où ils tuaient beaucoup de caribous est lorsqu’ils allaient à Rivière-George par avion. L’innu allait chasser pour se ramasser de la viande afin de pouvoir faire sa graisse de caribou, et pour se servir de la peau pour confectionner ses raquettes et bottes. C’est ce que l’innu faisait.
25:44 Ici lorsque les gens allaient en campement à Moisie, à (Pikakumueshan). C’est l’endroit où l’innu s’arrêtait pour pêcher, sécher et emballer le poisson qui allait servir lors de son séjour à pied vers l’endroit où il s’en allait. Nous, c’était toujours en forêt. Il y avait également des innus de Uashat, des gens de la rivière Sainte-Marguerite (tshemanipishtikunnuat) qui s’en allait en campement au Uinepeku-assit, ici pas loin.
26:23 Nous, nous alliions loin. Par exemple à Kuujjuak, Fort-Chimo où mon père allait avec l’aîné Tshishenniu-Kapenien pour chasser et pour la fourrure. Pour revendre leurs fourrures afin de payer leurs comptes.
27:02 Ce qui est le plus surprenant, durant le temps que l’innu chassait dans la forêt, il manquait de nourriture et avait très faim. Mais une fois qu’il avait vendu sa fourrure et que les comptes étaient payés, il prévoyait déjà sa prochaine chasse. Pourtant il venait de vivre l’expérience de la famine. L’innu doit être semblable au saumon, il retourne à l’endroit d’où il est né. Plusieurs innus doivent être nées en forêt.
27:47 Par exemple, tout comme moi, je ne me souviens toutefois pas de la place, mais ma mère me disait que ça s’appelait Nushkau-shakaikan (Lac le Fer). Une vieille dame agissait en tant que sage-femme. Ils montaient une tente à part pour la femme qui allait donner naissance. L’homme devait bûcher pour chauffer les deux campements, soit celui qui était déjà là et celui qu’ils venaient de monter où le nouveau-né allait naître. Des histoires de l’ancien temps.
28:32 Parfois lorsqu’on me raconter des histoires d’où je venais, on me disait que je venais d’une vieille souche. Elle me disait qu’elle m’avait trouvé dans une vieille souche. Je croyais ce qu’on me disait, et lorsqu’on allait dans la forêt, je cherchais la vieille souche pour voir s’il y aurait un enfant. Je disais à mes parents qu’il n’y avait pas d’enfant là, et ils me répondaient que quelqu’un a dû le prendre. Mes parents me racontaient pleins d’histoires.
29:14 Souvent j’allais avec mon oncle, et Joe aussi, lorsqu’il allait se promener dans la forêt, à la chasse. Nous mangions souvent du caribou et du poisson. Nous étions à un endroit qui s’appelle Mishta-Shapateshapan. C’est à cet endroit que nous allions en campement. Lorsque nous habitions au Lac-John, mon père était encore apte à travailler. On nous reconduisait de l’ancienne réserve jusqu’à l’ancien aéroport en canot. Parfois il engageait une personne pour nous reconduire de Katshikaiat vers le Mishta-Shapateshapan à la rame en canot.
30:13 J’étais vraiment jeune, je n’étais pas très grand. Toutefois, j’avais déjà droit de me servir d’un petit fusil pour tuer la perdrix. Je pouvais déjà ramer sur le bord. On me disait ne ne pas aller où l’eau était profonde. Je ramais sur le bord pour aller à la pêche et j’aimais beaucoup ce que l’on faisait.
30:45 Mon frère Shepashtien, un enfant confié à ma mère lorsque son premier enfant est décédé. Trois de ses enfants sont décédés. Une fille au nom de Shushan, une autre fille au nom de Manish et son garçon Napaien, tous les trois sont décédés. C’est alors qu’elle a eu la garde de Shepashtien. Ma grands-mère lui a confié la garde. Elle l’avait gardé pendant un an. Lorsqu’elle est revenue, elle voulait rendre l’enfant. Elle lui a été dit de garder l’enfant. Ma mère disait que Shepastien l’aimait et qu’il ne voulait pas la quitter. Il avait grandi depuis qu’elle l’avait gardé.
31:43 C’était notre histoire. Nous avons demeuré à Schefferville. Avant d’être ici, ils ont retournés au pensionnat de Maliotenam. J’y étais. Mais au début, je fréquentais l’école du pensionnat et je retournais à la maison en passant par le boisé.
Nous sommes allé en forêt en 1954. En 1954, le chemin de fer n’était pas tout à fait terminé. Je me rappelle lors la construction du chemin de fer, je pouvais rester environs une semaine ou 8 jours dans le train. Et lorsque le train s’arrêtait, mon oncle Napessesh s’informait du temps d’arrêt, ce qui lui permettait de débarquer pour aller chasser ou pour aller pêcher. Et lorsqu’il revenait, nous faisions à manger. Sur le train il y avait des poêles à charbon pour garder le train au chaud. Le voyage sur le train était très long.
Lorsque nous sommes arrivés à Schefferville, Il faisait extrêmement froid.
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Grégoire, Alphonse (interviewé), Malenfant, Eddy (intervieweur), and Malenfant, Eddy (cinéaste), “Grégoire, Alphonse (1),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 13, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/342.
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