tambour traditionnel innu (innu teueikan)
Title
tambour traditionnel innu (innu teueikan)
Subject
outil; monde du rêve; allié; tambour; rêves; chant; oiseaux d'été; spiritualité; tambour fabrication
Description
Chez les Innus, le tambour est avant tout un outil de survie, un lien direct avec le monde du rêve. C’est le rêve qui déclenche le processus de se fabriquer un tambour. Après en avoir rêvé trois fois, le chasseur a l'impression qu'il va devenir meilleur.
Creator
Bellefleur Jean-Baptiste (joueur de tambour)
Malenfant Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Date
2005
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Innu
Type
vidéo | video
Format
Mp4 24 min. 11 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
english version follow
Narration - Chez les Innus, le tambour est avant tout un outil de survie. C'est un lien direct avec le monde du rêve.
Jean-Baptiste Bellefleur - Ce monde a la particularité de faire voyager l'esprit à travers tous les différents mondes qui forment l'univers. C'est par le tambour et le rêve que l'on atteint le monde des animaux, dont Papakassik, le maître du caribou.
Narration - Il y a un allié, un ami, dans le tambour, une voix qui aide le chasseur, qui lui indique où trouver le caribou.
Jean-Baptiste Bellefleur - Le mien est ici, quelque part. Chaque chasseur en a un qui peut l'aider s'il joue du tambour. Le rouge attire l'esprit du tambour, l'allié du monde du rêve qui aidera le joueur de tambour à trouver le caribou. Chaque chasseur en a un qui peut l'aider s'il joue du tambour.
Jean-Baptiste Bellefleur - Il y a plusieurs étapes avant d'étendre la peau sur un tambour. Je vais attendre d'être chez moi pour finir le tambour. Adélaïde, ma femme, fera ramollir la peau par la chaleur. Elle la placera près d'un feu et la fera chauffer trois fois de chaque bord. Après, on la mettra à l'eau.
On prend la peau du petit caribou pour le son du tambour, car cette peau est mince. Comme la cervelle du caribou sert à tanner la peau, Adélaïde la fera bouillir, en ajoutant un peu de gras à l'eau. On commence par plonger la peau dans cette eau du côté de la tête. En s'immergeant, elle se ramollit immédiatement. Puis on la fait sécher toute la journée après l'avoir bien étirée.
Si c'est pour fabriquer un tambour, on replonge la peau séchée dans l'eau et on l'installe sur le cerceau du tambour.
Jean-Baptiste Bellefleur - C'est le rêve qui déclenche le processus de se fabriquer un tambour. Après avoir rêvé au tambour trois fois, on a l'impression qu'on va devenir meilleur chasseur.
Le rêve amène le chasseur au caribou. Après avoir rêvé une première fois, je me suis mis à pratiquer avec de petits tambours. À mon deuxième rêve, je me suis fabriqué un vrai tambour. Mes trois premiers rêves ne m'ont indiqué que la structure du tambour; je ne pouvais pas encore en jouer. Longtemps plus tard, j'ai eu un autre rêve, un rêve beaucoup plus complet où je fabriquais mon tambour et où je connaissais ma chanson. Autrement dit, j'étais censé savoir en jouer. Sauf que j'étais tout seul, pas capable de chanter. Dans un autre rêve, mes amis chasseurs à qui j'ai conté mon rêve, ainsi que les trois guides de mon rêve, ceux-là mêmes qui m'ont vu chasser, m'ont donné la permission de jouer. D'un côté, il y avait mon grand-père, d'un autre mon oncle, et en arrière mon père. Ils m'ont donné mon bâton. Je savais dès lors que je devenais joueur de tambour.
Je reconnaissais le bâton de mon rêve. C'était celui que mon père avait reçu de son père. Dans ce rêve où il y avait mon grand-père, mon oncle et mon père, je me suis vu en train de jouer du tambour. Mon père me parlait. En fait, il me transmettait les paroles de mon chant. Il faut dire que quand je chasse, je sens que mon père est toujours là, sans qu'on le voie. Dans le rêve, mon père me donne un plat et me dit qu'il vient me nourrir. C'est ce que les paroles de mon chant racontent. Dans la première partie, je parle de nourriture, du plat que mon père m'a donné. Je prends le plat, un grand plat, et je le place à côté de moi. Dans la deuxième partie, je raconte que mon père est toujours présent quand je chasse. Quand je chante avant la chasse, le tambour m'aide beaucoup. J'ai pris l'habitude de raconter mes rêves à mes amis chasseurs. Après avoir rêvé, si je pense que mon rêve a un lien avec la chasse, nous irons vérifier. Mes amis chasseurs m'envoient toujours en avant et me font confiance. À la suite d'un rêve, on dirait que le caribou ne peut se sauver.
Jean-Baptiste Bellefleur - C'est ma mère qui m'a appris à fabriquer un tambour. Après chaque étape, je retournais la voir. Un jour elle m'a dit: « Fais-toi-en un, mais fais bien attention de ne pas recommencer plus de trois fois. »
Pour déterminer la circonférence de mon tambour, je me sers de mes mains. Ça permet de personnaliser mes tambours. Par exemple, pour mesurer mon cerceau, je compte, avec mes mains, 5 mesures et demie en reliant mes pouces. Cette demie disparaîtra avec l'imbrication des pièces l'une dans l'autre. Pour les autres pièces, celles du contour, je rajoute la mesure d'une main.
J'ai commencé à couper le bouleau avec ma hache et j'ai fini au couteau croche. Quand on taille les pièces, on doit s'assurer que toutes ces pièces sont d'égale épaisseur avant de les recourber.
Je commence par réunir la partie centrale et les anneaux. On parviendra à la tension voulue en se servant des cordes autour du cerceau. Ce sont les cordes qui donnent la bonne tension à la peau.
Les osselets sont faits de fémurs de foetus de caribou, un foetus ramassé précieusement au printemps. C'est ce que j'ai fait, au printemps dernier, pour pouvoir fabriquer ce tambour. J'ai fait sécher les osselets et je les ai grattés avec un couteau; ils sont très malléables. On nettoie le foetus comme un caribou adulte. Quand on sort le foetus du placenta, on l'enveloppe immédiatement dans le poil de la mère et on le conduit à l'intérieur de la tente. On doit le nettoyer à l'intérieur, jamais dehors. Il y a 8 os dans le foetus que l'on peut utiliser pour le tambour. Le foetus de caribou est comestible, c'est une pièce de choix que l'on donne aux aînés.
Narration - Si on casse une pièce en fabriquant son tambour, soit pendant l'amincissement, soit pendant l'arrondissage, on peut se reprendre jusqu'à trois fois. Mais jamais plus. Mieux vaut abandonner à tout jamais la fabrication de ce tambour. Et par respect, on ne brûlera pas les pièces dont il se sert. On les accrochera plutôt dans un arbre avec beaucoup d'attention. Si on persévère, ce tambour sera dangereux. Voilà ce qu'on m'a enseigné. Le rouge sur les côtés et les cordes du tambour sont très importants. C'est une couleur qui est propre au chasseur et qui permet à son allié du monde du rêve de le reconnaître et de faire fuir les mauvais esprits. C'est pourquoi on en met sur les habits, les mitaines et les raquettes du chasseur. Traditionnellement, les Innus fabriquaient cette couleur à partir de l'écorce d'aulne (atushpi).
L'oeil de Papanassi, le petit trou dans le tambour, symbolise le passage de l'hiver à l'été. Ce symbole nous vient d'une légende, « Les oiseaux d'été », où un petit hibou des marais, Papanassi, (celui qui ne fait aucun bruit quand il vole) se fait brûler le bec en espionnant les détenteurs de l'été par un petit trou dans la tente. Ne se doutant de rien, les détenteurs de l'été passent la nuit à danser. Chargé de les espionner, le petit hibou plante son bec noir dans un trou de la paroi de la tente. Lorsque les danseurs inspectent les murs au moyen d'une torche, ils brûlent ce qu'ils croient être une branche, ignorant qu'il s'agissait du bec de l'oiseau. C'est ainsi que le bec du hibou des marais s'est recourbé et a blanchi à jamais à cause de la chaleur du feu. Sur le petit matin, Pécan et Caribou s'emparent du sac contenant les oiseaux d'été. Alors qu'ils devancent considérablement leurs poursuivants, ceux-ci les interpellent: « L'hiver et l'été devraient aller et venir... » « D'accord », répondent les animaux en libérant les oiseaux d'été. À ce moment, la neige se met à fondre et les oiseaux se répandent partout.
Narrator - For the Innu, a drum is above all, a tool for survival. It's a direct connection to the dream world.
Jean-Baptiste Bellefleur - This world has the particularity of allowing the spirit to travel through all the different worlds that make up the universe. Through the drum and dreams, we can reach the animal world, including Papakassik, master of the caribou.
Narrator - There is an ally, a friend within the drum, a voice that helps the hunter, that tells him where to find the caribou.
Jean-Baptiste Bellefleur - Mine is somewhere around here. Every hunter has one that can help him if he plays the drum. Red attracts the drum spirit, the ally from the dream world who will help the hunter find the caribou. Every hunter has one who can help him if he plays the drum.
Jean-Baptiste Bellefleur - Several steps must be taken before a skin can be put on a drum. I'll wait to get home before finishing the drum. My wife Adélaïde will soften the skin with heat. She'll place it close to a fire and heat it three times on each side. Then we'll immerse it in water.
We use the skin from a small caribou for the sound of the drum, since it's a thin skin. Because the caribou's brain is used to tan the skin, Adélaïde will boil it and add a bit of tallow to the water. We begin by plunging the skin into this water, starting at the head. As soon as it's immersed, it softens immediately. Then we dry it all day after thoroughly stretching it.
If it's to be used for a drum, we plunge the dry skin into the water a second time, then stretch it on the hoop of the drum. We use birch harvested in winter to make the drum: The wood is easier to split.
Sometimes you have to look for a very long time before finding the right piece, because the wood must be perfect, very straight, with no knots, so the four pieces of the drum will fit together and interlock.
Jean-Baptiste Bellefleur - My mother taught me how to make a drum. I went back to see her after each step. One day she said to me: "Make one for yourself, but be careful not to start over more than three times."
I use my hands to determine the circumference of my drum. This allows me to personalize my drums. For example, to measure my hoop, I count 5 1/2 times the width of my hands with my thumbs hooked together. The 1/2 will disappear when the pieces are interlocked. For the other pieces, the ones I use for the contour, I add the width of one hand.
I started cutting the birch with my axe, and finished with the crooked knife. When cutting the pieces, you have to make sure they're all equally thick before bending them.
I start by putting together the centre and the rings. We'll obtain the desired tension by using cords around the hoop. The cords give the skin its proper tension.
The small bones are made from caribou foetus femurs, a foetus that is carefully harvested in the spring. I did this last spring in order to make this drum. I dried the small bones and scraped them with a knife; they're very malleable. You clean the foetus the same way you would an adult caribou. When we separate the foetus from the placenta, we immediately wrap it in it's mother's hair and bring it inside the tent. It must be cleaned inside, never outside. The foetus has 8 bones that can be used for the drum. The caribou foetus is edible, it's a delicacy that's given to the elders.
Jean-Baptiste Bellefleur - The process of making the drum begins with a dream. After dreaming about the drum many times, you get the impression that you'll be a better hunter.
The dream brings the hunter to the caribou. After my first dream, I started practising on small drums. After my second dream, I made myself a real drum. My first three dreams only showed me the structure of the drum: I still couldn't play it. Much later, I had another dream, much more complete, in which I made my drum and I knew my song. In other words, I was supposed to know how to play it. Except that I was alone, and unable to sing. In another dream, my hunter friends, to whom I had told my dream, as well as the three guides in my dream, the same ones who saw me hunt, gave me permission to play the drum. My grandfather was on one side, my uncle on the other, and my father, behind. They gave me my stick. I knew then that I was becoming a drummer.
I recognized the stick from my dream. It's the one my father received from his father. In the dream with my grandfather, uncle and father, I saw myself playing the drum. My father spoke to me. Actually he gave me the words to my chant. When I hunt, I feel that my father is always there even though no one can see him. In the dream, my father gives me a plate of food, and tells me to eat. That's what the words to my chant relate. In the first part, I talk about food, the dish my father gave me. I take the plate, a large plate, and put it beside me. In the second part, I relate how my father is always present when I hunt. When I chant before the hunt, the drum helps me. I got into the habit of telling my dreams to my fellow hunters. After dreaming, if I think that my dream is related to the hunt, we go check it out. My fellow hunters always send me ahead, and they trust me. After a dream, it seems as if the caribou can't get away.
Narrator - If you break a piece while making your drum, either during thinning or bending, you can start over up to three times. But never more than that. It's better to completely abandon making that particular drum. Also, out of respect, we never burn the pieces that were used. Rather, we hang them on a tree with great care. If you persevere, the drum will be dangerous. That's what I was taught. The red on the sides and strings of the drum is very important. This colour belongs to the hunter. It enables his dream ally to recognize him and chase away evil spirits. That's why it's used on the hunter's clothing, mitts and snowshoes. Traditionally, the Innu made this color from alder bark (atushpi)
Papanassi's eye, the little hole in the drum, symbolizes the passage from winter to summer. This symbol comes to us from a legend, Summer Birds, in which Papanassi, a little marsh owl, (he who makes no noise when he flies) gets his beak burned, spying on the keepers of summer through a little hole in the tent. The unsuspecting keepers of summer spend the night dancing. On a mission to spy on them, the little owl sticks his beak into a hole in the side of the tent. When the dancers inspect the walls by torchlight, they burn what they think is a branch, not realizing that it's the bird's beak. That's how the marsh owl's beak became permanently curved and white because of the heat of the fire. In the early morning, Pécan and Caribou steal the bag containing the summer birds. Although they are considerably ahead of their pursuers, the pursuers call out to them: "Winter and summer should come and go..." "Alright", answer the animals, as they set the summer birds free. At that moment, the snow began to melt and the birds scattered everywhere.
Narration - Chez les Innus, le tambour est avant tout un outil de survie. C'est un lien direct avec le monde du rêve.
Jean-Baptiste Bellefleur - Ce monde a la particularité de faire voyager l'esprit à travers tous les différents mondes qui forment l'univers. C'est par le tambour et le rêve que l'on atteint le monde des animaux, dont Papakassik, le maître du caribou.
Narration - Il y a un allié, un ami, dans le tambour, une voix qui aide le chasseur, qui lui indique où trouver le caribou.
Jean-Baptiste Bellefleur - Le mien est ici, quelque part. Chaque chasseur en a un qui peut l'aider s'il joue du tambour. Le rouge attire l'esprit du tambour, l'allié du monde du rêve qui aidera le joueur de tambour à trouver le caribou. Chaque chasseur en a un qui peut l'aider s'il joue du tambour.
Jean-Baptiste Bellefleur - Il y a plusieurs étapes avant d'étendre la peau sur un tambour. Je vais attendre d'être chez moi pour finir le tambour. Adélaïde, ma femme, fera ramollir la peau par la chaleur. Elle la placera près d'un feu et la fera chauffer trois fois de chaque bord. Après, on la mettra à l'eau.
On prend la peau du petit caribou pour le son du tambour, car cette peau est mince. Comme la cervelle du caribou sert à tanner la peau, Adélaïde la fera bouillir, en ajoutant un peu de gras à l'eau. On commence par plonger la peau dans cette eau du côté de la tête. En s'immergeant, elle se ramollit immédiatement. Puis on la fait sécher toute la journée après l'avoir bien étirée.
Si c'est pour fabriquer un tambour, on replonge la peau séchée dans l'eau et on l'installe sur le cerceau du tambour.
Jean-Baptiste Bellefleur - C'est le rêve qui déclenche le processus de se fabriquer un tambour. Après avoir rêvé au tambour trois fois, on a l'impression qu'on va devenir meilleur chasseur.
Le rêve amène le chasseur au caribou. Après avoir rêvé une première fois, je me suis mis à pratiquer avec de petits tambours. À mon deuxième rêve, je me suis fabriqué un vrai tambour. Mes trois premiers rêves ne m'ont indiqué que la structure du tambour; je ne pouvais pas encore en jouer. Longtemps plus tard, j'ai eu un autre rêve, un rêve beaucoup plus complet où je fabriquais mon tambour et où je connaissais ma chanson. Autrement dit, j'étais censé savoir en jouer. Sauf que j'étais tout seul, pas capable de chanter. Dans un autre rêve, mes amis chasseurs à qui j'ai conté mon rêve, ainsi que les trois guides de mon rêve, ceux-là mêmes qui m'ont vu chasser, m'ont donné la permission de jouer. D'un côté, il y avait mon grand-père, d'un autre mon oncle, et en arrière mon père. Ils m'ont donné mon bâton. Je savais dès lors que je devenais joueur de tambour.
Je reconnaissais le bâton de mon rêve. C'était celui que mon père avait reçu de son père. Dans ce rêve où il y avait mon grand-père, mon oncle et mon père, je me suis vu en train de jouer du tambour. Mon père me parlait. En fait, il me transmettait les paroles de mon chant. Il faut dire que quand je chasse, je sens que mon père est toujours là, sans qu'on le voie. Dans le rêve, mon père me donne un plat et me dit qu'il vient me nourrir. C'est ce que les paroles de mon chant racontent. Dans la première partie, je parle de nourriture, du plat que mon père m'a donné. Je prends le plat, un grand plat, et je le place à côté de moi. Dans la deuxième partie, je raconte que mon père est toujours présent quand je chasse. Quand je chante avant la chasse, le tambour m'aide beaucoup. J'ai pris l'habitude de raconter mes rêves à mes amis chasseurs. Après avoir rêvé, si je pense que mon rêve a un lien avec la chasse, nous irons vérifier. Mes amis chasseurs m'envoient toujours en avant et me font confiance. À la suite d'un rêve, on dirait que le caribou ne peut se sauver.
Jean-Baptiste Bellefleur - C'est ma mère qui m'a appris à fabriquer un tambour. Après chaque étape, je retournais la voir. Un jour elle m'a dit: « Fais-toi-en un, mais fais bien attention de ne pas recommencer plus de trois fois. »
Pour déterminer la circonférence de mon tambour, je me sers de mes mains. Ça permet de personnaliser mes tambours. Par exemple, pour mesurer mon cerceau, je compte, avec mes mains, 5 mesures et demie en reliant mes pouces. Cette demie disparaîtra avec l'imbrication des pièces l'une dans l'autre. Pour les autres pièces, celles du contour, je rajoute la mesure d'une main.
J'ai commencé à couper le bouleau avec ma hache et j'ai fini au couteau croche. Quand on taille les pièces, on doit s'assurer que toutes ces pièces sont d'égale épaisseur avant de les recourber.
Je commence par réunir la partie centrale et les anneaux. On parviendra à la tension voulue en se servant des cordes autour du cerceau. Ce sont les cordes qui donnent la bonne tension à la peau.
Les osselets sont faits de fémurs de foetus de caribou, un foetus ramassé précieusement au printemps. C'est ce que j'ai fait, au printemps dernier, pour pouvoir fabriquer ce tambour. J'ai fait sécher les osselets et je les ai grattés avec un couteau; ils sont très malléables. On nettoie le foetus comme un caribou adulte. Quand on sort le foetus du placenta, on l'enveloppe immédiatement dans le poil de la mère et on le conduit à l'intérieur de la tente. On doit le nettoyer à l'intérieur, jamais dehors. Il y a 8 os dans le foetus que l'on peut utiliser pour le tambour. Le foetus de caribou est comestible, c'est une pièce de choix que l'on donne aux aînés.
Narration - Si on casse une pièce en fabriquant son tambour, soit pendant l'amincissement, soit pendant l'arrondissage, on peut se reprendre jusqu'à trois fois. Mais jamais plus. Mieux vaut abandonner à tout jamais la fabrication de ce tambour. Et par respect, on ne brûlera pas les pièces dont il se sert. On les accrochera plutôt dans un arbre avec beaucoup d'attention. Si on persévère, ce tambour sera dangereux. Voilà ce qu'on m'a enseigné. Le rouge sur les côtés et les cordes du tambour sont très importants. C'est une couleur qui est propre au chasseur et qui permet à son allié du monde du rêve de le reconnaître et de faire fuir les mauvais esprits. C'est pourquoi on en met sur les habits, les mitaines et les raquettes du chasseur. Traditionnellement, les Innus fabriquaient cette couleur à partir de l'écorce d'aulne (atushpi).
L'oeil de Papanassi, le petit trou dans le tambour, symbolise le passage de l'hiver à l'été. Ce symbole nous vient d'une légende, « Les oiseaux d'été », où un petit hibou des marais, Papanassi, (celui qui ne fait aucun bruit quand il vole) se fait brûler le bec en espionnant les détenteurs de l'été par un petit trou dans la tente. Ne se doutant de rien, les détenteurs de l'été passent la nuit à danser. Chargé de les espionner, le petit hibou plante son bec noir dans un trou de la paroi de la tente. Lorsque les danseurs inspectent les murs au moyen d'une torche, ils brûlent ce qu'ils croient être une branche, ignorant qu'il s'agissait du bec de l'oiseau. C'est ainsi que le bec du hibou des marais s'est recourbé et a blanchi à jamais à cause de la chaleur du feu. Sur le petit matin, Pécan et Caribou s'emparent du sac contenant les oiseaux d'été. Alors qu'ils devancent considérablement leurs poursuivants, ceux-ci les interpellent: « L'hiver et l'été devraient aller et venir... » « D'accord », répondent les animaux en libérant les oiseaux d'été. À ce moment, la neige se met à fondre et les oiseaux se répandent partout.
Narrator - For the Innu, a drum is above all, a tool for survival. It's a direct connection to the dream world.
Jean-Baptiste Bellefleur - This world has the particularity of allowing the spirit to travel through all the different worlds that make up the universe. Through the drum and dreams, we can reach the animal world, including Papakassik, master of the caribou.
Narrator - There is an ally, a friend within the drum, a voice that helps the hunter, that tells him where to find the caribou.
Jean-Baptiste Bellefleur - Mine is somewhere around here. Every hunter has one that can help him if he plays the drum. Red attracts the drum spirit, the ally from the dream world who will help the hunter find the caribou. Every hunter has one who can help him if he plays the drum.
Jean-Baptiste Bellefleur - Several steps must be taken before a skin can be put on a drum. I'll wait to get home before finishing the drum. My wife Adélaïde will soften the skin with heat. She'll place it close to a fire and heat it three times on each side. Then we'll immerse it in water.
We use the skin from a small caribou for the sound of the drum, since it's a thin skin. Because the caribou's brain is used to tan the skin, Adélaïde will boil it and add a bit of tallow to the water. We begin by plunging the skin into this water, starting at the head. As soon as it's immersed, it softens immediately. Then we dry it all day after thoroughly stretching it.
If it's to be used for a drum, we plunge the dry skin into the water a second time, then stretch it on the hoop of the drum. We use birch harvested in winter to make the drum: The wood is easier to split.
Sometimes you have to look for a very long time before finding the right piece, because the wood must be perfect, very straight, with no knots, so the four pieces of the drum will fit together and interlock.
Jean-Baptiste Bellefleur - My mother taught me how to make a drum. I went back to see her after each step. One day she said to me: "Make one for yourself, but be careful not to start over more than three times."
I use my hands to determine the circumference of my drum. This allows me to personalize my drums. For example, to measure my hoop, I count 5 1/2 times the width of my hands with my thumbs hooked together. The 1/2 will disappear when the pieces are interlocked. For the other pieces, the ones I use for the contour, I add the width of one hand.
I started cutting the birch with my axe, and finished with the crooked knife. When cutting the pieces, you have to make sure they're all equally thick before bending them.
I start by putting together the centre and the rings. We'll obtain the desired tension by using cords around the hoop. The cords give the skin its proper tension.
The small bones are made from caribou foetus femurs, a foetus that is carefully harvested in the spring. I did this last spring in order to make this drum. I dried the small bones and scraped them with a knife; they're very malleable. You clean the foetus the same way you would an adult caribou. When we separate the foetus from the placenta, we immediately wrap it in it's mother's hair and bring it inside the tent. It must be cleaned inside, never outside. The foetus has 8 bones that can be used for the drum. The caribou foetus is edible, it's a delicacy that's given to the elders.
Jean-Baptiste Bellefleur - The process of making the drum begins with a dream. After dreaming about the drum many times, you get the impression that you'll be a better hunter.
The dream brings the hunter to the caribou. After my first dream, I started practising on small drums. After my second dream, I made myself a real drum. My first three dreams only showed me the structure of the drum: I still couldn't play it. Much later, I had another dream, much more complete, in which I made my drum and I knew my song. In other words, I was supposed to know how to play it. Except that I was alone, and unable to sing. In another dream, my hunter friends, to whom I had told my dream, as well as the three guides in my dream, the same ones who saw me hunt, gave me permission to play the drum. My grandfather was on one side, my uncle on the other, and my father, behind. They gave me my stick. I knew then that I was becoming a drummer.
I recognized the stick from my dream. It's the one my father received from his father. In the dream with my grandfather, uncle and father, I saw myself playing the drum. My father spoke to me. Actually he gave me the words to my chant. When I hunt, I feel that my father is always there even though no one can see him. In the dream, my father gives me a plate of food, and tells me to eat. That's what the words to my chant relate. In the first part, I talk about food, the dish my father gave me. I take the plate, a large plate, and put it beside me. In the second part, I relate how my father is always present when I hunt. When I chant before the hunt, the drum helps me. I got into the habit of telling my dreams to my fellow hunters. After dreaming, if I think that my dream is related to the hunt, we go check it out. My fellow hunters always send me ahead, and they trust me. After a dream, it seems as if the caribou can't get away.
Narrator - If you break a piece while making your drum, either during thinning or bending, you can start over up to three times. But never more than that. It's better to completely abandon making that particular drum. Also, out of respect, we never burn the pieces that were used. Rather, we hang them on a tree with great care. If you persevere, the drum will be dangerous. That's what I was taught. The red on the sides and strings of the drum is very important. This colour belongs to the hunter. It enables his dream ally to recognize him and chase away evil spirits. That's why it's used on the hunter's clothing, mitts and snowshoes. Traditionally, the Innu made this color from alder bark (atushpi)
Papanassi's eye, the little hole in the drum, symbolizes the passage from winter to summer. This symbol comes to us from a legend, Summer Birds, in which Papanassi, a little marsh owl, (he who makes no noise when he flies) gets his beak burned, spying on the keepers of summer through a little hole in the tent. The unsuspecting keepers of summer spend the night dancing. On a mission to spy on them, the little owl sticks his beak into a hole in the side of the tent. When the dancers inspect the walls by torchlight, they burn what they think is a branch, not realizing that it's the bird's beak. That's how the marsh owl's beak became permanently curved and white because of the heat of the fire. In the early morning, Pécan and Caribou steal the bag containing the summer birds. Although they are considerably ahead of their pursuers, the pursuers call out to them: "Winter and summer should come and go..." "Alright", answer the animals, as they set the summer birds free. At that moment, the snow began to melt and the birds scattered everywhere.
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Bellefleur Jean-Baptiste (joueur de tambour) and Malenfant Eddy (cinéaste), “tambour traditionnel innu (innu teueikan),” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 21, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/416.