Bossum Johnny
Title
Bossum Johnny
Subject
rassemblements; croyances; tente à suer; matutishan; rêve; tambour; histoire; territoire; travail; cris; innu
Description
Récit de vie
Creator
Johnny Bossum (interviewé)
Evelyne St-Onge (intervieweur)
Eddy Malenfant (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Publisher
Production Manitu inc.
Rights
Production Manitu inc.
Relation
Language
Innu
Type
vidéo | video
Format
mp4 25 min. 17 s.
Original Format
vidéo | video
Transcription
Interview Johny Bossum - L’ainé - Mashteuiatsh
Évelyne : Bonjour Johny. Merci d'avoir accepté l’interview, tu es originaire de quel endroit ?
Johny : Je viens de Mistassini. Mon père aussi. Je demeure ici.
Évelyne : Et ta mère ?
Johny : Elle est de Uashkakaniss (Baie-James). Mon père, lui, est de Betsiamites.
Évelyne : Tu as de la parenté partout ?
Johny : Oui, de partout.
Évelyne : Y avait-il des Abénakis, des Cris lors des rassemblements ici ?
Johny : Il y en avait.
Évelyne : Lesquels ?
Johny : Les Abénakis. Ils venaient de l'Ouest (Ottawa ?)
Évelyne : Qui avait-il ici, que faisait-on ?
Johny : Je ne sais pas. Mais auparavant les Innus demeuraient à Chicoutimi ensuite, à Métabetchouan et on les a obligés à quitter l'endroit pour aller à Pointe-Bleue. Ils sont toujours obligés de partir. Ils se rassemblaient tous ici. Il venait de Mistassini. Les magasins Takunikau.
Évelyne : Y avait-il des prêtres ?
Johny : Avant ma naissance non. Ils étaient à Betsiamites et Chicoutimi. Après, ils sont venus ici. Les prêtres sont là depuis plus de 100 ans.
Évelyne : Qu’elle était la religion des Innus avant l'arrivée des prêtres ?
Johny : Je n'ai pas vu cela. Les Innus savaient qu'il existait une puissance supérieure.
Évelyne : L’Innu avait-il des croyances ?
Johny : Poursuivre leur subsistance, leur vie, les animaux. Ils respectaient tout. Nous nous nourrissons tous de terre. C’est l'œuvre de Dieu, de tout ce qui est vivant.
Evelyne : De nos jours beaucoup de choses ont changé, crois-tu qu'un jour, on sera reconnus comme Innus ?
Johny : Si nous poursuivons la même route, en ne gaspillant rien, en respectant toutes choses, en étant honnête, nous existeront longtemps.
L’Innu est à la recherche de son identité.
Ils font le "Matutishan" et d'autres choses. J'ai rêvé de ce qui allait arriver.
Comment c'est arrivé et aussi comment Dieu vois ça. C'est sa parole. Tu verras la lumière et aller où tu veux.
Évelyne : Tu utilises beaucoup le rêve ?
Johny : C'est comme ça que je peux voir ce qui se passe et j'entends la voix de Dieu. Chaque fois que quelqu'un a de la difficulté dans sa vie, ce serait bien qu'il parle de son rêve.
Évelyne : Tu sais lire les rêves ?
Johny : Bien sûr ! Lui dire comment poursuivre son chemin et lequel prendre. Il existe une lumière pour celui qui est honnête ? C'est la parole de Dieu.
Évelyne : J’ai rêvé d’un minerai ? C'était creusé et il y avait un gros trou. Mes amis sont de l'autre côté et je voulais les rejoindre. Dans ce trou, il y a de la neige et je me traîne à quatre pattes. Soudain je suis très grande et j'ai pu me rendre de l'autre côté.
Johny : Tu passes au travers de ta vie. C'est bien. Il n'y a pas d'obstacles. C'est fort (ou résistant).
Évelyne : Je crois au rêve aussi.
Johny : Ce terrain j’y ai déjà rêvé. Ce chemin n’existait pas. Je chante et joue du "teueikan". J'entends le serviteur de Dieu qui me parle. "Ce chemin tu le vois ?" Et je le vois. C'est un sentier. Sur cette hauteur, je vois une clarté de lumière, très belle qui me fait du bien. (Je ne consommais plus depuis un an.) Je marche sur ce sentier. Je suis bloqué. Et j'ai su que je pouvais chercher et penser à la parole de Dieu.
C'est ce que j'ai compris et c'est ce que je chante au "teueikan". Je vois une clarté, des fleurs le long du sentier. Je suis là et je chante au "teueikan". Le "teueikan" n'est pas mauvais (démon) le serviteur qui est derrière moi : "D'ici cinq ou six ans tu verras cela."
Évelyne : Quand tu fais quelque chose, on dirait que cela s'est déjà produit ou du déjà-vu.
Johny : Ce n'est pas le seul. J'en ai vu plusieurs.
Évelyne : Ça fait longtemps que tu joues le "teueikan" ?
Johny : Cela ne fait pas longtemps. Je l'ignorais. Mon père en jouait, pas moi. À un moment donné est arrivé le temps de ne plus l'ignorer. C'est ce qui aidait l’Innu, le "teueikan" c'est l’ouverture – Ça a aidé nos aînés, nos grands-pères.
Évelyne : Comment leur aidait-il ?
Johny : Ils pouvaient tout savoir. En frappant le "teueikan", ils pouvaient voir pour trouver de la nourriture (et prédire l’avenir ?). Ce n'est pas tout le monde qui peut faire ça.
Évelyne : Tu es venu chanter au festival Innu Nikamu ?
Johny : Je suis venu la deuxième année avec ma femme (ou ma fille).
Évelyne : Je suis originaire de là.
Johny : Ah ! À Maliotenam ?
Évelyne : Oui. Tu étais avec ta fille ?
Johny : Oui, Doris vient parfois
Évelyne : As-tu rêver au "teueikan" ?
Johny : Oui, c’est ce rêve que je t'ai raconté. Définitivement, j'y crois au "teueikan".
Évelyne : Et tu as chanté ton rêve ? Et c'est ce que tu chantes ?
Johny : Je chante la terre que je foule, les arbres, la terre. Nous foulons tous la terre qui est vivante, c'est notre vie c'est notre …
Évelyne : Crois-tu que nous, les Innus, continueront, au moins en partie, à vivre comme nos ancêtres ?
Johny : Avant, nous vivions dans le bois, nous étions ici avant que les blancs restent. J'ai commencé à parler le français quand je travaillais avec les blancs.
Évelyne : Demeuriez-vous longtemps dans le bois ?
Johny : Avec mon père, toute l’année.
Évelyne : Vous avez monté au lac ?
Johny : C’est celui-là. Notre territoire de chasse était loin, nous montions la rivière "Mishtashini". Nous embarquions plus loin. Je ne me rappelle pas, mais mon père lui, embarquait d'ici car, avant il n'existait pas de route. Ils demeuraient ici.
Évelyne : Quand tu étais jeune, il ne devait pas y avoir beaucoup de maisons ici ?
Johny : Il y en avait un peu, des tentes, des maisons pour les Innus, comme le grand-père de ma femme et un autre. Son grand-père les «Itap et Mataisi » … Ils arrivaient de Betsiamites, du Sud. Les autres, ce sont les blancs vivait comme les Innus ? Ceux qui chassaient ici sont restés.
Évelyne : Où était situé les tentes ?
Johny : Elles étaient éparpillées partout dans Pointe-Bleue et sur les hauteurs. Ce n'était pas comme ça avant. Il y avait des trous partout car personne ne demeurait ici en permanence. Ils restaient ici, près des berges !
Évelyne : Où est situé votre campement ?
Johny : Plus loin là-bas.
Évelyne : Quand tu montais pour Dolbeau, Mistassini, tu longeais tout le lac ?
Johny : Oui, je le longeais.
Évelyne : Combien y avait-il de canot ?
Johny : Je ne me rappelle pas ce temps-là. Nous étions déjà ici. Avant ou après ma naissance, mon père utilisait le sentier en embarquant en canot, plus loin. Les villes existaient déjà tout le long.
Évelyne : On utilisait les voitures pour y aller ?
Johny : C’était à 1h de voiture, plus loin de Dolbeau.
Évelyne : Je croyais qu'ils embarquaient de « Pimishkan".
Johny : Ils passaient en canot ici de Chicoutimi, ou ici c'est ce qu'on dit. Je ne peux le garantir.
Évelyne : Quels conseils veux-tu donner aux jeunes ? Que leur dirais-tu ?
Johny : Les jeunes ne comprennent plus l’Innu, ils ne parlent que le français. C'est à eux de choisir la langue.
Évelyne : Existait-il, dans ton temps, le "Kutshapatshikan" ?
Johny : Oui. Le père de ma femme accomplissait le rituel de la tente tremblante. Je ne l'ai pas vu. Elle, elle l'a vu. Mais j'en ai déjà vu… Il y avait a des bruits de voix surprenants.
Évelyne : Quand accomplissait-on le rituel ?
Johny : Quand on voulait savoir ce qui va arriver, une voix te prédisait ce qu'il va se passer.
Évelyne : À un moment donné on ne le faisait plus ?
Johny : …
Évelyne : Pourquoi a-t-on abandonner le « Kutshapatshikan" ?
Johny : Parce qu'il n'y avait plus personne qui peut le faire. Ce n'est pas n'importe qui qui peut accomplir le rituel de la tente tremblante.
Évelyne : Que doit-on posséder ?
Johny : Je ne sais pas.
Évelyne : Ce n'est pas n'importe qui qui peut accomplir le rituel de la tente tremblante ?
Johny : Non. Ils n'étaient pas beaucoup à faire.
Évelyne : Que penses-tu du "Matutishan" (qui revient) ?
Johny : Je ne pense rien. Mais ce que je vois, c'est pour qu'il puisse se purifier, se sentir vivant. (C’est peut-être pas pour ça, hein ? ) J'en suis content. Et arrêter de consommer et aller voir ce qui n'allait pas dans son intérieur. Nous ne consommons plus. Nous ne fumons plus aussi depuis plus de 20 ans.
Évelyne : Vous êtes bien ?
Johny : Nous le sommes. Quand on rencontre les jeunes (ou ses enfants), s'ils veulent être bien, ils marcheront sur nos pas s'ils le veulent.
Évelyne : Et le font-ils ?
Johny : … ils le font aussi.
Doris (Kassin nashatam ?) respecte tout. Elle ne consomme plus aussi. C'est la benjamine. Elle demeure à la Baie-James maintenant. John, son mari travail. Il enseigne …
Ils sont ici en vacances, ils iront aux USA et ensuite viendront avec nous.
Évelyne : Tu es fier de tes enfants, de ce qu’ils sont ?
Johny : Je suis heureux qu'ils soient bien, qu’ils travaillent, d'avoir terminé leurs études.
Évelyne : Ils travaillent ?
Johny : Oui, tous travaillent.
Évelyne : Tu ne vas plus dans le bois ?
Johny : Cela fait longtemps qu'on n’y va plus. Je travaille un peu. Je travaille pour le fourreur. Ma femme aussi. On dépouille, on moule les peaux. La loutre est le plus difficile à dépouiller. Plusieurs brisent la peau.
Évelyne : Elle a une odeur désagréable !
Johny : Oui, les autres brisent la peau, pas nous, on fait attention.
Évelyne : C’est pourquoi tu t'es marié avec elle ? Elle dépouille bien la peau de la loutre ?
Johny : Oui. Elle aussi était travaillante.
Évelyne : Les femmes l'étaient avant n'est-ce pas ?
Johny : Oui…
Nous sommes encore ensemble aujourd’hui.
Évelyne : J’ai perdu ma mère, il y a environ quatre ans.
Johny : Nous, cela fait longtemps.
Évelyne : Nous vous remercions.
Évelyne : Bonjour Johny. Merci d'avoir accepté l’interview, tu es originaire de quel endroit ?
Johny : Je viens de Mistassini. Mon père aussi. Je demeure ici.
Évelyne : Et ta mère ?
Johny : Elle est de Uashkakaniss (Baie-James). Mon père, lui, est de Betsiamites.
Évelyne : Tu as de la parenté partout ?
Johny : Oui, de partout.
Évelyne : Y avait-il des Abénakis, des Cris lors des rassemblements ici ?
Johny : Il y en avait.
Évelyne : Lesquels ?
Johny : Les Abénakis. Ils venaient de l'Ouest (Ottawa ?)
Évelyne : Qui avait-il ici, que faisait-on ?
Johny : Je ne sais pas. Mais auparavant les Innus demeuraient à Chicoutimi ensuite, à Métabetchouan et on les a obligés à quitter l'endroit pour aller à Pointe-Bleue. Ils sont toujours obligés de partir. Ils se rassemblaient tous ici. Il venait de Mistassini. Les magasins Takunikau.
Évelyne : Y avait-il des prêtres ?
Johny : Avant ma naissance non. Ils étaient à Betsiamites et Chicoutimi. Après, ils sont venus ici. Les prêtres sont là depuis plus de 100 ans.
Évelyne : Qu’elle était la religion des Innus avant l'arrivée des prêtres ?
Johny : Je n'ai pas vu cela. Les Innus savaient qu'il existait une puissance supérieure.
Évelyne : L’Innu avait-il des croyances ?
Johny : Poursuivre leur subsistance, leur vie, les animaux. Ils respectaient tout. Nous nous nourrissons tous de terre. C’est l'œuvre de Dieu, de tout ce qui est vivant.
Evelyne : De nos jours beaucoup de choses ont changé, crois-tu qu'un jour, on sera reconnus comme Innus ?
Johny : Si nous poursuivons la même route, en ne gaspillant rien, en respectant toutes choses, en étant honnête, nous existeront longtemps.
L’Innu est à la recherche de son identité.
Ils font le "Matutishan" et d'autres choses. J'ai rêvé de ce qui allait arriver.
Comment c'est arrivé et aussi comment Dieu vois ça. C'est sa parole. Tu verras la lumière et aller où tu veux.
Évelyne : Tu utilises beaucoup le rêve ?
Johny : C'est comme ça que je peux voir ce qui se passe et j'entends la voix de Dieu. Chaque fois que quelqu'un a de la difficulté dans sa vie, ce serait bien qu'il parle de son rêve.
Évelyne : Tu sais lire les rêves ?
Johny : Bien sûr ! Lui dire comment poursuivre son chemin et lequel prendre. Il existe une lumière pour celui qui est honnête ? C'est la parole de Dieu.
Évelyne : J’ai rêvé d’un minerai ? C'était creusé et il y avait un gros trou. Mes amis sont de l'autre côté et je voulais les rejoindre. Dans ce trou, il y a de la neige et je me traîne à quatre pattes. Soudain je suis très grande et j'ai pu me rendre de l'autre côté.
Johny : Tu passes au travers de ta vie. C'est bien. Il n'y a pas d'obstacles. C'est fort (ou résistant).
Évelyne : Je crois au rêve aussi.
Johny : Ce terrain j’y ai déjà rêvé. Ce chemin n’existait pas. Je chante et joue du "teueikan". J'entends le serviteur de Dieu qui me parle. "Ce chemin tu le vois ?" Et je le vois. C'est un sentier. Sur cette hauteur, je vois une clarté de lumière, très belle qui me fait du bien. (Je ne consommais plus depuis un an.) Je marche sur ce sentier. Je suis bloqué. Et j'ai su que je pouvais chercher et penser à la parole de Dieu.
C'est ce que j'ai compris et c'est ce que je chante au "teueikan". Je vois une clarté, des fleurs le long du sentier. Je suis là et je chante au "teueikan". Le "teueikan" n'est pas mauvais (démon) le serviteur qui est derrière moi : "D'ici cinq ou six ans tu verras cela."
Évelyne : Quand tu fais quelque chose, on dirait que cela s'est déjà produit ou du déjà-vu.
Johny : Ce n'est pas le seul. J'en ai vu plusieurs.
Évelyne : Ça fait longtemps que tu joues le "teueikan" ?
Johny : Cela ne fait pas longtemps. Je l'ignorais. Mon père en jouait, pas moi. À un moment donné est arrivé le temps de ne plus l'ignorer. C'est ce qui aidait l’Innu, le "teueikan" c'est l’ouverture – Ça a aidé nos aînés, nos grands-pères.
Évelyne : Comment leur aidait-il ?
Johny : Ils pouvaient tout savoir. En frappant le "teueikan", ils pouvaient voir pour trouver de la nourriture (et prédire l’avenir ?). Ce n'est pas tout le monde qui peut faire ça.
Évelyne : Tu es venu chanter au festival Innu Nikamu ?
Johny : Je suis venu la deuxième année avec ma femme (ou ma fille).
Évelyne : Je suis originaire de là.
Johny : Ah ! À Maliotenam ?
Évelyne : Oui. Tu étais avec ta fille ?
Johny : Oui, Doris vient parfois
Évelyne : As-tu rêver au "teueikan" ?
Johny : Oui, c’est ce rêve que je t'ai raconté. Définitivement, j'y crois au "teueikan".
Évelyne : Et tu as chanté ton rêve ? Et c'est ce que tu chantes ?
Johny : Je chante la terre que je foule, les arbres, la terre. Nous foulons tous la terre qui est vivante, c'est notre vie c'est notre …
Évelyne : Crois-tu que nous, les Innus, continueront, au moins en partie, à vivre comme nos ancêtres ?
Johny : Avant, nous vivions dans le bois, nous étions ici avant que les blancs restent. J'ai commencé à parler le français quand je travaillais avec les blancs.
Évelyne : Demeuriez-vous longtemps dans le bois ?
Johny : Avec mon père, toute l’année.
Évelyne : Vous avez monté au lac ?
Johny : C’est celui-là. Notre territoire de chasse était loin, nous montions la rivière "Mishtashini". Nous embarquions plus loin. Je ne me rappelle pas, mais mon père lui, embarquait d'ici car, avant il n'existait pas de route. Ils demeuraient ici.
Évelyne : Quand tu étais jeune, il ne devait pas y avoir beaucoup de maisons ici ?
Johny : Il y en avait un peu, des tentes, des maisons pour les Innus, comme le grand-père de ma femme et un autre. Son grand-père les «Itap et Mataisi » … Ils arrivaient de Betsiamites, du Sud. Les autres, ce sont les blancs vivait comme les Innus ? Ceux qui chassaient ici sont restés.
Évelyne : Où était situé les tentes ?
Johny : Elles étaient éparpillées partout dans Pointe-Bleue et sur les hauteurs. Ce n'était pas comme ça avant. Il y avait des trous partout car personne ne demeurait ici en permanence. Ils restaient ici, près des berges !
Évelyne : Où est situé votre campement ?
Johny : Plus loin là-bas.
Évelyne : Quand tu montais pour Dolbeau, Mistassini, tu longeais tout le lac ?
Johny : Oui, je le longeais.
Évelyne : Combien y avait-il de canot ?
Johny : Je ne me rappelle pas ce temps-là. Nous étions déjà ici. Avant ou après ma naissance, mon père utilisait le sentier en embarquant en canot, plus loin. Les villes existaient déjà tout le long.
Évelyne : On utilisait les voitures pour y aller ?
Johny : C’était à 1h de voiture, plus loin de Dolbeau.
Évelyne : Je croyais qu'ils embarquaient de « Pimishkan".
Johny : Ils passaient en canot ici de Chicoutimi, ou ici c'est ce qu'on dit. Je ne peux le garantir.
Évelyne : Quels conseils veux-tu donner aux jeunes ? Que leur dirais-tu ?
Johny : Les jeunes ne comprennent plus l’Innu, ils ne parlent que le français. C'est à eux de choisir la langue.
Évelyne : Existait-il, dans ton temps, le "Kutshapatshikan" ?
Johny : Oui. Le père de ma femme accomplissait le rituel de la tente tremblante. Je ne l'ai pas vu. Elle, elle l'a vu. Mais j'en ai déjà vu… Il y avait a des bruits de voix surprenants.
Évelyne : Quand accomplissait-on le rituel ?
Johny : Quand on voulait savoir ce qui va arriver, une voix te prédisait ce qu'il va se passer.
Évelyne : À un moment donné on ne le faisait plus ?
Johny : …
Évelyne : Pourquoi a-t-on abandonner le « Kutshapatshikan" ?
Johny : Parce qu'il n'y avait plus personne qui peut le faire. Ce n'est pas n'importe qui qui peut accomplir le rituel de la tente tremblante.
Évelyne : Que doit-on posséder ?
Johny : Je ne sais pas.
Évelyne : Ce n'est pas n'importe qui qui peut accomplir le rituel de la tente tremblante ?
Johny : Non. Ils n'étaient pas beaucoup à faire.
Évelyne : Que penses-tu du "Matutishan" (qui revient) ?
Johny : Je ne pense rien. Mais ce que je vois, c'est pour qu'il puisse se purifier, se sentir vivant. (C’est peut-être pas pour ça, hein ? ) J'en suis content. Et arrêter de consommer et aller voir ce qui n'allait pas dans son intérieur. Nous ne consommons plus. Nous ne fumons plus aussi depuis plus de 20 ans.
Évelyne : Vous êtes bien ?
Johny : Nous le sommes. Quand on rencontre les jeunes (ou ses enfants), s'ils veulent être bien, ils marcheront sur nos pas s'ils le veulent.
Évelyne : Et le font-ils ?
Johny : … ils le font aussi.
Doris (Kassin nashatam ?) respecte tout. Elle ne consomme plus aussi. C'est la benjamine. Elle demeure à la Baie-James maintenant. John, son mari travail. Il enseigne …
Ils sont ici en vacances, ils iront aux USA et ensuite viendront avec nous.
Évelyne : Tu es fier de tes enfants, de ce qu’ils sont ?
Johny : Je suis heureux qu'ils soient bien, qu’ils travaillent, d'avoir terminé leurs études.
Évelyne : Ils travaillent ?
Johny : Oui, tous travaillent.
Évelyne : Tu ne vas plus dans le bois ?
Johny : Cela fait longtemps qu'on n’y va plus. Je travaille un peu. Je travaille pour le fourreur. Ma femme aussi. On dépouille, on moule les peaux. La loutre est le plus difficile à dépouiller. Plusieurs brisent la peau.
Évelyne : Elle a une odeur désagréable !
Johny : Oui, les autres brisent la peau, pas nous, on fait attention.
Évelyne : C’est pourquoi tu t'es marié avec elle ? Elle dépouille bien la peau de la loutre ?
Johny : Oui. Elle aussi était travaillante.
Évelyne : Les femmes l'étaient avant n'est-ce pas ?
Johny : Oui…
Nous sommes encore ensemble aujourd’hui.
Évelyne : J’ai perdu ma mère, il y a environ quatre ans.
Johny : Nous, cela fait longtemps.
Évelyne : Nous vous remercions.
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Citation
Johnny Bossum (interviewé), Evelyne St-Onge (intervieweur), and Eddy Malenfant (cinéaste), “Bossum Johnny,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, accessed November 22, 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/428.