Casavant, Dave
Titre
Casavant, Dave
Sujet
étude; communication; radio commerciale; radio communautaire; symposium
Description
histoire innue; récit de vie
Créateur
Casavant, Dave (interviewé)
St-Onge, Evelyne (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)
Source
Production Manitu inc.
Éditeur
Production Manitu inc.
Date
2000
Droits
Production Manitu inc.
Relation
Dave Casavant from CRC Uetshit Takuaimatishun on Vimeo.
Langue
Français
Couverture
Entretien à Mashteuiatsh
Type
récit de vie | oral history
Format
MP4, 12 minutes
Original Format
vidéo | video
Transcription
Évelyne : Bonjour Dave ! Je sais que tu es originaire d’ici, de Mashteuiatsh et tu as dû sortir du village ?
Dave : Oui, évidemment, si on veut se perfectionner dans un domaine quelconque, il faut sortir. Tu n’as pas de cégeps et d’universités dans notre village.
Évelyne : En quoi tu as étudié ?
Dave : Moi, j’ai étudié en communications, plus spécifiquement en radio. J’ai eu le plaisir de travailler dans le domaine immédiatement à la fin de mes études
Évelyne : À quelle place ?
Dave : Je suis allé aux études à Jonquière. Il y a un département spécifique à Jonquière, département d’Art et Technologie des médias. J’ai fait mon cégep là. Par la suite, j’ai commencé par faire un petit cinq semaines à Port Cartier, sur la Côte-Nord. Un stage et puis après ça, un emploi qui devait être plus long que cela mais qui a duré cinq semaines et après, j’ai eu le bonheur de participer à l’ouverture d’une station radio régionale à Chicoutimi CFIX… qui a ouvert en 1987 et c’était une première station qui était une première station FM vouée à la musique populaire. Donc, ça a connu un immense succès dès le départ CFIX, j’ai eu le plaisir de participer à la création d’une radio, à l’émergence d’une radio régionale d’envergure extrêmement populaire. Ça fait que ça été un des moments absolument merveilleux que j’ai vécus.
Évelyne : Et ici au village, à la radio communautaire, est-ce que tu y as participé ou tu participes ?
Dave : Définitivement, c’est de là que commence en fait ma carrière radiophonique que j’ai entamée parce que j’ai commencé comme bénévole. Je me souviens encore, Roger Dominique est encore là aujourd’hui, le pionnier de la radio. Des animateurs de la radio avaient lancé un appel en onde. Moi, ça faisait quelques fois que j’allais voir les amis qui animaient là puis j’étais avec eux en studio, mais pas plus que ça. J’étais toujours impressionné, j’étais toujours également admiratif de la technique de la radio. Les consoles, le fait que l’on fasse jouer notre musique, de la bonne musique, le fait…les disques et tout ça, les écouteurs, les micros, ça m’impressionnait depuis longtemps, depuis que j’étais jeune. C’est ce qui m’attirait vers la radio en plus, la musique, je suis un amateur de musique, ça m’attirait vers la radio. Donc, suite à l’appel fait par Roger, j’ai donné mon nom comme bénévole. J’ai fait du bénévolat à la radio communautaire ici à Mastheuhiash pendant des années, après ça j’ai étudié, après ça, j’ai fait de la radio disons plus professionnelle, dans le sens que ce n’était pas dans la communauté.
Évelyne : Mais ici, présentement tu travailles en radio ?
Dave : Ici, présentement, je travaille au Conseil montagnais, parce que, à un moment donné, parallèlement en radio, c’est certain que j’ai évolué là-dedans, ma vie, par mes intérêts profonds, a pris une certaine tangente et j’ai décidé d’aller étudier en Sciences politiques. Donc maintenant j’ai un emploi au Conseil des Montagnais dans le domaine de la négociation. Actuellement j’ai un emploi temporaire sur un programme communautaire mais je suis quand même président de la radio communautaire ici, président du conseil d’administration. C’est ma façon de continuer mon implication, de me garder un pied dans la radio et puis aussi depuis quelques mois, j’ai repris un contrat d’animation dans une radio régionale AM cette fois-là, c’est plus une radio d’information plus parlée, ce que je n’avais jamais fait. J’ai toujours fait de la radio FM musicale, maintenant je fais un petit peu plus de AM. Je travaille le dimanche à CKRS à Chicoutimi.
Évelyne : Mais il n’y a pas beaucoup d’autochtones qui se dirigent dans des communications, c’est assez rare, je n’en vois pas beaucoup.
Dave : Non, définitivement il n’y en a pas beaucoup. Effectivement il y a un manque dans ce domaine. On n’en entend à peu près pas parler de gens qui se dirigent vers ce domaine-là, faut dire évidemment que les autochtones dont la langue première n’est pas le français, ne sont peut-être pas avantagés d’aller étudier, par exemple, un média oral où il faut bien s’exprimer en français. Ce qui fait qu’en partant ça peut freiner certaines personnes mais il ne faudrait surtout pas que ce soit freiner parce qu’il y a toujours moyen de parvenir à ses fins quand on a des buts. C’est un beau métier et c’est un métier d’avenir. Aujourd’hui lorsque l’on pense à un métier d’avenir, on pense toujours à quelque chose de relier à l’informatique, mais il y en aussi plein d’autres : on pourrait parler de la foresterie, il y a de l’avenir et dans d’autres domaines il y a de l’avenir ce n’est pas juste dans la technologie de pointe qui offre des métiers d’avenir, mais la communication en a, parce qu’on a tout avantage dans le milieu autochtone à miser davantage et à être plus efficaces au niveau des communications puis au niveau, je dirais encore plus spécifiquement du journalisme. On ne suit pas assez de près les dossiers, on ne raconte pas assez bien les dossiers qui nous concernent. C’est un petit peu l’Omerta, la loi du silence souvent dans les réserves, on ne sait pas ce qui se passe. On a tout avantage… les jeunes devraient plus… la liberté d’expression … on est des Innus, on est libre, on se sent libre quand on est sur une réserve, mais ça c’est une autre liberté, la liberté d’expression, faut la promouvoir, faut encore plus…
Évelyne : T’es-tu eu, toi, des difficultés quand tu es allé à l’extérieur étudier en tant qu’Innu
Dave : Franchement, je ne peux pas dire que j’ai eu des difficultés. Moi, je suis une personne qui m’adapte très bien à toutes les situations, un caméléon. Je n’ai pas vécu de difficultés, j’ai de bons rapports avec tout le monde mais ça fait partie de ma nature aussi, j’aime m’entretenir… l’amour dans le fond autour de moi, j’aime entretenir de bons rapports avec les gens, ça fait que j’évite de me placer dans des situations trop conflictuelles
Évelyne : Et avec ton nouveau métier je pourrais dire, ton nouveau en tant que… c’est complètement différent, c’est dans la politique ?
Dave : Oui, bien en fait j’ai travaillé dans…
Évelyne : C’est dans les communications mais … ?
Dave : Oui, c’est un petit peu une des raisons qui fait que mon employeur c’est intéressé à mes services je pense là, dans cette situation-là, quand je parle de politique j’ai travaillé au niveau des négociations, j’ai été embauché en partie pour mes capacités en communication mais il y a un champ d’intérêt qui me touche là, la politique, non pas la politique dans le sens de devenir politicien, de devenir un élu, simplement la politique avec un grand P, des enjeux sociaux, des enjeux juridiques. Évidemment tout m’intéresse, j’ai étudié là-dedans, je n’ai pas terminé par exemple… j’ai pas eu le temps
Évelyne : Tu peux être polyvalent tu penses, aujourd’hui ?
Dave : Certainement qu’il faut être polyvalent aujourd’hui idéalement, ce n’est pas… ce n’est pas toujours facile la polyvalence. A la limite, ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir l’être mais il faut essayer de l’être, je pense que oui.
Évelyne : Le métier que tu fais présentement, comment ça va dans la communauté ?
Dave : Je travaille présentement sur une base intérimaire sur un programme d’initiative communautaire. C’est un programme qui vient d’être mis sur pied par le Conseil des Montagnais pour inciter le milieu à se prendre en main, à certains niveaux évidemment, pas à tous les niveaux, particulièrement au niveau des problèmes sociaux, et de la diffusion culturelle je dirais. Le Conseil des Montagnais souvent n’est pas en mesure de répondre à des demandes, par exemple, de financement. Ne faut pas se cacher, c’est de l’argent que les gens souvent demandent pour une idée, pour un projet. Avant que le programme sur lequel je travaille, existe, je n’avais pas… le Conseil était souvent tiraillé, il devait étudier la question spécifiquement, cas par cas, regarder ça. La plupart du temps la réponse était non, mais maintenant il y a un programme qui est là. Les gens peuvent appliquer à un programme, peuvent monter un projet par exemple de banque alimentaire, peuvent organiser, je ne sais pas… Pour les démunis dans la communauté, si quelqu’un a l’idée de partir une maison pour eux-autres ou si quelqu’un à l’idée de partir… de faire déjeuner les enfants qui ne mangent pas le matin avant de partir pour l’école. Ou encore, ça c’est le volet social, il y a le volet culturel aussi qui lui, si quelqu’un veut organiser un événement culturel comme là, prochainement, il va y avoir un symposium des Arts et de la Culture. Ça s’en est une initiative qui est financée par le programme sur lequel je travaille, c’est très intéressant.
Évelyne : Ça va se passer… ?
Dave : Oui, ça va se passer ici à la fin juillet
Évelyne : Et ça regroupe combien de monde… ?
Dave : Le symposium ?
Dave : Le symposium devrait regrouper pas mal d’artistes et d’artisans. D’ailleurs ils font un effort assez intéressant pour faire participer des Autochtones d’autres nations qui ont des liens étroits. Ça va être un bel événement qui va se dérouler fin juillet.
Évelyne : Si tu avais un mot à dire aux jeunes c’est quoi ? Quel message tu laisserais aux jeunes toi ?
Dave : C’est faire sa place ! Pour faire sa place faut essayer le plus possible de se fixer des buts qu’on pense atteignables… de se faire confiance parce qu’on vient qu’on se connaît. Plus ont vieilli, plus on se connaît, on est capable de savoir ce qu’on… quelles sont nos capacités et quels sont nos buts. Ça, un moment donné, peut-être que des jeunes qui ne voient pas de lumière au bout du tunnel, s’ils ont vécu des enfances pas très faciles ou des adolescences pas très faciles, je pense que s’ils arrivent à passer à travers ça, en tout cas, c’est déjà une bonne étape et après ça, on se connaît et on apprend à savoir ce qu’on veut de nous, qu’est-ce qu’on peut faire. Et à partir de là, c’est là, ne lâchons pas ! Ayons, gardons nos buts. Faisons, prenons les étapes nécessaires pour arriver à nos buts sans lâcher !
Évelyne : T’as-tu d’autres choses à ajouter ou dire ?
Dave : Bien moi c’est vrai, je n’ai pas souvent l’occasion de le dire, merci de me donner cette opportunité-là. Moi tellement… je le dis de temps en temps mais jamais publiquement, c’est rare, j’hésite pas à le dire mais j’ai tellement vécu une enfance heureuse ici à Mashteuiatsh , j’ai tellement été un enfant heureux que…. Ce sera toujours un endroit… toujours ma place c’est certain. Souvent je suis nostalgique… je suis encore très heureux aujourd’hui je veux dire, mais ce n’est pas pareil… C’est une belle place ici Mashteuiatsh, regardez le lac, le caméraman a pris des images. C’est absolument fantastique les couchers de soleil, les levers de soleil. Bon, au niveau physique c’est merveilleux, mais les gens aussi, les Ilnuatsh des gens simples, c’est des gens qui sont heureux malgré que depuis quelques années-là, une dizaine, une quinzaine d’années c’est plus difficile socialement à cause de différentes choses, entre autres, la loi C-31, le fameux débat qui a entouré cela, mais fondamentalement les Ilnuatsh c’est un peuple qui est plaisant à vivre, on est le fun, on est du monde le fun. J’ai été heureux ici, je le suis encore !
Évelyne : Merci !
Dave : Oui, évidemment, si on veut se perfectionner dans un domaine quelconque, il faut sortir. Tu n’as pas de cégeps et d’universités dans notre village.
Évelyne : En quoi tu as étudié ?
Dave : Moi, j’ai étudié en communications, plus spécifiquement en radio. J’ai eu le plaisir de travailler dans le domaine immédiatement à la fin de mes études
Évelyne : À quelle place ?
Dave : Je suis allé aux études à Jonquière. Il y a un département spécifique à Jonquière, département d’Art et Technologie des médias. J’ai fait mon cégep là. Par la suite, j’ai commencé par faire un petit cinq semaines à Port Cartier, sur la Côte-Nord. Un stage et puis après ça, un emploi qui devait être plus long que cela mais qui a duré cinq semaines et après, j’ai eu le bonheur de participer à l’ouverture d’une station radio régionale à Chicoutimi CFIX… qui a ouvert en 1987 et c’était une première station qui était une première station FM vouée à la musique populaire. Donc, ça a connu un immense succès dès le départ CFIX, j’ai eu le plaisir de participer à la création d’une radio, à l’émergence d’une radio régionale d’envergure extrêmement populaire. Ça fait que ça été un des moments absolument merveilleux que j’ai vécus.
Évelyne : Et ici au village, à la radio communautaire, est-ce que tu y as participé ou tu participes ?
Dave : Définitivement, c’est de là que commence en fait ma carrière radiophonique que j’ai entamée parce que j’ai commencé comme bénévole. Je me souviens encore, Roger Dominique est encore là aujourd’hui, le pionnier de la radio. Des animateurs de la radio avaient lancé un appel en onde. Moi, ça faisait quelques fois que j’allais voir les amis qui animaient là puis j’étais avec eux en studio, mais pas plus que ça. J’étais toujours impressionné, j’étais toujours également admiratif de la technique de la radio. Les consoles, le fait que l’on fasse jouer notre musique, de la bonne musique, le fait…les disques et tout ça, les écouteurs, les micros, ça m’impressionnait depuis longtemps, depuis que j’étais jeune. C’est ce qui m’attirait vers la radio en plus, la musique, je suis un amateur de musique, ça m’attirait vers la radio. Donc, suite à l’appel fait par Roger, j’ai donné mon nom comme bénévole. J’ai fait du bénévolat à la radio communautaire ici à Mastheuhiash pendant des années, après ça j’ai étudié, après ça, j’ai fait de la radio disons plus professionnelle, dans le sens que ce n’était pas dans la communauté.
Évelyne : Mais ici, présentement tu travailles en radio ?
Dave : Ici, présentement, je travaille au Conseil montagnais, parce que, à un moment donné, parallèlement en radio, c’est certain que j’ai évolué là-dedans, ma vie, par mes intérêts profonds, a pris une certaine tangente et j’ai décidé d’aller étudier en Sciences politiques. Donc maintenant j’ai un emploi au Conseil des Montagnais dans le domaine de la négociation. Actuellement j’ai un emploi temporaire sur un programme communautaire mais je suis quand même président de la radio communautaire ici, président du conseil d’administration. C’est ma façon de continuer mon implication, de me garder un pied dans la radio et puis aussi depuis quelques mois, j’ai repris un contrat d’animation dans une radio régionale AM cette fois-là, c’est plus une radio d’information plus parlée, ce que je n’avais jamais fait. J’ai toujours fait de la radio FM musicale, maintenant je fais un petit peu plus de AM. Je travaille le dimanche à CKRS à Chicoutimi.
Évelyne : Mais il n’y a pas beaucoup d’autochtones qui se dirigent dans des communications, c’est assez rare, je n’en vois pas beaucoup.
Dave : Non, définitivement il n’y en a pas beaucoup. Effectivement il y a un manque dans ce domaine. On n’en entend à peu près pas parler de gens qui se dirigent vers ce domaine-là, faut dire évidemment que les autochtones dont la langue première n’est pas le français, ne sont peut-être pas avantagés d’aller étudier, par exemple, un média oral où il faut bien s’exprimer en français. Ce qui fait qu’en partant ça peut freiner certaines personnes mais il ne faudrait surtout pas que ce soit freiner parce qu’il y a toujours moyen de parvenir à ses fins quand on a des buts. C’est un beau métier et c’est un métier d’avenir. Aujourd’hui lorsque l’on pense à un métier d’avenir, on pense toujours à quelque chose de relier à l’informatique, mais il y en aussi plein d’autres : on pourrait parler de la foresterie, il y a de l’avenir et dans d’autres domaines il y a de l’avenir ce n’est pas juste dans la technologie de pointe qui offre des métiers d’avenir, mais la communication en a, parce qu’on a tout avantage dans le milieu autochtone à miser davantage et à être plus efficaces au niveau des communications puis au niveau, je dirais encore plus spécifiquement du journalisme. On ne suit pas assez de près les dossiers, on ne raconte pas assez bien les dossiers qui nous concernent. C’est un petit peu l’Omerta, la loi du silence souvent dans les réserves, on ne sait pas ce qui se passe. On a tout avantage… les jeunes devraient plus… la liberté d’expression … on est des Innus, on est libre, on se sent libre quand on est sur une réserve, mais ça c’est une autre liberté, la liberté d’expression, faut la promouvoir, faut encore plus…
Évelyne : T’es-tu eu, toi, des difficultés quand tu es allé à l’extérieur étudier en tant qu’Innu
Dave : Franchement, je ne peux pas dire que j’ai eu des difficultés. Moi, je suis une personne qui m’adapte très bien à toutes les situations, un caméléon. Je n’ai pas vécu de difficultés, j’ai de bons rapports avec tout le monde mais ça fait partie de ma nature aussi, j’aime m’entretenir… l’amour dans le fond autour de moi, j’aime entretenir de bons rapports avec les gens, ça fait que j’évite de me placer dans des situations trop conflictuelles
Évelyne : Et avec ton nouveau métier je pourrais dire, ton nouveau en tant que… c’est complètement différent, c’est dans la politique ?
Dave : Oui, bien en fait j’ai travaillé dans…
Évelyne : C’est dans les communications mais … ?
Dave : Oui, c’est un petit peu une des raisons qui fait que mon employeur c’est intéressé à mes services je pense là, dans cette situation-là, quand je parle de politique j’ai travaillé au niveau des négociations, j’ai été embauché en partie pour mes capacités en communication mais il y a un champ d’intérêt qui me touche là, la politique, non pas la politique dans le sens de devenir politicien, de devenir un élu, simplement la politique avec un grand P, des enjeux sociaux, des enjeux juridiques. Évidemment tout m’intéresse, j’ai étudié là-dedans, je n’ai pas terminé par exemple… j’ai pas eu le temps
Évelyne : Tu peux être polyvalent tu penses, aujourd’hui ?
Dave : Certainement qu’il faut être polyvalent aujourd’hui idéalement, ce n’est pas… ce n’est pas toujours facile la polyvalence. A la limite, ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir l’être mais il faut essayer de l’être, je pense que oui.
Évelyne : Le métier que tu fais présentement, comment ça va dans la communauté ?
Dave : Je travaille présentement sur une base intérimaire sur un programme d’initiative communautaire. C’est un programme qui vient d’être mis sur pied par le Conseil des Montagnais pour inciter le milieu à se prendre en main, à certains niveaux évidemment, pas à tous les niveaux, particulièrement au niveau des problèmes sociaux, et de la diffusion culturelle je dirais. Le Conseil des Montagnais souvent n’est pas en mesure de répondre à des demandes, par exemple, de financement. Ne faut pas se cacher, c’est de l’argent que les gens souvent demandent pour une idée, pour un projet. Avant que le programme sur lequel je travaille, existe, je n’avais pas… le Conseil était souvent tiraillé, il devait étudier la question spécifiquement, cas par cas, regarder ça. La plupart du temps la réponse était non, mais maintenant il y a un programme qui est là. Les gens peuvent appliquer à un programme, peuvent monter un projet par exemple de banque alimentaire, peuvent organiser, je ne sais pas… Pour les démunis dans la communauté, si quelqu’un a l’idée de partir une maison pour eux-autres ou si quelqu’un à l’idée de partir… de faire déjeuner les enfants qui ne mangent pas le matin avant de partir pour l’école. Ou encore, ça c’est le volet social, il y a le volet culturel aussi qui lui, si quelqu’un veut organiser un événement culturel comme là, prochainement, il va y avoir un symposium des Arts et de la Culture. Ça s’en est une initiative qui est financée par le programme sur lequel je travaille, c’est très intéressant.
Évelyne : Ça va se passer… ?
Dave : Oui, ça va se passer ici à la fin juillet
Évelyne : Et ça regroupe combien de monde… ?
Dave : Le symposium ?
Dave : Le symposium devrait regrouper pas mal d’artistes et d’artisans. D’ailleurs ils font un effort assez intéressant pour faire participer des Autochtones d’autres nations qui ont des liens étroits. Ça va être un bel événement qui va se dérouler fin juillet.
Évelyne : Si tu avais un mot à dire aux jeunes c’est quoi ? Quel message tu laisserais aux jeunes toi ?
Dave : C’est faire sa place ! Pour faire sa place faut essayer le plus possible de se fixer des buts qu’on pense atteignables… de se faire confiance parce qu’on vient qu’on se connaît. Plus ont vieilli, plus on se connaît, on est capable de savoir ce qu’on… quelles sont nos capacités et quels sont nos buts. Ça, un moment donné, peut-être que des jeunes qui ne voient pas de lumière au bout du tunnel, s’ils ont vécu des enfances pas très faciles ou des adolescences pas très faciles, je pense que s’ils arrivent à passer à travers ça, en tout cas, c’est déjà une bonne étape et après ça, on se connaît et on apprend à savoir ce qu’on veut de nous, qu’est-ce qu’on peut faire. Et à partir de là, c’est là, ne lâchons pas ! Ayons, gardons nos buts. Faisons, prenons les étapes nécessaires pour arriver à nos buts sans lâcher !
Évelyne : T’as-tu d’autres choses à ajouter ou dire ?
Dave : Bien moi c’est vrai, je n’ai pas souvent l’occasion de le dire, merci de me donner cette opportunité-là. Moi tellement… je le dis de temps en temps mais jamais publiquement, c’est rare, j’hésite pas à le dire mais j’ai tellement vécu une enfance heureuse ici à Mashteuiatsh , j’ai tellement été un enfant heureux que…. Ce sera toujours un endroit… toujours ma place c’est certain. Souvent je suis nostalgique… je suis encore très heureux aujourd’hui je veux dire, mais ce n’est pas pareil… C’est une belle place ici Mashteuiatsh, regardez le lac, le caméraman a pris des images. C’est absolument fantastique les couchers de soleil, les levers de soleil. Bon, au niveau physique c’est merveilleux, mais les gens aussi, les Ilnuatsh des gens simples, c’est des gens qui sont heureux malgré que depuis quelques années-là, une dizaine, une quinzaine d’années c’est plus difficile socialement à cause de différentes choses, entre autres, la loi C-31, le fameux débat qui a entouré cela, mais fondamentalement les Ilnuatsh c’est un peuple qui est plaisant à vivre, on est le fun, on est du monde le fun. J’ai été heureux ici, je le suis encore !
Évelyne : Merci !
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Citer ce document
Casavant, Dave (interviewé), St-Onge, Evelyne (intervieweur), et Malenfant, Eddy (cinéaste), “Casavant, Dave,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, consulté le 21 novembre 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/336.