St-Onge, Bernard

Titre

St-Onge, Bernard

Sujet

Bolivie; tiwanaco; porte du soleil; Aymara; shaman; religions; spiritualité

Description

Entrevue Bernard St-Onge à Tiwanaco, Bolivie

Créateur

St-Onge, Bernard (interviewé)
Gonzalez, Félix Atencio (intervieweur)
Malenfant, Eddy (cinéaste)

Source

Production Manitu inc.

Éditeur

Production Manitu inc.

Date

1992

Droits

Production Manitu inc.

Langue

Innu

Couverture

entretien à Tiwanaco, Bolivie

Type

vidéo | video

Format

Mp4 10 min. 35 s.

Original Format

vidéo | video

Transcription

Transcription

Je me reconnais un peu en comparant les modes de vie des autochtones qu’on a rencontrés.

Samedi matin dernier, nous avons assisté à une messe avec des gens provenant de partout de Bolivie. Ils débutent leur première journée d’hiver, ce que nous appelons par chez nous, le Jour de l’an. Il y a un calendrier sur une roche. Il y a une image sur le rocher. Les autochtones avaient gravé ce calendrier 3000 années auparavant. C’était un premier calendrier crée par ces autochtones.

0:50 Le premier jour de l’hiver, d’où le soleil se lève, il y a un trou sur la roche. Lorsque les rayons de soleil traversent le trou de la porte de pierres, c’est à ce moment que débute leur hiver. Présentement ici c’est l’hiver, il fait très beau, mais par chez nous c’est l’été.

1:18 Lorsque le remerciement au soleil est terminé, ils se souhaitent une bonne année. Une fois terminé, il y a une messe. Les gens proviennent de partout et ont tous différentes croyances, et religions.

C’est à ce moment qu’ils remercient la terre de leur avoir permis de vivre jusqu’à présent. Plusieurs instruments de musique sont utilisés. Le tambour est très utilisé. Tous ce qui provient de la nature, qui pousse sur le sol, est placé sur le feu afin de remercier la Terre.

2:12 Nous sommes venus nous aussi pour remercier la Terre, car nous aussi sommes des autochtones. Nous devions remettre quelque chose sur le feu, toutefois nous sommes arrivées un peu en retard. Nous regrettons de ne pas avoir été capable d’être présent pour voir le tout.

Leur religion permet à tout le monde de parler. Tout le monde peut faire un partage. Si une personne veut chanter, il peut le faire. Les jeunes enfants, les adolescents y sont tous inclus. L’aîné est le plus haut placé. Il y a des Shaman, et des personnes de toutes les nationalités. Nous étions les seules personnes originaires du Canada.

Je dirais que la vie traditionnelle est du passé pour nous les gens du Canada. On pourrait dire que les prêtres catholiques des pensionnats ont faites en sorte que nous ne puissions faire ce qui était avant. Ce qu’on vient de voir aujourd’hui, est très beau à voir. Comme j’ai mentionné plus tôt, ils vivent encore de la même manière qu’ils vivaient 3000 ans passée.

3:36 Aujourd’hui au Canada, on ne voit plus ça. Par exemple, nous n’avons plus de ceux qu’on appelle les Shaman, il n’y en a presque plus. Je peux vous dire que chez les Montagnais, il n’y en a plus. Il y a peut-être des Shaman ailleurs à certaines autres nations autochtones du Canada.

Nous avons souvent regardé, lorsque je les rencontre, il y a également plusieurs femmes aînés qui sont Shaman. Elles regardent les feuilles d’arbre afin de pouvoir voir et prédire le futur.
Ils sont très beau à voir. Comme je disais, ils prient pour remercier la Terre, d’avoir pris soins d’eux. Il me semble, je trouvais qu’ils manquaient, n’avaient pas assez d’eau.
Ces gens travaillent le sol. On les nomme par chez nous, des cultivateurs.

4:40 La façon que nous avons interprété leur religion, on pourrait dire, la culture de l’ancien temps.
Cela fait très longtemps que nous les Montagnais n’avons pas vues cela.
Ils suivent encore les traditions de plusieurs centaines d’années d’avant.
Nous ne voyons pas de religion catholique. Nous voyons seulement la culture autochtone que ces gens ont préservés depuis très longtemps.

5:18 C’est sure que nous n’avons pas vue beaucoup d’autochtones, mais parmi ceux qu’on a vu, ceux-ci, suivent la tradition. Il y a aussi leurs instruments de musique, tous les jeunes sont touchés par les enseignements de leurs grands-pères.
C’est extrêmement beau à voir.

Nous les Montagnais ne regrettons aucunement d’avoir assisté à ce que ces gens nous ont appris. Nous les remercions de tout cœur.

5:44 Lorsque nous retournerons, nous pourrons facilement dire et parler de ce que nous avons vécu, ayant vu ces gens. Nous avons de la difficulté à se comprendre, car nous ne parlons pas la même langue. Nous nous faisons poser des questions, toutefois il est difficile pour nous de répondre.

Nous gardons tout en mémoire, et nous pourrons en parler à nos enfants. Ce que les aînés nous ont transmis lors de nos rencontres pour leur parler de nos difficultés chez nous, chez les innus. De nos manières de vivre dans nos communautés. Eux aussi nous partagent leurs manières de vivre. Nous allons garder tout ça, pour pouvoir transmettre cette histoire. Nous regrettons également de ne pas avoir amené une vidéo avec nous.

6:30 Nous voyons ce que les Boliviens ont préservés. Ils n’ont pas perdu leur religion, ils le maintiennent encore à ce jour. Il est évident que nous les Montagnais, l’avons perdu. Nous sommes vraiment tombés dans la religion Catholique. Ce qui nous permet de rester fort nous, c’est le fait d’avoir la forêt. Lorsqu’on se rend dans la forêt, que ce soit pour aller à la chasse ou pour aller se reposer, cela nous permet de préserver notre tradition.

7:11 Il y a aussi l’histoire du Shaman, ce que l’innu faisait il y a très longtemps chez nous chez les Montagnais. Nous ne voyons aucun retour, mais il pourrait surement y avoir d’autres traditions dont nous faisions. Par exemple, il y a certaines personnes qui regardent l’omoplate d’un caribou. Il parait qu’ils peuvent se fier à ça aussi, il y a surement encore quelques aînés qui ont ce pouvoir. Il y a aussi le jeu que l’on joue avec la mâchoire d’un poisson, en la lançant dans les airs. Ils disent que ça dit vrai. Nous en avons encore quelques-uns, mais en déclins.

7:57 Toutefois lorsque nous allons dans la forêt, lorsqu’on retourne dans le bois, il nous arrive d’avoir un peu de misère. On va dire qu’ici au Canada, le gouvernement nous empêche, nos terres sont détruites, nous devons toujours se battre. C’est ce que nous trouvons difficile. Nous sommes enfermés dans la réserve, et ils nous gardent dans la réserve, le gouvernement nous fait vivre afin que l’on demeure renfermé à l’intérieur de la réserve. Il ne veut pas trop que l’on se rendent dans la forêt, parce qu’il veut le garder pour lui-même. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, nous voulons y faire face, pour nous battre, afin que l’on puisse retourner dans les bois. C’est un gros dilemme que nous avons par chez-nous.

8:39 Ce qui me surprends le plus ici est le calendrier. Lorsque j’ai vraiment vu la lumière du soleil passer à travers la porte de pierres, pour annoncer le tout début, la première journée de l’hiver. Il est surprenant que ces gens aient pu le garder durant ces 3000 années.

Je vais vous dire également, qu’ils avaient amenés des roches au site, à leur lieu de culte. Des grosses statues carrées, pas sûre d’où proviennent ces roches. C’est ce qui m’a surpris le plus, c’est la manière que c’était fait.

9:28 Ces gens-là, sont très fier de leur terre. On a l’impression que rien n’y pousse, mais le respect y est quand même beaucoup. Ils ont de la misère à subvenir à leurs besoins avec l’agriculture. Mais ils ont quand même l’air d’être très bien. C’est pour cette raison qu’ils remercient la terre d’avoir été généreux avec eux. C’est très impressionnant de voir ce que j’ai pu voir en une soirée et une journée.

9:57 Ma femme, je t’envoi mes salutations et tu me manques beaucoup. J’ai hâte de retourner à la maison, je pense toujours à vous et les enfants, je souhaite de bien aller.
Je vous embrasse, je ne vous oubli jamais.

Il m’arrive parfois de vouloir retourner, les journées sont dures avec la chaleur, il est difficile de respirer. Il y aussi la nourriture qui est dure sur notre système, j’ai souvent des maux de ventre. Tu serais triste de me voir ainsi, tu en pleurerais. C’est ça, je t’embrasse ma femme, je pense toujours à toi !

Fichiers

Bernard St-Onge.png

Citer ce document

St-Onge, Bernard (interviewé), Gonzalez, Félix Atencio (intervieweur), et Malenfant, Eddy (cinéaste), “St-Onge, Bernard,” Confluence Premiers Peuples / First Peoples Confluence, consulté le 21 novembre 2024, http://omeka.uottawa.ca/confluence-premierspeuples-firstpeoples/items/show/363.

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