Historique et description du projet Finlande

HISTORIQUE DU PROJET
LES GARDIENS DES SITES SACRÉS INNUS

Introduction

Ce projet a vu le jour suite à une rencontre d’un petit groupe innu allant à la rencontre des Samis de la Laponie en Finlande en septembre 2012 dans le but de les connaître et partager avec eux les similitudes de leurs cultures respectives en lien avec le caribou et le renne. Des liens ont été développés et en mai 2013, des Samis sont par la suite venus au Québec à la rencontre des Innus et des Naskapis. Leur séjour chez les Innus a été très valorisant à divers niveaux autant pour eux que pour les Innus et Naskapis du Québec.

Dernièrement, notre groupe composé de 10 délégués innus avons été invité à participer à la conférence internationale : « La protection des sites sacrés : Reconnaissance des sites sacrés des peuples autochtones pour la sauvegarde de la nature et la culture des régions nordiques et de l’arctique » qui a eu lieu le 11, 12, 13 septembre 2013 à Rovaniemi & Pyha, en Finland

Pour la première fois, plus que 80 participants venus de six pays arctiques se sont réunis à Rovaniemi et à Pyhätunturi (site sacré sámi) en Finlande, du 11 au 13 septembre 2013 pour élaborer et signer la première déclaration mondiale concernant les sites sacrés des peuples autochtones de l’Arctique. Cette déclaration commune énonce des lignes directrices pour l’élaboration des politiques relatives à la protection des sites sacrés des peuples autochtones dans l’Arctique et fait appel à une meilleure reconnaissance, protection juridique et gestion de ces sites ancestraux dans la région arctique – Voir annexe 2. La déclaration représente une initiative importante qui démontre la nécessité d’une action commune pour lutter efficacement contre les multiples problèmes qui menacent les territoires sacrés dans le Nord (p.ex. mines, tourisme et autres) et souligne l’importance de la sauvegarde des territoires sacrés pour la conservation de la diversité biologique et culturelle dans les régions arctiques, la transmission de la culture et de l’identité autochtone à travers l’Arctique.

Les participants de la conférence étaient composés des représentants de communautés autochtones, des guides spirituels, des gardiens des sites sacrés, des scientifiques, des décideurs, des ONGs, et des membres de la société civile. Les délégations autochtones sont venus d’aussi loin que la Iakoutie, la péninsule Yamal, la Sibérie orientale, la Canada et l’Alaska pour assister à l’événement.

La conférence a été co-organisée par le Centre arctique (Leena Heinämäki), l’Université de Montréal (Thora Herrmann), l’Institut nordique pour l’environnement et le droit des minorités (NIEM), l’Université de la Laponie, et l’Université de l’Arctique.

La délégation innue-naskapie était l’invité d’honneur de la Conférence. Parmi les autres invités d’honneurs et principaux présentateurs de la conférence comptaient: Birgitta Fossum directrice du Musée sámi du sud et du centre culturel sámi à Snåsa en Norvège ; Piers Vitebsky de l’Institut de recherche polaire Scott de l’Université de Cambridge; Alexandra Xanthaki de la Brunel Law School; Pekka Kauppala du Parlement sámi de la Finlande, Eija Ojanlatva du Musée sámi SIIDA en Finlande; Liisa Holmberg directrice de l’Institut éducatif sámi en Finlande; Galina Charyuchi directrice de l’association autochtone de la nation Nenets de Yamal (Russie) ; Uliana Vinokurova de l’Institut arctique Sakha Iakoutie (Russie); Julia Ledkova directrice de l’Association autochtone de la nation Nenets « Narian Mar » (Russie).

Nous étions invités à ouvrir et à clore la conférence avec une cérémonie et prière innue. Les guides spirituels de notre délégation ont réalisé avec tous les participants une cérémonie de purification dans le site sacré sámi Pyhätunturi.

Lors de cette conférence sur la Protection des sites sacrés, nous avons fait une présentation sur la vie circulaire innue et le rôle du caribou pour la culture innue et naskapie ainsi que la situation de la conservation du caribou au Québec. Nous avons présenté la déclaration commune à la fin de la conférence. La déclaration était lu à haute voix par un membre de notre délégation, un membre de la délégation Nenets, un membre de la délégation Iakoute, et une par une Sámie.

La déclaration et la conférence a suscité un grand intérêt dans les médias nationaux et internationaux. Nous étions interviewés par la télévision nationale finlandaise qui a également fait un reportage sur la conférence et la participation de la délégation innue-naskapie dans les nouvelles de 20h. Le vidéo de cette reportage est disponible ici : https://areena.yle.fi/tv/2031537 (le reportage commence à la minute 6’55 »).

Durant ce voyage d’échanges interculturels, nous avons eu l’occasion de rencontrer des personnes ressources qui nous ont inspiré autant par leur volonté de progresser vers le développement de leur culture et de la protection de leurs terres, plus particulièrement de leurs sites sacrés.

Avec notre groupe composé de guides spirituels et de ressources spécialisé sur la culture, nous voulons reprendre notre rôle de Gardiens des sites sacrés innus et travailler collectivement pour protéger les sites sacrés existants et identifié par ce projet. Les guides spirituels et consultants à la culture superviseront ce projet de façon harmonieuse et respectueuse envers les partenaires du milieu.

Les sites sacrés sont pour nous des lieux spirituels, ils peuvent être des lacs, des montagnes, des chemins de portages, des sites funéraires, des cimetières, des lieux de pèlerinages, de des sites liés à des évènements ou de rassemblements, auxquels nos ancêtres y étaient présents, les raisons peuvent être divers. Notre projet se fera en respect de nos valeurs traditionnelles et spirituelles avec la collaboration d’une équipe de chercheurs spécialisé dans le domaine et un employé sensible à la cause. Notre comité de travail est en processus de mettre sur pied une organisation sans but lucratif en notre nom et deux organisations existantes sont actuellement disposées à agir comme fiduciaire au projet.

Description du projet

La protection des sites sacrés est pour nous important ; il s’agit de la conservation de ses sites comme lieux spirituel et culturel qui doivent être officiellement identifié et reconnu pour ainsi les préserver au naturel pour les générations futures. À cette fin, ils sont aussi un élément essentiel pour la protection de nos terres et les valeurs spirituelles et culturelles qui leurs sont attachés. Depuis une vingtaine d’années, différents organismes du système des Nations Unies ont commencé à prendre en compte cette préoccupation autochtone.

Un premier projet de déclaration incluant la protection des noms de lieux autochtones et des sites sacrés a été développé. En 1982 un Groupe de Travail sur les Populations Autochtones, où les experts onusiens, les délégués autochtones et les représentants gouvernementaux ont longuement discuté cette question. Ensemble, ils ont élaboré un projet de Déclaration sur les droits des Peuples Autochtones qui traite dans 4 articles (sur 45) des lieux sacrés et des toponymes religieux :

D’abord l’article 13 : « Les Peuples Autochtones ont le droit d’entretenir et de protéger leurs sites religieux et culturels […]. Les États doivent, en collaboration avec les Peuples Autochtones concernés, prendre les mesures qui s’imposent pour faire en sorte que les lieux sacrés pour les autochtones, y compris les lieux de sépulture, soient préservés, respectés et protégés ».

Puis l’article 14 : « Les Peuples Autochtones […] ont le droit de choisir ou de conserver leurs propres dénominations pour les communautés, les lieux et les personnes ».

L’article 25 stipule que « les Peuples Autochtones ont le droit de conserver et de renforcer les liens particuliers, spirituels et matériels, qui les unissent à leurs terres, à leurs territoires, à leurs eaux fluviales et côtières, et aux autres ressources qu’ils possèdent ou qu’ils occupent ou exploitent traditionnellement, et d’assumer leurs responsabilités en la matière à l’égard des générations futures ».

Et enfin l’article 29 précise que « les Peuples Autochtones ont droit à ce que la pleine propriété de leurs biens culturels et intellectuels leur soit reconnue ainsi que le droit d’en assurer le contrôle et la protection […] ».

Ce projet fut adopté en 1994 par les experts de la sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités et transmis à la Commission des Droits de l’Homme.

Les articles 13 et 14 font partie des droits culturels et religieux. Leur rédaction initiale ne fait pas l’objet de critiques importantes de la part des représentants étatiques.

Lors des travaux du Groupe de Travail sur la déclaration fin novembre 2004. L’article 29 et plusieurs d’entre ont soutenu une autre version présentée par le Conseil Saami et la Fondation Tebtebba. Selon l’article 25 et 31 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones de 2007 qui stipule : « Les peuples autochtones ont le droit de conserver et de renforcer leurs liens spirituels particulières avec les terres, eaux et autres ressources qu’ils possèdent ou occupent et utilisent traditionnellement, et d’assumer leurs responsabilités en la matière à l’égard des générations futures » « Les Peuples autochtones ont le droit de préserver, de contrôler, de protéger leur patrimoine culturel, leur savoir traditionnel et leurs expressions culturelles traditionnelles ainsi que les manifestations de leurs sciences, techniques et culture, y compris leurs ressources humaines et génétiques, leurs semences, leur pharmacopée, leurs connaissance des propriétés de la faune et de la flore, leurs traditions orales, leurs littérature, leurs sport, jeu traditionnels et leurs arts visuels et du spectacles. Ils ont également le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leurs propriétés intellectuelles collectives de ce patrimoine culturel, de ce savoir traditionnel et de ces expressions culturelles traditionnelles. »

Historique et description du projet Finlande