Espace du théâtre
L’idéologie bourgeoise au 19e siècle établit une division nette entre l’espace public, associé à la masculinité, et l’espace privé ou domestique, associé à la féminité. Si les hommes peuvent circuler librment d'un esapce à l'autre, il n'en va pas de même des femmes, du moins des femmes qu'on considère dignes de respect. On distingue les « filles honnêtes », i.e. mariées et respectables, des « filles publiques », i.e. les femmes de la rue. (Clark 1984). Aller au bal-masqué, à l’opéra, au théâtre, au café-concert pouvait facilement nuire à la réputation des « filles honnêtes » qu’on pouvait méprendre pour des prostituées. Le seul contact visuel, soupçonné de convoitise, pouvait induire une méprise et, ainsi, entacher la « respectabilité féminine ». (Pollock 1988) C’est la raison pour laquelle il était de mise qu’on chaperonne les femmes issues des classes bourgeoises. Dans ce contexte, on comprend pourquoi les artistes féminins n’avaient pas le même accès que leurs collègues masculins aux représentations qu’exaltait Baudelaire de la « vie bourgeoise » et des « spectacles » dans son texte, Le peintre de la vie moderne (1863). L'artiste-flâneur est un privilège masculin.
L’espace du théâtre explore les visions modernes et complexes que donnent Edouard Manet, Pierre-Auguste Renoir et Mary Cassatt des femmes dans l’univers du théâtre et des cafés-concerts.