Histoires des arts

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La famille, psychologie moderne

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Edgar Degas, La famille Bellilli, 1858-1867

huile sur toile, 200 x 250 cm 

La Famille Bellilli d’Edgar Degas est un portait de sa tante paternelle Laure, son conjoint le baron Gennero Bellilli, leurs filles Giula et Giovanna, leur chien (en bas à droite). La famille Bellilli fut forcée de s’exiler à Florence suite à l’expulsion de Gennaro de Naples, sa ville natale, pour son implication politique dans les événements de 1848 qui ont mené à l’éjection des Bourbons pour former une Italie unifiée (les deux Siciles et Piedmont). Laure, enceinte et endeuillée de la mort récente de son père Hilaire, dont on voit le portait accroché au mur à l’arrière-plan, apparaît ici comme une Marie Stuart moderne, éloignée de sa famille et de ses amis. (Nochlin 

La composition et la mise en scène sont inhabituelles pour un portrait de famille. Le père et la mère sont placés aux marges de la scène et à des pôles opposés. Gennaro, effacé, fait dos au spectateur. L’attitude désinvolte et en déséquilibre de la cadette suggèrent la rébellion ou une attitude ludique qui contraste avec l’austérité de la scène. Dans ce décor architectural élégant et confortable, une perspective complexe en raison des jeux de miroir et d’embrasures ouvertes, les membres de la famille Bellilli est tissé de rapports  de tension et de malaise et non d’harmonie idyllique.

La modernité de Degas repose sur son utilisation non conformiste des rapports humains, son insistance sur l’isolement et son refus des clichés et des conventions qui définissent les rôles des membres de la famille bourgeoise.

É.A. Pageot

La famille, psychologie moderne